Title: Miette et Noré
Author: Jean Aicard
Release date: July 22, 2024 [eBook #74094]
Language: French
Original publication: Paris: G. Charpentier
Credits: Véronique Le Bris, Laurent Vogel and the Online Distributed Proofreading Team at https://www.pgdp.net (This file was produced from images generously made available by the Bibliothèque nationale de France (BnF/Gallica))
JEAN AICARD
TROISIÈME ÉDITION
CORRIGÉE
AUGMENTÉE D’UNE PRÉFACE
ET D’UN ÉPILOGUE
PARIS
G. CHARPENTIER, ÉDITEUR
13, RUE DE GRENELLE-SAINT-GERMAIN, 13
1880
Tous droits réservés.
DU MÊME AUTEUR
POEMES DE PROVENCE
OUVRAGE COURONNÉ PAR L’ACADÉMIE FRANÇAISE
1 vol. Charpentier
3e ÉDITION AUGMENTÉE
LA CHANSON DE L’ENFANT
OUVRAGE COURONNÉ PAR L’ACADÉMIE FRANÇAISE
3e ÉDITION (ÉPUISÉE)
(La quatrième édition est sous presse.)
EN PRÉPARATION :
PROVENCE LÉGENDAIRE
Histoire. — Légendes. — Chansons populaires.
Paris. — Impr. E. Capiomont et V. Renault, rue des Poitevins, 6.
-III-
[1] Cette préface est celle de l’édition spéciale (in-8o) souscrite par le Cercle Artistique de Marseille. Elle ne figure ni dans la première, ni dans la deuxième édition.
Nous pourrions inscrire en tête de ce poème la formule suivante : « Lu, pour la première fois, le 13 février 1880 », comme on indique, sous le titre d’un drame, la date de la première représentation. L’auteur a donné en effet, avant la publication, une lecture de Miette et Noré, devant Les représentants de la presse étrangère et française, dans le salon de madame Edmond Adam (Juliette Lamber).
M. Jean Aicard prit ainsi la parole :
« Je remercie, dès le début, madame Adam qui a bien voulu offrir ses salons et son appui pour une tentative -IV-d’action littéraire que nous avons appelée LA PREMIÈRE D’UN LIVRE, le mot lecture étant sous-entendu, comme au théâtre le mot représentation.
Ceux qui aiment le Livre s’attristent un peu du demi-oubli où le laisse l’activité contemporaine quand il ne s’appelle pas le Roman. Ceux qui aiment la Poésie s’attristent de l’oubli où on la laisse quand elle ne s’appelle pas le Théâtre.
Au théâtre comme au salon de peinture, la simultanéité des critiques crée ces beaux succès que les poètes savent aimer, servir même, tout en regrettant parfois que la poésie n’ait pas, avec les mêmes risques, des chances pareilles.
La poésie devenant parole entre dans l’action comme l’éloquence, et peut-être alors lui accordera-t-on une part de l’attention qui encourage, excite et soutient les arts voisins, théâtre, peinture, musique.
Comme eux, la poésie sent son œuvre nécessaire à la beauté de la patrie. Comme eux, elle s’efforce à bien faire. Comme eux, elle voudrait vivre d’une vraie vie.
Elle vient ce soir au-devant du public et de la critique. »
Cette idée d’une Première d’un livre fut vraiment fort goûtée et le mot fit fortune, répété -V-par toute la presse qui rendit compte du succès.
Peu de temps après, M. Jean Aicard donnait publiquement des lectures de son poème en Belgique ; puis en Suisse, où déjà, l’année précédente, il avait porté des fragments de Miette et Noré, alors inachevé.
Dans ces diverses lectures, l’auteur rattachait entre eux les morceaux qu’il citait de son poème, par des réflexions critiques quelquefois fixées au crayon, un peu au hasard, en marge de son manuscrit.
Il nous a semblé intéressant de réunir un certain nombre de ces notes, au choix du poète. On y trouvera un point de vue personnel sur les choses de son art. Ici, il explique ce qu’il entend par poésie populaire ; là, il touche un point curieux de prosodie nouvelle, etc.
Nous avons même, au milieu de ces notes, laissé quelques strophes inédites[2] qui, un jour, entre deux passages de Miette et Noré, furent citées par l’auteur à seule fin de ne pas redire en prose ce qu’il avait déjà exprimé en vers.
Voici donc ces diverses notes telles à peu près -VI-qu’elles ont été prononcées, mais dépourvues du lien des citations :
« Il a paru à l’auteur qu’un sujet neuf en poésie était le paysan moderne, vu directement dans la vie, non plus dans les belles traditions de Virgile et de Théocrite, poètes qui, directement, s’inspiraient de la vie.
Le paysan, fils des temps nouveaux sans les connaître, — affranchi par une idée qu’il ne saurait expliquer, patient conquérant du sol, être passionné et simple, de race saine et toujours jeune comme la nature même, — le paysan moderne est une figure aux grandes lignes qu’a dessinée déjà la noble prose de George Sand, mais qui n’est pas entrée encore, semble-t-il, dans un projet poétique.
Avec le paysan arrive la poésie qui l’entoure, l’horizon sans cesse varié, et les seuls poèmes qu’il connaisse, — admirables d’ailleurs, objets d’une étude et d’un mouvement littéraires nouveaux en France — les chansons populaires. »
-VII-« J’avais cherché, pour la mettre en œuvre dans Miette et Noré, une chanson populaire qui exprimât toute l’âme du paysan. Elle existe :
Le pauvre laboureurEst tout décourtisan ;Est habillé de toileComme un moulin à vent.Le pauvre laboureurEst toujours méprisé…Passe devant sa porteUn gros riche sergentIl crie à haute tête :Apporte mon argent !. . . . . . . . .Faut prendre patience,O pauvre laboureur,Si ta misère est grandeC’est pour te faire honneur.N’y a ni roi ni princeNi curé ni seigneurQui vivent sans la peineDu pauvre laboureur[3].[3] Mélusine.
Mais cette complainte vient du Nord. Jamais elle ne sera chantée par nos hommes du Midi. Malgré la pensée finale, le ton en est bien trop lamentable. La -VIII-lumière c’est la joie, et, — je prie qu’on ne l’oublie pas, — j’ai voulu peindre les hommes d’un pays de lumière. La féodalité et le gothique chez nous perdent leurs caractères propres, le sombre, le mystérieux, le fatal. De tout cela, le soleil se moque un peu. Notre paysan, de par la nature, est libre et joyeux. Même dans la condition du serf, il devait échapper, j’imagine, aux sentiments de terreur et d’humilité, sentant bien que s’il avait contre lui le « sergent, » il avait pour lui le soleil !
Cette nature, qui ne l’irrite ni par l’avarice du sol (elle produit la vigne et l’olivier avec une demi-culture), ni par les intempéries d’hiver, — lui permet de vivre au dehors, mal vêtu, frugal, pauvre et content. Au dehors, il n’est plus l’hôte de la cabane ; il est, comme un seigneur, l’hôte de la forêt, des pinèdes et de l’azur. Aussi n’est-il pas essentiellement envieux, ni haineux, ni cauteleux, ni traître, ni humble. Il n’a point les défauts que donne l’habitude de la lutte ; peut-être aussi n’a-t-il pas toutes les qualités qu’elle maintient. Il est fin sans être madré, il manque souvent de persistance, mais il est impétueux, et capable d’héroïsme dans un élan.
Même dans sa maison, il vit avec l’extérieur, car il vit à porte ouverte, l’œil toujours sur le ciel, la montagne et la mer, dont il parle à tout instant. Ne soyez pas surpris de l’entendre vous « décrire » les moindres accidents du chemin par où il a passé ; il a tout vu, ce buisson, ce chêne, ce carré de vigne ; il les a d’autant mieux retenus qu’ils étaient plus variés. -IX-Nulle monotonie dans nos paysages, chacun a sa figure propre. Ne savez-vous pas quels sont les tableaux accrochés aux murs de votre cabinet ? Le chez lui de mon héros, c’est ce paysage du Midi, large et toujours cependant proportionné à la taille de l’homme, limité par des collines aux belles formes. Les déserts, comme la Camargue ou la Crau, sont terres d’exception, habitées par le pâtre et le « gardian. » Le paysan de Provence vit dans un horizon défini, achevé. L’infini est par-dessus. La Méditerranée elle-même est humaine, et s’entend fort bien avec les rivages heureux. C’est selon le mode grec. Le paysage terrestre n’écrase point l’homme, ne l’épouvante pas ; l’homme ne le fuit ni ne l’oublie. La lumière intense ne lui permet pas d’être visionnaire, craintif pour une ombre. Elle précise les formes ; elle découpe finement la silhouette d’un pin parasol debout sur la colline, à deux lieues d’ici. L’homme est roi, connaît son domaine et l’aime. Son pays, c’est lui. Voilà pourquoi ce poème reste humain quand il est descriptif : il montre le tableau de la lumineuse nature, tel que tout bon Provençal l’a dans la tête. »
« Peut-être, si j’avais eu à montrer le paysan dans sa lutte sociale avec le citadin possesseur de la terre, m’eût-il révélé d’autres faces, moins nobles, de son caractère, mais tel n’a pas été mon souci. Je l’ai -X-montré vis-à-vis de lui-même et de la nature, dans mon pays. »
« La poésie est devenue, sous les doigts d’ouvriers admirables, un art de raffinés.
Pourquoi la délaisse-t-on ? peut-être parce qu’elle délaisse tout le monde, je veux dire les sentiments universels et l’expression simple. Sans rien dénier de leur beauté merveilleuse aux œuvres des maîtres impeccables, il est devenu nécessaire que le poète tente l’expression spontanée — abondante ; peut-être en aura-t-il les charmes naturels et vivants qu’un artiste constamment ciseleur remplace par la belle idée qu’il a et donne de son art ! Combien de nos modernes Cellini ont exécuté des coupes si admirables que personne ne songe à y boire. Vite un ruisselet courant dans l’herbe et le gravier, ou sinon nous mourrons de soif ! la source est là : — la chanson populaire. Mais, chose singulière ! il va falloir de l’audace au poète pour y puiser, pour chanter comme elle coule, pour raconter tout bonnement son cœur, et « parler tout droit comme on parle cheux nous », selon l’expression de Molière ! Et cependant il faut qu’il ose, car la Jouvence de la poésie n’est pas ailleurs. »
-XI-« Par ces mots « l’expression spontanée, » il faut entendre non pas celle qui se présente la première à l’esprit de l’auteur, mais celle qui, entre toutes, a l’air d’avoir été tout naturellement trouvée. Elle sera parfois la dernière à s’offrir, après bien des tâtonnements, car la tradition littéraire offre d’abord à l’écrivain de métier une foule de « formes convenues, » d’expressions, de tournures de phrases qu’il a déjà vues écrites, toutes consacrées par les belles-lettres et les rhétoriques, mais qui épouvantent le naturel et mettent la vie en fuite.
L’expression spontanée ne se présentera donc souvent qu’après avoir chassé devant elle et écarté d’un effort la végétation parasite des « termes de livre. » Et avec des mots tout simples, combinés dans un ordre simple, il s’agira de produire à la fois une impression de vie et de poésie. De vie, cela va de soi. Mais d’où viendra l’impression poétique, puisque, pris isolément, chaque hémistiche du vers ou chaque membre de la phrase sera de nature à pouvoir être trouvé et prononcé spontanément par un simple, en dehors de l’art, dans la vie même ? — Eh ! l’impression poétique viendra du poète d’abord, qui a en lui la poésie pour la répandre, le don d’envelopper les choses dans une lumière créée par lui, et de les garder vraies en les transfigurant ; elle viendra, l’impression poétique, du soin qu’aura mis le poète à n’accepter le tour simple et naturel que dépouillé de l’expression vulgaire ou seulement banale ; elle viendra du NOMBRE et de la COMPOSITION. Voyez La -XII-Fontaine. Chaque mot, pris à part, est de la famille des mots ordinaires ; le tour de phrase qui les met en ordre est évangéliquement simple ; et les Fables sont des chefs-d’œuvre !
Au théâtre, chez la plupart de nos modernes, ce style n’est pas plus dans le dialogue qu’il n’est dans la composition des pièces où je dirai que l’effet dramatique est remplacé par l’effet théâtral. Nous avons plus souvent des pièces dans un décor, pour des comédiens et des spectateurs, que des drames dans la nature et la passion, pour des hommes. »
« Le monosyllabe imitatif se retrouve souvent au courant du poème, parce qu’il est selon le génie du récit populaire où il n’arrive guère qu’un personnage heurte à une porte, sans que le conteur dise : toc, toc ! »
Les gros savants y reprendront,Mais chaque mot lui sort de l’âme…[4][4] Voir le prélude du Chant Ier, troisième partie.
« Ainsi chante le peuple, qui ne se pique pas d’être écrivain. Sa poésie, directement, monte de son cœur à ses lèvres, — et la poésie littéraire n’arrive que par l’effort à se donner cette allure de parole venue aux -XIII-lèvres, ailée et vivante, qui est justement le caractère essentiel de la poésie populaire. Il semble donc que la savante ait à gagner quelque chose si elle prend leçon de l’ignorante. Il n’y a rien ici de nouveau. C’est l’enthousiasme d’Alceste pour la Chanson du roi Henri.
Le poème de Miette et Noré a tenté un langage et une composition simplifiés d’après les modèles populaires, et dans cette forme il apporte l’hommage au travail du laboureur, — l’ouvrier que nul progrès ne supprime. »
« Ce n’est pas seulement un poème d’accent populaire, c’est aussi un poème d’accent provençal. Quand nos paysans s’expriment en français, ils traduisent les images, les allures, le tour même, et — si l’on peut dire — le goût du patois provençal. J’ai essayé de parler, en vers, un français qui laissât, à leur manière, deviner par transparence le génie des idiomes locaux, heureux si quelques-uns de nos idiotismes, débris des patois en dissolution, paraissent dignes de rester au français. »
« J’avais songé d’abord à mettre entre guillemets les incorrections qui sont des provençalismes : « de suite » pour « tout de suite » ; « des fois » pour « quelquefois, » -XIV-etc… J’y ai renoncé, persuadé que nul ne pourrait loyalement m’imputer à négligence ce qui — si visiblement — est volonté. »
« Les patois provençaux s’en vont. J’ai modelé un peu ma phrase sur la façon de dire de nos Provençaux de race quand ils parlent français. Lorsque les seigneurs, dans les chansons populaires, courtisent les bergères, ils s’expriment ainsi dans un provençal francisé. Il m’a semblé que c’était la langue naturelle d’un poème qui veut raconter la Provence moderne. Ma pensée est moderne, ma langue devait être française, car de plus en plus les caractères particuliers des provinces se fondent dans la grande unité nationale. Le pittoresque y perd sans doute ; mais, poètes, nous ne sommes pas pour arrêter la marche de la vapeur. Nous sommes pour essayer de donner la durée des œuvres d’art aux formes que détruisent le temps et les forces nouvelles, et pour annoncer les forces de l’avenir. Fixons donc les choses provinciales qui s’en vont, dans la langue qui doit leur survivre. N’était-ce pas la volonté de Brizeux ? Ce sera demain celle de Gabriel Vicaire qui nous chantera la Bresse. Gabriel Marc nous dira l’Auvergne, et Charles Grandmougin la Franche-Comté. Et nous aurons un jour, — vous verrez ! — une représentation poétique par provinces de toute la belle France.
-XV-Quant aux patois, ils sont — et c’est tout simple, — impuissants à rendre les idées nouvelles. Le provençal est un idiome mort qui correspond admirablement aux choses mortes, à la légende et à la foi ; il ne peut pas exprimer la PENSÉE, qui est chose neuve. Dites en provençal ces mots : L’HUMANITÉ, LE BEAU, LE VRAI, vous patoiserez du français et vous prononcerez des vocables incompréhensibles pour qui ne sait que le provençal. — « Va, va, je te le donne pour l’amour de L’HUMANITÉ », dit le don Juan de Molière, et la critique philosophique signale dans ces paroles une conception, un sentiment nouveaux ! Il y a trois cents ans de cela, et le provençal d’aujourd’hui est encore impuissant à traduire ce verbe sublime. »
« On trouvera dans Miette et Noré deux chansons provençales, l’Aubade et le Petit Mousse. Les chansons de Provence appartiennent en définitive à la France, qui ne les comprend pas ! Pièces d’or du trésor français, elles n’ont pas cours au-dessus d’Avignon ! Miette voudrait offrir celles-ci à la littérature française. Dans diverses provinces l’Aubade se retrouve sous des formes moins heureuses qu’en Provence, et sous des titres différents : la Poursuite, les Transformations. Mistral, que j’admire sans le suivre, en a fait sa chanson de Magali. Ma version française est tirée des quelques soixante couplets que chantent les -XVI-femmes de Provence, surtout les vieilles, car les jeunes se mettent à l’oublier[5] ! »
« Mgr Miollis[6], qui fut évêque de Digne, est une figure populaire en Provence, et les paysans des Basses-Alpes racontent encore bien des traits de sa vie évangélique. Mgr Miollis a servi de modèle à Victor Hugo quand le maître a tracé, dans les Misérables, la figure de Mgr Myriel, évêque de D… »
« Ce n’est pas d’hier que j’ai résolu d’écrire en français un poème de la Provence. En 1867, j’annonçai formellement ce dessein à un ami. Déjà je me disais que le récit serait simple comme une chanson populaire et que le rossignol, l’oiseau favori des chansons populaires, et l’âne et le bœuf, héros des noëls, y joueraient leur rôle. J’ai choisi le drame de la fille abandonnée, parce que c’est l’un des drames par excellence des chansons populaires. Les complications du récit eussent fait rentrer le poème dans l’anecdote et le roman. »
-XVII-« J’ai trouvé dans un livre remarquable (HISTOIRE DU LIED, par M. Édouard Schuré), une page de profonde critique, critique de poète, vivifiante. Quand je la lus pour la première fois, c’était dans un moment de doute. Elle m’encouragea au travail entrepris. Voici cette belle leçon :
« La poésie littéraire devrait se rapprocher de la vraie poésie populaire, pour y chercher ce qui lui manque trop souvent à elle-même : la sincérité de la pensée, la sobriété de la forme et le tour musical. Plagier serait folie, mais non s’inspirer. Brizeux l’a fait pour la Bretagne… Il ne s’agit pas de renoncer au trésor d’idées et de sentiments que nous devons à une éducation supérieure pour descendre au niveau des paysans, ce serait la pire des affectations, mais de surprendre dans les chants populaires la manifestation spontanée du sentiment. Car cette faculté existe toujours en nous, quoi qu’on fasse pour l’étouffer. Partout où il y a un sentiment vrai et individuel, la manifestation primesautière, qui est toujours la plus poétique, est possible, pourvu que l’homme ait le courage d’exprimer son mouvement intérieur. Malheureusement on s’en laisse imposer de moins simples et de moins fidèles par la tradition littéraire, on s’y habitue, et on finit par ignorer sa propre nature. Mais la vue du vrai, du naïf, nous saisit malgré nous, avec une puissance magique, et nous aide à retrouver notre originalité perdue. »
-XVIII-« Qui dit paysans dit païens (pagani), du moins dans le Midi. Miette se laisse enlever par un païen véritable, l’insoucieux Noré. J’ai rêvé là l’image même de la Provence qui échappe à l’influence noire du gothique par la puissance de la lumière. Maître Pierre Jacque André est une sorte de philosophe sans le savoir, bien moderne. J’ai connu ses pareils. Il transforme inconsciemment charité en humanité. Il convertit à l’humanité moderne son fils Noré. Et le poème finit en joie, en lumière, en espérance, car dans nos pays les fêtes funèbres elles-mêmes, — dénoûments suprêmes, — ne parviennent pas à s’attrister. »
« Chacun des Chants du poème est précédé d’un Prélude. Je ne sache pas que cette forme générale ait jamais été employée. Le Chant est un fragment du récit ; c’est l’action ; c’est la poésie se dégageant directement elle-même des héros, et des choses qui les entourent. Le Prélude c’est la poésie lyrique motivée par le Chant, qu’elle annonce, dont elle donne l’idée essentielle ; c’est encore la pensée philosophique, parfois mère du chant, parfois née de lui ; c’est la poésie dans le poète. Pour donner à un récit où (pour la première fois peut-être) des paysans parlent en vers une langue autre que celle de la tradition littéraire, — pour donner à ce récit le goût de la vérité -XIX-il fallait ne pas l’interrompre trop souvent par des cris poétiques d’un autre ton. Quant à étouffer le cri poétique, c’eût été mentir à la conception d’un poème.
Le Prélude est comme une ouverture musicale avant le lever du rideau. Le Chant c’est le drame chantant, rideau levé ; la pensée du Prélude l’accompagne.
L’ensemble des Préludes doit former comme un poème d’un sentiment plus général que le poème en récit, — dont il se dégage, qu’il enveloppe et même qu’il explique. »
« Un soir où il m’était donné d’écouter notre illustre et bien-aimé maître, Victor Hugo, j’osai toucher un sujet difficile. Je parlai du vers alexandrin. — « Grâce à vous, maître, il est devenu… » — « Un orchestre, » dit Victor Hugo.
Cela est vrai. Aussi, désormais, l’on peut oser faire de longs poèmes, et voici qu’on ose entreprendre d’en lire. En effet, dans un poème les morceaux explicatifs, les transitions nécessaires, les passages qui ne sont ni dramatiques ni lyriques — étaient la monotonie et l’ennui mêmes, avant que le vers non pas brisé comme on le croit, mais articulé, permît les flexions, les arrêts, les rapidités, les surprises, le mouvement qui est la vie.
Et beaucoup de vers qui paraissent faux aux lecteurs des prosodies surannées — sont justes. -XX-Un des plus communs est l’alexandrin ternaire :
L’âne allait seul, | suivi de loin | par le bon prêtre.En des occasions dont le poète est juge (sauf erreur), le ternaire peut s’employer aussi dans la forme suivante :
Il a compris, | le joli mousse, | il rit aux anges !Et ne dites pas que la césure coupe par le milieu le mot joli ! Vous avez ici non pas une, mais deux césures ! Vous avez trois hémistiches de quatre pieds et non deux de six, et l’idée de NOMBRE se trouve entièrement satisfaite, car trois fois quatre font… un alexandrin symétrique, — aussi rigoureusement que deux fois six !
Je ne parlerai que de ces deux formes du vers ternaire. Il y en a d’autres.
Les diverses coupes du vers alexandrin sont infiniment variées. Ce n’est pas ici le lieu de développer cette question complexe, qui paraît pouvoir se résumer dans la formule suivante :
Un alexandrin est juste toutes les fois que les césures le subdivisent en petits vers blancs, égaux ou libres, assemblés suivant un rythme juste[7].
[7] A la vérité, il n’est pas de césures proprement dites. Il n’y a que des accents toniques qui doivent être placés comme nous venons de dire pour les prétendues césures… De combien de règles puériles les poètes devraient se délivrer ! car les prosodies n’y peuvent rien. Il faut créer contre les règles absurdes de bons exemples, qui s’imposent.
-XXI-Quand la justesse a été sentie, elle se peut toujours prouver, car l’idée de NOMBRE est double : harmonie, calcul.
C’est affaire au poète d’employer les diverses formes du grand vers en temps utile, et de réserver le grand alexandrin à deux hémistiches pour les moments où la pensée, après avoir voleté et volé, — plane.
Dans l’alexandrin dit classique, la césure de milieu n’empêchait pas d’autres césures accessoires (officieuses), qui sauvaient de trop de monotonie.
Dans l’hexamètre latin, la césure, indispensable si elle était unique, ne proscrivait pas l’emploi des autres, qui même, au nombre de deux, pouvaient la suppléer. »
« Il y a dans le rapprochement de certains mots des hiatus qu’il faut aimer.
Quoi de plus doux que le prétendu hiatus : Il y a. Date lilia, dit Virgile. C’est le son même d’alliance. »
« On peut dire de Victor Hugo qu’il est le père de la littérature moderne. On pourra le lui donner longtemps, ce beau nom de Père, que lui décerne Émile Augier.
Victor Hugo, dont Alfred de Vigny fut le Précurseur, a engendré le romantisme, qui engendra la -XXII-liberté, qui engendrera l’avenir. Par là, nos petits-neveux eux-mêmes seront fils du romantisme. Grâce à Victor Hugo, qui a donné des modèles dans tous les genres sans exception, il est enfin permis même de faire simple. — L’instrument qui nous est légué est parfait, et loin que la poésie n’ait plus de sujets, tout est toujours à faire et sera toujours à faire.
Quant à continuer le romantisme proprement dit, en ce qui constitue ses caractères essentiels, généraux, qui pourrait y penser ? Le romantisme est l’envers du classicisme, deux formules littéraires qui ont donné toute leur mesure. Si le romantisme n’existait pas, il faudrait l’inventer, afin qu’il offrît au monde son œuvre prodigieuse. Mais cette œuvre existe. Nous ne pouvons pas vivre dans l’admiration stérile ou dans limitation de ce passé (n’est-ce pas hier ?) En art, rien ne se doit recommencer, les chefs-d’œuvre moins que le reste, car des chefs-d’œuvre contrefaits sont des rapsodies. Notre-Dame est bâtie : allons-nous construire sur ce modèle sublime toutes nos humbles maisons !
Où donc sera notre art nouveau, car nous en voulons un ! où est notre avenir ? Dans l’inspiration directement tirée de tout ce qui est la nature. Les anciens imitaient la nature, nos classiques ont cru surprendre le secret de l’art antique en imitant non pas la nature, mais les œuvres des anciens ! Imitons, nous, la nature comme faisaient les anciens, avec nos façons modernes de voir et de penser, comme les anciens selon les leurs.
-XXIII-Et dire que ce procédé antique peut encore paraître nouveau ! »
« On peut dire de la rime riche qu’elle est trop souvent la rime prévue. En ce cas, je l’ai souvent effacée, lui préférant cent fois une rime suffisante, mais inattendue. Les rimes inévitables ont engendré l’horreur qu’on a des rimeurs. Du reste, richesse des rimes, coupes des vers, allure de style, tout cela se modifie selon l’intention du poème, le sujet et le genre.
Le même peintre traitera-t-il de même sorte la miniature, les grandes toiles et la fresque ?
Enfin une théorie critique ne peut que renseigner sur la manière générale d’un auteur, sur sa conception de l’art, sa volonté et son effort, — et sur la tendance d’une époque. »
« L’art n’a pas d’autre but que d’émouvoir — avec le beau. Le beau n’est que le moyen sublime, et nécessaire, de l’art. Combien d’artistes en font leur but, en sorte que leurs œuvres ne toucheront jamais les hommes, quoique destinées à faire toujours l’admiration des artistes. Créer une œuvre qui montre comme elle était difficile à faire, c’est être plutôt critique qu’inventeur. Quand l’art est parfait, — de la vie il vous jette dans une vie idéale où il se fait oublier. »
-XXIV-« En somme, dans notre art, tout devient aisément puéril, qui n’est pas sentiment, pensée, — et composition.
Hélas ! comme c’est éphémère, la grâce, la nuance, le nombre même des mots ! Comme nous les aimons, comme nous les recherchons, ces formes dont le sens intime ne se révèle qu’à demi aux étrangers, et constitue le génie de la langue nationale ! — Et cependant, ce qui peut, par la traduction, se transmettre d’un pays et d’un âge à un autre, voilà l’essentiel, la vraie création ! »
« AU POÈTE CHARLES GRANDMOUGIN[8]
Après avoir lu Le Rêveur, qu’il m’envoie inédit.
Dans les vers très bien faits qu’on me lit chaque jour,Je ne le trouve plus, ce souffle qui soulève,Ce mouvement du cœur qui s’élance à l’amour,Ce rythme qui prend l’âme et la berce d’un rêve.Et je me dis : Lequel, du poète ou de moi,Lequel est donc si vieux qu’il en respire à peine,Et qu’il n’ait plus l’élan ni le cri de la foi,Et qu’il n’entende plus le sang frapper sa veine ?Ah ! ce qui rend si beaux les beaux vers, l’art des vers,C’est ce frémissement de poitrine oppressée,Ce nombre aisé des mots qui semblent s’être offerts,La respiration mêlée à la pensée.-XXV-Un de nous bien souvent a ce charme divin,Le meilleur d’entre nous, notre Sully Prudhomme,Et tu l’as dans ces vers, — et dans l’art tout est vainOù nous n’avons pas fait passer un souffle d’homme ! »
« L’art a horreur du convenu, du banal, du trivial, mais l’esprit de notre époque ne s’accommode guère du chimérique. Préoccupée de la seule réalité, la poésie se tue elle-même ; envolée dans le rêve pur, on ne saurait la suivre. Le problème est donc ainsi posé pour le poète sincère, homme de son temps : il faut tâcher d’être vrai sans bassesse, chercher le beau dans le réel, la noblesse dans la simplicité. — Rien de plus ancien que cette formule, neuve en apparence parce que beaucoup d’autres l’ont fait oublier. »
« Dans la nature, le laid n’est qu’un accident dont elle se délivre au plus vite ; rien n’est laid de ce qui demeure sous la belle lumière ; la dépouille des animaux morts est enlevée par les épurateurs ; les parties basses ne sont pas en évidence (os homini sublime…) ; les entrailles sont cachées. Les Grecs louaient la cigale de ne point laisser voir, même morte et ouverte, ses entrailles ; on la peut louer encore, morte, de ne point tomber en pourriture, mais en poussière. La société cache ses égouts. L’utile et scientifique anatomie -XXVI-est un art, ce n’est point l’Art, lequel, comme la Nature, fait la vie, même avec la mort.
Si j’étale au soleil, au premier plan de mon tableau, les laideurs cachées de la Nature, je n’agis pas d’après ses leçons, je ne suis pas vraiment naturiste. »
« Entre les sujets vulgaires et les sujets populaires, il y a un abîme. Il faut fuir le sujet vulgaire qui conviendrait à bien des gens, aux médiocres, et chercher, — sans renoncer à de plus rares, — les sujets populaires qui peuvent toucher tous les hommes.
Le Vulgaire n’est qu’une catégorie : ce n’est pas ce « Tout le monde » qui a plus d’esprit que Voltaire et plus de cœur que d’esprit. »
« L’Art est libre. — Il n’y a pas de théorie qui l’enferme tout entier, — qui puisse devenir la règle commune, qui soit toute la Vérité. Il n’y a que des points de vue personnels ; encore, pour être justes, doivent-ils tenir compte des tendances diverses dont l’ensemble met la variété et la grandeur dans l’Art. Je cherche une face nouvelle ; je n’oublie pas le TOUT. »
« Ne rien dire qui ne soit vrai, c’est une tendance nouvelle de notre art, qui ajoute : Ne pas dire tout le vrai. »
-XXVII-« Dans l’œuvre qui montre le Réel, l’Idéal apparaissant toujours comme le ciel au-dessus des rues ou à travers les bois, voilà mon naturisme. »
« Il faut chercher des vers qui, — transmis par la voix, — outre l’influence mystérieuse du rythme, aient encore sur les hommes tout l’effet d’une parole venue spontanément et comme dans la vie.
En même temps, il faut fuir avec passion l’effet vulgaire, facile, sorti du rapprochement forcé de certains mots, ou de leur sonorité vide, ou du sens déterminé qu’y attachent les passions du moment.
Il faut poursuivre l’effet vivant-dramatique, non l’effet oratoire-théâtral[9].
[9] Peut-être le lecteur trouvera-t-il intéressant de savoir que l’un des passages de Miette et Noré les mieux accueillis par les divers auditoires du poète, est celui qui commence à Misé Toinon resta sur place, et finit à… pleurèrent tout le jour (page 373). — N. de l’Éd.
L’effet facile est indigne de l’art oratoire ; à plus forte raison l’est-il de l’art poétique qui ne doit pas flatter son auditoire pour le persuader, mais le conquérir par sa magie propre.
Dire mes vers devant des auditoires nombreux a été une école pour moi, — où j’ai définitivement appris l’amour du simple et du populaire. J’y ai appris encore que la Parole, ce grand moyen vital de -XXVIII-la démocratie, peut donner à la poésie qu’on délaisse un souffle d’existence renouvelée. »
. . . . . . . . . . . . . . . . . . .« Le peuple parle. Il dit : « Mon travail est trop dur !A l’action ! il faut des cœurs, des bras, des têtes,Et faire un bien terrestre en oubliant l’azur !… »Ah ! j’ai senti pourquoi les bannières de fêtesAu mot de liberté flottent dans l’air plus pur !Mais que ferons-nous là, misérables poètes !Rêveurs aux bras lassés, vos temps sont révolus !Les beaux âges, les temps des dieux furent les vôtres ;L’action va parler, et vos livres sont lus ;Vous aimez trop votre art inutile et point d’autres ;L’enthousiasme est mort : on ne veut plus d’apôtres !La patrie en travail ne nous écoute plus !…… Non ! si je m’étais cru j’en serais mort de honte !Non, vous ne mentez pas, rimes au timbre d’or !Rythme qui fais plus beau tout ce que l’on raconte,Viens dire, ô Poésie, à l’avenir qui monte,Comment tu sais garder nos gloires de la mort,Et que les Vers français c’est la patrie encor ! »[10]. . . . . . . . . . . . . . . . . . .
-XXIX-« Assurer qu’il faut écrire comme on parle, c’est la sottise de M. Joseph Prudhomme ; mais prétendre que les choses écrites et fixées dans l’art par la composition, gagnent à avoir néanmoins l’allure de la parole venue spontanément, — cela me paraît une vérité simple.
Laissons l’immobilité de la pierre à la statuaire ; l’immutabilité d’un moment déterminé à la peinture. La gloire de la pensée écrite, c’est le mouvement et la succession des mouvements.
Le sculpteur a l’argile ; le peintre a la couleur. Leur rêve à tous deux est de les animer. Et nous qui avons en notre pouvoir la parole, matière fluide et subtile, les mots,
Nés de l’air qui fait vivre et des lèvres humaines,quelle folie serait-ce à nous de les vouloir figer, immobiliser, pétrifier !
Avec le souffle poétique on ne fait pas Galathée en marbre ; on l’anime. »
« La fleur n’est pas née pour l’herbier ; la parole n’est pas née pour le livre.
L’écriture n’a été inventée que pour fixer la parole, et peu à peu elle l’a transformée, lui ôtant la vie. On n’a plus été un orateur, ni un poète, un trouveur, — mais un chercheur et un écrivain. On a écrit pour -XXX-écrire, oui vraiment, à seule fin d’être imprimé, d’exister sous forme de livre.
Le moyen de transmission, le livre ; le lieu du dépôt, est devenu comme le foyer, comme le trésor même. Puis les livres se sont inspirés des livres, non plus de la vie ; les poètes se sont inspirés des poèmes ; on a cru être classique en imitant Homère qui n’imitait pas Homère, lui, mais la Nature ; — et comme il faut connaître toute une tradition savante pour goûter tels vers modernes dont la beauté est en grande partie dans les souvenirs littéraires qu’ils évoquent, les lecteurs pour ces vers-là ne sont pas nombreux ; car les hommes s’intéressent avant tout à la vie passionnée, — et l’Art poétique ne correspond plus assez à la Vie, beaucoup trop aux formes d’art qui l’ont précédé.
Si la poésie veut être comptée au nombre des arts vivants, elle parlera. Si elle veut conquérir les hommes modernes par la parole, selon le mode antique, elle se verra forcée d’exprimer des sentiments éternels, universels, dans une action moderne ; car l’érudition n’intéresse que les érudits. Elle procédera, dis-je, comme la poésie d’autrefois. Elle racontera la vérité vivante, non la tradition morte. Comme la musique, elle ne fera pas son destin d’être écrite, mais d’être chantée. Alors elle vivra vraiment, avant de se conserver par le livre d’où elle pourra sortir avec toute sa gloire dans une série infinie de résurrections. Alors, parlée, écoutée, aimée, nécessaire, elle rentrera dans ce grand mouvement d’activité, de bruit, de travail, que fait notre siècle.
-XXXI-… Je la vois, mêlant chaque jour sa voix au grand bourdonnement de la vie sociale ; chantant les joies et les douleurs de la patrie, acclamant un héros, une belle action, saluant les tombes, préparant les gloires, prouvant à la science qu’elle la comprend, à la démocratie qu’elle l’aime, à la patrie qu’elle est un de ses honneurs, au siècle des forces mécaniques qu’elle est une force ressuscitée, vivante, éternelle. »
Telles sont les considérations principales que l’auteur a mêlées à la lecture de son poème, — soit chez madame Edmond Adam, soit dans les conférences faites peu de temps après en Belgique et en Suisse[11].
[11] A la fin de la lecture chez madame Edmond Adam, M. Mézières, de l’Académie française, voulut résumer l’impression générale dans les vers suivants, improvisés. Le journal le Temps a publié ces vers, où le critique s’adresse à l’auteur de Miette et Noré :
-XXXII-Déjà, avant de s’adresser à la critique, M. Jean Aicard avait donné deux lectures publiques de son poème provençal, — l’une à Toulon, sa ville natale, — l’autre à Marseille, — et cherché, avant le succès parisien, la consécration provençale. Cette consécration, l’a-t-il obtenue ? — La présente édition spéciale est une réponse, puisqu’elle a été spontanément souscrite par le Cercle Artistique de Marseille.
Un dernier mot. De nombreuses études critiques ont déjà été publiées en France et à l’étranger sur Miette et Noré. Qu’il nous soit permis de constater qu’elles établissent le succès tout à fait remarquable de cette œuvre nouvelle.
L’Éditeur.
Paris, 25 mars 1880.
-1-
A PARIS
-7-
MIETTE ET NORÉ
-13-
PRÉLUDE
LES RUISSEAUX
-15-
PRÉLUDE
-19-
-31-
PREMIÈRE PARTIE
PRÉLUDE
L’ENSORCELÉE
-33-
PRÉLUDE
-37-
-45-
PREMIÈRE PARTIE
PRÉLUDE
LES ORATOIRES
-47-
PRÉLUDE
-51-
-59-
PREMIÈRE PARTIE
PRÉLUDE
LE TAMBOURIN
-61-
PRÉLUDE
-63-
-73-
PREMIÈRE PARTIE
PRÉLUDE
LES PAYSANS
-75-
PRÉLUDE
-77-
-89-
PREMIÈRE PARTIE
PRÉLUDE
LES OULLIÈRES
-91-
PRÉLUDE
-93-
-107-
PREMIÈRE PARTIE
PRÉLUDE
LE CRI DE PROVENCE
-109-
PRÉLUDE
-111-
-123-
PRÉLUDE
LA VIGNE
-125-
PRÉLUDE
-129-
-139-
DEUXIÈME PARTIE
PRÉLUDE
LE PRESSOIR
-141-
PRÉLUDE
-143-
-153-
DEUXIÈME PARTIE
PRÉLUDE
LE SEMEUR
-155-
PRÉLUDE
-159-
-169-
DEUXIÈME PARTIE
PRÉLUDE
L’HERBE D’AMOUR
-171-
PRÉLUDE
-175-
-187-
DEUXIÈME PARTIE
PRÉLUDE
LE CŒUR AU VENT
-189-
PRÉLUDE
-191-
-205-
DEUXIÈME PARTIE
PRÉLUDE
FRUITS D’HIVER
-207-
PRÉLUDE
-211-
-223-
DEUXIÈME PARTIE
PRÉLUDE
LA BELLE AU MIROIR
-225-
PRÉLUDE
-229-
-241-
PRÉLUDE
LES CHANTS DU PEUPLE
-243-
PRÉLUDE
-245-
-259-
TROISIÈME PARTIE
PRÉLUDE
LA PAROLE
-261-
PRÉLUDE
-265-
-289-
TROISIÈME PARTIE
PRÉLUDE
LES VILLES
-291-
PRÉLUDE
-295-
-309-
TROISIÈME PARTIE
PRÉLUDE
LE RHONE
-311-
PRÉLUDE
-315-
-335-
TROISIÈME PARTIE
PRÉLUDE
DE PROFUNDIS
-337-
PRÉLUDE
-341-
-361-
TROISIÈME PARTIE
PRÉLUDE
L’HUMANITÉ
-363-
PRÉLUDE
-367-
-385-
TROISIÈME PARTIE
PRÉLUDE
LE GLAND DU CHÊNE
-387-
PRÉLUDE
-389-
Jacques-Laurier. La Garde-près-Toulon, 20 décembre 1879.
-403-
Jacques-Laurier, 20 décembre 1879.
Pages. | |
Préface | |
Dédicace. — A Paris | |
Invocation | |
PREMIÈRE PARTIE | |
Chant Ier. — Le Battoir. | |
Prélude. Les Ruisseaux | |
Chant II. — La Sorcière. | |
Prélude. L’Ensorcelée | |
Chant III. — Premier regret. | |
Prélude. Les Oratoires | |
Chant IV. — La Saint-Éloy. | |
Prélude. Le Tambourin | |
Chant V. — Maître Pierre Jacque André. | |
Prélude. Les paysans | |
Chant VI. — La Moisson. | |
Prélude. Les Oullières | |
Chant VII. — La Farandole. | |
Prélude. Le Cri de Provence | |
DEUXIÈME PARTIE | |
Chant Ier. — Le Museau de Vendange. | |
Prélude. La Vigne | |
Chant II. — Les Pressoirs. | |
Prélude. Le Pressoir | |
Chant III. — En Chemin. | |
Prélude. Le Semeur | |
Chant IV. — La Verne. | |
Prélude. L’Herbe d’amour | |
Chant V. — Le Foulard rouge. | |
Prélude. Le Cœur au vent | |
Chant VI. — Des Chataigniers au Moulin d’huile. | |
Prélude. Fruits d’hiver | |
Chant VII. — La Vieille masque. | |
Prélude. La Belle au miroir | |
TROISIÈME PARTIE | |
Chant Ier. — Un Retour. | |
Prélude. Les Chants du Peuple | |
Chant II. — Histoire de rire. | |
Prélude. La Parole | |
Chant III. — La Côte. | |
Prélude. Les Villes | |
Chant IV. — La Camargue. | |
Prélude. Le Rhône | |
Chant V. — Les Saintes-Maries-de-la-Mer. | |
Prélude. De Profundis | |
Chant VI. — Le Héros. | |
Prélude. L’Humanité | |
Chant VII. — Fin. | |
Prélude. Le Gland du chêne | |
Après le travail |
FIN DE LA TABLE.
Paris. — Imp. E. Capiomont et V. Renault, rue des Poitevins, 6.