Title: Dictionnaire du patois du pays de Bray
Author: J.-E. Decorde
Release date: January 23, 2016 [eBook #51005]
Most recently updated: October 22, 2024
Language: French
Credits: Produced by Gill Martin, Rénald Lévesque, Hugo Voisard,
David T. Jones et l'équipe des correcteurs d'épreuves
(Canada) à http://www.pgdpcanada.net, à partir d'images
généreusement fournies par Google Book Search
Membre de l'Académie des Sciences, Arts et Belles-Lettres
de Caen, de la Société des Antiquaires de Normandie,
de la Société des Antiquaires de Picardie et de
la Société d'Émulation d'Abbeville.
Bientôt les patois auront complètement disparu;
beaucoup de mots employés par les pères ne
sont déjà plus intelligibles pour les enfants,
et l'on doit se hâter de les recueillir, si l'on
porte quelque intérêt aux origines de la langue.
(M. E. De Meril, Dictionnaire du patois
normand, Introduction, page xxxiv.)
Prix: 3 fr.
A PARIS: Chez | DERACHE, libraire, rue du Bouloi, 7. | V. DIDRON, libraire, rue Hautefeuille, 13. A ROUEN: Chez A. LEBRUMENT, libraire, quai Napoléon, 45. A NEUCHATEL: Chez tous les Libraires de la ville.
M. Edélestand du Méril termine la remarquable introduction de son savant Dictionnaire du Patois Normand par ces mots: «Nous prions toutes les personnes qui portent quelque intérêt à l'histoire de notre province et aux origines de la langue française de nous fournir les moyens d'élever à la mémoire de nos ancêtres un monument qui, moins encore par son sujet que par la multiplicité des auteurs, appartiendrait à la province entière: nous ne réclamons pour nous que l'honneur de tenir la plume et le plaisir de leur adresser nos remercîments.»
Cet appel nous a été communiqué par un homme auquel nous avons voué la plus grande estime et la plus vive reconnaissance, pour les conseils et les encouragements qu'il nous a donnés en plus d'une circonstance. Pas un de ceux qui connaissent M. Auguste Le Prevost ne nous accusera de flatterie en traçant ces lignes; et, quand nous ajouterons que l'illustre membre de l'Institut de France et de tant de Sociétés savantes nous a conseillé de répondre à l'appel de M. du Méril, en ce qui concerne le pays de Bray, on comprendra notre empressement à nous mettre à l'œuvre. Au reste, enfant du pays et ayant passé la plus grande partie de notre vie au milieu de ses habitants, il nous était plus facile qu'à beaucoup d'autres de faire connaître le langage, les croyances et les habitudes de cette contrée. Si notre travail est défectueux en certains points, il aura au moins le mérite de la vérité; car nous ne rapporterons pas un seul mot que nous n'ayons entendu prononcer, pas un seul usage dont nous n'ayons été témoin.
Le mot Bray est ordinairement considéré comme emprunté à la langue celtique, et signifie de la boue. Mais, tout en reconnaissant que la nature du terrain de cette contrée se prête merveilleusement à cette étymologie, M. A. Le Prevost fait venir Brai de bracus, mot employé plusieurs fois dans la chronique de Fontenelle comme synonyme de vallée 1.
On distingue dans cette contrée, qui s'étend depuis Bures jusqu'à Frocourt et Auteuil, près de Beauvais, le Bray normand et le Bray picard: le premier fait partie de la Seine-Inférieure, le second dépend de l'Oise. Nous nous occuperons seulement de la division qui se rattache à la Normandie; et, comme il est pour ainsi dire impossible de fixer des limites exactes à cette contrée si peu explorée, nous allons tirer une grande ligne autour du champ dans lequel nous avons glané les mots dont se compose notre glossaire: ce sera à peu près l'étendue de l'arrondissement de Neufchâtel. En partant de Neuf-marché, nous longerons l'Epte jusqu'à Gournay, où nous trouverons la route no 8 qui nous conduira à Formerie: de là, nous irons à Hadancourt et nous suivrons la Bresle jusqu'au petit village de l'Epinoy, en passant par Aumale, le Vieux-Rouen, Senarpont et Blangy. Ensuite, nous redescendrons par Grandcourt, Londinières, Bures, Saint-Saens, Buchy, Bosc-Edeline 2, Bruquedalle et Morville. Puis, après avoir côtoyé la forêt de Lions, nous nous retrouverons à Neuf-marché, notre point de départ.
Le langage est aussi ancien que le monde: en créant les premiers membres de la grande famille humaine, Dieu a dû leur donner une manière de se communiquer leurs pensées, leurs désirs, leurs volontés. Ce moyen, c'est le langage. Mais quelle est la langue primitive communiquée à l'homme? Perron se montre le patron zélé de la langue celtique; Webb plaide chaudement la cause du chinois; plusieurs auteurs modernes se font les champions de Goropius-Becanus qui proclame le flamand comme la langue du paradis terrestre; à côté de ces prétentions, viennent les défenseurs des langues semitiques; enfin l'hébreu réunit en sa faveur de nombreux et puissants suffrages. Mais nous n'avons pas le moindre désir de nous arrêter à cette question qui a tant occupé les savants. Nous laissons les uns soutenir que le langage peut être une invention graduelle de l'espèce humaine, les autres prétendre que c'est le résultat nécessaire et spontané de l'organisation de l'homme. Nous passons à côté de Smith, qui assure que l'invention du langage a commencé par les substantifs, et de Herder, qui donne le pas aux interjections. Pour nous, nous voulons seulement jeter un coup-d'œil rapide sur les divers langages qui sont venus tour à tour régner dans le petit coin de terre qui nous occupe, et aboutir au patois actuel du pays de Bray; patois qui s'efface de jour en jour, et dont on ne trouverait bientôt plus la moindre trace, si l'on ne s'empressait de recueillir ce qui en reste: «Il est facile de le prévoir, dit M. du Méril, bientôt les patois auront complètement disparu; beaucoup de mots employés par les pères ne sont déjà plus intelligibles pour les enfants, et l'on doit se hâter de les recueillir si l'on porte quelque intérêt aux origines de la langue 3.»
Cependant, il ne faudrait pas croire que la différence qui existe entre le langage du savant le patois du paysan soit uniquement une différence d'origine; il faut aussi faire la part du progrès et du temps, «La langue du savant et celle du vulgaire au fond sont identiques, à cette simple différence près, que la langue parlée par le vulgaire à une époque déterminée est toujours celle que parlait le savant à une époque antérieure, et que la première n'a d'autre avantage sur la seconde que d'être constamment avec elle de quelques siècles en retard; ainsi le français de nos villages est aujourd'hui, sur beaucoup de points, le français qui se parlait il y a trois ou quatre cents ans, à la cour même de nos rois 4.» Nous aurons plus tard occasion de donner la preuve de ce que dit ici le savant et laborieux autour auquel nous empruntons ces paroles.
Les Gaulois sont les premiers habitants connus de notre contrée: mais, comme ils ne nous ont point transmis de langue écrite, il est impossible de rien conjecturer sur leur langage. Leurs doctrines religieuses, leurs lois, leurs annales passaient d'âge en âge par tradition orale, et nous ne saurions pénétrer des secrets qui reposent ensevelis avec eux sous le tertre où dort leur dépouille mortelle, depuis deux mille ans 5.
L'an 51 avant J.-C, Jules César devint maître souverain des Gaules, après une lutte qui avait duré dix ans. Il préleva de lourdes contributions sur les Gaulois, fonda des écoles et déclara le latin la seule langue officielle. Mais, comme le fait observer avec beaucoup de vérité M. l'abbé Corblet, le peuple prouva à César qu'on n'obtient pas aussi facilement l'adoption d'une langue qu'on improvise une victoire; «il introduisit dans le latin des constructions de la langue maternelle; il confondit arbitrairement tous les cas; il altéra les mots par des constructions bizarres; des terminaisons latines s'allièrent à des radicaux celtiques, des désinences celtiques s'imposèrent à des radicaux latins, et l'emploi des auxiliaires vint bouleverser l'harmonie des lois grammaticales 6.» Aussi Quintilien écrivait-il, vers la fin du premier siècle de notre ère, qu'il y avait une grande différence entre parler latin et parler grammaticalement, aliud esse latinè, aliud grammaticè loqui 7. Au rapport de saint Jérôme, la langue latine subissait encore de grandes modifications au IVe siècle, latinitas et regionibus quotidiè mutabatur et tempore 8. Et saint Augustin nous apprend qu'au Ve siècle, le latin pur perdait du terrain au profit de la langue vulgaire qu'on regardait comme plus utile dans les relations habituelles de la vie, plerumque loquendi consuetudo vulgaris utilior est significandis rebus, quàm integritas literata 9.
Bientôt, à ces difficultés vinrent s'ajouter de nouveaux éléments contraires à l'uniformité de langue: l'introduction des Francs 10 dans la Gaule, qui tantôt en guerre, tantôt en paix avec les Romains, finirent par devenir les maîtres, à la fin du Ve siècle. Alors la langue tudesque apparaît; mais elle s'efface insensiblement, et bientôt se forme la langue romane. «En reconnaissant que le latin a joué le principal rôle dans la formation de cette langue, dit M. Ph. Le Bas, il convient de distinguer la langue latine littéraire de la langue latine usuelle.... C'est du latin parlé par les masses, que s'est formé le roman 11.»
Au milieu de ce mélange de langues, on comprend aisément que la pureté du langage ne pouvait dominer: Alcuin nous apprend qu'il existait, au VIIIe siècle, une langue lettrée qu'on pouvait écrire et une langue illettrée qui ne pouvait être écrite, literata quæ scribi potest, illiterata quæ scribi non potest 12.
Aussi, à partir de 813, voyons-nous plusieurs conciles prescrire aux évêques de prêcher en langue vulgaire, afin de pouvoir se faire comprendre du peuple 13. Le plus ancien monument de cette langue vulgaire ou romane d'où s'est formé insensiblement notre français, est le serment prononcé, en 842, à Strasbourg, par Louis-le-Germanique, frère de Charles-le-Chauve, commençant par ces mots: Pro Deu amor et pro Christian poblo et nostro commun salvament, etc. «Pour l'amour de Dieu et pour le peuple chrétien, et pour notre salut commun 14.
En se décomposant, le latin a produit deux idiomes distincts, dit M. Ph. Le Bas, deux gracieux dialectes dont les ressources sont grandes: la langue d'OIL et la langue d'OC. On ramène à trois les principaux dialectes, de la langue d'OIL, qui sont le normand, le picard et le bourguignon 15. Les trouvères, poètes languedociens, s'exprimaient dans la langue d'OIL; et les troubadours, poètes provençaux, se servaient de la langue d'oc. La dénomination de ces deux langues vient de ce que l'affirmation oui se prononçait oil au nord de la Loire et oc au midi de ce fleuve 16. M. A. Maury nous apprend qu'au XIIe siècle, ces deux contrées étaient séparées par de vastes châtaigneraies qui formaient comme une frontière végétale entre les deux langues 17. Avant l'an 1000, les formes grammaticales de ces deux idiomes offraient peu de différence: «mais, à partir de cette époque, dit M. l'abbé Corblet, les nuances deviennent de plus en plus distinctes, jusqu'à ce que, vers le XIIe siècle, les deux langues firent un divorce complet, en se partageant la France 18.» Aussi Jean-Luc d'Achery nous dit-il qu'au XIIe siècle, les moines d'un monastère du Boulonnais souffraient impatiemment de leur dépendance d'une abbaye du Poitou, à cause de la différence des langues, propter linguarum dissonantiam 19.
Nos lecteurs ne seront peut-être pas fâchés de lire ici l'oraison dominicale dans le langage de cette époque reculée: nous l'empruntons à Charles Batteux, cité par l'abbé Pluche 20.
«Sire pere, qui es ès ciaus, sanctifiez soit li tuens noms, avigne li tuens regnes, soit faite ta volanté, si comme ele est faite el ciel, si soit ele faite en terre; nostre pain de chascun jor nos done hui, et pardone nos meffais, si comme nos pardonos à ços qui meffait nos ont; sire ne soffre pas que nos soions tempté par mauvesse temptation, mais sire delivre nos de mal.»
Le XVe siècle vint opérer la transformation du français du moyen-âge en français moderne; mais le langage ne s'épura qu'au siècle suivant et n'atteignit la perfection que sous le règne de Louis XIV. Le XVIe siècle semble être le moment d'enfantement du français actuel; nous en trouvons la preuve dans les satyres de Vauquelin de la Fresnaye qui écrivait dans la seconde moitié de ce siècle et qui, au milieu des incertitudes et des fluctuations du langage, éprouvait un véritable embarras sur la manière d'écrire correctement;
Car, depuis quarante ans, desja quatre ou cinq fois,
La façon a changé de parler en françois.
Cette irrésolution venait de tous les idiomes avec lesquels la nouvelle langue s'était trouvée en contact; «créée par les rapports et le mélange des patois, la langue commune participe de tous; elle prend à l'un ses habitudes de prononciation, à l'autre ses tours de phrase; elle conserve les idiotismes d'un troisième, et comble, en puisant indistinctement dans tous, les lacunes qui existaient dans les différents vocabulaires... Mais, malgré cette fusion à l'usage de la classe élevée de la société, presque jamais les patois ne disparaissent entièrement; le peuple auquel ils suffisent les conserve avec obstination, et les savants sont obligés de les consulter pour connaître les éléments constitutifs de la langue et remonter à la forme primitive des mots 21.» En effet, comme en fait la remarque M. G. Brunnet, «les patois renferment des mots qui remontent jusqu'au grec et qui furent importés par des colonies hellénistes; ils en contiennent d'antres qui restent comme des débris de la domination romaine; ils en présentent qui sont évidemment le produit de la création populaire, mais le fond du dialecte est tout latin 22.»
Ceci nous ramène à notre patois du pays de Bray, dans lequel nous retrouvons, malgré les nombreuses corruptions qui en masquent la forme primitive, un assez grand nombre de mots qui se rattachent aux langues des différentes nations qui ont parcouru ou habité cette contrée. C'est ainsi que Dieppe, ancien nom de la Béthune, est une corruption de l'islandais Diup, profond;—Itou, du latin Ità, aussi;—Raine, du celtique Ran, grenouille;—Freuler, du breton Frel, fléau;—Bisquer, du saxon Beiskiar, rager;—Super, de l'anglais To sup;—Rio, de l'espagnol Rio;—Braies ou Bragues, du grec Brakos; etc.
«Pour remonter aux radicaux primitifs et saisir les lois qui ont dominé les développements de la langue et lui ont donné de l'ensemble et de l'harmonie, dirons-nous avec M. du Méril, il faut l'étudier à la source, dans la bouche même du peuple... En effet, les patois, soumis dans chaque localité à des influences diverses qu'aucune raison générale ne neutralise, se grossissent au hasard d'importations étrangères et d'imaginations individuelles; qui ne relèvent que du caprice.... Par exemple, le moineau est appelé Pisli à Avranches, Pottin à Coutances, Friquet à Bayeux, Quilleri dans l'Orne, et Moisson dans le pays de Bray 23.»
Maintenant abordons notre travail principal, et tâchons de donner une idée générale du patois brayon, avant d'en venir au glossaire des mots que nous avons recueillis. Deux voies s'ouvrent devant nous: l'une que suivent les savants, l'autre dans laquelle marchent les simples travailleurs. Cette dernière voie sera la nôtre. Nous nous bornerons donc à constater ce qui est, sans rechercher le cûr, quomodò, quandò; c'est-à-dire que nous abandonnerons aux maîtres de la science les observations scientifiques et les découvertes étymologiques, pour nous occuper seulement à recueillir des matériaux sur lesquels ils puissent exercer leur sagacité. Nous suivrons cette recommandation pleine de vérité: «La science étymologique, dit M. Auguste Le Prevost, est une arme à deux tranchants, qui ne doit pas être abandonnée à des mains novices. On peut encore la comparer à ces flambeaux qui jettent de la fumée et de l'obscurité sur leur passage, quand ils n'éclairent pas. Elle demande non-seulement la connaissance approfondie et la comparaison continuelle d'un grand nombre de langues, de dialectes, d'idiotismes, une faculté d'observation et de rapprochement exquise, mais encore beaucoup de sobriété, de loyauté, de circonspection dans l'exercice de cette faculté; sans quoi on arrive par une pente très-rapide à faire venir affana d'equus 24; on se discrédite soi-même et l'on discrédite l'une des recherches les plus piquantes et les plus utiles à la satisfaction de la raison humaine, qui puisse occuper les loisirs d'un érudit. Nous insistons d'autant plus sur la nécessité d'une grande réserve à cet égard, que, débarrassé de cette grave responsabilité, le travail que nous désirons voir entreprendre dans chaque arrondissement n'offrira plus qu'une tâche facile à chacun de nos collaborateurs 25.»
Quoiqu'on ne puisse pas dire, selon la rigueur de l'expression, qu'il existe un code particulier au patois du pays de Bray, il n'en est pas moins vrai que ce patois est soumis à certaines règles dont il s'écarte peu. Pour plus de clarté, nous allons essayer d'indiquer ces règles touchant les lettres, l'article, le nom, l'adjectif, le pronom et le verbe.
§ Ier.—Des Lettres. Le c doux se change assez fréquemment en ch: Ex. Les capuchins étaient comme cha. Il en est de même de la double lettre ss; on dit nourichon pour nourrisson.
Le ch est souvent remplacé par le c dur, qu ou k: Ex. Un cat, un quien, un kauche-pied, etc.
L'accent circonflexe se remplace en plusieurs circonstances par l'accent aigu sur la lettre e: Ex. Téte, féte, béte, etc.
Le tr se prononce quelquefois ter, comme dans truie, qu'on prononce teruie, et teruite pour truite.
§ II.—De l'Article. Selon quelques auteurs, notre article masculin le serait tout simplement la dernière syllabe du mot latin ille, et notre article féminin la, la dernière de illa. D'autres voient plus particulièrement dans l'article une combinaison du pronom ille et des prépositions de et ad. Quoi qu'il en soit, dans les commencements de la langue française, nous trouvons presque toujours pour articles simples ou composés les mots el, del, al; ces mots forment encore la base de l'article dans le patois brayon.
Le, el, l'. La, el. Les, lés, l's.
De, d', d'l'. Du, du. De la, del, d'l'. Des, dés, d's'.
Au, au. A la, al. Aux, à, à les.
On trouvera dans le Dictionnaire les différences qui existent entre ces divers articles.
§ III.—Du Nom. Certain nombre de noms en eur et en oir changent leur terminaison en eux: Ex. Menteur, tricheur, conteur, mouchoir, battoir, couloir, etc., se prononcent menteux, tricheux, conteux, moucheux, batteux, couleux.
Quelques noms en é font leur singulier en ai: Ex. Curiosité fait curiositai, été fait étai, etc.
Les noms propres prennent le pluriel; ainsi on dit: les Duvals, les Dumonts, etc., en parlant des membres de ces familles.
On donne aussi le genre féminin aux noms de famille, en les faisant précéder de l'article: Ex. La Durande, la Guerarde, la Boquette, la Cordière, la Vasseuse, la Brianchonne, etc. Mais, quand le nom propre est précédé du prénom, il garde sa terminaison primitive: Ex. Rose Durand, Marie Guerard, etc.
Dans le patois brayon, les noms n'ont pas toujours le même genre que leurs correspondants français; en voici de nombreux exemples:
NOMS QUI CHANGENT DE GENRE DANS LE PATOIS BRAYON.
AGE, Ex.: La jeunesse est une belle âge.
AIR. Ex.: Cette chanson est sur une vilaine air.
AMADOU. Ex.: Ce marchand ne fournit que de mauvaise amadou.
ARGENT. Ex.: Je vous donne de la belle argent.
AS. Ex.: Voilà une vieille as qui m'a fait perdre.
AUGURE. Ex.: Cela n'est point d'une bonne augure.
AUTEL. Ex.: Voilà une riche autel.
BOL. Ex.: Mettez cette tisane dans une petite bol.
BORNE. Ex.: Quel gros borne!
CANTIQUE. Ex.: Je sais une belle cantique.
CENTIME. Ex.: Cette centime est toute neuve.
CIMETIÈRE. Ex.: Je ne passerais pas la nuit dans la cimetière.
CLAIRE-VOIE. Ex.: Je ferai là un beau claire-voie.
COUDRIER. Ex.: On fait des cercles avec de la coudre.
CRAVATE. Ex.: On m'a fait cadeau d'un beau cravate.
EMPLATRE. Ex.: C'est une emplâtre inutile.
ESCLANDRE. Ex.: Il y a eu grande esclandre.
ÉVANGILE. Ex.: L'Évangile de dimanche est longue.
EXEMPLE. Ex.: Il nous a donné une nouvelle exemple de douceur.
FROID. Ex.: La froid est bien gênante.
GARDE-ROBE. Ex.: Avez-vous un bon garde-robe?
HERBAGE. Ex.: Son herbage est excellente.
HIVER. Ex.: L'hiver de 1830 n'a pas été douce.
IMAGE. Ex.: Vendez-vous de beaux images?
MANQUE. Ex.: C'est une manque de réflexion.
MARNE. Ex.: Servez-vous de marne sec.
MERLE. Ex.: Entendez-vous siffler la mêle?
MEUBLES. Ex.: Voilà de belles meubles.
ORAGE. Ex.: Nous allons avoir une terrible orage.
ORGANE. Ex.: Votre frère a une belle organe.
OUVRAGE. Ex.: Son ouvrage n'est jamais faite en temps.
PARAFE. Ex.: Notre Instituteur fait de belles parafes.
PATÈRE. Ex.: Placez votre chapeau au patère.
POISON. Ex.: Vous m'apporterez de la poison pour les rats.
RÉGLISSE. Ex.: Apportez-moi du réglisse.
RHUME. Ex.: J'ai toujours la rhume.
RISQUE. Ex.: A toute risque.
SAULE. Ex.: La sau est un mauvais bois.
TEMPE. Ex.: Il a reçu un coup de bâton au tempe.
VIPÈRE, Ex.: J'ai été mordu d'un vipère.
§ IV.—De l'Adjectif. Plusieurs adjectifs ne forment pas leur féminin comme en français: Ex. Blanc, sec, vieil, fou, malin, frais, font blanque, sèque, vieuille, fôlle, malinne, fraique. Presque tous les adjectifs terminés en i ont le féminin en ite: Ex. Pourri, guéri, font pourrite, guérite.
Les adjectifs possessifs se rendent ainsi:
Mon, man, min, m'n'. Ma, m'. Mes, més, m's'.
Ton, tan, t'n', tin, t'n. Ta, t'. Tes, tés, t's'.
Son, san, s'n', sin, s'n. Sa, s'. Ses, sés, s's'.
Notre, not'. Notre, not'. Nos, nos.
Votre, vot'. Votre, vot'. Vos, vos.
Leur, leu, leut. Leur, leu, leut'. Leurs, leus.
Les adjectifs démonstratifs sont:
Ce, çu. Cet, c't'. Cette, c't', c'te. Ces, cés, chés.
§ V. Du Pronom. Voici les différentes formes des pronoms personnels:
Je, j', ej'. Moi, mai, mi. Me, m'. Nous. j'.
Tu, tu. Toi, tai. Te, té. Vous, vos, os.
Il, y, il. Elle, al', a. Ils, y, ils. Elles, al', y.
Lui, li. Leur, leu. Eux, eux. Se, s', leus. Soi, sai.
Les pronoms possessifs n'offrent d'autre différence avec le français que la suivante: l' est employé pour le, et l'on supprime l'accent circonflexe sur notre, votre, notres, votres.
Voici maintenant les pronoms démonstratifs:
Celui, le sien. Celle, la sienne, la celle. Ceux, les ceux, les siens. Celles, les celles, les siennes.
Celui-ci, c't'ichite. Celle-ci, c't'ichite. Ceux-ci, cheux-chite, ceux-chite. Celles-ci, cheux-chite, ceux-chite.
Celui-là, ç't'ila. Celle-là, ç't'éla. Ceux-là, cheux-la. Celles-là, cheux-la.
Ce, cha. Ceci, cha. Cela, cha.
Les pronoms relatifs se prononcent de la manière suivante:
Qui, qui. Que, qu', que. Lequel, l'queul. Laquelle, l'queulle, laqueulle. Lesquels, lèqueuls. Lesquelles, léqueulles.
Nous ajouterons les pronoms interrogatifs: qui, que, quoi; lesquels se rendent ordinairement par qué.
En parlant de l'interrogation, nous voulons faire une remarque qui ne trouverait peut-être point place ailleurs. Dans le pays de Bray, et généralement en Normandie, on répond à certaines questions par la négation ou l'affirmation de la proposition opposée. Ainsi, à cette question: Fait-il froid aujourd'hui? on répondra: Il ne fait pas chaud, ou il fait assez chaud, ou il fait très-chaud.
§ VI.—Du Verbe. Afin de donner une idée du système des conjugaisons, nous placerons ici quelques temps des verbes auxiliaires AVOIR et ÊTRE.
AVER |
ETE |
INDICATIF PRÉSENT.
J'ai. T'as. Il a. J'avons. Os avez ou vos avez. Il ont. |
Ej'sis. T'es. Il est. J'sommes. Os ètes ou vos ètes. Y sont. |
IMPARFAIT.
J'avais. T'avais. Il avait. J'avions. Os aviez. Il avaient ou aviont. |
J'étais ou j'étois. T'étais ou t'étois. Il était ou il étoit. J'étions ou os étions. Os étiez ou vos étiez. Il étaient ou étoient ou étiont. |
SUBJONCTIF PRÉSENT.
Que j'aie ou que j'uche. Q't'aies ou que tu uches. Qu'il ait ou qu'il uche. Qu'j'avions ou qu'j'uchions. Qu'os aviez ou qu'os uchiez. Qu'il aient ou qu'il uchent. |
Que j'sais ou que j'suche. Que tu sais ou que tu suches. Qu'il sait ou qu'il suche. Que j'sayions ou que nous suchions ou qu'os soyomes. Qu'os sayez ou qu'os suchiez. Qu'y saient ou qu'ils suchent. |
Le patois du pays de Bray offre beaucoup d'irrégularité dans les conjugaisons; nous en mentionnerons seulement quelques-unes.
Généralement l'u du pronom tu s'ellipse à la seconde personne du singulier, quand le verbe commence par une voyelle: Ex. T'aimes, t'avertis, t'as, t'entends.
Le j' remplace ordinairement le pronom nous, à la première personne du pluriel, quand le verbe commence par une voyelle: Ex. J'aimons, j'avertissons, etc. Si le verbe commence par une consonne, le pronom nous est remplacé par le monosyllabe ej: Ex. Ej trouvons, ej prévenons, etc. Il paraît que les courtisans de Henri III regardaient comme de bon ton de dire: J'avions, j'étions, j'allions; c'était alors une manière de parler recherchée dans la bonne compagnie, même à la cour 26.
Parmi les verbes de la première conjugaison qui sont irréguliers dans plusieurs temps, nous mentionnerons le verbe aller qui fait au présent du subjonctif: que j'ouaiche, que tu ouaiches, qui ouaiche, que j'ouaichions, qu'os ouaichiez, qui ouaichent.
Les verbes terminés en ier et uer ont ordinairement le présent du subjonctif en che: Ex. Charrier, ruer, etc., font: que je carriche, que je ruche.
Le r terminal de l'infinitif ne se fait point sentir dans les verbes de la seconde conjugaison; ainsi on dit: mouri, parti, r'veni, etc., pour mourir, partir, revenir. Plusieurs de ces verbes forment aussi leur participe passé tout-à-fait irrégulièrement; c'est ainsi que soutenir fait soutint pour soutenu.
Les verbes de la troisième conjugaison changent leur terminaison oir en er; par exemple: Apercevoir, recevoir, émouvoir, etc., font aperchever, r'chever, émouver, et, au participe passé, aperchu, r'chu, émouvé.
Au nombre des verbes de la quatrième conjugaison qui s'éloignent du français, nous mettrons le verbe suivre qui fait sieure, je sieus, j'ai sieus, etc.
Une règle qui se rapporte à toutes les conjugaisons consiste dans l'emploi de la troisième personne au lieu de la première et de la seconde, comme dans les phrases suivantes: C'est moi qui se trompe; c'est toi qui ira; c'est nous qui a joui; c'est vous qui chantait, etc.
Nous pensons que ces courtes remarques suffisent pour indiquer à nos lecteurs les ressemblances et différences du patois du pays de Bray avec les patois des autres provinces, surtout de la Normandie et de la Picardie. Il nous resterait à citer quelque fragment de cet idiome, afin d'en faire mieux comprendre le mécanisme; mais nous ne connaissons aucun monument écrit auquel nous puissions avoir recours. Sous ce rapport, nous sommes aussi pauvres que la Picardie est riche. Là, des hommes d'esprit s'amusent souvent a recueillir les reparties, les boutades, les saillies populaires, pour en former de plaisants dialogues, de gais refrains. Ici, rien de semblable; Ch'est pat à dire que j'soyomes (simus) pus enchifrénés q'd'autes, mais j'manquons d'éditeux, disait dernièrement un de nos amis. C'est donc une bonne fortune pour nous que la rencontre de l'article suivant que nous extrayons d'une récente publication 27.
Jacques.—Ah! Boujou, Mousieu Esprit...
Le citoyen Esprit.—Ne m'appelle donc pas Monsieur; ce titre aristocratique est aboli et remplacé par le mot égalitaire de citoyen.
Jacques.—Ah! chest cha; j'comprends pas, mais chest tout d'même.
Le citoyen Esprit.—Tu es si bête!
Jacques.—Ah! par exemple, cha pourrait ben être vrai; car tout l'monde me l'dit. Mais en attendant, j'voudrais ben saver qué qu'veulent dire chés trois mots Libertai, Égalitai, Fraternitai, quo vait tout partout; o dirait que l'zimprimeux n'peuvent plus rien écrire sans mette chés mots-là.
Le citoyen Esprit.—Tu ne comprends pas cela?
Jacques.—Ma foi, non.
Le citoyen Esprit.—Liberté!!! mot divin qui fait battre tous les cœurs, quand on le prononce...
Jacques.—Ah! bah! l'mien des cœurs n'bat pas du tout.
Le citoyen Esprit.—C'est une manière de parler.
Jacques.—Chest-à-dire qu'cha n'signifie rien.
Le citoyen Esprit.—C'est-à-dire que tu es un imbécille.
Jacques.—Os me l'avez déjà dit, Mousieu citoyen.
Le citoyen Esprit.—Comment pourrais-tu en effet comprendre la liberté, toi qui as été toute ta vie esclave et malheureux.
Jacques.—Ma foi, pas core trop.
Le citoyen Esprit.—Écoute, Jacques, et tâche de comprendre.
Jacques.—J'vo z'écoute des yeux et des oreilles.
Le citoyen Esprit.—Par le mot liberté, on entend que chacun est libre de faire ce qui lui plaît.
Jacques.—Tout c'qui li plaît?
Le citoyen Esprit.—Tout!
Jacques.—Absolument tout?
Le citoyen Esprit.—Oui.
Jacques.—Y a ti longtemps, cha?
Le citoyen Esprit.—Depuis le 24 février, l'an 59 de la liberté.
Jacques.—Et moi qui ne l'savait point core! Faut que j'sais rudement béte!
Le citoyen Esprit.—Je ne dis pas non.
Jacques.—Mais, comment qu'man maîte n'me l'a pas dit?
Le citoyen Esprit.—Nigaud, est-ce qu'il n'est pas intéressé à te laisser dans l'ignorance?
Jacques.—Chest vrai! ben asteu, chest ben fini; quand y m'dira d'batte du blai, j'battrai d'l'aveine; quand y m'dira d'vaner de l'orge, j'ferai des guerbées; quand y m'dira de monter l'grain au grenier, j'irai m'mette à table; puis plutot j'li dirai que j'veux ête maîte chacun note semaine... Asteu, j'voudrais bien saver quoique chest qu'l'égalitai.
Le citoyen Esprit.—Cela signifie qu'il n'y a aucune différence entre les hommes, et qu'ils sont tous égaux.
Jacques.—Mais chest pas vrai, cha.
Le citoyen Esprit.—Comment, ce n'est pas vrai?
Jacques.—Non! Est-ce que j'sis l'égal de man maîte?
Le citoyen Esprit.—Sans doute.
Jacques.—Ah! cha mais!... comment s'y prendre? Man maîte qu'a six pouces plus qu'mai.
Le citoyen Esprit.—On le rognera.
Jacques.—Par queu bout?
Le citoyen Esprit.—Par la tête.
Jacques.—Diable! mais... puis, Nicolas, li qu'est trois pouces plus p'tit qu'mai; est-ce qu'on me rognera itou par la tête?
Le citoyen Esprit.—Mon pauvre Jacques, tu ne comprends donc rien; quand on dit que nous sommes égaux, on veut dire que nous avons tous les mêmes droits et les mêmes avantages.
Jacques.—Chest-à-dire que j'pourrais mette l'zhabits de man maîte, manger san dinner, monter sur san bidet?
Le citoyen Esprit.—Certes, tous les biens sont communs.
Jacques.—Mais les propriétaires?
Le citoyen Esprit.—Il n'y a plus de propriétaires: la propriété, c'est le vol.
Jacques.—Tiens! je l'aurais jamais cru.... Man maîte qui passe pour si honnête homme dans le pays! Mais y va me renvéyer, pétète, quand j'l'y demanderai l'exécution d'l'égalitai.
Le citoyen Esprit.—Ne crains rien.
Jacques.—Pourquoi?
Le citoyen Esprit.—Parce qu'il ne saurait trouver un autre domestique aussi bête que toi.
Jacques.—Chest ben possible... Puis c'té fraternitai, elle, qué qu'chest?
Le citoyen Esprit.—Cela veut dire que nous sommes tous frères.
Jacques.—Ah! cha, du coup, chest une bêtise; car, quand ma mère, qui n'vient plus d'pis qu'al est morte, venait m'ver, a m'embrachait toujou; puis a disait: Boujou, man fieu! Mais a n'embrachait pas man maîte; au contraire, a faisait une révérence, puis disait: Boujou, maîte Pierre! mais a n'y disait jamais: Boujou man fieu, ni boujou man frère! Cha fait ben ver qu'a n'était pas sa sœur et qu'il n'est pas man frère.
Le citoyen Esprit.—Il ne s'agit ici ni de père ni de mère.
Jacques.—Chest vrai, y sont morts tous deux.
Le citoyen Esprit.—Tu ne comprends pas. Il n'y a plus ni père ni mère pour personne; nous sommes tous enfants de la nature.
Jacques.—De la nature? Connais pas! J'avais toujou cru qu'j'étais l'fieu d'ma mère qu'est morte, pauve fame.
Le citoyen Esprit.—Pauvre Jacques! quel dommage qu'on ait paralysé l'action des clubs! je t'aurais fait admettre pour t'initier aux grands principes....
Jacques.—Pardon! excuse! Mousieu citoyen, maîte Pierre m'crie pour manger la soupe.
Le citoyen Esprit.—Mais j'aurais un petit service à te demander.
Jacques.—Jé pas l'temps; cha sera pour une aute fais.
Un Flaneur Brayon.
Nous terminerons cette introduction par quelques proverbes et dictons populaires, auxquels nous joindrons un court exposé des croyances et usages du pays.
Amis comme chiens et chats. Ennemis.
Adroit de sa main comme un cochon de sa queue. Maladroit.
Se laisser manger la laine sur le dos. Trop bon.
La semaine des trois jeudis. Jamais.
Il vaux mieux tuer le diable que le diable vous tue.
Caillou qui roule n'amasse pas mousse.
Mais que les poules pissent. Jamais.
Engendré d'un coq et d'une oie. Sot et malin.
Ouvrir les yeux comme un chat qui c... dans du son. Ouvrir de grands yeux.
Brouillard en mars, gelée en mai.
Laid comme le diable.
Toute la pouquette sent le hareng. Toute la famille a les mêmes vices.
En attendant les souliers d'un mort, on va longtemps nu-pieds.
N'y voir que du brouillard. Ne rien comprendre à une chose.
Un coup de langue est pire qu'un coup de lance.
La première mouche qui le piquera sera un taon. La dernière faute paiera pour les autres.
Ne pas valoir les quatre fers d'un chien. N'avoir aucune valeur.
N'entendre ni à hu, ni à dia. N'avoir aucune intelligence.
Brebis qui bêle perd sa goulée. On ne peut parler et manger en même temps.
Au plus fort la pouque. En parlant de deux personnes qui se disputent un objet.
Qui demande un hiver avant Noël, en demande deux.
Faire la caloge du veau avant qu'il soit venu. Former de vains projets sur un événement éventuel.
Il ne faut pas tant de beurre pour faire un quarteron. Pas de paroles inutiles.
Aller ou venir pour des prunes. Pour rien.
Si le soleil luit quand il pleut, on dit que le diable bat sa femme.
Quand on se sent morveux, on se mouche. En parlant d'une personne qui prend pour elle-même un blâme donné sans application particulière.
Gratter quelqu'un par où il a manjure. Lui proposer une chose qui le flatte.
Faute de poisson, on mange des moules. Quand on n'a pas ce qu'on désire, il faut se contenter de ce qu'on a.
On n'est pas louis d'or. Ou ne plaît pas à tout le monde.
Quand on quitte le maréchal, il faut payer les vieux fers. Lorsqu'on change de fournisseur, il faut payer ce qu'on lui doit.
Quitter brûler ce qui ne cuit pas pour soi. Ne s'occuper que de ce qui profite.
Quand il pleut sur l'un, il grêle sur l'autre. En parlant de deux personnes qui ont les mêmes intérêts.
Rebattre le feurre de ses glanes. Perdre le fil de son discours et faire des redites.
Il a mis une cheville à son trou. Réponse ou repartie trouvée à propos.
Malin comme Gribouille qui se jette à l'eau de peur de se mouiller.
Être de la famille de Riquiqui. Être parent de tout le monde.
S'il y a pondu, il n'y a pas couvé. Il n'a pas été longtemps parti.
Vaut mieux faire envie que pitié.
Février emplit les fossés, mars les vide.
Il vaut mieux laisser son enfant morveux que de lui arracher le nez. Mieux vaut conserver un objet avec ses défauts que de le briser en cherchant à le réparer.
Ils sont comme saint Roch et son chien. Inséparables.
Ton nez branle. Tu mens. Il paraît que ce dicton n'est pas neuf et qu'on disait du temps d'Érasme: Nasus tuus arguit mihi te mentiri, votre nez me dit que vous mentez.
On ne peut guère manier de beurre, sans qu'il en reste dans les doigts. En parlant des régisseurs et autres qui ne rendent pas fidèle compte de leur administration.
Chaque grain a sa paille. Chacun a ses défauts.
Manger son pain chaud, boire son cidre doux, brûler son bois vert, c'est mettre la maison au désert.
Ne point mettre une chose dans l'oreille d'un chat. Donner un avis qui sera suivi.
Chacun son métier, les moutons seront bien gardés.
Faire de la bouillie pour les chats. Faire une chose inutile ou mal exécutée.
Les nourrices auront bon temps, les enfants se jouent. En parlant des grandes personnes qui s'amusent à des jeux d'enfant.
Heureux comme un coq en pâte. Nous pensons qu'il faudrait dire: Comme un coq empâté.
C'est comme à la maison du bon Dieu, l'on n'y boit, n'y mange. Allusion aux personnes qui n'offrent rien à ceux qui font visite; ce qui est rare dans le pays de Bray.
On a tiré à son baptême. Il n'a pas inventé la poudre.
On ne tire pas de farine d'un sac à charbon. On n'espère pas de bonnes actions de la part d'un méchant.
C'est du bois à faire des vielles. Il se ploie de toutes façons. Par allusion à ceux qui disent oui et non sur la même question, pour plaire à l'un et ne pas déplaire à l'autre.
Faire des contes à mourir debout. Impossibilités.
Rien ne dure plus longtemps qu'un pot cassé. En parlant de personnes souffrantes qui vont jusqu'à la vieillesse.
Il n'y a pas moyen de moyenner. Il faut en convenir.
On vous donne des noix à casser, quand on n'a plus de dents. Faire des douceurs, quand on ne peut plus en profiter.
C'est lui, en chair et en os, comme saint Amadou. Lui-même.
Plus malin que lui n'est pas bête.
Sourd comme une boîse. Très-sourd.
Aller son petit bonhomme de chemin. Faire ses affaires, sans s'inquiéter du qu'en dira-t-on.
Ce n'est pas par là que le pot court. Ce n'est pas là que se trouve le mal.
Courir comme un poulain délicoté.
Être du côté que le plat pend. Être bien placé.
Sec comme du bois.
Les paroles sont des femelles; les écrits sont des mâles. Les uns sont plus sûrs que les autres: Verba volant, scripta manent.
Les rouges (à cheveux roux) sont tout bons ou tout mauvais.
Entêté comme une mule.
Babiller comme une pie borgne. A tort et à travers.
Ne pas plus bouger qu'un 0 en chiffre.
Noir comme une taupe.
Partir dans le royaume des taupes. Mourir.
Aller à taupes-jouque. Mourir.
Avoir la compagnie d'un pelé et trois tondus. Société sans considération.
Ne craindre ne Dieu, ne Vierge Marie. N'avoir aucune crainte.
Bête comme un pot. Très-sot.
Un quien regarde bien un évêque. Un inférieur peut regarder son supérieur.
Père aux écus. Homme riche.
Avoir les yeux plus grands que le ventre. Gourmand qui ne peut manger tout ce qu'il a demandé.
Les conseilleux
Ne sont pas les payeux.
Faites du bien à un vilain,
Il vous c... dans la main.
A la Saint-Romain,
On prend les mouches à la main.
A la Saint-Denis,
Bécasse en tous pays.
A la Saint-Denis,
Perdreaux sont perdrix.
S'il fait beau,
Prends ton manteau;
S'il pleut,
Prends-le, si tu veux.
Pluie du matin
N'arrête pas le pélerin.
Jamais le mois d'avril
Ne s'en va sans épi,
Et le mois de mai
Sans épi de blai.
Aujourd'hui saint Thomas,
Cuis ton pain, lave tes draps,
Dans trois jours Noël t'auras.
A la Saint-Luc,
Ne sème plus, ou sème plus dru.
A saint Luquet,
Sème toujours jusqu'à ce que tu aies fait.
Brouillard en decours,
De la pluie sous trois jours.
Brouillard en croissant,
C'est du beau temps.
A la sainte Cateline, (25 nov.)
Tout bois prend racine.
Petits enfants,
Petits tourments.
Il ne faut qu'un coup
Pour tuer un loup.
Vaut mieux aller au moulin
Qu'au médecin.
Pour filer,
Faut mouiller.
Avril le doux,
Quand il s'y met, c'est le pire de tous.
Année de hennetons,
Année de grenaison.
L'hiver n'est pas bâtard,
Quand il ne vient pas d'heure, il vient tard.
A la Chandeleur (2 fév.),
L'hiver finit ou prend vigueur.
Un essaim du mois de mai
Vaut une vache du pays de Bray.
ABEILLES.
Sur le deuil des abeilles, voyez Mouches à miel, dans le Dictionnaire. Les abeilles offrent bien assez d'intérêt à l'observateur, sans leur prêter un instinct dont elles ne jouissent point.
On dit que les abeilles qui essaiment le jour du Saint-Sacrement forment, dans la ruche, un travail en forme d'ostensoir, c'est-à-dire que les rayons aboutissent au centre de la ruche, au lieu d'être transversaux. Nous ne nions pas ce genre de travail; mais, jusqu'à preuve contraire, nous croyons que tous les essaims qui sortent en ce jour ne travaillent pas de la même manière, et qu'on peut observer ce genre de travail dans les ruches d'essaims sortis en d'autres jours.
CARREAU.
Dans la campagne, les bonnes femmes désignent sous ce nom tout embarras gastrique, toute maladie chronique, toute affection maladive dont la guérison se fait attendre. Dans leur pensée, aucun âge n'en est exempt; nous nous rappelons avoir entendu dire d'une personne octogénaire, qu'elle était morte du carriau, parce qu'on ne l'avait pas fait toucher. Voyez, dans le Dictionnaire, le mot Carriau.
CHARDON (Jeu du).
Parfois les moissonneurs laissent un gros chardon debout; ils placent quelques petits rubans dans ses feuilles; et, au moment de faire scier la dernière poignée, ils présentent au maître de maison une faucille dont le manche est orné de lisets, en le priant de commencer le jeu, c'est-à-dire de se placer à une distance convenable et de lancer la faucille sur le chardon pour le couper. Ordinairement le cultivateur place une pièce d'argent au pied du chardon; c'est le prix de la victoire.
CHEVAUX.
Lorsqu'on conduit les chevaux à l'eau, on a l'habitude de siffler pour les engager à boire. Par un contraste assez singulier, il est aussi d'usage de siffler pour les engager à p......
CHOUETTES.
Le cri de la chouette, aux environs d'une habitation, est considéré comme un signe de mortalité.
CIERGES.
Si les cierges placés à l'autel brûlent mal, quand on fait célébrer la messe pour un malade, on est persuadé qu'il ne guérira pas.
DERNIÈRE POIGNÉE (La).
Dans les communes où l'on n'offre pas de glane au commencement de la moisson (voir plus bas), les moissonneurs font scier la dernière poignée. Voyez ce mot dans le Dictionnaire.
EAU BÉNITE.
Le Samedi saint, en certaines communes, l'instituteur se présente à chaque maison de la paroisse, il trempe une branche de buis dans un petit vase plein d'eau bénite, qu'il porte avec lui, et il asperge l'habitation. Ensuite, il offre du pain à chanter qu'il a fait bénir, et reçoit des œufs qu'il vend à son profit. (Voir notre Essai sur le canton de Neufchâtel, page 114.)
Quand il pleut le dimanche avant l'eau bénite, on est persuadé que c'est signe qu'il pleuvra pendant toute la semaine.
On prétend que l'enfant qui étrenne les fonts, c'est-à-dire celui qui est baptisé le premier après la bénédiction des fonts, meurt dans l'année.
FLANS (Les).
C'est ainsi qu'on désigne encore, en certaines communes, le jour de la fête patronale. Ainsi, on dit: Les Flans de Bures, pour indiquer la fête de Saint-Agnan, patron de cette paroisse. Cette habitude vient de l'ancien usage, encore en vigueur, de préparer des flans ou tartes pour ce jour.
GLANE (La).
Le premier jour de la moisson, on forme une glane d'épis choisis, artistement disposés et ornés de fleurs et de rubans de soie. Les moissonneurs se réunissent en corps pour aller offrir cette glane à la maîtresse de maison; celui ou celle qui la présente débite un petit compliment; après quoi on arrose la fête avec quelques pots de gros cidre.
NOEL (Les douze jours de).
On prétend que la température des douze jours de Noël, c'est-à-dire des jours qui se trouvent à partir du 25 décembre jusqu'au 5 janvier, indique le temps de chacun des douze mois de l'année suivante. Ainsi, le temps du 25 décembre indique le temps qu'il fera en janvier; le temps du 26, celui du mois de février, etc.
RAMEAUX.
Bien des gens sont convaincus que les blés dépériront pendant quarante jours, s'il pleut le jour des Rameaux.
ROIS.
La veille des Rois, les enfants parcourent les rues avec des lanternes de papier de diverses couleurs, attachées au bout d'un bâton, et crient de toute leur force:
Boujou les Rois,
Jusqu'à douze mois!
Boujou la Reine,
Jusqu'à six s'maines!
Boujou l'crapou,
Jusqu'au mois d'août!
Le lendemain, jour des Rois, ils recommencent la même procession et les mêmes chants, en remplaçant le mot boujou par celui d'adieu.
SAINT-JEAN (Feux de).
En certaines communes, on fait un feu de joie la veille de la fête de saint Jean-Baptiste. Chaque habitant apporte un bâton pour l'entretien du feu; des danses ont lieu pendant une partie de la nuit, et l'on n'oublie jamais d'emporter avec soi quelques charbons comme préservatifs de la foudre et de l'incendie (Voir notre Essai sur le canton de Londinières, page 242). Il nous semble voir là clairement un souvenir des feux qui signalaient, chez les anciens Slaves, la fête du dieu Koupalo (24 juin), et autour desquels dansaient hommes, femmes, enfants et vieillards (Encyclopédie du XIXe siècle, vol. XXIV, p. 559). Koupalo était le dieu des productions de la terre. Avant la révolution de 1793, ces sortes de feux avaient lieu même à Paris: «La veille de Saint-Jean, les échevins faisaient élever, sur la place de l'Hôtel-de-Ville, un immense bûcher auquel le roi mettait solennellement le feu. En 1471, Louis XI, à l'exemple de ses prédécesseurs, communiqua lui-même la flamme à cet amas de matières combustibles dont l'incendie éclairait toute la ville. Les chroniques contemporaines nous ont conservé les détails de cette cérémonie.
«Au milieu de la place de Grève s'élevait un arbre de 90 pieds de hauteur, hérissé de traverses auxquelles on attachait 800 bourrées et 300 cotrets; 15 voies de bois et une immense quantité de bottes de paille en formaient la base. Le tout était surmonté d'un tonneau et d'une roue. Des guirlandes de fleurs décoraient ce colossal appareil, dans lequel il faut voir l'idée première de nos feux d'artifice officiels. Des bouquets volumineux étaient distribués au roi, aux personnes de sa suite, aux magistrats et aux notables. Une compagnie d'archers de la ville, composée de 200 hommes d'armes, maintenaient l'ordre conjointement avec 100 arbalétriers et 100 arquebusiers. Avant de mettre le feu, on plaçait dans le bûcher les célèbres doubles pétards dits de la Saint-Jean, les grosses fusées et tous les produits pyrotechniques connus à cette époque; on suspendait ensuite à l'arbre un grand panier renfermant deux douzaines de chats et un renard.
«Les registres de comptabilité de l'Hôtel-de-Ville contiennent, au sujet de ce dernier article, la mention suivante:
A Lucas Pommereux, l'un des commissaires des quais de la ville, cent sous parisis pour avoir fourni, durant trois années, tous les chats qu'il fallait audit feu, comme de coutume; mêmement pour avoir fourni, il y a un an, où le roi assista, un renard, pour donner plaisir à Sa Majesté, et pour avoir fourni un grand sac de toile où étaient lesdits chats.
«Lorsque le feu était apaisé, le roi montait à l'Hôtel-de-Ville, où l'attendait une somptueuse collation. La foule se précipitait sur les débris du bûcher et se disputait les tisons, dont la possession était un gage de bonheur et de réussite en toutes choses pendant une année entière.
«Louis XIV n'assista qu'une seule fois à cette cérémonie, et Louis XV refusa de s'y montrer. Le feu de la Saint-Jean ne fut plus alors considéré que comme une tradition populaire, et les vestiges en furent effacés par l'orage de la Révolution.» (Journal de Rouen, 18 février 1852.)
SAINT-BENOIT.
Quand il pleut le jour de saint Benoit (11 juillet), on est convaincu que la pluie durera quarante jours. Il faut peut-être voir l'explication de cette croyance dans la légende du saint. Un jour, étant allé visiter sa sœur, sainte Scholastique, celle-ci voulut le retenir au moment de partir; mais, comme il se refusait à rester, elle pria Dieu qui suscita une si grande tempeste de tonnerre, d'esclairs et de pluye, que saint Benoit ne put sortir de la maison (Fleurs des vies des Saints, par Ribadeneira, tome I, page 493, édit. in-4º.
SAINT-MARC.
S'il pleut le jour de saint Marc, c'est signe qu'il n'y aura point de merises. Voici ce qui a pu donner lieu à ce dicton: A cette époque, 25 avril, les merisiers sont en fleurs, et la pluie, si elle se prolongeait, pourrait les empêcher de nouer.
SAINTE-MONIQUE.
La pluie, le jour de sainte Monique, 4 mai, présage qu'il n'y aura point de pommes. C'est l'époque de la fleuraison des pommiers.
SAINT-PIERRE (Feu de).
On fait aussi des feux la veille de la fête de saint Pierre. Vers le coucher du soleil, le clergé de la paroisse se rend en procession au lieu où le bois a été disposé, le prêtre y met le feu et prononce une bénédiction; après quoi la procession retourne à l'église. Les habitants se partagent ensuite les tisons qu'ils conservent dans l'espoir d'être préservés des accidents de l'incendie (Voir notre Essai sur le canton de Neufchâtel, page 148). Nous trouvons encore, dans cet usage, une trace des feux nocturnes que les Romains allumaient pour célébrer certains anniversaires, tels que les Palilies, fête fort ancienne à laquelle Romulus rattacha la célébration annuelle de la mémoire de la fondation de Rome. Cette fête, instituée en l'honneur de la déesse Pales, se célébrait le 23 avril (Encyclopédie théologique, tome XXVIe, 3me des Religions, page 1056).
SAINT-SAUVEUR (Pélérinage de).
Les pélerinages de saint Sauveur ont lieu le jour de la Trinité et pendant l'octave, et se font à l'intention des animaux malades, surtout des chevaux. Assez souvent, on touche un morceau de pain à la statue du Sauveur, et l'on réserve ce pain pour le donner aux bestiaux pendant leurs maladies. (Voir notre Essai sur le canton de Blangy, page 164 et suiv.)
TABLIER.
Si, en sortant de chez soi, la première personne qu'on rencontre est une femme sans tablier, on est persuadé qu'on éprouvera quelque désagrément dans la journée. Au reste, les femmes du pays de Bray sortent rarement sans cette partie de leur toilette.
TARTE (La).
Quand les moissonneurs finissant à couper le blé, ils se réunissent et crient à tue-tête: A la tarte! à la tarte! à la tarte! Cet usage vient de ce que, antérieurement, on avait l'habitude de manger des tartes à pareil jour. Aujourd'hui on se contente de vider quelques bouteilles à large panse, et la tarte se mange à la parcie (Voyez ce mot dans le Dictionnaire).
TERRE-SAINTE.
Si l'on remue la terre sainte, c'est-à-dire si l'on creuse une tombe le dimanche, on prétend qu'il mourra une personne pendant la semaine.
TREIZE (Le nombre).
Le nombre 13 est généralement considéré comme néfaste. Par exemple, si treize enfants font leur première communion le même jour, on assure qu'il en mourra un dans la même année. Il est plus d'une personne qui ne voudrait pas être treizième à table. Mais, en tous cas, ce qui est le plus à redouter pour celui qui se trouve le treizième en cette circonstance, c'est, avons lu quelque part, lorsqu'il n'y a à diner que pour douze.
TRIGLYDOTE (Le).
C'est le petit oiseau qu'on appelle improprement roitelet; le peuple le nomme petite poulette au bon Dieu, et ne veut pas qu'on le tue. On prétend que chaque nichée se réunit dans le nid, la veille des Rois, avec les père et mère; aussi se garde-t-on bien de détruire ce petit nid, ordinairement placé au bas des couvertures en paille.
VACHERS (Chanson des).
Les petits vachers ont l'habitude de s'adresser de loin des espèces de dialogues, qu'ils chantent et terminent toujours par ces mots: Lariala! lariala! lariala! lalonlariala! Il nous semble reconnaître dans ces paroles une invitation adressée aux autres gardeurs de vaches: Là! ris il y a là!... Là! allons là! ris il y a là! En effet, ces paroles sont ordinairement le prélude d'une réunion dans laquelle on mange des poires et des pommes; après quoi on fait la partie de bilboquet, au milieu des ris et joyeux discours.
VENDREDI.
On considère généralement le vendredi comme un jour néfaste, et beaucoup de personnes ne voudraient pas entreprendre un travail en ce jour. Serait-ce qu'on regarde ce jour comme malheureux, en mémoire de la mort de Jésus-Christ?
VENT (Fiançailles et mariage du).
On dit que le vent se fiance le jour de saint Denis (9 octobre), et se marie le jour de la Toussaint. On ajoute que, pendant l'hiver suivant, il souffle souvent du point où il se trouvait le jour de ses fiançailles et de son mariage.
Nos lecteurs ne trouveront point dans cette publication les mots devenus d'un usage général; et, quoique l'Académie ne leur accorde pas le droit de naturalisation dans son Dictionnaire, nous avons pensé qu'il suffisait qu'ils fussent admis par les bons lexicographes pour être autorisé à ne point les classer parmi les mots du patois brayon.
Nous avons cru devoir insérer quelques locutions vicieuses en usage non-seulement dans le pays de Bray, mais encore dans toute la Normandie.
En rédigeant notre travail, nous avons surtout consulté le Dictionnaire du patois normand, par MM. Édélstand et Alfred Duméril, Caen, 1849; le Glossaire du patois picard, par M. l'abbé Jules Corblet, Amiens, 1851, et le précieux manuscrit de M. Auguste Le Prevost, qui a recueilli les mots du patois des environs de Rouen et de Bernay. Les mots du patois brayon usités en Basse-Normandie sont indiqués par les initiales B.-N.; nous indiquons ceux qui sont employés en Picardie par un P, et ceux de la Haute-Normandie par les lettres H.-N.
Enfin, nous avons, autant que possible, écrit le patois brayon comme on le prononce; mais il existe un grand nombre d'expressions dont la prononciation ne saurait être rendue sans altérer profondément le sens des mots.
A, elle, s'emploie assez généralement devant une consonne. Ex.: A m'a dit de partir. P.
A, aux. Ex.: Dites à charretiers de dételer.
ABAVENT, contrevent, qui abat le vent. B.-N.
ABITER, toucher. Ex.: N'abitez pas là. H.-N.
ABLO, somme qu'il fallait ajouter aux anciennes pièces de monnaie pour compléter leur valeur diminuée par la circulation. Aux pièces de six sous, on ajoutait un sou; aux pièces de douze sous, deux sous; aux pièces de vingt-quatre sous, quatre sous; aux écus de trois livres, cinq sous; aux écus de six livres, quatre sous; aux louis de vingt-quatre livres, treize sous, etc.
ABOIRE, aboyer.
ABOLI, abattu, triste. P.
ABOULER, pousser comme une boule, Ex.: Aboule-moi ton argent. P.
ABRE, arbre.
ABRIAS, grand paillasson dont se servent les moissonneurs, et à l'ombre duquel ils prennent leurs repas.
ABRIER, abriter. Les uns font venir ce mot du vieil allemand ad-bi-rihan, les autres du latin arbor. Nous ferons dériver tout simplement ce mot de abri, comme le verbe abriter. B.-N., H.-N., P.
ABRUVER, abreuver. P.
ABYMER, gâter, salir, déchirer un objet. H.-N., P.
ACANT, ACANTÉ, en compagnie, à côté de. Ex.: J'irai au marché acant ou acanté vous. B.-N.
ACANTER, incliner, pencher un vase.
ACCIPER, prendre, recevoir; du latin accipere.
ACCORDS, conventions qui précèdent le mariage. Ex.: On fait demain les accords de Paul et de Julie. B.-N.
ACHEVALER (s'), se mettre à califourchon sur. P.
ACHOPÉ, entêté. H.-N.
ACHOPER (s'), s'entêter à une chose. P.
ACONNAITRE (se faire). Se faire connaître à une personne. H.-N.
ACONDUIRE (se faire), se faire conduire à. H.-N.
ACCOUTUMANCHE, ACCOUTUMANCE, habitude. P.
ACTIONNER, presser. Se dit particulièrement du ministère d'un huissier qui assigne une personne à comparaître devant un juge, un tribunal. P.
ACRE. L'acre se compose de 160 perches, à l'exception de celui de Blangy qui n'en a que 147. Mais l'on distingue différentes espèces de perches; ce qui donne une grande différence dans la contenance des divers acres. Voici ceux qui sont en usage dans le pays de Bray. Saint-Saens: perche de 18 pieds 4 pouces et de 20 pieds 2 pouces, ce qui donne deux sortes d'acres dans le même canton, l'un de 56 ares 73 centiares, et l'autre de 68-66. Gournay: perche de 20 pieds 2 pouces, comme Saint-Saens en partie. Londinières: perche de 21 pieds 1 pouce, de 21 p. 6 p. 1/2 et de 22 pieds, formant trois sortes d'acres: 1o 75 ares 05 centiares; 2o 78-35; 3o 81-72. Cette dernière mesure est la plus générale; elle est en usage à Argueil, Aumale, La Feuillie, La Ferté, Gaillefontaine, Neufchâtel, etc. Bazinval et quelques communes voisines; perche de 23 pieds, donnant à l'acre une mesure de 89 ares 31 centiares. (Manuel métrique, par P. Périaux, pag. 110 et suiv.)
ACULER, égarer. H.-N.
ADIRER, égarer.
ADIRER (s'), aller à un lieu voulant aller vers un autre; du latin adire, aller à.
ADLAISI, inoccupé. Ex.: Voilà trois jours qu'il est adlaisi. C'est le at leisure des Anglais, à loisir.
ADOUCHIR, adoucir. P.
AD PATRES (envoyer), donner la mort. P.
ADRÈCHE, adresse. P.
ADRET, adroit.
ADVINER, deviner. P.
AFFIQUETS, parures de femme. P.
AFFAIRE de (avoir une bonne), avoir une grande quantité de.
AFFAIRE (être à son), connaître son commerce, le faire avantageusement. H.-N.
AFFAITEMENT, assaisonnement. H.-N.
AFFAITER, assaisonner. Ex.: Voulez-vous affaiter la salade. H.-N.
AFFLATER, flatter, caresser avec la main. P.
AFFLIGÉ, contrefait, estropié. P.
AFFRIOLER, affriander. P.
AFFOURÉE, fourrage destiné à un repas des vaches ou des moutons. Ex.: Allez donner une affourée aux vaches. B.-N.
AFFOURER, donner une affourée. Ne se dit pas en parlant des chevaux. B.-N.
AFFUBER, envelopper. Ex.: Cette liqueur m'affube le cœur.
AFFULER (s'), mettre son bonnet. P.
AFFULURE, coiffure de femme. P.
AFFUTIAUX, parures. P. Objets divers nécessaires pour former un tout ou travailler à un objet. B.-N.
AGA! tiens! vois donc. Selon M. du Méril, vient du saxon agarder. B.-N.
AGACHE, pie. P.
AGACHER, agacer, irriter. Se dit aussi du cri des oiseaux au moment qu'on enlève leur couvée.
AGALÊTRER, exciter, irriter, Ex.: Si tu agalêtres le chien, tu te feras mordre.
AGE (en), majeur. P.
AGE (homme d'), homme âgé. P.
AGERS, distribution, places. Ex.: Je connais les agers de la maison. En Picardie, on dit eziers.
AGONIR DE SOTTISES, accabler d'injures. P. B.-N. H.-N.
AGRAPPINS, espèce de grappins qu'on s'ajuste aux jambes pour monter aux arbres et les ébrancher.
AGRIPPER, prendre en secret. H.-N.
AGRIPPER (s'), s'accrocher. Ex.: En tombant, il s'est agrippé à une branche. H.-N.
AGUIGNETTES, étrennes du premier jour de l'an. On regarde assez généralement ce mot comme une corruption du cri: au gui l'an neuf! que poussent les enfants, en certaines contrées, pour annoncer le nouvel an et demander des étrennes. On croit reconnaître dans cet usage un souvenir de l'ancienne coutume des Bardes qui annonçaient la nouvelle année en distribuant le gui sacré coupé par les druïdes (Voir notre Essai sur le canton de Londinières, page 107).
AHI! Expression qui sert à exciter les animaux à avancer ou à reculer. B.-N.
AHOQUER, accrocher. B.-N.
AHURI, stupéfait, abasourdi. P. H.-N.
AHURIR, frapper d'étonnement. P.
AIAUX, narcisses des prés. P.
AIN, AINE, un, une.
AIR (avoir l'), ressembler. Ex.: Cet homme a l'air de ton père. H.-N.
AIR (faux), ressemblance légère. Ex.: Il a un faux air de ton oncle. H.-N.
AJET, achat.
AJUSTER. Employé comme synonyme de joindre, rassembler. P.
AL'. Employé pour à la. Ex.: Il ira al saint Jean. P.
AL', elle, elles.
ALENCONTRE, contre. P.
ALLER (s'en), se dit d'un liquide qui s'échappe d'un vase en bouillant. B.-N.
A LES, aux.
ALLEZ! Exclamation d'indifférence. Ex.: Vous pouvez vous moquer de moi, allez! je ne me fâcherai pas.
ALLONGE, pièce de bois qui unit les deux trains d'un chariot. P.
ALLURE (cheval d'), amble. B.-N.
ALLURES, démarches suspectes.
ALOSER, donner trop d'éloges à une personne ou à une chose. Ce mot, qui était usité dès le XIe siècle, viendrait-il de laus, louange?
ALUMÈTE, ALLUMELLE, lame de couteau sans manche.
AM', à ma. Ex.: Je chante am' manière. Devant une voyelle, on mettrait:
AM'N', à ma, à mon. Ex.: Pensez am'n'affaire.
A-MAIN (en), outil dont il est aisé de se servir. Ex.: Cette faucille est bien en a-main.
AMELETTE, omelette. P. H.-N.
A MÊME (être), occupé à faire une chose. Ex.: Je suis à même de faire ma barbe. H.-N.
A MÊME (prendre), prendre une portion de quelque chose. Ex.: Prends des pois à même du plat... Bois à même de la bouteille. H.-N.
AMÈRE, espèce de pommes à cidre.
AMÈTRER, mettre les cailloux par monceaux d'un mètre cube.
A-MI, parmi, au milieu de. Ex.: Il est à-mi les champs.
AMI (bon), amant.
AMIGNARDER, caresser.
AMIGNOTER, amadouer, caresser. P.
A-MITAN, à moitié.
AMITOUFLER (s'), s'envelopper la tête et la figure pour se préserver du froid, Vient probablement du latin amictus, couvert. P.
AMITIEUX, caressant.
AMONT, au haut de: Ex.: Amont la côte.
AMONT (vent d'), vent d'en haut, qui élève ou amonte les nuages. H.-N.
AMONTER, monter, gravir une côte. H.-N.
AMOUCHELER, amonceler.
AMOUILLANTE (vache), vache dont la mamelle commence à s'emplir de lait, et qui ne tardera pas à vêler. B.-N.
AMOUROUQUES, camomille des champs. En Picardie et aux environs de Bayeux, on dit amourette; près de Bernay, c'est amourioques. H.-N.
AMUNITION (fusil, pain d'), de munition. H.-N.
AMUSER (s'). Se dit d'un homme qui a des relations coupables avec une femme. H.-N.
ANDIER, chenet orné d'une hampe et d'un crochet mobile, qui sert à placer la broche pour faire rôtir les volailles ou autres pièces.
ANE (oreilles d'), centaurée noire. On appelait aussi de ce nom un bonnet de papier, orné de longues oreilles, que les anciens maîtres d'école plaçaient sur la tête des écoliers rebelles.
ANGE, espèce. Ex.: Donnez-moi de l'ange de vos petits pois.
ANGER DE, fournir. Ex.: Angez-moi d'un bon couteau.
ANGOLAT (chat), angora.
ANICROCHES, entraves.
ANNE, aune.
ANTENOIS (moutons), âgés de moins d'un an.
ANTOMI, engourdi. Se dit aussi substantivement d'un squelette humain.
ANNELÉE. On désigne sous ce nom chaque volée qu'on sonne pour les défunts.
ANNELER, agneler.
ANUIT, aujourd'hui. Mot conservé de l'ancien usage des Celtes qui comptaient par nuits et non par jours (Voir notre Essai sur le canton de Londinières, p. 106). Les Anglais se servent encore de l'expression fortnight (contraction de fourteen nights, quatorze nuits) pour signifier quinze jours; ils disent aussi sennight pour indiquer une semaine ou huit jours. P. H.-N. B.-N.
ANUITER (s'), s'attarder, se laisser surprendre en voyage par la nuit. P.
APATELLE, nourriture que les oiseaux portent à leurs petits. P.
APATELER, porter l'apâtelle. P.
APPOIYAS, longues fourches de bois qui servent à soutenir les branches des pommiers trop chargés de fruits.
APOIYER, appuyer.
A POINT (venir), arriver au moment convenable pour être utile. P.
APOS (faire), s'ennuyer, regretter. Ex.: Il me fait apôs de mon fils depuis qu'il est au collége.
APOTUME, apostème. P.
APOTUMER, abcéder.
APPAREILLER, mettre par couple. P.
APPOLON, sorte de camisole de femme. P.
APPOLER, appuyer, pousser, presser contre.
APPRINS (mal), mal élevé.
A QUAND? Locution interrogative. Ex.: A quand notre réunion?
ARABE (terre), arable. P.
ARCAIL (fil d'), fil d'archal.
ARÉ! voyez! B.-N.
ARÊQUE, arête de poisson.
ARÊQUE DU DOS, épine dorsale.
ARGOT, ergot.
ARIAS, contrariétés. Ex.: Il y a eu des arias pour son mariage.
ARIÈRE (en), en cachette. P.
ARMANA, almanach.
AROUSER, arroser. P.
ARRANGEMENT (personne d'), avec laquelle il est aisé de s'arranger.
ARRASER, passer près de. Ex.: Sa voiture a arrasé le mur.
ARSOUILLE, fille qui a des habitudes de débauche et de malpropreté. P. B.-N.
ARTER, arrêter. P.
ARUER, lancer, jeter vers quelqu'un. Ex.: Arue-moi ton couteau.
AS', à sa. Ex.: J'ai mangé as' table; mais devant une voyelle, c'est:
AS'N', à sa, à son. Ex.: Il est parti as'n' ouvrage.
AS-COURANTE, as-courant, jeu de cartes.
ASSASSIN, assassinat. B.-N.
ASSASSINEUX, assassin. P.
ASSAVOIR (faire), faire savoir. P.
ASSIÉTER (s'), s'asseoir.
ASSIR (s'), s'asseoir. P.
ASSOMILLER (s'), s'endormir.
ASSOTER (s'), s'éprendre d'amour pour une personne qui ne le mérite pas. P.
ASSOUFFI, rassasié. P.
ASTEURE, à présent, à cette heure. P.
ASTICOTER, taquiner, chicaner. P. B.-N.
ASTIQUER. On dit astiquer à une porte pour signifier la secouer longtemps, chercher à l'ouvrir sans pouvoir réussir. M. E. du Méril fait venir ce mot de staga, mot islandais qui signifie revenir trop souvent à la charge. B.-N.
AT', à ta, devant une consonne. Ex.: Il est parti at' maison; devant une voyelle, on se sert de:
AT'N', à ta, à ton. Ex.: Il a été at'n' école. P.
ATAME, entamure, premier morceau d'un pain.
ATOUT, coup, blessure. P. H.-N. B.-N.
ATTAQUE, attache. P.
ATTAQUER, attacher. P. Un Picard devait être pendu, quand on lui proposa sa grâce, à condition d'épouser une femme de mauvaise vie qu'on lui présenta. Il allait s'y décider, quand il s'aperçut qu'elle boitait: Elle cloke, dit-il au bourreau, attake! attake! (Glossaire du patois picard, par M. l'abbé Corblet, page 329).
ATTELÉE, temps pendant lequel les chevaux travaillent sans rentrer à l'écurie. P.
ATTELURE, certain nombre de chevaux de trait qui travaillent ensemble. Ex.: J'ai une belle attelure de six chevaux.
ATTENTIONNÉ, qui a des attentions pour plaire à une personne.
ATTISÉE (bonne), grande quantité de bois mise au feu. P.
ATTOUCHER, toucher. Ex.: N'attouchez pas là. H.-N.
ATTRAPER (s'), se blesser contre un objet quelconque. H.-N.
ATTRAVER, apporter. Ne se dit que des choses qu'on apporte en certaine quantité et qui exigent plusieurs courses. Ex.: Vous aurez soin d'attraver de l'eau pour les moutons et du fourrage pour les chevaux.
ATTUIRE, tutoyer. P.
AUBÉ, aubier.
AUCUNS (d'), quelques-uns.
AUMONDE, aumône. Voici la formule la plus ordinaire des mendiants: Un' p'tit' aumonde, si vo plaît, pour l'amour du bon Dieu et de la sainte Vierge.
AUTEUX, aouteron, qui travaille à recueillir la moisson.
AUTE, autre.
AUTOUR DE (être), être occupé à.
AVA, AVAL (veut d'), vent qui rapproche les nuages de la terre, les précipite ad vallem, et annonce la pluie. H.-N.
AVALLON, gorgée de boisson. P.
AVANT, profond. P.
AVANTAGER (s'), se donner des éloges.
AVANTEUR, profondeur.
AVEINDRE, atteindre, tirer une chose d'un lieu. P.
AVEINE, avoine.
AVEINERI, champ où l'on a récolté de l'avoine.
AVENANT, poli, qui a de bonnes manières.
AVENANT (à l'), en proportion.
AVENIR, convenir. Ex.: Il ne lui avient guère de faire le monsieur. H.-N.
AVENTS (les), les quatre semaines qui précèdent la fête de Noël.
AVER, avoir.
AVEU, avec. P.
AVISER, regarder. Pourquoi me regardez-vous ainsi, disait un jour un monsieur à un paysan?—Eh! repartit celui-ci, un chien avise bien un évêque. P.
AVOCAT-SOUS-L'ORME, chicaneur, homme qui aime à donner son avis dans les contestations et les procès. Cette dénomination vient de ce que les plaids seigneuriaux se tenaient autrefois sous de grands ormes. M. Léopold Delisle en cite plusieurs exemples, pour le XIIIe et le XIVe siècle, dans son intéressant ouvrage sur l'état de l'agriculture en Normandie, au moyen-âge (Etudes sur la condition de la classe agricole, p. 357 et 738).
AVOUER, user. Ex.: Elle m'a avoué deux morceaux de savon. H.-N.
AVRONE, aurone.
AYOU? où. H.-N.
BABET, Élisabeth.
BABINES, lèvres. Ex.: Essuie-toi les babines. H.-N.
BABOUIN. V. Babines. H.-N.
BACHIN, bassin. P.
BACHINET, bassinet, espèce de renoncule.
BACHINET (cracher au), donner de l'argent en plusieurs fols pour la réussite d'une affaire ou d'une dépense.
BACHINER, bassiner. P.
BACHINOIRE, bassinoire.
BACU, petite volée à laquelle on attache les traits de chaque cheval et qui lui bac le derrière quand il marche.
BADRÉE, espèce de bouillie qu'on place sur une pâtisserie commune. Voy. Tarte. P.
BAGAROT, petit garçon de ferme chargé de menus ouvrages, tels que tirer la boisson à chaque repas, nettoyer les étables, apporter la nourriture des bestiaux, etc.
BAGNOLE, petite charrette en mauvais état. H.-N.
BAGNER, baigner, mouiller. P.
BAGOU, affluence de paroles inutiles, bavardage. P.
BAGUENAUDER, s'amuser à des riens. P.
BAJOUES, chair qui se trouve à côté des mâchoires du porc. Se dit aussi, en mauvaise part, des personnes qui ont les joues grosses et pendantes.
BAILLER, donner. P.
BALANDER (se), se balancer.
BALER, être chargé de, pencher. Ex.: Les pommiers balent de pommes. P.
BALIER, balayer.
BALIETTE, petit balai. P.
BALIURES, balayures.
BALLOTER, ne point offrir d'une marchandise le prix qu'elle vaut réellement.
BALLOTEUX, qui ballote.
BAMBOCHEUX, ivrogne.
BANCAR, fléau servant à peser.
BANNETTE, berceau en osier pour les enfants nouveaux nés.
BANS (commander des), faire à l'église des publications de bans.
BARAGOIN, langage étranger.
BABBOT, place de peu d'étendue, où il y a de l'eau et de la boue.
BARBOTÉ (enfant), qui a la figure sale.
BARBOTER, parler entre ses dents. Se dit aussi d'un enfant qui joue dans un barbot. P.
BARBOUQUET, bouton aux lèvres. H.-N.
BARBOUQUET (faire un), remplacer la bride d'un cheval au moyen de sa longe qu'on lui passe dans la bouche, et dont on lui entoure la mâchoire inférieure.
BARE, barrière.
BARETTE, petite barrière.
BARRAGE, clôture faite au moyen de pieux et de longues pièces de bois.
BARRURE. Voy. Barrage.
BAS D'ESTAMIER, fabricant de bas. On appelait autrefois bas d'estame de gros bas de laine tricotés. H.-N.
BASENCULÉ (homme), de petite taille. H.-N.
BASSET (homme), de petite taille. P.
BASSIÈRES, cidre qui reste avec la lie au fond des tonneaux. H.-N.
BASSURE, vallée. P.
BATACLAN (emporter son), c'est-à-dire ce qu'on possède. S'entend ordinairement de celui qui a peu de meubles.
BASTANT, E, personne agile et vigoureuse. Ce mot viendrait-il de benè astare?
BATE! bah! tant pis!
BATISTÈRE, acte de baptême extrait des registres.
BATTE, seconde pièce du fléau qui sert à battre le blé. Voy. Maintient.
BATTEMARE, bergeronnette, oiseau qu'on nomme aussi hoch-queue ou hoche-cul, à cause du mouvement continuel de sa queue.
BATTEUX, battoir de lessiveuse, batteur de blé.
BATTIÈRE, aire de grange où l'on bat le grain.
BAVERESSE, bavarde. H.-N.
BAVERETTE, pièce carrée qui se trouvait au haut du tablier et s'attachait sur la poitrine avec des épingles. Elle n'est plus en usage. H.-N. B.-N.
BAVOLETS, rubans et autres enjolivements de la coiffure des femmes. B.-N.
BAYER, regarder niaisement.
BAYETTE, baguette. H.-N.
BAYOTTE (vache), rouge et blanche.
BÉBAIS, moutons (terme enfantin).
BÉBÊTE, animal, bête (terme enfantin).
BEC (donner un), baiser.
BÉCACHE, bécasse. P.
BÉCAR, pou.
BÉCOT, baiser.
BÉCOTER, donner des baisers.
BECVÉCHER, faire des gerbes en mettant des épis des deux bouts, quand les grains sont courts. En parlant de la miséricorde d'une stalle sur laquelle deux hommes sont représentés la tête de l'un aux pieds de l'autre. H. Langlois dit qu'ils sont groupés à béchevet. (Stalles de la cathédrale de Rouen, page 144).
BÉDAN (pommes de), espèce tardive de pommes à cidre. H.-N.
BEDIÈRE, mauvais lit; de l'anglais bed. B.-N.
BEDON, bédaine, ventre. H.-N.
BEDONNÉE (s'en donner une), manger avec excès.
BÉGAS, imbécile.
BÉGUER, bégayer. P.
BÉGU, BÉGUE, personne dont la mâchoire inférieure s'avance plus que la supérieure.
BÉ HASARD, probablement, peut-être.
BÈKE! expression dont on se sert pour détourner les enfants de toucher à une chose sale. P.
BEL ET BIEN, sérieusement.
BELLE HEURE (à), très-tard. P.
BELLENÉE, contenu d'un banneau.
BELLOT, BELLOTTE, gentil, gentille. P.
BELZAMINE, balsamine.
BENAIS, homme simple.
BÉNIAU, banneau.
BENELÉE, ce que contient un banneau. Ex.: Une benelée de fumier.
BER, berceau.
BERBIS, brebis. P.
BERCAILLES, moutons maigres et de mauvaise qualité.
BERDAILLER, crier fort et sans raison.
BERDELLES, bretelles. H.-N.
BERLAFE, coupure.
BERLAN, brelan.
BERLANDER, flâner, négliger son travail pour courir par les rues.
BERLINGUER, vaciller en parlant de la vue.
BERLUQUE, petit objet, atome, petit fragment. P.
BERNEUX, petit enfant qui ne connaît pas encore les règles de la propreté.
BERNIQUE! interjection négative. P. Un curé annonçait ainsi à ses paroissiens la clôture de la pâque: «Mes frères, dimanche prochain nous chanterons le Te Deum pour ceux qui ont pâqué; pour ceux qui n'ont point pâqué, ça fera bernique.
BÉROUETTE, brouette.
BERQUERIE, bergerie.
BERQUIER, berger.
BERS, ridelles d'un chariot.
BÉSER, se dit des vaches qui courent quand les mouches les importunent trop.
BÉSOT, petit oiseau qui éclot le dernier de la nichée; il est ordinairement plus petit que les autres. Se dit aussi du dernier enfant d'une famille.
BÉ SUR, certainement.
BÉTAS, sot.
BÉTE (mettre des harengs tête), placer la tête des uns sur la queue des autres.
BÉTISES, obscénités.
BÉTON, bête; jeune veau.
BÉTONNER, dire des bétises.
BÉTOT, bientôt.
BIAU, beau. P.
BIAUTÉ, beauté. P.
BIBERON, bec d'un vase. P.
BIBI, petite plate, égratignure, bouton à la peau.
BIDET, BIDETTE, cheval ou jument de selle.
BIÈVRE, harle. P.
BIGNE, petite bosse à la tête par suite d'un coup ou d'une chute. H.-N.
BILAUDES, gros et longs bâtons de bois servant à divers usages, tels que cercles, barrages, etc.
BILLARD, boiteux, qui marche la pointe des pieds en dedans.
BISC-EN-COIN (de), de biais, d'un coin à l'autre. B.-N.
BISQUE, mauvaise jument.
BISQUER, être contrarié.
BISSON, buisson.
BISSOSNIÈRE (faire l'école), se cacher dans les buissons pour se jouer et ne point aller à l'école.
BITAMBOUT (tout de), d'un bout à l'autre.
BITER, toucher.
BLAGUE, hâblerie.
BLAGUER, hâbler.
BLAGUEUX, qui blague.
BLAI, blé.
BLAI (bis), méteil.
BLAIRER, regarder.
BLAIRI, champ où l'on a récolté du blé.
BLANCS (six), deux sous et demi. Le blanc valait cinq deniers. Ce fut sous Henri II qu'on fit des pièces de six blancs nommés gros de Nesle.
BLANC-BEC, jeune homme qui n'a pas encore de barbe.
BLASER, panser une plaie avec un liquide quelconque.
BLÈQUE (pomme en poire), blette, fruit trop mur, à demi-pourri.
BLIN, mouton mâle non châtré. On appelait autrefois les agneaux des belins. B.-N.
BLINDER, action de jeter des palets pour voir lequel des joueurs sera le plus près du but et jouera le premier.
BLINGUER. Voy. Blinder.
BLO, pièce de bois qu'on place sous une autre pour l'éloigner de terre.
BLOQUER, mettre une maçonnerie sous les poutres principales d'une nouvelle construction en bois, en attendant qu'on fasse le reste.
BLOUGUE, boucle.
BLOUGER, boucler.
BLOUSER (se), se tromper ou se mettre dans l'embarras. P.
BLUQUE, Voy. Berluque.
BOBOS, sabots (terme enfantin).
BOCHE, bosse. P.
BOCHE (s'en donner une), manger avec excès.
BOCHU, bossu. P.
BOIRE (à), cidre. Ex.: Veux-tu du vin, de la bière, etc.?—Non, je veux à boire.
BOIS (couteau de), eustache.
BOISE, gros morceau de bois, poutre. H.-N. P.
BOISETTES, menues branches que les pauvres gens ramassent dans les bois et forets. On dit en parlant d'un petit feu: C'est un feu d'prête, un tison et deux boisettes.
BOISSON, cidre auquel on à ajouté de l'eau. H.-N.
BON-JOUR, communion pascale. Ex.: Il fera demain son bon-jour. P.
BONNEMENT? est-ce vrai?
BOQUET, pommier qui n'a pas été greffé. P.
BOQUILLON, bûcheron. P.
BORDILLER, être près de. Ex.: Il doit bordiller 60 ans, c'est-à-dire avoir près de 60 ans.
BOS, bois. P.
BOSCO, bossu (mot injurieux). P. B.-N.
BOSSIAU, boisseau, mesure pour les grains. On appelle boisseau rez celui qu'on emplit jusqu'au bord, et boisseau comble, celui dans lequel on verse autant de grain qu'il en peut contenir. Cette distinction était connue au moyen-âge. Voici les anciens boisseaux en usage dans le pays de Bray, en prenant pour base le pot d'Arques, qui vaut en litre 1,824; Argueil, 18 pots 1/25; Aumale, 11 ¾; Blangy et Gaillefontaine, 12; Foucarmont, 11 ¼; Gournay et Saint-Saens, 18; Grandcourt, 11; Neufchâtel, 12 ¼.
BOTTER. On dit de la boue et surtout de la neige, qu'elle botte, quand elle s'attache à la semelle des chaussures. H.-N.
BOUCAN, bruit, dispute. P.
BOUCAN (chercher, engendrer), susciter une querelle.
BOUCANE, maison de chétive apparence. Ce mot vient de boucan, bordel. C'est à cause de la mauvaise acception de ce dernier mot qu'un cordelier de Dijon, nommé Boucan, changea son nom et se fit appeler Beauchamp.
BOUCANER, quereller. Se dit aussi d'un fumeur qui aspire beaucoup de fumée à la fois.
BOUCAR, bocal, carafe à mettre du cidre ou des fruits à l'eau-de-vie, tels que cerises, cacis, etc.
BOUCHE (être sur sa), être porté à la gourmandise.
BOUCHEROT, boucher qui vend de la viande de mauvaise qualité.
BOUCHIE, bouchée.
BOUCHIE (manger une), prendre un léger repas.
BOUDINÉE, totalité de boudin provenant d'un porc.
BOUFFÉE, accès de rage ou de colère.
BOUFFER, bouder.
BOUFFI (hareng), hareng qui a séjourné peu de temps dans la saumure. P.
BOUFRE! juron. H.-N.
BOUGONNER, gronder entre ses dents.
BOUGRE! juron fréquent parmi les gens de la campagne qui ajoutent souvent le mot sacré. Cette expression vient peut-être de bulgarus, en conservant à l'u sa prononciation.
BOUGRE (bon, mauvais), comme on dit: Bon diable, bon enfant.
BOUILLON, pluie.
BOUIS (dimanche du), dimanche des Rameaux; ainsi nommé, parce qu'on porte à la main du bouis bénit.
BOUJOU! bonjour! On emploie aussi ce mot substantivement pour désigner la visière d'une casquette.
BOULE, pâte renfermant des pommes ou des poires cuites au four.
BOULE (perdre la), radoter, devenir fou.
BOULOCHE. Voy. Boule.
BOUQUER. En parlant des abeilles qui se groupent à la bouque de la ruche, avant d'essaimer.
BOUQUETS, nom générique par lequel on désigne toute espèce de fleurs cultivées dans un jardin.
BOUQUET-D'HIVER, bouquet de fausses fleurs. H.-N.
BOURBE, boue.
BOURE, femelle du canard. H.-N. B.-N.
BOURIQUE, âne. H.-N.
BOURILLER, faire des bourées.
BOUROTER (se), marcher lentement comme une boure. H.-N.
BOURSICOT, bourse. P.
BOUSA, BOUSE, BOUSÉE, Excréments de la vache.
BOUSIN, grand bruit, tapage. P.
BOUSTIFAILLE, bonne chère. P.
BOUT DE CHAMP (à tout bout de), a chaque instant. P.
BOUT D'HOMME, petit homme. P.
BOUT EN BOUT (tout de), entièrement. P.
BOUT-RABATTU, croupe, toit qui se prolonge au-delà du bâtiment, sans support partant du sol. H.-N.
BOUTER, mettre, B.-N. P.
BOYERS, boues des rues.
BRACHE, brasse. P.
BRACHIE, brassée. Comme on le voit, le mot patois se rapproche davantage de son origine, brachium.
BRADER, vendre à trop bas prix. P.
BRAIES, culottes. P. B.-N.
BRAILLER, s'habiller avec prétention, porter des vêtements au-dessus de son état de fortune.
BRANDI (tout), tout entier.
BRANDILLER, remuer de côté et d'autre.
BRANLER, remuer. H.-N.
BRANNER, branler, remuer.
BRANQUE, branche. P.
BRAQUE (personne), vive et irréfléchie. P. B.-N.
BRASSER, faire, agir. Se prend souvent en mauvaise part. P.
BRAVE, bon, probe. S'emploie aussi comme synonyme de endimanché.
BRÊLÉE, mélange d'orge et d'avoine qu'en sème au printemps. P.
BRÊLES, Voy. Braies.
BRÈQUE, ouverture. P.
BRÈQUE-DENTS, personne à laquelle il manque des dents. B.-N.
BREUILLES, intestins d'animal. H.-N.
BRICOLE, espèce de licou qu'on met aux vaches pour les empêcher de brouter les arbres.
BRICOLER, aller de côté et d'autre; entreprendre plusieurs ouvrages et n'en finir aucun.
BRIÈRES, bruyères, H.-N.
BRIMBALLER, sonner les cloches sans goût et sans mesure.
BRIMBORIONS, bagatelles, petits morceaux du rubans, soieries, etc.
BRIN, pas du tout. Ex.: Il n'a brin d'esprit.
BRINCHE, brins de bouleau dont on fait des balais.
BRINGAND, brigand.
BRINOTER, manger peu et sans faim.
BRIOCHE (manger de la), vendre à des conditions moins avantageuses que celles qu'on avait d'abord refusées. H.-N.
BRIT, bruit.
BRONGNES, tétins de truie.
BROQUE-A-Z'YEUX (ne voir), être dans une obscurité complète. H.-N.
BROSQUINS, brodequins.
BROSSE (ça fait), c'est une espérance déçue. B.-N. P.
BROSSEE, rossée.
BROSSER, donner une brossée. P.
BROU, guy. H.-N.
BROUACHINAGE, bruine, pluie fine.
BROUACHINER, bruiner.
BROUAS (enfant), qui a la figure sale.
BROUEE, écume, mousse.
BROUER, mousser.
BROUET, épidémie. Ex.: Les enfants sont malades; c'est un brouet qui court.
BROUILLARDER, bruiner.
BROUIR, aller trop vite. H.-N.
BROUSTILLES, menu bois qu'on recueille dans les forêts. Un acte de 1330 parle d'une terre où il croist des bissons et brostilles (Études sur la condition, etc., par M. L. Delisle, page 278).
BRU, nouvelle mariée.
BRUCHER, broncher. H.-N.
BRULE-FER, mauvais forgeron.
BRULE-GUEULE, pipe dont le chalumeau est très-court.
BRUMAN, nouveau marié, homme de la bru. B.-N. En anglais, man, signifie homme.
BU (homme), ivre. B.-N. P.
BUÉE, vapeur qui s'échappe d'un liquide en ébullition.
BUETTE, petite ouverture dans une muraille on une couverture.
BUHOT, corne de bœuf que les faucheurs placent à leur ceinture et dans laquelle ils mettent du grès écrasé, de l'eau et la pierre à affiler. Il n'est plus guère en usage.
BUQUER, frapper. Un jour deux enfants répondaient à une basse messe. Après le Domine, non sum dignus, au moment où les servants présentaient déjà chacun sa burette au célébrant, une personne se présente pour communier. L'un des enfants donne le voile de communion, et l'autre prend une burette de chaque main et se met à dire le Confiteor. Mais, arrivé au meâ culpâ, un embarras se présente: comment se frapper la poitrine? Alors, ouvrant les bras et avançant le ventre vers son camarade: Buque su m'panche! lui dit-il, buque su m'panche!
BUQUETTE, courte-paille. P.
BUTIN, mobilier de peu d'importance. H.-N.
BUTTE, bouchon qui sert à un jeu qu'on appelle la butte. Ou dit aussi jouer au bouchon.
BUTTÉE, argent placé sur la butte.
BUVABLE, potable.
CABAS, meuble grossier et de grande dimension. Ex.: Que ferez-vous de ce cabas de buffet? B.-N.
CABEUIL, crasse produite par la graisse et l'huile qu'on met entre l'essieu et la roue d'une voiture.
CABOCHARD, entêté. H.-N.
CABOCHE, tête dure. H.-N. P.
CABROUET, espèce de petite charrette sans ridelles.
CACA (faire), du latin cacare.
CACHARD (cheval), paresseux. B.-N.
CACHE, CHASSE, bout de ficelle qu'on met à l'extrémité du fouet et qui sert à le faire claquer.
CACHE (vache en), vache en chaleur.
CACHE-MONNÉE, garçon meunier qui parcourt les villages pour recueillir les monnées.
CACHE-MOUTE. V. Cache-monnée.
CACHER, CHASSER, faire marcher un animal devant soi, à coups de fouet ou de bâton.
CACHES (n'être pas au bout de ses), avoir encore beaucoup à faire ou à souffrir. P.
CACHEUX, chasseur. Cache-moute.
CACHOIRE (coup de), dernier verre de liqueur qu'on offre à ses convives au moment où ils partent.
CADESSIME, catéchisme.
CADET, homme sans gène et sans peur.
CADRER, s'entendre bien avec une personne, être en rapport comme le cadre et la gravure. Ex.: Ces deux hommes cadrent bien ensemble.
CAFIGNONS, corne qui termine les pieds des vaches, chèvres, porcs, etc.
CAFOURET, petit appartement sale, dans un grenier ou ailleurs. H.-N.
CAFUTER, éloigner, renvoyer, chasser un animal.
CAGE (mettre en), mettre en prison.
CAGNE (vache), de couleur gris-clair.
CAGNOLE, tête; espèce de carcan pour les jeunes porcs.
CAHOTS, secousses que les voitures éprouvent dans les chemins raboteux.
CAHOTTEMENT, cahotage.
CAHOUETTE, petite corneille.
CAHUTTE, mauvais logement, taudis. P.
CAILLARD, caille trop jeune pour être tuée.
CAILLE (vache). V. Cagne.
CAINE, chaîne. P.
CAIRE, chaise.
CALBOTER (faire), laisser bouillir le lait jusqu'à ce qu'il soit caillé.
CALÉ (bien), habillé richement et avec goût. B.-N.
CALÉE, portée d'une chienne, d'une chatte, etc.
CALEMANDE, ancienne étoffe qui servait à faire des jupes; la chaîne était de laine et la trame de fil. H.-N.
CALENGER, marchander. B.-N. P.
CALER. Se dit d'une chatte qui fait ses petits; on le dit aussi des lapins, des chiens, etc. D'après M. A. de Poilly, ce mot viendrait du grec kalià, un nid. P.
CALER BAS, céder, fuir. P.
CALEUSER, se livrer à la paresse.
CALEUSETÉ, paresse.
CALEUX, paresseux. Selon M. A. Le Prevost, ce mot provient de ce que les personnes indolentes étant sédentaires, finissent par avoir les fesses caleuses comme les singes. H. N.
CALIBERDAS (faire un), tomber avec grand bruit.
CALIÈVRE, genevrier.
CALIMACHON, limace.
CALIMACHON-A-HOTTE, limaçon à coquille.
CALIN, lieu où les vaches calinent.
CALINE, chaleur étouffante à l'approche de l'orage.
CALINER. Se dit des animaux qui se reposent à l'ombre dans les grandes chaleurs; vient de calor.
CALIPETTE, petit bonnet rond que les femmes mettent le matin et la nuit. P.
CALIT, mauvais lit qui se place dans les écuries et les étables pour les domestiques. Ce mot nous paraît signifier lit à cats, en ce sens que les chats vont souvent s'y coucher pendant le jour. P.
CALOGE, loge à chien.
CALOTTE, soufflet.
CALOTTES (donner une paire de), souffleter sur les deux joues.
CAMAILLER (se). Se dit des enfants qui se culbutent en jouant.
CAMPAGNE, plaine.
CAMPÉE (personne bien), d'une belle taille et qui se tient bien. H.-N.
CAMPS, champs.
CANCHELER, chanceler. P.
CANCHON, chanson, espèce de pâtisserie; pâte qui renferme des pommes hachées.
CANEÇON, caleçon. P.
CANEVIS, chenevis.
CANICHE. Voy. Caloge.
CANNE, cruche dans laquelle on tire du cidre pour le repas. En anglais, can.
CANNÉE, ce que peut contenir une canne. B.-N.
CANNER, pleurer fort. Vient peut-être de ce que l'enfant, en pleurant ainsi, imite un peu le cri du canard ou celui du chien, canis, qui hurle.
CANNETTE, petite canne.
CANT (de), de coté, incliné. Voy. Acanté. B.-N.
CANTINETTE, criocère; espèce de caléoptère qu'on trouve fréquemment sur les feuilles du lis, auquel les savants ont donné l'épithète merdigera, afin d'indiquer que ce petit chanteur, qui amuse tant les enfants, fut d'abord un vers enveloppé de ses excréments; précaution de la nature, sans laquelle la larve du pauvre insecte fût devenue la proie des oiseaux. Ce mot semble venir de cantitare, chanter souvent, ou de cantilena, chansonnette.
CANVERSER, renverser en partie. Ex.: Prends garde de faire canverser le plat. H.-N.
CANVRE, chanvre.
CAPET, chapeau. Dernièrement un bon paysan prenait place dans un des wagons du chemin de fer de Dieppe à Rouen. Au moment où la locomotive commençait à s'ébranler, notre homme mit la tête à la portière pour dire un dernier adieu à la personne qui l'avait accompagné. Hais! charretier! charretier! arrêtez donc! s'écria-t-il tout-à-coup; man capet, man capet que l'vent vient d'm'enlever.... Et b.... n'arrêtera pas, va! En effet, le charretier n'arrêta pas, et le paysan dut continuer son voyage sans capet.
CAPITAINE-J'ORDONNE. Sobriquet qu'on donne à un maître ou contre-maître qui s'enorgueillit de son autorité. Le premier qui le porta fut le vice-amiral Lhermite, de Caen, au moment où il commandait la frégate de l'amiral Villarez-Joyeuse, à la mémorable action connue dans la marine sous le nom de Grand-Combat, et livrée le 1er juin 1793. Différentes circonstances ayant rapport aux ordres qu'il fut obligé de transmettre, lui valurent le surnom assez burlesque de Capitaine-j'Ordonne (Revue de Rouen, t. IV, p. 92).
CAPOT ou CAPOTE, espèce de mante de camelot, à l'usage des femmes. On ne la porte presque plus.
CAPUCHIN, capucin. P.
CAPPE, cuiret qui retient la batte et le maintient du flais. Jean de Garlande mentionne ainsi les parties du fléau: Flagellorum partes sunt manutentum, virga et cappa (Dictionnaire, no xlvj, p. 598).
CARAS, bergers. Ainsi dénommés parce qu'ils ont longtemps conservé la réputation de sorciers, caragi. B.-N.
CARBON, charbon; du latin carbo. P.
CARBONNIER, charbonnier. P.
CARCAILLOT, appeau pour appeler les cailles.
CARCAN, appareil en bois qu'on met au cou des cochons pour les empêcher de passer à travers les haies.
CARDON, chardon. Ce mot se rapproche plus que le mot français de son origine, cardo. P.
CARÉE, charrée. P.
CARÉSI, poires à brasser.
CARRETTE, charrette.
CARIAGE, charrol.
CARNAGE, charogne. Ce mot s'emploie aussi en mauvaise part. Ex.: Va-t-en, vieux carnage!
CARON, charron.
CARONGNE. V. Carnage. P.
CARPENTER, charpenter. P.
CARPENTIER, charpentier.
CARPIE, charpie. P.
CARPLEUSE, chenille. Vient du latin carnis pilosa, chair velue; en anglais, caterpilar. B.-N.
CARRE, coin, angle saillant d'une table ou autre meuble. Ce mot devrait peut-être s'écrire quarre, pour quarne, de quaternus; c'est l'un des quatre angles d'une carré qu'on appelle en français carne.
CARRIAGE (chemin de), chemin où l'on passe en voiture.
CARRIAU, carreau de vitre; espace carre où l'on plante des légumes; maladie des enfants, dont quelques personnes prétendent guérir le malade en lui posant la main sur l'estomac. Ceux qui se livrent à cette pratique, dans le pays de Bray, se disent descendre de la famille de saint Martin. Aussi, chaque fois qu'on fait toucher un enfant, ne manque-t-on jamais de faire dire à son intention une messe en l'honneur de saint Martin, de Tours (Voir notre Essai sur le canton de Neufchâtel, page 7).
CARTRIE. Voy. Chartrie.
CARIER, charrier.
CARIER, grosse toile sur laquelle on place les cendres pour la lessive.
CARTI, corps d'un chariot ou d'une charrette sans ridelles. P.
CARTIER (faire), diriger les chevaux de manière à ce que les roues de la voiture ne suivent pas les ornières.
CARTRIE, lieu où l'on rentre les charrettes et autres voitures pour les mettre à l'abri de la pluie. P.
CARUE, charrue. P.
CAS, chaud, chaleur.
CAS QUE (en), au cas que, si.
CASAQUIN, camisole sans manches.
CASSE, espèce de caisse dans laquelle les domestiques placent leur linge et leurs vêtements.
CASSENOIX, nom généralement donné à la sistelle.
CASSETTE, ustensile en bois qui sert à retenir la crême dans les terrines, tandis qu'on laisse écouler le petit lait.
CASSINE, petite maison ancienne et incommode. P.
CASSIS, fossé pratiqué pour l'écoulement des eaux pluviales.
CASSISSIER, arbrisseau qui produit le cacis.
CASTEROLLE, casserole. H.-N. P.
CASTILLE, querelle, dispute. B.-N. P.
CAT, chat. Ce nom s'écrit ainsi dans plusieurs langues. P.
CATAIGNE, châtaigne. P.
CATAINIER, châtaignier.
CATAPLASSE, cataplasme. H.-N.
CATAU, fille de mauvaise vie.
CATÉCHISSE, catéchisme.
CATET (aller au), aller à Neufchâtel.
CAT-HOUANT, chat-huant.
CATOUILLER, chatouiller.
CATREUX, mauvais couteau, homme qui châtre les porcs.
CAUCHE-PIED, chausse-pied.
CAUCHER, chausser. P.
CAUCHES, chausses, bas. P.
CAUCHONS, chaussons. P.
CAUCHURES, chaussures. P.
CAUD, chaud. P.
CAUDET, un peu chaud, tiède.
CAUDIER, Voy. Lessive.
CAUDIÈRE, chaudière. P.
CAUDRON (jeu de), Collin-Maillard.
CAUDRONNÉE, ce que peut contenir une chaudière.
CAUFFER, chauffer. P.
CAUFOURNIER, chaufournier.
CAUSETTE, causerie familière. P. H.-N.
CAVÉE, chemin creux. P. H.-N.
CAYEU, moules. Ainsi nommées, parce qu'on en tire de très-bonnes du pays qui porte ce nom (Somme).
CÉLÉBRALE (fièvre), fièvre cérébrale.
CELLE FIN (à), afin que.
CELLES (les), celles.
CENSÉMENT, pour ainsi dire.
CENTAURE (voix de), voix de Stentor.
CENTINE, centime.
CERNE, cercle. Ce mot est surtout employé pour indiquer le cercle formé autour de la lune dans les temps brumeux. H.-N.
CERTAIN (un), assez grand. Ex.: C'est un homme d'un certain âge. H.-N.
CERTIFIS, salsifis. H.-N.
CÉS, ces.
CEUX (les), ceux.
CEUX-CHITE, ceux-ci, celles-ci.
CHA, ça, ce, ceci, cela.
CHABOT, sabot. P.
CHABOTER, faire du bruit en marchant comme si l'on avait des sabots. P.
CHABOTIER, sabotier.
CHABOULER, pousser rudement. H.-N.
CHACHAS, merle lytorne.
CHACUN (un), chacun.
CHA DÉPEND, peut-être.
CHAIRCUITIER, charcutier. Le mot patois se rapproche plus de la signification étymologique: marchand de chair cuite.
CHAMBE, chambre.
CHAMPART (blé), froment mêlé d'un peu de seigle.
CHAMPIGNON, pomme à cidre, tardive, très-bonne. Lui aurait-on donné ce nom parce qu'elle donne un excellent cidre, mousseux comme le vin de Champagne?
CHANGLE, sangle.
CHANGLÉ (être), perdre beaucoup au jeu.
CHANPLEURE et CHANPLURE, robinet, et non chantepleure, dans le sens attaché à ce mot.
CHANTIAU, chanteau, morceau de pain bénit qu'on offre à celui qui doit le rendre à sa paroisse le dimanche suivant. En Picardie, on nomme cantieu un morceau de gâteau qu'une nouvelle mariée envoie à celle des jeunes filles du village qu'elle croit devoir se marier la première après elle (Glossaire du patios picard, par M. l'abbé Corblet).
CHAPIAU, chapeau.
CHARLOT, Charles.
CHARTRIE, lieu où l'on place les charrettes et autres instruments aratoires.
CHATIAU, château.
CHAUFETTE, chaufferette.
CHAVATE, savate. P.
CHAVETIER, savetier. P.
CHÉ, chair.
CHEIGNEUX, tablier de femme. Du latin cingere, ceindre.
CHÉLER, celer, cacher. P.
CHÉLIER, cellier.
CHENELLES, fruits de l'épine blanche. H.-N. Les dictionnaires donnent le nom de cenelle au fruit du houx.
CHENU (du), quelque chose de très-bon ou très-beau. P.
CHERCHER SON PAIN, mendier. H.-N.
CHERFEUIL, cerfeuil. P.
CHERFOUIR, cerfouir.
CHERVIAU, cerveau.
CHÉS, ces.
CH'EST, c'est.
CH'EST SELON, peut-être, ce n'est pas certain.
CHEUX, chez, ceux. P.
CHEUX-CHITE, ceux-ci, celles-ci.
CHEUX-LÀ, ceux-là, celles-là.
CHEVILLE, mesure de 12 pouces cubes, qui sert pour les bols de charpente. V. Marque.
CHIBOT, ognon dont les tiges sont encore vertes.
CHIBOULER, marcher sans précaution et renverser ce qu'on trouve sur son passage. En parlant d'un homme ivre, on dit aussi de sa démarche qu'il se chiboule.
CHICON, gros morceau de pain. P.
CHICOTER, marchander, importuner.
CHICOTIN, blague ou petit sac de peau, en forme de valise, dans lequel les fumeurs placent leur tabac.
CHIEN DE TERRE, larve du hanneton.
CHIFFONNER L'ESPRIT, inquiéter, contrarier.
CHIGNOLE, dévidoir.
CHIGNON, cheveux naturels et souvent postiches que les femmes font bouffer entre les deux ailes de leur pierrot.
CHIMETIÈRE, cimetière.
CHINGE, singe.
CHINQ, cinq. P.
CHINQUANTE, cinquante.
CHION, petite branche dont on se sert pour faire avancer les animaux ou corriger les enfants. P.
CHIONNER, frapper avec un chion. P.
CHIPOTER, chicaner en marchandant. P.
CHIPOTEUX, qui chipote. P.
CHIPOTIER, Voyez Chipoteux. P.
CHIPPER, pousser en cépée.
CHIQUE, gros morceau de pain ou de viande.
CHIQUER, manger beaucoup.
CHIQUET. Voy. Chique. Ces deux mots ont un grand rapport avec le verbe déchiqueter, faire des chiquets.
CHIRE, cire. P.
CHIRE-POIX, poix qui sert aux cordonniers à cirer leur fil.
CHIROT, sirop.
CHIROTER (faire), faire bouillir jusqu'à consistance de sirop.
CHIROTEUX, liquide épais comme du sirop.
CHITE, ici.
CHITRON, citron. P.
CHITROUILLE, citrouille. P.
CHIVIÈRE, civière. P.
CHOCHONNER. Se dit de deux petits cultivateurs qui réunissent leurs chevaux pour cultiver leurs terres. H.-N.
CHOMER, manquer de. H.-N.
CHOPEINE, chopine, mesure qui contient un peu moins d'un litre. P. V. Pot et Velte.
CHOPER, heurter un caillou ou autre obstacle en marchant.
CHOQUER, trinquer, heurter les verres. B.-N.
CHORBER, broncher. Voy. Choper.
CHOU! CHOU! cri par lequel on chasse les poules et autres volailles.
CHOULE, fête populaire qui se tient, pendant le carême, dans les communes rurales; on y vend des noix, des gâteaux, du pain d'épice, etc. Ce nom vient d'un ancien jeu auquel on se livrait le jour du mardi-gras, et qui consistait à s'emparer d'une balle, la choule, pour l'emporter à un endroit convenu (Dictionnaire du patois normand, par M. M. du Méril, au mot Soule). Le jeu de la choule, qu'on appelle aussi chole, cheole, sole, soule, etc., est encore en usage dans quelques localités de la Somme et du Pas-de-Calais. «C'est, dit M. l'abbé Corblet, une espèce de ballon rempli de son qu'on place sur la limite de deux villages, et que les habitants des deux communes poussent à coups de pied. La victoire appartient à ceux qui parviennent à le garder sur leur territoire (Glossaire du patois picard, au mot Chole).» Ce jeu était fort en vogue au XIIIe siècle et se terminait ordinairement par un banquet. Mais, comme ce banquet était assez souvent la cause de graves accidents, il fut interdit, en 1369, par Charles V. Selon les uns, le mot choule ou soule dériverait du celtique hehaul, soleil; selon les autres, il viendrait de l'islandais sull, mêlée. Comme à Valogne, on donne à ce jeu le nom de savatte, parce qu'on joue avec le pied; nous croyons, avec M. Corblet, qu'il pourrait avoir de grands rapports avec le mot latin solea, sandales, ou solum, plante du pied.
CHOULER, remuer, faire avancer. Ex.: Je ne puis choûler ce mauvais cheval.
CHOUQUE, souche, extrémité inférieure d'un arbre. B.-N.
CHOUQUET, bloc de bois sur lequel on coupe du bois, de la viande, etc.
CHU, ce. P.
CHUCRE, sucre.
CHUINTER, suinter.
CH'VA, cheval.
CIBOT, Voy. Chibot.
CIDE, cidre.
CIERGE DORMANT, gros cierge qu'on porte aux enterrements et que l'on place, à l'église, auprès du banc du défunt, après l'inhumation.
CISIAU, ciseau.
CISIAUX, ciseaux.
CITADELLE, grosse poire qu'on mange cuite ou en confitures.
CLAIRAUD, clairet. H.-N.
CLAIRE-VOIE, espèce de grille ou de balustrade.
CLAIRONNER, reluire.
CLAIRTÉ, clarté, H.-N.
CLAMPIN, qui marche difficilement; poltron. H.-N. P.
CLAPER, branler dans le manche. On dit aussi d'un homme maigre ou malade: Il clape dans ses habits.
CLAPOT, petite lessive que les pauvres gens font chaque semaine. H.-N.
CLAPOTER, faire un clapot. Se dit aussi des enfants qui se salissent, en se jouant dans un varpot.
CLAQUE-DENTS (trembler à), grelotter de froid.
CLAQUES, espèce de chaussures de femme.
CLAQUET, digitale pourprée. On lui a sans doute donné ce nom parce que les enfants s'amusent à faire claquer les fleurs en frappant dessus, après les avoir remplies d'air. H.-N.
CLATRI, couché, caché dans l'herbe.
CLATRIR (se). En parlant d'un lièvre ou autre animal qui se couche dans l'herbe, de manière à s'effacer.
CLAVETTE, mauvaise langue. On dit en parlant d'une femme bavarde: Quelle clavette!
CLÉ (avoir perdu la), avoir la diarrhée.
CLÉ DES CHAMPS (prendre la), s'enfuir.
CLERGEAU, petit clerc, enfant de chœur.
CLICHER, frapper rudement une personne ou un animal.
CLIGNER, fermer un œil. H.-N
CLIMUCHETTE, cligne-musette. B.-N.
CLINCAILLER, quincaillier. H.-N.
CLIPSI, sauce trop claire.
CLIQUETER, agiter les cliquettes ou la cliquette.
CLIQUETTE, clenche. En congédiant une personne à laquelle on défend de revenir, on lui dit: Tu peux baiser la cliquette de la porte.
CLIQUETTES, clochettes des frères de charité. Ce nom est très-commun dans les chartes des XVIe et XVIIe siècles.
CLONGNE, quenouille à filer. D'après quelques étymologistes, ce mot serait dérivé de colonne.
CLOPINER, boiter.
CLOPIN-CLOPANT, tant bien que mal.
CLOQUE, cloche.
CLOQUETEUX, celui qui marche en tête de la procession, en agitant les cloquettes.
CLOQUETTES, clochettes. On donne aussi ce nom à la plupart des fleurs campaniformes.
CLOU, furoncle.
CLOUPPER, glousser; cri de la poule qui demande à couver ou qui appelle ses poussins.
C'MENT, comment.
CO, chat; coq. P.
COCAR, œuf (terme enfantin.)
COCASSE, plaisant et ridicule. P.
COCHON, cloporte.
COCHONNAILLE, chair de porc, charcuterie. P.
COCHONNER, mettre bas; en parlant de la truie.
COCHONNER (se), s'enivrer au point de se vautrer dans la boue comme un cochon.
COCO, chaussure; œuf; expression enfantine. Autrefois les marchands d'œufs se nommaient coconniers. B.-N.
CODAQUER. Se dit du cri de la poule quand elle vient de pondre ou quand elle est effrayée. En Picardie, on le dit du coq qui chante. P.
CO-D'INNE, coq d'Inde, dindon.
COEUR JEUN (à), à jeun. H. N.
COEUR DE JOUR (à), continuellement, du matin au soir. H.-N.
COEURU, courageux. B.-N.
COFFIN, cornet de papier. Vient peut-être du latin cophinus, corbeille. B.-N. P.
COGNER, frapper fort. P.
COLAS, Nicolas.
COLÉREUX, colérique, porté à la colère.
COLIDOR, corridor.
COLLE, mensonge. En vieil anglais, coll signifiait trompeur. B.-N. P.
COLLETER (se), se prendre au collet pour éprouver ses forces. H.-N.
COMBLE, longue corde dont on se sert pour maintenir les gerbes chargées sur une voiture.
COMME-CHI, COMME-CHA, ni bien, ni mal.
C'MENT, comme. Ex.: Il est bon c'ment son père.
COMME TOUT, beaucoup, extrêmement. P. B.-N.
COMPAS DANS L'OEIL (avoir le), avoir le coup-d'œil juste.
COMPTES (rendre ses), vomir.
CONDOS, accident de terrein entre deux pièces de terre; ce qui forme une petite élévation en forme de rideau.
CONFESSEUX, confesseur. Mot qui, soit dit en passant, semblerait mieux convenir au pénitent qu'à celui qui entend sa confession.
CONSÉQUENT, adjectif employé, même par des personnes qui ont reçu de l'instruction, comme synonyme de considérable, tandis qu'on ne devrait s'en servir que pour marquer une induction tirée d'un principe. Ainsi, au lieu de dire: Cet homme fait des affaires conséquentes, il faut dire considérables. L'adjectif conséquent ne peut être mis en usage que dans des phrases semblables à celle qui suit: Le philosophe doit être conséquent avec ses principes.
CONSOMMÉ, consumé, Ex.: Tout a été consommé dans l'incendie.
CONTEPET, rapporteur de nouvelles, babillard qui raconte les choses de la moindre importance pour faire punir ses compagnons.
CONTRAIRE (bien du), bien au contraire.
CONTRE (tout), tout près. B.-N. P.
COPIN, dindon. On a dit que l'origine de ce nom venait de ce que le père Copin, jésuite, avait importé le premier dindon d'Amérique en France, vers 1670.
COPIN (grand), terme de mépris.
COPINIER, celui qui garde les copins dans les champs.
COQ, coquelicot. H.-N.
COQ, menthe des jardins.
COQ (chanter le). Se dit d'une poule qui imite le chant du coq; alors elle ne pond plus et on la tue. H.-N.
COQUENNE, espèce de viorne qu'on cultive dans les jardins sous le nom de boule-de-neige. On se sert des rejetons pour en faire des colliers qui, dit-on, préservent les jeunes chiens de la maladie. Selon M. L. Delisle, l'érable aurait été quelquefois appelé coquêne (Etudes sur la condition de la classe agricole, page 353).
COQUERON, petit coquet.
COQUET, petite veillote; petit coq.
CORAPRENANT, crêpes. Se dit pour carême-prenant parce qu'on en fait beaucoup à l'approche du carême.
CORDE, mesure de bois à brûler formant à peu près deux stères.
CORDER, mettre en corde.
CORDES EN BRANLENT (les), pour dire qu'une chose va arriver. Ex.: Il n'est pas encore deux heures, mais les cordes en branlent. H.-N.
CORE, encore. P.
CORET, encrier de corne.
CORNAILLES, pommes à cidre, précoces, de mauvaise qualité.
CORNAILLES, nom par lequel on désigne toute espèce de corneilles et de corbeaux.
CORNICHON, espèce de pomme de terre qui a la forme des petits concombres qu'on fait confire dans le vinaigre. On emploie aussi ce mot, en mauvaise part, en parlant d'une personne. Ex.: C'est un cornichon.
CORNOITE, espèce d'échaudé formé d'une pâte tressée et très-légère.
CORPORANCE, corpulence.
CORSELET, corset. H.-N.
CORSET, jupe. H.-N.
COS, cou.
COS (n'être pas lourd à), être souffrant et chétif.
COS (tirer du), vomir.
COSSART, colza. H.-N.
COSSU, homme riche, opulent. P.
COTENT, content. H.-N.
COTRET (huile de), coups de bâton. Ex.: Donnez-lui de l'huile de cotret, s'il va mal.
COUANNE, couenne. H.-N.
COUCHETTES, langes.
COUCOU, expression employée quand on éteint une chandelle ou une lampe.
COUCOU (bran de), gomme qui découle du merisier. Les enfants s'imaginent que c'est l'excrément du coucou.
COUDRE, coudrier.
COUINCHE, homme rusé, qui manque de franchise.
COULAGE, détournements, soustractions, dissipations qui se font dans une maison, par défaut de soin et de surveillance. H.-N.
COULANT D'EAU, fossé servant à l'écoulement des eaux. H.-N.
COULAS, Nicolas.
COULEUX, filtre en crin ou en toile claire qui sert à passer le lait quand on vient de le traire.
COUP (à), en temps opportun. B.-N.
COUP (donner un), causer une surprise pénible. H.-N.
COUP-D'A-CHEVAL, verre d'eau-de-vie qu'on prend au moment de monter à cheval.
COUPLET, cime d'un arbre, faîte d'un édifice. B.-N. P.
COUR, enclos dans lequel se trouvent les bâtiments et les bestiaux d'une ferme. H.-N.
COURAIE, intestins d'un animal; ce qui comprend le cœur, le foie, les poumons, etc.
COUREUX, porc qui vit en liberté en attendant qu'on l'engraisse pour la boucherie. H.-N.
COURIACHE, coriace, fort, vigoureux. P.
COURIAS, Voy. Couriache.
COURIETTE, lanière de cuir qui sert de cordon aux souliers ou qui se trouve à la poignée d'un bâton de voyage.
COURIR. Se dit d'un vase qui laisse échapper le liquide. H.-N.
COURS DE VENTRE, diarrhée.
COURTE BOTTE, petit homme. Guillaume-le-Conquérant avait donné lui-même ce sobriquet à son fils Robert. H.-N.
COUTEAU (pommes à), pommes de dessert.
COUTE QUI COUTE, coûte que coûte.
COUTET, couteau.
COUTEUX, dispendieux; irritable, d'une humeur difficile. H.-N.
COUTIAU, couteau, P.
COUTIAUX, rayons de cire et de miel formés par les abeilles.
COUTRE, bedeau.
COUTURIER, tailleur. H.-N.
CRACHE, crasse, graisse. P.
CRACHÉ (tout), d'une parfaite ressemblance. En parlant d'un portrait bien exécuté, on dira du sujet qu'il représente: C'est lui tout craché.
CRACHINAGE, pluie fine. B.-N.
CRACHINER. Se dit d'une pluie fine qui tombe avec peu d'abondance.
CRACHOTTER, cracher fréquemment.
CRAIRE, croire.
CRAMILLIE, crémaillière.
CRAN, entaille.
CRANE, bon, beau. Ex.: Voilà de crâne bière.
CRANE, fier. B.-N.
CRANE (faire son), faire l'important.
CRANQUE, crampe.
CRAPE, salissure.
CRAPEUX, sale. P.
CRAPOUD, crapaud.
CRAPU (homme), trapu.
CRAQUER, mentir. B.-N.
CRAQUEUR, menteur.
CRASSETTE, pomme à cidre. P.
CRAVACHONNIER, prunier non greffé.
CRAVACHONS, prunes sauvages.
CRÉMILLIE, crémaillière.
CRÉMILLIE (pendre la), donner à dîner à ses amis quand on habite une nouvelle maison.
CREMILLON, petite crémillie.
CRÉPETTES, pâte très-délayée, composée de farine, d'œufs et de lait, qu'on fait cuire dans une poêle, à l'époque des Rois et du mardi-gras.
CRÈQUES, fruits de l'épine noire.
CRESSANE (poires de), poires de crassane.
CRÊTELER. Se dit d'une femme qui parle haut et crie comme une poule.
CRÉTIR, frissonner. H.-N.
CRÉTON, résidu du suif quand il est fondu et pressé; c'est une excellente nourriture pour les chiens.
CRÉVÉ, fatigué, épuisé par le travail. S'emploie encore comme synonyme de mort, en parlant des animaux. On s'en sert aussi, en mauvaise part, en parlant des personnes. Ex.: Il est crévé comme un chien.
CRÉVER, mourir.
CRÉVON, chevron. H.-N.
CRI, chercher, quérir. Ex.: Allez cri du pain.
CRIGNIACHE, chevelure mal soignée. B.-N.
CRIGNES, mauvaises herbes qui s'accrochent aux dents des herses.
CRIQUET, grillon.
CRISTÈRE, clystère.
CROCHE, crosse.
CROCHER (se), se donner le bras en promenade.
CROCHUIRE, rendre une chose crochue. H.-N.
CROCS. On désigne sous ce nom les dents des chiens, chats, loups, renards, etc.
CROTE, croûte.
CRUCHE, croissance, en parlant d'un enfant. Ex.: Il a fait sa cruche trop vite.
CRUE. Voy. Cruche.
C'T', cet, cette, devant une voyelle.
C'TE, cette, devant une consonne.
C'T'ÉLA, celle-là.
C'T'ILA, celui-là.
C'T'ICHITE, celui-ci, celle-ci.
ÇU, ce.
CUIROT, morceau de cuir qui supporte le battant des cloches.
CULAS, bâtiments où l'on engrange les gerbes de blé, d'avoine, etc. Ce mot se trouve dans un acte de 1395 (Notes sur les communes de l'Eure, par M. A. Le Prevost, p. 97).
CULEUVRE, couleuvre. H.-N.
CULOT, cul d'un enfant; ce qui reste de tabac au fond de la pipe.
CULOTTE (faire une), gagner sans interruption trois parties de domino, de cartes.
CULOTTE (avoir, se donner une), se soûler.
CULOTTES (mes), ma culotte, quand il ne s'agit que d'une seule.
CURAI, curé.
CURAI (monsieur le), nom qu'on donne à tout ecclésiastique revêtu d'une soutane.
CURIOSITAI, curiosité.
D', de. P.
DADA, cheval; expression enfantine.
DALE, évier, lien où on lave la vaisselle et d'où l'eau s'écoule par un trou pratiqué dans la muraille. P. B.-N.
DALOT, petit conduit pour l'écoulement des eaux. H.-N.
DAMAGE (c'est), c'est fâcheux.
DAME, femme de qualité ou qui affecte des manières hautaines. Ex.: Elle fait la dame.
DAN-DAN (aller au). Se dit aux petits enfants pour signifier: Aller aux offices de l'Eglise. C'est une onomatopée formée par allusion au son des cloches.
DANSPAROU, ou, à quel point, à quelle place. Ex.: Dansparou as-tu fauché?
DARDILLON, aiguillon d'une boucle.
DAUBÉE, volée de coups de bâton. B.-N.
DAUBER, donner une daubée.
DAUDINER (se), se dandiner.
DÉBAGOULER, vomir. H.-N.
DÉBALLER (se), se décourager.
DÉBARRAS, cessation d'embarras. Ex.: Il est parti, c'est un bon débarras pour moi. H.-N. P.
DÉBAUCHER (se), se décourager. H.-N.
DÉBATISER (se), se donner beaucoup de peine pour faire croire ou comprendre une chose.
DÉBERNÊQUER, démonter, renverser, tirer d'un mauvais pas. B.-N.
DÉBILLER, déshabiller. P.
DÉBISTRAC, en mauvais état.
DÉBINE (être dans la), être à moitié ruiné. P. B.-N.
DÉBITER DU BOIS, le scier, le préparer pour la charpente, la menuiserie, etc. H.-N.
DÉBLAI (bon). Voy. Débarras. P.
DÉBLOUGUER, déboucler.
DÉBOULER, quitter son gîte. Ex.: Il m'a déboulé un lièvre aux pieds. B.-N.
DÉBRICOLER, ôter la bricole d'une vache. H.-N.
DÉBUQUER, partir, sortir.
DÉCAINER, déchaîner. P.
DÉCALIFOTER, ôter une noix ou autre fruit de son enveloppe.
DÉCANILLER, décamper, fuir comme un chien. B.-N. P.
DÉCARCANER, ôter le carcan d'un cochon. H.-N.
DÉCARÊMER (se), prendre un bon repas après le carême. P.
DÉCARPILLER, séparer, démêler. P.
DÉCAUCHER, déchausser. Se dit aussi des chevaux qui perdent leurs dents de lait.
DÉCESSER (ne pas), ne pas cesser. Ex.: Il ne décesse de pleurer. P. H.-N.
DÉCLAQUER, tomber rudement; parler sans ménagement. P.
DÉCOCTION, maladie. H.-N.
DÉCOMMANDER, contremander.
DÉCOMPOTER, changer le temps de l'engrais des terres et le mode des semences. P.
DÉCONFORTER (se), s'affliger outre mesure. P.
DÉCRAMPIR (se), se délasser. P.
DÉCRAPÉ, nettoyé. Se dit aussi d'un enfant malheureux qui prend des habitudes de propreté.
DÉCRAPER, nettoyer. P.
DÉCROUER, tomber ou faire tomber de haut. B.-N.
DÉDRAGUER, délayer, réduire en marmelade.
DÉCULOTTER (se), se dit d'un homme qui se sépare de biens d'avec sa femme pour éviter la poursuite des créanciers. L'épouse administre alors en son nom, et les créanciers n'ont plus aucun recours. Souvent cette formalité n'est pas exempte de fraude, et c'est ordinairement l'art légal de ne point payer ses dettes.
DÉFAIRES, habits qui ne servent plus et qu'on donne aux malheureux. H.-N.
DÉFAITE (animal de), facile à vendre. H.-N.
DÉFECTIF (enfant ou animal), dissimulé, qui a des défauts. H.-N.
DÉFICELER, délier ce qui est lié par une ficelle.
DÉFILOQUÉ (vêtement), usé, éraillé, qui montre la corde ou le fil. H.-N.
DÉFOURRURES, gerbées qui ont été épluchées par les moutons.
DÉFRISÉ, contrarié. P.
DÉFULER, décoiffer. H.-N. P.
DÉFUNT, feu. Ex.: Défunt son père.
DEGAINE, tournure, manières. Se prend toujours en mauvaise part. P.
DÉGANCER, tirer de l'argent de sa bourse.
DÉGANER, se moquer de quelqu'un en imitant ses actes ou ses paroles.
DÉGELÉE, rossée. P.
DÉGUEULER, vomir.
DÉGOBILLER, vomir, rendre les gobes qu'on a prises. P.
DÉGOISER, parler vite et longtemps. P.
DÉGOMMÉ, destitué.
DÉCOTER, voler.
DÉGOULER, vomir. H.-N.
DEGOUTINS, eau qui tombe d'une couverture.
DÉGRIER, dégringoler, glisser.
DÉGROULER, crouler, tomber. B.-N. H.-N.
DÉGUISER (se), se masquer au temps du carnaval.
DEHOQUER, décrocher. P.
DÉHOUSILLER (se), sortir d'un lieu.
DÉJEUNER-DINANT, déjeuner qui se fait tard et sert de dîner.
DÉJOUQUER, déjucher. On l'emploie aussi comme synonyme de faire lever un paresseux qui est au lit.
DÉKERPILLER. Voy. Décarpiller.
DEL', de la. P.
DÉLACHER, délacer. P.
DÉLICOTÉ, débarrassé de son licou. P. H.-N.
DÉLOQUETÉ, déguenillé. P.
DÉLURÉ, vif, hardi. Ex.: C'est un enfant déluré pour son âge. B.-N. P.
DEMANDER APRÈS QUELQU'UN, demander quelqu'un.
DÉMAQUER, vomir. P.
DÉMARER, partir, sortir. B.-N. P. H.-N.
DEMAUNE, demi-aune.
DÉMENCE (tomber en), tomber en ruines. B.-N.
DEMENTER DE (se), s'occuper de. H.-N.
DÉMENTIBULER, démonter, casser. P.
DÉMETTRE UN MEMBRE (se), se luxer. H.-N.
DEMEURE, habitation sans dépendances, où il y a seulement une ou deux pièces pour demeurer.
DEMEURÉ, paralysé. H.-N.
DEMIANNE, demi-aune.
DEMIARD, quart de chopine. H.-N.
DEMI-GROS, quatre muids. Les aubergistes de Dieppe ont l'habitude d'acheter leur cidre au demi-gros; et, en dépit de toutes les lois sur les nouvelles mesures, ils ne consentent à se livrer dans le pays de Bray que dans des pièces frauduleuses qu'ils nomment tierçons.
DEMI-HEURE, douze heures et demie. H.-N.
DEMION, deux demiards. H.-N.
DEMOISELLE, petite viellote de blé ou autres céréales. B.-N.
DÉMONTER, impatienter. P.
DÉMUCHER, découvrir. P.
DÉNOQUER (se), se développer; en parlant des enfants qui grandissent. H.-N.
DÉPATICHER, défricher un pâtis pour le mettre en culture.
DÉPENDEUX D'ANDOUILLES (grand), homme mince et grand, se tenant mal. P.
DÉPENSE, lieu où l'on serre le laitage. P.
DÉPERSUADER, dissuader.
DÉPIAUCER, écorcher.
DÉPICHER, démonter, détruire, découdre. Ex.: Dépichez cette redingote pour en faire un habit-veste. H.-N.
DÉPITER, défier. B.-N.
DÉPORTER DE SA PAROLE (se), se dédire. P.
DÉPOTER, tirer le cidre que contient un tonneau. P. H.-N.
DÉPOTEUX, grosse chanpleure en cuivre qui sert à tirer le cidre dans des seaux.
DÉPOTEYER, tirer du cidre d'un tonneau pour le mettre dans un autre. Vient probablement de l'ancien usage de tirer le cidre ou le vin dans un pot pour l'emporter.
DÉRACHINER, déraciner.
DÉRAIN, dernier. P. B.-N.
DÉRAQUER, tirer d'un bourbier, d'un mauvais pas. H.-N.
DERLINDER, agiter une clochette.
DERRIÈRE (en), en cachette. P.
DERRIÈRE (faire du), dépenser en secret, tromper ses maîtres.
DÉRUNNÉ, atteint de diarrhée.
DÉS, des.
DÉSAILLÉS (habits), hardes usées. H.-N.
DÉSARGENTÉ (être), n'avoir plus d'argent. P.
DESCENTE, hernie. H.-N.
DÉSHABILLER. Voy. Dépiaucer.
DÉSIGNALEMENT, signalement. H.-N.
DÉSORCELÉ, désensorcelé.
DESSAISONNER, changer l'assolement d'une pièce de terre. H.-N.
DESSAQUER, faire sortir d'un lieu.
DESSAQUETER (se), quitter une place. P.
DESSAQUETER, tirer d'un sac.
DESSOLER. Voy. Dessaisonner.
DESSOULER, cesser d'être soûl. H.-N.
DESSOUS (personne en), dissimulée.
DESSOUS (sens dessus), renversé, en désordre.
DÉTEINDRE, éteindre. P.
DÉTENTION D'URINE, rétention d'urine. H.-N.
DÉTEURDRE, détordre.
DÉTOMBIR (faire), mettre chauffer un liquide jusqu'à ce qu'il soit tiède.
DÉTOURBER, déranger, interrompre. Du latin disturbare.
DÉTRIER, trier, choisir. P. Ce mot vient peut être du latin trahere de, tirer de.
DEUILER, souffrir, languir. H.-N. Du latin dolere.
DEUSSE, deux. P.
DEUX-SOU (un), pièce de dix centimes.
DEVALLER, descendre. P.
DEVANCHER, devancer. P.
DEVANT QUE, avant que. P.
DEVENIR (bien ou mal se), se développer. En parlant d'un enfant ou d'un animal. B.-N.
DÉVISAGER, regarder quelqu'un fixement, d'une manière importune. H.-N.
D'HEURE, de bonne heure. Ex.: Il n'est pas d'heure, c'est-à-dire: Il est tard.
DIA, mot dont les charretiers se servent pour faire aller les chevaux à gauche; c'est le contraire de huot. P. Un docteur a prétendu que Balaam s'était servi du mot dia, pour faire avancer son ânesse qui s'appelait Logos. Comme la pauvre bête se mit alors à parler à son maître, qui la maltraitait, notre docteur a été assez heureux pour trouver là l'étymologie du mot Dialogue, discours à deux.
DIABLE (bon ou mauvais), bon ou mauvais garçon.
DIABLE (bran de), assa fetida. Ainsi nommé à cause de sa mauvaise odeur.
DIANTRE! diable!
DIEU PLAIT (si), s'il plaît à Dieu.
DIGONNER, importuner, travailler lentement. P. H.-N.
DIGUER, piquer. B.-N.
DIGUET, bâton pointu, long de 50 à 60 centimètres, qui sert à ramasser le blé pour l'engerber.
DINDE (un), une dinde.
DINDE (grande), femme de haute taille; terme de mépris. P.
DINDOT, dindon.
DIO, Voy. Dia.
DIOT, idiot, simple. H.-N.
DIOTISE, bêtise, simplicité. H.-N.
DISCOMPTE, escompte. H.-N.
DISCOMPTER, escompter. H.-N.
DISCRÉDITÉ, décrédité.
DISPUTER, gronder, être en colère. B.-N.
DIZIAU, dizeau, réunion de dix gerbes.
D'L', de, de la.
DODO, lit. P. Espèce de camisole.
DODO (faire), dormir.
DOGUE, patience, plante.
DOLER, équarrir, préparer le bois avec une hache ou autre instrument tranchant.
DORÉE, tartine couverte de beurre, de fromage, de confitures, etc. B.-N.
DORER, étendre une pâte quelconque sur un objet.
DORLOTER, traiter, élever un enfant avec soin. P.
DORMEUSE, coiffure de femme. La dormeuse se distingue du pierrot, en ce qu'elle ne se prolonge point en arrière et qu'on la noue sous le menton.
DOSSES, premières planches de l'arbre où se trouve l'aubier et quelquefois une portion d'écorce.
DOUCHE, douce.
DOUCHEUR, douceur.
DOUCHINER, entourer de petits soins. H.-N.
DOUILLE, rossée. P.
DOUILLER, battre. P.
DOULIANT, douloureux, sensible.
DOUTANCE, doute. P.
DOUX-LEVÉ (pain), dont la pâte n'a pas suffisamment levé et dont la croûte forme des espèces de cloches. P.
DRAGIE, mélange de vesce et d'avoine qu'on sème au printemps.
DRAGIES, dragées.
DRAME, prise; en anglais, le mot dram signifie petite quantité.
DRAMER, priser, aspirer par le nez.
DRÉCHER, dresser. P.
DRÈS, DRÈS QUE, dès, dès que.
DRET, droit. P.
DRET (tout), justement.
DRET DE (au), vis-à-vis. H.-N.
DRET-NOEUD, double nœud. B.-N.
DRIAN, DRIEN, Adrien.
DROGUE, mauvaise marchandise.
DROGUER, attendre longtemps. P. B.-N.
DROLESSE, femme hardie. H.-N.
DROUILLE, boue, sauce trop claire.
DRUIRE; en parlant des oiseaux qui commencent à avoir des plumes.
D'S', des, devant une voyelle.
DU DEPUIS, DU DEPUIS QUE, depuis, depuis que. H.-N.
DUIRE, corriger, réformer; du latin ducere, conduire. P.
DUMET, duvet. B.-N.
DURANT QUE, pendant que.
EAU (lâcher de l'), pisser.
ÉBAQUER, effondrer.
ÉBERDOUILLER, écraser entièrement.
ÉBERLUCHER, élever. Ex.: Voilà ses enfants éberluchés.
ÉBERNER, nettoyer les vêtements d'un enfant berneux. P.
ÉBLAIRER, regarder avec une sotte curiosité ce que font les autres.
ÉBLUER, éblouir. En parlant d'un enfant qui trouve moyen de s'échapper sans être vu, on dira: Il a éblué sa mère.
ÉBOUILLI, très-échauffé.
ÉBRANCAGES, branches coupées en ébranquant.
ÉBRANQUER, ébrancher.
ÉBREUILLER, écraser, faire sorter les breuilles.
ÉBRITER, ébruiter, faire connaître.
ÉBROUER, renvoyer, chasser, effrayer.
ÉCABOCHER, donner un coup à la tête. P.
ÉCAILLER, chasser, renvoyer. Ex.: Écaillez donc ces gamins-là.
ÉCALES, cosses de pois, de fèves, etc.
ÉCALER, écosser, écorcher un bouton. P.
ÉCALIFOTER, retirer des noisettes de l'enveloppe membraneuse qui les recouvre en partie.
ÉCALUER, ramasser les cailloux d'une pièce de terre.
ÉCARBOUILLÉ, éveillé, vif. P.
ÉCARBOUILLER, étendre la braise et les charbons de l'âtre pour mieux se chauffer.
ÉCARBOUILLER (s'). En parlant du temps qui devient moins mauvais, on dit qu'il s'écarbouille.
ÉCARDONNER, arracher les cardons d'un champ. P.
ÉCARDONNETTE, chardonneret. Ce mot semble tout-à-fait indiquer l'action de cet oiseau lorsqu'il écardonne, c'est-à-dire lorsqu'il tire la graine du chardon pour en faire sa nourriture.
ÉCARPILLER, démêler, diviser des flocons de laine, de crin, etc.
ÉCART (faux). On donne ce nom à diverses maladies des chevaux, notamment à la tension des tendons.
ÉCAUDER, échauder.
ÉCAUFFER, échauffer.
ÉCHANGER, laver le linge avant de le mettre à la lessive. H.-N.
ÉCHARPE, écharde.
ÉCHAUFFÉ (homme), gai; état voisin de l'ivresse.
ÉCHENAILLER. Voy. Chenailler.
ÉCHERTER, couper les rouces et les branches inutiles au pied d'une haie ou dans un bois. Semble venir de exarare, défricher, piocher, essarter.
ÉCHETER, éparpiller.
ÉCHIGNÉ, fatigué.
ÉCHIGNER (s') s'exténuer.
ÉCHIMER, essaimer.
ÉCLAQUER A RIRE (s'), se prendre soudainement a rire très-fort.
ÉCLATER DE RIRE, rire très-fort. H.-N.
ÉCLÉYER (s'), se dit d'une cuve ou d'un tonneau dont les douves se disjoignent par suite de la chaleur. P.
ÉCLIPPER, éclabousser. B.-N.
ÉCLOPPÉ, un peu malade.
ÉCOEURÉ (bois), bois auquel on a enlevé l'aubier.
ÉCOLAGE, rétribution due au maître d'école. P.
ÉCONDIRE, nier ce que dit une personne; dire contre.
ÉCORCHE, écorce. P.
ÉCORCHEUX, écorcheur. P.
ÉCORER, étayer.
ÉCORER (s'), employer toutes ses forces à une chose.
ÉCORNIFLEUX, écornifleur.
ÉCOSSIN, demi-botte de foin ou de paille. En Bourgogne, on désigne sous le nom d'écoussei les batteurs en grange.
ÉCOSSINS, bottes de paille formées des tiges de blé qui ne sont point propres à faire des gerbées.
ÉCOUCHER, briser le chanvre ou le lin. P.
ÉCOUPLER, retrancher le couplet d'un arbre. H.-N.
ÉCOURTER, couper la queue.
ÉCRABOUILLER, écraser. B.-N.
ÉCRAMER, écrémer. P.
ÉCRÉVICHE, écrevisse. P.
ÉCUEILLIR (s'), prendre son élan pour sauter. H.-N.
ED', de. P.
EDPIS, depuis. P.
EDSOUS, dessous. P.
EFFONDRÉE, effrondrement.
EFFOUQUER, effaroucher. H.-N.
EFFOUTAILLER, chasser, effrayer.
EFFRONTER, intimider une personne pour lui faire avouer la vérité.
EFFROUER, émietter. P.
ÉGALIR, unir, aplanir. P.
ÉGASILLER (s'), écarter les jambes.
EGNIME, énigme.
ÉGOHIN, petite scie à l'usage des greffeurs.
ÉGOSILLER (s'), s'user le gosier à force de crier. B.-N.
ÉGRAFIGNER, égratigner. P.
ÉGROULER, écrouler. H.-N.
ÉGUEULER, casser le haut d'un vase. P.
ÉHOUPPER, battre le bout des épis d'une gerbe sans la délier. P. Enlever la fleurette dès qu'elle est formée sur le lait.
EJ', je. P.
ÉKELLE, échelle. P.
EL, le, la. P.
ELÇON, leçon.
ÉLINGOIRE, fronde.
ÉLINGUÉ, élancé, grand, fluet.
ÉLINGUER, lancer. P. Se dit surtout d'une pierre lancée avec une fronde ou d'une pomme avec un bâton pointu.
ÉLISA, Élisabeth.
ÉLUGEMENT, tracas, bruit étourdissant.
ÉLUGER, contrarier, ennuyer par ses paroles ou le bruit qu'on fait.
EM', ma, me. P.
ÉMAGLER, écraser un fruit.
EMBAGUEMENT, action d'embaguer.
EMBAGUER, faire les achats de bagues et autres joyaux pour une personne avec laquelle on est sur le point de se marier.
EMBARBOUILLER, barbouiller, salir; embrouiller.
EMBARQUÉ, se dit d'un cheval ou autre animal qui a pris trop de nourriture.
EMBARRAS (faire ses), faire l'important. H.-N.
EMBERLIFICOTER, habiller d'une manière incommode et ridicule. B.-N. Séduire par des paroles trompeuses. P.
EMBERNÉQUER, salir, encombrer, couvrir.
EMBLAYER, embarrasser, emplir un vase ou un appartement. P.
EMBOUCHÉ (mal), qui tient des propos grossiers. H.-N.
EMBRACHER, embrasser.
EMBRÊLER, mettre la bricole à une vache.
EMBRICOLER, Voy. Embrêler.
ÉMEUCHER, épointer.
ÉMILER, émier, rendre menu comme la graine de mil.
EMN', mon, ma, devant une voyelle. P. Voy. Man.
ÉMOUQUER, chasser les mouches. P.
ÉMOUQUET, nom par lequel on désigne les petits oiseaux de proie, tels que l'obereau, l'épervier, etc.
ÉMOUSTILLER, rendre de bonne humeur. P.
ÉMOUTURAGE, produit que le meunier retire des grains portés au moulin.
ÉMOUTURER, se dit du grain que prend le meunier pour se payer en nature des droits qui lui sont dus par ceux qui font moudre à son moulin.
EMPALER, rendre noir.
EMPATÉ (coq), auquel on donne la pâtée.
EMPLIR, laisser pénétrer de l'eau dans ses chaussures en marchant dans des chemins boueux.
EMPOISONNER, puer. Ex.: Cette viande empoisonne.
EMPUANTER, empuantir.
EMPUNANTER, remplir de mauvaises herbes. Ex.: Ce champ est empunanté d'ivrate.
ÉMUTION, émotion. H.-N.
EMBOISSONNER (s'), s'enivrer habituellement.
ENCAGNOLER, mettre une cagnole airs porcs pour les empêcher de passer à travers les haies.
ENCARCANER, mettre un carcan. H.-N.
ENCARVALLER, mettre à califourchon.
ENCAUCHUMER, imprégner le blé d'eau de chaux avant de le semer.
ENCHAULER, ENCHAUSUMER. Voy. Encauchumer.
ENCHIFRENÉ (n'être pas), avoir de l'esprit, trouver de fines reparties.
ENCLUMME, enclume.
ENCONTRE, contre. B.-N.
ENCONTRE (à l'), contre.
ENCORSER, manger ou boire avec répugnance; se mettre en corps. Ex.: Il n'a pu encorser sa médecine.
ENCRAPER, rendre crasseux. P.
ENCROUER, mettre dessus. B.-N.
EN DESSOUS (personne), sournoise. P.
ENDÉVER (faire), contrarier, harceler. P. H.-N.
ENDIGUER, percer un objet avec une aiguille, une alêne.
ENDIMANCHÉ, vêtu de ses habits du dimanche.
ENDIZELER, mettre en dizeau. P.
ENDOS, terre labourée un peu en dos d'âne pour faciliter l'égoût de l'eau dans les sillons qui se trouvent de chaque côté.
ENDURANT, patient. H.-N.
ENDURANT (mal), sans patience.
ENFÉNOUILLÉ, enveloppé, enfoncé dans. Ex.: Enfénouillez bien vos pieds dans le foin pour ne point avoir froid.
ENFÉRONNER, passer un féron dans le nez des porcs pour les empêcher de remuer la terre, avec leur grouin, dans les herbages.
ENFILOQUER (s'), en parlant des céréales dont la tige pousse trop menue, comme si l'on disait pousser en forme de fil. H.-N.
ENFIQUER, ficher en terre. P. Dans un compte des dépenses faites pour les vignes de l'archevêque de Rouen, en 1409-1410, on trouve une somme pour deffiquer et fiquer les échalas (Etudes sur la condition de la classe agricole, par M. L. Delisle, pag. 453 et 460).
ENFIQUES, branches sèches propres a faire une haie.
ENFISTOLER, habiller sans goût.
ENGAGNE, contrariété, chagrin mêlé de haine.
ENGAGNER, endêver.
ENGAMBER, enjamber. P.
ENGAVÉ, se dit d'une volaille dont la nourriture, prise en trop grande quantité, ne digère point.
ENGEOLER, tromper à l'aide de fausses promesses. P. H.-N.
ENGUERBER, engerber, mettre en gerbe.
ENGUEULER, dire des injures. P.
ENGUEUSER, tromper par de belles paroles. H.-N. P.
ENHAIR, toucher les œufs, les petits, ou seulement le nid d'un oiseau, de manière à en éloigner le père et la mère, et les porter à haïr leur nid, parce qu'il a été dérangé.
ENHEULIER, administrer le sacrement de l'extrême-onction, oindre d'huile bénite.
ENHOQUE, accroc. H.-N.
ENHOQUER, accrocher.
ENHUI, aujourd'hui. P. Voy. Anuit.
ENLICOTER, mettre un licou.
ENMITOUFFLER (s'). Voy. Amitouffler. P.
ENNERSÉ, se dit du feu qui brûle bien. P. On le dit aussi d'un chien irrité contre un animal: On l'a ennersé contre cette vache.
ENPAROLÉ (mal), qui dit de mauvaises paroles; mal en paroles.
ENPÊQUÉ (cheval), pris dans ses traits.
ENPRÈS (d'), auprès. H.-N.
ENRAQUÉ, embourbé. P.
ENRAYER, faire le premier sillon; placer une perche à une voiture, de manière à empêcher la roue de tourner. On usait fréquemment de ce moyen, il y a une trentaine d'années, dans les temps de gelée et dans les descentes, pour empêcher les voitures de forcer les chevaux; mais, depuis cette époque, on a inventé un mécanisme fort simple, beaucoup plus propre à éviter les accidents. Voy. Mécanique.
ENROUTER, mettre en chemin.
ENSAYER, essayer.
ENTAME, premier morceau d'un pain.
ENTENONNER, fixer une pièce de bois à une autre au moyen d'un tenon ou d'une mortaise.
ENTENTE, jugement, intelligence. Ex.: Cet enfant a de l'entente. B.-N.
ENTENTION, attention, prévenance. H.-N.
ENTÊTER, donner le mal de tête. Ex.: L'odeur des fleurs m'entête. H.-N.
ENTINCHER, exciter, surtout par gestes, à jouer ou à plaisanter.
ENTIQUE, manière, moyen de réussir. Ex.: Il ne pouvait d'abord ouvrir la porte, mais il connaît maintenant l'entique.
ENTIQUER, jeter dans, adresser.
ENTOMBI, engourdi.
ENTOMMI. Voy. Entombi.
ENTONNER (s') en parlant du vent qui souffle par une avenue, une fenêtre ou une porte ouverte. H.-N.
ENTORTILLER. Voy. Engeoler. P.
ENTOUR, autour. H.-N.
ENTREBAYER, entr'ouvrir.
ENTRE-DEUX (l'), l'espace qui sépare deux choses.
ENVALOIRE, partie du harnais qui sert aux chevaux pour retenir la voiture dans les descentes.
ENVELIMER, envenimer.
ENVIER, envoyer. B.-N.
ENVOICHE (que je m'), que je m'en aille. P.
ENVOLÉ, aventurier, étranger dont on ignore l'origine.
ÉPALER, mettre à part le lait d'une vache pour savoir combien elle produit de beurre chaque semaine.
ÉPANDRE, éparpiller. Ce mot est très-ancien.
ÉPANI, épanoui. P.
ÉPARTILLER, éparpiller.
ÉPARTIR, éparpiller. H.-N. On se servait anciennement du verbe ESPARTIR pour signifier partager, diviser, etc.
ÉPAULÉE, charge de bois qu'un homme peut porter sur son épaule.
ÉPEQUE, épeiche.
ÉPERSINGLER, frapper dans l'eau pour mouiller ceux qui en sont rapprochés.
ÉPEUTER, effrayer. P.
ÉPINE, alépine; étoffe de laine et de soie ainsi nommée parce qu'on la fabrique surtout à Alep.
ÉPINGUET, petite branche au bout de laquelle se trouve une épingle courbée pour atteindre les oiseaux qui nichent dans les creux d'arbre.
ÉPLÉTANT (travail), qui se fait vite. H.-N.
ÉPLÉTER, travailler vite. H.-N.
ÉPLÉTEUX, espèce d'homme de paille qu'on plaçait, pendant la nuit, dans le champ de blé des moissonneurs en retard. Cet usage existait encore il y a une trentaine d'années. C'était un aide qu'on accordait aux retardataires.
ÉPLINGUER, éclabousser.
ÉPLUQUER, éplucher. P.
ÉPORTÉ (objet), qui n'est plus neuf, qui a été porté.
ÉPOUFFÉ, essoufflé. H.-N.
ÉPREVIER, épervier; sorte de filet qui sert à prendre le poisson.
ÉPROUVEUX, qui fait des épreuves en agriculture ou autrement.
ÉQUELETTES, espèce de grands crochets en bois que l'on place de chaque côté d'un chenal pour y accrocher des bourrées dans les forêts. H.-N.
ÉRAIGNE, gobe-mouche. Ainsi nommé, parce qu'il se sert de toiles d'araignée pour faire son nid.
ÉRÉGNIE, araignée.
ÉREINTÉ (couteau), dont le ressort est cassé ou le clou principal ébranlé.
ERNÉ, éreinté, qui marche difficilement comme atteint d'une hernie. B.-N.
ERRHES, arrhes. P.
ES', sa; devant une consonne. P.
ESCALIERS. Voy. Bers.
ESCARTS (faire des), en parlant d'un cheval difficile qui se cabre et gambade.
ESCLANDE, esclandre.
ESCOFIER, tuer. B.-N. P.
ESCOUDET (coup d'), coup de coude. H.-N.
ESCOUER, secouer.
ESCOUETTE, crins réunis autour d'une poignée, dont on se sert pour chasser les mouches qui incommodent les chevaux, et pour faire partir la poussière qui s'attache au poil.
ESCOUSSE, secousse.
ÉSEULÉ, isolé. H.-N.
ESN', son, sa; devant une voyelle. P.
ESPÉRER, attendre. Ex.: Allez faire votre commission, je vais vous espérer. H.-N. P.
ESQUELETTE, squelette. H.-N.
ESSAVER, écorcher légèrement. B.-N.
ESSI, essieu.
ESSOMMELER, effrayer.
ESSOUDRE, soulever. B.-N.
ESTAFIER, homme maigre et de petite taille. Se prend toujours en mauvaise part.
ESTATUE, statue. H.-N.
EST-CHE? est-ce?
ESTOMAC (mettre dans son), en parlant d'une personne qui place quelque chose entre sa chemise et sa poitrine. H.-N.
ESTOMAQUER (s'), se donner beaucoup de peine pour chanter fort ou pour faire comprendre une chose. H.-N.
ESTRAMONTADE (perdre l'), perdre la tramontane.
ET', ta; devant une consonne. P.
ÉTABLIR (s'), se marier. H.-N.
ÉTAMPER, mettre son nom ou ses initiales sur un meuble ou un animal, avec un fer rouge ou du goudron.
ÉTAMPI, couché, placé à terre. En Picardie, ce mot signifie: Debout, dressé.
ÉTANPER, égaler, rendre de même poids ou de même volume. Nous trouvons cette expression dès le XIIIe siècle. L'architecte Villard de Honnecourt, après avoir indiqué quatre sortes de plantes qui entrent dans l'ordonnance d'un remède pour les blessures, ajoute: Estanpès ces. iiij. erbes, si qu'il n'i ait nient plus de l'une que de l'autre (Notice sur l'album de Villard de Honnecourt, par M. Jules Quicherat, page 57.—Revue archéologique, 6me année).
ÉTAU, cépée ou arbre coupé à quelque distance de la terre.
ÉTAUX, chaume qui reste quand les céréales sont sciées ou fauchées. B.-N.
ÈTE, être.
ÉTELÈ, étoilé.
ETN', ton, ta; devant une voyelle. P.
ÉTERNIR, étendre la litière des bestiaux. Du latin sternere.
ÊTES, êtres.
ÉTÊTER. Voy. Écoupler. H.-N.
ÉTIBO, esquisse de bois. H.-N.
ÉTIMER, étamer.
ÉTOC. Voy. Etau. Le mot estoc était fréquemment employé au moyen-âge.
ÉTOFFÉ (vêtement), ample. H.-N.
ÉTOQUER (s'). V. S'écorer.
ÉTORER, fournir. Voy. Anger.
ETOUPÉE, porte qui bouche l'entrée d'un four. H.-N.
ETOURNIAU, étourneau.
ETOUT, aussi; vient peut-être du latin etiam. P.
ETRAMILLER, éparpiller. B.-N.
ETREUNES, étrennes.
ETRIQUER, se dit d'un vêtement trop serré, à travers lequel les os se dessinent, étriquent.
ETRONGNÉ (habit), trop court. B.-N.
EUCHE, espèce de clé qui traverse le bout de l'essieu afin d'empêcher la roue de se dépasser. Depuis les nouvelles lois sur la police du roulage, l'euche a été remplacée par un écrou.
EVILLÉ, EVILLOTÉ (enfant), espiègle. H.-N.
EVITER, épargner. Ex.: Evitez-moi la peine de sortir.
EXCUSE (demander), demander pardon, faire ses excuses.
EXEMPLE DE (imiter l'), suivre l'exemple de. On imite un exemple d'écriture.
EXTERMINER, rouer de coups. P.
FABRIQUE (être de la), membre du conseil de fabrique d'une église.
FACHON, façon. P.
FACHONS ou FAÇONS (faire des), ne pas vouloir accepter ce que l'on offre dans un repas, quoiqu'on ait besoin de manger ou de boire.
FAGOTÉ (mal), habillé d'une manière disgracieuse. H.-N.
FAGOTS (conter des), rapporter de fausses histoires.
FAIGNANT, fainéant. P. H.-N.
FAILLIR, manquer de courage; tomber de faiblesse. Ex.: Le cœur me faillit.
FAIN, foin.
FAIS, fois; foie.
FAISELLE, lieu où l'on presse les pommes pilées, pour obtenir le cidre. H.-N.
FAISELLIER, petite faiselle sur laquelle on met le fromage en presse.
FALBALAS, objets de toilette, tels que robes, bonnets, rubans, etc. A proprement parler, ce mot est employé pour désigner l'ensemble d'une toilette recherchée, et non pour indiquer le falbala qu'on appelle aujourd'hui volant. L'etymologie de falbala a été l'objet de bien des recherches. «On rapporte, dit Charles Nodier, qu'un prince fort spirituel du XVIIIe siècle a inventé le nom de falbala...... Il visitait une boutique de modes si bien assortie, qu'on ne pensait pas qu'il y manquât rien de tous les éléments d'une toilette élégante. Décidé à pousser à bout l'imperturbable assurance de la marchande, qui était probablement jolie, il forgea dans sa tête le mot le plus bizarre qu'il lui fut possible de trouver, et demanda des falbalas. Elle se hâta de lui présenter cette garniture de robe qui a pris depuis le nom de volant, à cause de sa légèreté, et qui se divisait alors par le bas en pointes légères et flottantes» (Notions de Linguistique, chap. XI, note J). Suivant le Dictionnaire de Trévoux, l'inventeur du mot serait M. de Langlée qui aurait dit à la marchande que cela s'appelait ainsi à la cour. A part ce petit conte, Leibnitz, Le Duchat et le président de Brosse donnent pour origine au mot falbala l'allemand faldplat, jupe plissée. M. Hoffmann et M. Eloi Johanneau le dérivent de l'anglais furbelow, mot composé qui signifie fourrure en bas. Boiste et Napoléon Landais le font venir du latin flabella, éventails, festons, etc. (Voir l'Essai sur le langage, par M. A. Charma, p. 209 et 306).
FAMELOTTE, petite femme.
FAMEUX, gros, important. Ex.: Voilà un fameux fruit.
FAMINNE, famine.
FANCHON, Françoise.
FANGES, fanes de pommes de terre et des autres plantes légumineuses.
FAQUIN, élégant, habillé avec prétention. P. B.-N.
FARAUD, élégant, qui aime à être bien mis. P. B.-N.
FARCE, farceur. Ex.: C'est un homme farce.
FARFOUILLER, chercher en remuant sans précaution. P.
FAUCHILLE, faucille.
FAS, faux, instrument pour faucher.
FAUDE, lieu où se fait le charbon de bois.
FAUQUER, faucher.
FAUQUET (faire le), donner un croc-en-jambe. B.-N.
FAUQUEUX, faucheur.
FAUT (personne comme il), personne honnête.
FAVAS, tiges de fèves dont on a retiré le grain. B.-N.
FEMELLE, femme; souvent en mauvaise part. H.-N.
FENER, faner.
FENTE, terrain qui reste à labourer entre deux endos.
FERDAINES, fredaines.
FERLATÉ, frelaté.
FERLÉE, gelée blanche, frimas.
FERLOQUÉS (habits). Voy. Désaillés.
FERLUQUET, freluquet.
FERMILLE, fourmi.
FÉRON, fil de laiton.
FERTILLER, fretiller.
FERTIN, fretin.
FESSU (n'être pas bien), être souffrant et malade.
FÉTE, faîte, toit.
FEUILLU, garni de feuilles. P.
FEUMIÈRE. On désigne sous ce nom la fumée qu'on voit sortir du tuet.
FEUNNER, faner.
FEURRE, paille. On dit une botte de feurre, comme on dit une botte de foin. P. B.-N.
FÈVES (grosses), fèves de marais. H.-N.
FICHANT (c'est), c'est contrariant. P. B.-N.
FICHELLE, ficelle.
FICHER, donner. H.-N. P.
FICHER (s'en), s'en moquer. P.
FICHER LE CAMP, s'en aller.
FICHU, perdu, condamné. B.-N. P.
FICH'TRE! juron; exclamation de surprise. H.-N.
FIEFFÉ (menteur, voleur), qui a l'habitude de mentir ou de voler. H.-N.
FIENS, fumier, de fiente. Il est souvent question de fiens dans les conventions du moyen-âge.
FIER, irascible, fameux. P.
FIERCIR (se), se mettre en colère.
FIÈREMENT, beaucoup. P.
FIÉRIR (se), se mettre en colère.
FIÉROT, un peu fier. P. H.-N.
FIEUX, fils.
FIÈVES (avoir, trembler les), avoir une fièvre intermittente.
FIGNOLER, s'habiller avec recherche. H.-N. P.
FIGNOLEUX, élégant. B.-N.
FIL (avoir le), s'y bien prendre pour réussir.
FILER, FILER DE BAS, s'échapper furtivement. P.
FILLOLE, filleule. P.
FILLOT, filleul. P.
FIN. Mot explétif qui se met devant un adjectif ou un nom, pour lui donner plus de force. Ex.: Il est tombé au fin fond de l'eau.—Il est fin bête.—J'en veux tout fin plein ma bouteille. H.-N. P.
FIN (à celle), à cette fin. H.-N.
FIN-FOND (au), tout au fond.
FINI. Adjectif qui se joint à certains mots pour en renforcer le sens. Ex.: C'est une canaille finie. H.-N.
FINITE, finie. Ex.: Ma tâche est finite.
FINOIN, poire à manger, excellente.
FION (avoir le), s'y prendre adroitement pour réussir dans un jeu ou un ouvrage des mains. B.-N. P.
FION (donner le coup de), finir un ouvrage, le polir. B.-N. P.
FISÉE, poire dont on fait des confitures.
FISÉE, petits éclats de bois enduits d'argile, qu'on place en travers sur les solives pour recevoir l'aire d'un grenier en terre. H.-N.
FISQUER, fixer, regarder. B.-N.
FISSIAU, bâton transversal du bas d'une chaise; de fuseau.
FIXER QUELQU'UN, arrêter ses regards sur une personne.
FLABIN. Voy. Contepet. H.-N.
FLAINDRE, reculer, ne pas aller franchement. B.-N.
FLAINDRE DU PIED, l'appuyer légèrement et avec précaution, de peur de se blesser.
FLAIR, mauvaise odeur. Ex.: Cette viande a du flair. P.
FLAIS, fléau a battre le blé.
FLAMBE, flamme. P.
FLAMMER, ouvrir un abcès au moyen d'une flamme. H.-N.
FLAMEUCHE, flammèche.
FLANÉE, causerie familière.
FLANIER, qui aime à aller chez les voisins pour apprendre les nouvelles.
FLANQUET, portion du bas de la chemise qui est fendue de chaque côté. H.-N.
FLAQUET, petite flaque d'eau. H.-N.
FLANQUETTE (à la bonne), sans cérémonie, tout bonnement. P.
FLATTER, dénoncer pour faire reprendre ou punir.
FLATTEUX, qui flatte.
FLAUDRÉE, rossée.
FLAUDRER, rosser.
FLÉCHIR, dégeler légèrement.
FLEUR-DE-MAI, pomme à couteau; précoce.
FLEURS D'ORAGE, petits nuages agglomérés qui annoncent l'orage.
FLEURETTE, crême excellente qu'on recueille après douze heures de séjour du lait dans la terrine. H.-N.
FLIGÉE (sauce), figée. On dit, en parlant d'une sauce claire et mal faite: Celle-là ne fligera pas sur le cœur. H.-N.
FLIPE, punch au cidre; espèce de boisson composée de cidre, d'eau-de-vie et de sucre, qu'on prend chaude; de l'anglais flip, cordial. B.-N.
FLOBER. Voy. Flaudrer. P.
FLORAISON, fleuraison.
FLOTTE, espèce d'anneau plat qui se mettait entre la roue et l'euche, avant que celle-ci fût remplacée par un écrou.
FOIRE, faire.
FOIRET, forêt.
FOIREUX, qui a la foire. On dit aussi les foireux, en parlant de ceux qui vont aux foires.
FONÇU, objet creux et plus ou moins profond. H.-N.
FONTANGE, large ruban de soie.
FORBU (cheval), fourbu, qui ne peut continuer sa route, parce qu'on ne lui a rien donné à manger, à un lieu où il a l'habitude de s'arrêter. On dit aussi d'un homme qu'il a été forbu, quand on ne lui a rien offert chez une personne où il s'attendait à dîner.
FORCIR, se développer. Ex.: Cet arbre, ou cet enfant, forcit. H.-N.
FORGES, forces qui servent à tondre les moutons.
FORGIONS, habitants du canton de Forges.
FORIÈRE, extrémité d'une pièce de terre sur laquelle les chevaux tournent à chaque sillon, et qu'on laboure après coup.
FORIÈRES, terres en friche le long des chemins, où les bergers mènent paître les moutons. M. A. Le Prevost a trouvé ce mot dans une Charte de HENRI II, en faveur de Bondeville. H.-N. On appelle aussi forières les chemins qui longent les herbages et les séparent des terres en labour.
FORTUNÉ (homme), riche, qui a de la fortune. H.-N.
FOUAILLER, fustiger. P.
FOUÉE (faire une), mettre le feu à une brassée de bourrée. B.-N.
FOULON, frelon. P. H.-N.
FOURCÉE, portée d'un animal qui met bas; se dit surtout de la truie.
FOURE, excrément, foire. B.-N.
FOUREUX, qui a la foure.
FOURQU, fourchu.
FOURQUE, fourche, fourchet. Dans un acte de 1291, il est question d'une fourque à espandre le fumier.
FOURQUEFILE, fourche à deux dents de fer, qui sert à donner les gerbes au charretier qui charge une charrette ou un chariot. P.
FOURQUET, entre-deux des jambes. On dit aussi le fourque. B.-N.
FOURQUETTE, fourche de bois, à deux dents, qui sert pour faner. Dans un acte de 1427, il est question de service de fain, c'est assavoir le tiers d'une FOURQUETE (Etudes, etc., par M. L. Delisle, p. 82). Il s'agit probablement ici d'un tiers de journée employé à faner.
FOUTET (petit), petit garçon. P.
FOUTINER, ne point avancer à son travail, s'amuser à des riens.
FOUTINIER, qui s'agite beaucoup et fait peu de besogne.
FOUTRE, donner. Ex.: Il m'a foutu un coup de poing. Ce mot est regardé comme grossier, ainsi que les trois suivants.
FOUTRE! juron.
FOUTRE LE CAMP, s'en aller.
FOUTU, perdu sans ressource.
FOYER (mouton), agneau d'un an, qui a été nourri dans les herbages.
FRAIQUE, fraîche, mouillée. P.
FRAIQUIR, fraîchir.
FRAIS, mouillé par la pluie. P.
FRAIS (suivre le), en parlant d'un chien qui suit la trace d'un lièvre ou d'un autre animal, en respirant les miasmes qu'il a laissés sur son passage.
FRASE, fraise d'un animal.
FRATRES, barbier.
FRÊLER, fêler.
FREMER, fermer. P.
FRÉMIE, fourmi. H.-N.
FRÉMILÈRE, fourmilière.
FRÉMILLER, fourmiller. H.-N.
FRÉMILLONS, petites fourmis.
FRÉMIR. Commencer à bouillir. H.-N.
FRÉREUX (cousin), cousin germain. H.-N.
FREULÉE. V. Flaudrée. B.-N.
FREULER, battre. B.-N.
FRICHONNER, frissonner.
FRICHONS, frissons.
FRICOT, festin, et plus généralement toute espèce de met. Ex.: As-tu du fricot avec ton pain? P.
FRICOTER, faire bombance. B.-N. P.
FRIGOUSSE (faire), fricoter.
FRIMOUSSE, visage. P.
FRINNE, farine.
FRIPPER (se), se frotter le dos dans ses habits quand on ressent quelque démangeaison.
FROMAGE MAU, fromage nouveau qu'on délaye dans la crème, tandis qu'il est encore mau, mou. P.
FROU-FROU (mamezelle). Nom qu'on donne à une fille qui fait ses embarras.
FU, feu. P.
FUMELLE, femelle. H.-N. P.
FUMER, être vexé. B.-N.
FUNQUER (faire), mettre du bois sécher sur le feu, afin qu'il brûle mieux. Se dit aussi d'une personne qu'on fait attendre. Ex.: Il m'a fait funquer sur le chemin, pendant une heure.
FUNQUIÈRES, fougères.
FURIEUSEMENT, beaucoup, extrêmement. P.
FUROLE, feu follet qu'on aperçoit au commencement de l'hiver dans les endroits marécageux. On assure que les furoles se plaisent à égarer les voyageurs; mais on dit qu'en mettant son couteau en terre, la pointe en haut, la furole vient danser dessus; et le voyageur a le temps de reprendre son chemin. On ajoute que le couteau reste couvert du sang de la furole. La foi aux absurdités débitées sur ces feux follets n'est pas encore entièrement éteinte. En Picardie, on les appelle fofu, faux feu.
FUT, alla. Ex.: Il fut trouver son ami. Il ne faut pas confondre les temps du verbe ALLER avec ceux du verbe ÊTRE. Voici la remarque de M. Lévi: «Dites est allé toutes les fois que vous voulez exprimer l'action de se transporter d'un lieu à un autre; dites a été lorsque votre intention est de marquer le séjour dans un lieu désigné. Il y a entre ALLER et ÊTRE la même différence que entre le mouvement et le repos.» (Les Omnibus du langage, 8me édit., page 5.)
FUTEUX, fâcheux dans le boire et le manger.
GABEGI, grabuge, désordre, perte. P.
GABELOU, douanier; employé de la régie des contributions indirectes. P.
GABILLER, gaspiller.
GABRIET, Gabriel.
GAFFÉE, morsure de chien. B.-N.
GAFFER (faire), faire donner une gaffée. En espagnol, gaffar, mordre.
GAGNAGNE, gain, profit retiré de son travail. P.
GAGNE-PAIN, celui qui soutient ses parents par son travail. P. On le dit aussi du principal instrument d'un ouvrier.
GAI, geai. P.
GAI (porte du), porte du guet. On nomme ainsi une petite porte placée au haut de la flèche des clochers. Au moyen-âge, les paysans suivaient rarement leur seigneur à la guerre, mais ils étaient souvent requis pour faire le guet, soit dans les châteaux-forts, soit dans les églises transformées alors en forteresses. Les habitants des campagnes commencèrent à se fortifier dans les églises en 1358 (Etudes, etc., par M. L. Delisle, pages 101 et 643). Nous pensons voir là l'origine de la dénomination de ces portes du gai, qui n'ont été conservées que pour faciliter aux couvreurs le placement de leurs échelles, quand ils travaillent à la réparation de la couverture des clochers.
GAITER, regarder, guetter.
GALAFRE, glouton. P. En espagnol, golafre.
GALAPIAS, galopins. P.
GALIBIER, polisson. P. Homme maigre et sans valeur. A la Guadeloupe, on nomme galibi les squelettes qu'on trouve dans le tuf calcaire.
GALINÉE, ce que l'on peut porter de grain vanné dans les deux mains.
GALLE, bouton sur la peau. H.-N.
GALOP (donner un), réprimander fortement. H.-N. P.
GAMBE, jambe.
GAMBETTES, soutiens du linteau d'une cheminée.
GAMBIER, traverse de bois suspendue à une corde, qui sert à accrocher les animaux tués pour la boucherie, afin de les dépecer plus aisément.
GANCIR (se). Se dit du bois resté trop longtemps à l'air et qui se décompose par suite de l'humidité.
GANDOLER (se), se balancer en marchant.
GANNE, jaune.
GANNET, renoncule âcre; à cause de sa fleur qui est ganne.
GAQUÈRES, jachères. P.
GARCHON, garçon.
GARCHONNAILLES, réunion de garçons.
GARCHONNIÈRE, fille de conduite équivoque, qui cherche la société des garçons. P.
GARDE-MESSIER, garde-champêtre, qui garde à la moisson; de messis. P. Cette dénomination remonte au XIIIe siècle.
GARDES, groseilles à grappes.
GARDIER, groseiller.
GARDIN, jardin; en anglais, garden.
GARET, jarret.
GARIR, guérir. P.
GARSE. Ce mot, qui semblerait pouvoir être employé comme féminin de gars, est toujours pris comme synonyme de fille de mauvaise vie.
GAS, gars, garçon. Se prend ordinairement en mauvaise part. B.-N.
GATE, jatte. P.
GATÉE, contenu d'une jatte. P.
GATELOT, petite jatte. P.
GAUDAILLER, boire avec excès en disant des gaudrioles; du latin gaudere, se réjouir.
GAUDIAMUS, gaudrioles; de gaudeamus.
GAU-GAU (à), a satiété. P.
GAUGUES, grosses noix. P.
GAUGUIER, noyer. P.
GAVE. On désigne sous ce nom l'espèce de poche dans laquelle la nourriture des oiseaux séjourne avant de passer dans l'estomac. P.
GAVÉE (s'en donner une), prendre des aliments avec excès jusques à la gorge.
GAVELLE, javelle. On trouve le mot gavella dans les actes du XIIIe siècle.
GAVELER (laisser), laisser longtemps en javelles.
GENOUIL, genou; c'est le vieux mot français.
GAVIAU, gosier des oiseaux.
GÉANE, géante.
GEIGNEUX, qui se plaint sans raison.
GENTILHOMME, porc. En Picardie, on dit un monsieur; dans le Berry, c'est un noble; les Normands disent un vêtu-de-soie; aux environs de Cherbourg, on l'appelle un monsieur de travail. «C'est sans doute une allusion satyrique, dit M. du Méril, faite par la classe des travailleurs, à la vie oisive des gentilshommes et des habitants des villes.»
GERGON, jargon. P.
GERGONER, quereller sans raison.
GERNER, germer.
GERNER (laisser), faire attendre longtemps après soi. Ex.: Il m'a laissé gerner une heure, en l'attendant.
GERNOTTES, tubercules radicaux des raiponces, bumium bulbocastanum, noix de terre. Quelques personnes les mangent, H.-N, B.-N. P. En Bourgogne, cette plante est appelée anote ou arnote.
GEULU, gourmand.
GIBLET, vrille.
GIFFE. Voy. Calotte. P.
GIFFLER, donner des giffes. P.
GIGUES, longues jambes.
GISIER, gésier.
GLACHON, glaçon.
GLACHANT (nœud), nœud coulant.
GLAGEUX, glayeuls.
GLANES (rebattre le feurre de ses), répéter souvent la même chose; en parlant d'un prédicateur, d'un avocat, etc., qui est obligé de faire des redites pour ne point rester muet, semblable à celui qui donne de nouveaux coups de fléau à ses glanes, afin de faire jaillir encore quelques grains de froment.
GLEUMER, en parlant du coucou qui mange les œufs des autres oiseaux. On le dit aussi des personnes qui mangent des œufs crus, dans la pensée que cela aide la voix et fait mieux chanter.
GLINNES, excréments des poules; de gallina. En Picardie, les poules se nomment glaines. Le lendemain d'une noce, en certains endroits, les jeunes gens vont, munis d'une longue perche, chez les convives de la veille et réclament des poules pour faire un second repas; ils appellent cela aller à glaines.
GLOU DE (être), être avare d'une chose; la donner difficilement.
GLU, paille de seigle gluée pour faire des liens.
GLUAGE, action de gluer.
GLUER, séparer les faibles tiges des gerbes de blé ou de seigle battu, afin de réserver les plus fortes pour faire des liens ou des couvertures.
GLUIACHES, gerbées faites avec les défourrures.
GNIAFE, savetier. P.
GNOGNOTE (c'est de la), c'est une vétille, une menterie, etc. Le gn se prononce mouillé comme en espagnol.
GOBE, grosse bouchée.
GOBER. Fréquemment employé pour indiquer quelqu'un qui mange avec avidité, surtout des fruits, tels que prunes, cerises, etc.
GOBET, diminutif de gobe.
GOBIER, sot. Ex.: Tais-toi, grand gobier.
GOBITONS, petits morceaux d'étoffe, de pain, etc. H.-N.
GOBLOT, gobelet.
GOBLOTER, boire avec excès.
GODARD, mari dont la femme est en couches. Selon M. Corblet, ce mot est roman et signifie un homme qui prend ses aises. La signification qu'on attache aujourd'hui à cette expression, viendrait alors de ce que, dans plusieurs provinces, le mari d'une femme en couches se mettait au lit pour recevoir les visites de ses parents, et prenait ainsi ses aises pendant plusieurs jours. P.
GODETS, cahots, secousses dans les ornières.
GODICHE, ridicule, maladroit. B.-N.
GOHÉE, éclat de rire. B.-N.
GOINFRE, glouton. P.
GORGETTE, ruban qui s'attachait de chaque côté du pierrot et passait sous le menton, afin de soutenir la coiffure.
GOSILLOT, cartilage thyroïde.
GOSSE, menterie pour rire. H.-N. P.
GOSSER, mentir par plaisanterie. H.-N. P.
GOSSEUX, qui gosse. P.
GOT (entrer tout de), entrer brusquement, sans égard pour les personnes au milieu desquelles on se présente. Il y a près de soixante-quinze ans, le quai de l'Horloge, à Paris, fut élargi vers le pont. La chronique cite, au sujet de ce travail, les rimes suivantes:
Monsieur Turgot étant en charge,
Et trouvant ce quai trop peu large,
Y fit ajouter cette marge!
Passant qui passez tout de got,
Rendez grâce à monsieur Turgot.
(Journal de Rouen, 4 mai 1852.)
GOTON. Voy. Margoton.
GOUAlLLER, railler, plaisanter. B.-N. P.
GOUAILLEUX, qui gouaille.
GOUGES (avoir les mains), engourdies par le froid, ineptes au travail. Voy. Gourdes.
GOUINNE, femme de mauvaise vie.
GOULIAFRE. Voy. Galafre. P.
GOULIAS. Voy. Galafre. P.
GOULON, goulot.
GOURDES (avoir les mains). Voy. Gouges. Vient du latin gurdus, stupide; aussi dit-on quelquefois dans le même sens: J'ai les mains sottes. H.-N.
GOURER, tromper. B.-N. P.
GOURGANNES, fèves de marais. H.-N.
GOUTTE, petit verre d'eau-de-vie. On dit prendre, payer la goutte ou une goutte.
GOUTTE (n'y voir), être privé de lumière; ne point trouver de solution à une affaire. H.-N.
GOUTTE MILITAIRE, verre à cidre à demi-plein d'eau-de-vie.
GRABUGE, désordre dans l'administration d'une maison. H.-N. P.
GRAFIGNER, gratter légèrement et sans cesse. P.
GRAFOUILLER. Voy. Grafigner.
GRAGEOIR, espèce de mortier en bois dans lequel on écrase le sel, au moyen d'un pilon aussi en bois.
GRAGEUX. Voy. Grageoir.
GRANAISON, grain provenant des céréales; rendement des gerbes.
GRANMENT, grandement, beaucoup, B.-N. P.
GRANCHE, grange. On trouve le mot granche dans un titre de 1400.
GRAND, étendue. Ex.: Il y a grand dans ce champ. P.
GRAND (tenir sa maison dans le), à la manière des grands.
GRAND'CHEMISE, blouse.
GRANDIER, fier, hautain. P.
GRAND'MÈRE, vieille femme. P.
GRAND'PÈRE, vieillard. P.
GRAS-BOUDIN, grande consoude.
GRASSETS (les), repas qu'on donne pendant les dernières semaines qui précèdent le carême.
GRASSIER, grasseyer.
GRAVÉ (homme), marqué de petite vérole. P. B.-N.
GRAVOIS, gravier.
GREC, sévère.
GRÊLÉ. Voy. Gravé. On dit aussi de celui qui a perdu beaucoup au jeu: Il a été grêlé.
GRÉMIR (faire), faire frissonner d'appréhension.
GRÉNADES. Voy. Gardes.
GRÉNADIER. Voy. Gardier.
GRÉNAISON, rendement en grains des céréales.
GRÉSILLÉ, brûlé au soleil.
GRÉVACHONS, prunes sauvages.
GRIBLETTE, riblette, morceau mince de viande qu'on fait cuire sur le gril. Nous citerons à ce sujet un extrait du Trésor des Chartes, relatif à un dîner que les religieux de la Sainte-Trinité de Caen donnaient chaque année, avant 1450, aux habitants de Vaulx: «Ilz lavent leurs mains en une cuve plaine d'eaue, et apres se assient à terre et ont chascun ung pain de vingt-une à vingt-deux onces, une toille estendue devant eulx, sur laquelle ils ont une pièce de lart peleis barbouilly de la grandeur de demy pié en quarré; apres ont chascun une ribelette de lart routy sur le greil, chascun une esculée de mortreux fait de pain et de leit, et boire tant qu'ilz veullent, cidre ou cervoïse, et sont assis trois on quatre heures (Cité par M. L. Delisle, Etudes, etc., page 90).
GRIBOUILLER, griffonner.
GRIBOUILLONNER. Voyez Gribouiller.
GRIER, glisser.
GRIGNARD, enfant qui pleure sans cesse.
GRIGNER, faire mauvaise mine, pleurnicher.
GRIGNON (enfant), chagrin et de mauvaise humeur.
GRILLETTE A GRILLETTE, petit à petit.
GRIMPLET, grimpereau.
GRINGALET, homme petit et maigre. P.
GRIPPER, voler.
GROLLES, mauvais chevaux.
GRONÉE, ce qu'un tablier peut contenir de fruits, de grains, etc. Ce mot vient du picard gron, qui signifie tablier. B.-N. P.
GROS (tirer du), tirer du gros cidre.
GROSELLES, groseilles.
GROSSIER, qui a de l'embonpoint. P.
GROSSIER, botte de paille très-allongée dans laquelle on met le halot pour les chevaux.
GROUÉE, pommes qui tombent, pendant la nuit, avant la saison de les locher, et qu'on ramasse le matin.
GROUIN, groin.
GROULER, crouler, bouder. P. H.-N.
GROUMOULER (se), grommeler.
GRUMELOTS, grumeaux.
GUÉDÉ, gonflé; qui a trop mangé. B.-N.
GUÉNON, terme de mépris.
GUERBE, gerbe. P.
GUERBÉE, gerbée. P.
GUERBIÈRE, espèce de niche pratiquée dans les tas, où se place une personne pour recevoir les gerbes.
GUERGEOLER. En parlant du ramage des oiseaux, on dit: ils guergeolent; on le dit aussi des enfants qui commencent à parler.
GUÉRITE, guérie. P.
GUERNIER, grenier. P.
GUERNOUILLES, grenouilles. P.
GUERNU, grenu. P.
GUÈTES, guêtres.
GUÈTES (harengs), guais.
GUEULARD, qui crie fort en parlant; se dit aussi du crieur public dans les ventes aux enchères. B.-N.
GUEULE (être de la), être gourmand.
GUEUX, fripon.
GUIAME, Guillaume.
GUIAMET, petit Guillaume.
GUIFFE, bouche. P.
GUIGNER, regarder de travers, regarder indiscrètement. P.
GUILEBAUDE (grande), femme haute et maigre, aux manières communes.
GUILEBAUDES, très-longues jambes.
GUILLE, diarrhée.
GUISIER, gésier.
G'VEU, cheveu.
HABILE! vite! P. Ce mot semble avoir beaucoup de rapport avec le verbe abire, qui fait, à l'impératif, abi! va! pars!
HABITS (claper dans ses), s'y trouver trop au large, par suite de dépérissement ou de maladie.
HABIT-VESTE, vêtement à courtes basques, qui tient le milieu entre l'habit et la veste.
HABLEUX, hâbleur; de l'espagnol hablar.
HAGER, hacher, couper menu.
HAGUE, gros bâton de bois à brûler.
HAGUER, hacher. On emploie aussi ce mot au figuré. Ex.: Il l'a hagué de sottises.
HAGUETTES, petites hagues mises en corde.
HAGUIGNETTES. V. Aguignettes.
HAGUIGNOLER, couper malproprement. H.-N.
HAGUIGNONNER, couper maladroitement ou avec un mauvais couteau.
HAHAHA! interjection plus ou moins répétée qui indique le rire. Un astrologue italien a prétendu connaître le tempérament et les passions de l'homme, à la manière dont il rit. Voici ce qu'il affirmait en 1662: Quand un homme rit, s'il fait ha, ha, ha, il est flegmatique; s'il fait he, he, he, il est colérique; s'il fait hi, hi, hi, il est dissimulé; s'il fait ho, ho, ho, il est sanguin. L'abbé Damascène ne nous dit point ce qu'il pense de l'homme qui rit en hu, hu, hu.
HAIS? que dites-vous? On se sert aussi de cette interjection pour appeler une personne éloignée.
HALITRE, hâle.
HALOT, grains de blé encore couverts de leur paille, qu'on amasse dans le van, en halotant.
HALOTER, agiter le blé ou autres grains horizontalement dans le van pour réunir le halot.
HAMES, mancherons de charrue. Mot qui est peut-être une corruption de hampes.
HANNE, mauvais cheval.
HANSE, hampe à laquelle la faux est ajustée.
HANTÉ (lieu), lieu où les bestiaux de la ferme viennent souvent.
HANTER, fréquenter; se dit surtout d'un jeune homme qui visite souvent une jeune personne, en vue de mariage.
HANTIMENT, compagnie; se prend ordinairement en mauvaise part.
HARDE, œuf sans coquille, seulement recouvert d'une pellicule.
HARDES, nom employé pour désigner les divers vêtements d'une personne.
HARÈQUE DU DOS, épine dorsale.
HARÈQUES, arètes de poisson.
HARICOTER, se servir de mauvais chevaux, de haridelles et ne point avancer dans son travail.
HARICOTIER, qui haricote.
HARLAND, qui harlande.
HARLANDER, réussir mal dans son travail. On dit d'un cultivateur qu'il harlande, quand il n'a pas assez de chevaux pour faire ses travaux en bonne saison.
HARNAS, pieds et intestins de mouton réunis et cuits dans l'eau.
HARRACHES, civières dont on se sert pour porter les morts.
HASTIQUER, travailler longtemps à une chose, sans pouvoir réussir.
HATELET, carré de côtelettes de lard qu'on met ordinairement à la broche. H.-N. B.-N.
HATIGNOLE, boulette de viande hachée que vendent les charcutiers. Dans son numéro du 11 mai dernier, l'Abeille cauchoise servait le canard suivant à ses lecteurs: An 701, passage du Juif-Errant à Yvetot; il s'arrête à l'auberge de la Truie-qui-File; il fait la dépense: 1º d'un pain mollet, 10c,; 2º d'un pot de cidre, 10c; 3º d'un atignol, 5c. Dans le pays de Bray, nous faisons de Hattignole un substantif féminin.
HATILLE, rate de porc, à laquelle sont unies d'autres parties des entrailles. H.-N.
HAUCHER, hausser.
HAUT-MAL, épilepsie. Ex.: Il tombe du haut-mal. P. B.-N.
HAUVELER, mettre en hauviau.
HAUVIAU, javelle d'orge, d'avoine, etc., qu'on réunit par petites portions, en hauviaux, à l'aide d'un rateau, avant de les mettre en gerbes.
HAVET, petit crochet. On dit aussi en parlant des dents des chiens: Quels havets! H.-N.
HAVIR, exposer à un feu trop vif. Ex.: Ce gigot va être havi.
HAYEUR, ouvrier qui fait et répare les haies. On disait autrefois hayer, pour signifier le droit de prendre dans un bois les branches nécessaires pour clore les haies.
HAYON. Voyez Abrias.
HAYURE, haie. P.
HÉPÉE, dernier effort pour atteindre un but. Ex.: Courage! il n'y a plus qu'une hépée pour arriver.
HÈQUE, petite barrière qu'on place à l'entrée des maisons pour empêcher les volailles et autres animaux d'entrer quand la porte reste ouverte.
HÈQUE! exclamation qui exprime le dégoût. P.
HÉQUET, hoquet.
HERBIERS, mauvaises herbes qui poussent dans les lieux incultes. H.-N.
HERCAILLES, mauvaises brebis.
HERCHE, herse.
HERCHE-CUL (à), sur le derrière. Ex.: Il l'a traîné à herche-cul.
HERCHELLE, branche de bois torse qui sert à lier les bourrées. P.
HERCHER, herser.
HÉRER, jouer des oies, des dindons, des morceaux de pore, etc., avec un jeu de piquet. Ce jeu a beaucoup de rapport avec l'as-courante.
HÉRICHON, hérisson. P.
HERNU, tonnerre. Ex.; Il y aura du hernu, c'est-à-dire il tonnera. On dit aussi, en parlant d'époux qui disputent souvent, qu'il y a du hernu dans leur ménage.
HERPER, mordre, saisir. Ex.: Fais-le herper par ton chien. P. B.-N.
HÉSET. Voyez Abrias.
HÊTREAU, petit hêtre.
HEURE (d'), de bonne heure.
HEURE (pas d'), tard. Ex.: Il n'est pas d'heure.
HEURÉ (bien), régulier dans les heures du repas. P.
HEURIBLE, précoce; qui mûrit de bonne heure. On dit aussi qu'un homme a été heurible, quand il arrive de grand matin. H.-N.
HIE! exclamation pour faire avancer ou chasser un animal.
HIER-MATIN, hier au matin.
HIER-SOIR, hier au soir.
HISTOIRE DE, pour.: Ex.: Jouons, histoire de passer le temps. H.-N.
HIVE, ruche. C'est absolument le mot anglais prononcé à la manière française.
HIVERNACHÉ, vesce d'hiver.
HOC (rester), perdre le fil de son discours; rester sans trouver de réponse.
HOCSONNER, ébranler une porte pour l'ouvrir. H.-N.
HOMME, mari, Ex.: demandez à mon homme. H.-N.
HONESTÉ, honnêteté, procédé gracieux. Un commissionnaire dira: Donnez-moi selon votre honesté, c'est-à-dire ce que vous voudrez, selon votre générosité. H.-N.
HOQUER, accrocher, suspendre. P.
HORS, malpropre.
HORS-MONTEUX (pied), pied droit du cheval; du côté que l'on ne monte point.
HORZAIN, du dehors; homme étranger à la commune. P. B.-N.
HOS! pour faire arrêter les chevaux.
HOTONNER, ébranler en secouant. Voy. Haloter. P.
HOTONS, Voy. Grossier.
HOTTELÉE, ce que contient une hotte ou un hottiau.
HOTTIAU, banneau.
HOU! HOU! expression dont on se sert pour chasser ou faire avancer les porcs. P.
HOUBILLER, en parlant du vent, quand il souffle fort et soulève la poussière en tournoyant.
HOUBILLONNER. V. Houbiller.
HOUCHE! Voy. Hou.
HOUPER, appeler de loin en hèlant dans ses mains.
HOURDER, prendre, saisir. Ex.: Hourdez-le au collet.
HOUSÉ (mal), mal habillé.
HOUSES, grandes guêtres dont on se sert pour monter à cheval.
HOUSIAUX, grandes bottes qui montaient au-dessus du genou. Les housiaux ne sont plus en usage depuis une trentaine d'années.
HOUSSER, mordre. Ce mot est surtout employé en parlant d'un chien enragé qui en a mordu un autre.
HOUSSINE, petite branche.
HU! cri pour faire marcher les chevaux. On s'en sert aussi pour les faire aller à droite.
HUCHE, espèce de grand hottiau qui sert à transporter les fumiers. Ce mot sert aussi pour indiquer un chariot dont les bers ont été remplacés par des planches réunies, pour le transport des pommes.
HUCHER, placer au haut. B.-N.
HUHO! hurhaut. Mot au moyen duquel on fait aller les chevaux à droite.
HULER. Voy. Houper.
HUMMER, humer.
HUPPE (sale comme une), très-sale. Cette expression vient de ce que la huppe ou coq-merdeux enduit d'excréments humains le creux d'arbre où elle place son nid.
HUQUER. Voy. Houper.
HUREUX, heureux. H.-N. P. Ce mot s'écrivait quelquefois ainsi à la fin du XVIIe siècle; nous en trouvons la preuve dans un ouvrage imprimé en 1698, où il est question de la mort du bien-hureux Guillaume, premier abbé dé Fécamp (Le grand Calendrier du diocèse de Rouen, p. 1re).
HURLUPÉ, qui a les cheveux raides et mal peignés.
HURU. Voy. Hurlupé. B.-N.
HUYO! Voy. Huho!
I, s'emploie dans différentes interrogations. Ex.: Sont-i partis? Ch'est-i vous? pour: Sont-ils partis? Est-ce vous?
I, il, ils; devant une consonne. P.
IARD, liard. P.
IAU, eau. P.
ICHITE, ici; du latin hic. Sur les pierres tumulaires du XIIIe siècle, on trouve ichi.
IDÉE (une, une petite), extrêmement peu. H.-N.
ILA, ici, là; du latin illàc.
ILO, là. P.
IMPOSER (en), employé pour imposer, commander le respect. En imposer, signifie tromper.
IMPOSSIBLE (en avoir l'), avoir en grande quantité. H.-N.
IMPUNANTER, remplir. Ex.: Ce champ est impunanté d'ivraie.
INCAMO, intelligence.
INDUQUER, élever; instruire. P.
INNE, une.
INFIQUER, ficher en terre. P.
INNOCENT, jeune enfant; idiot. P. H.-N.
INN' TOUT, non plus; pas davantage. H.-N.
INSTANT (de), à l'instant. H.-N.
INTERLOQUE, stupéfait, surpris. P.
INTIAU, linteau de cheminée.
INTRER, entrer. P.
INVECTIVER UNE PERSONNE, invectiver contre.
IOU? où?
IRRASATIABLE, insatiable.
ISQUE, prononciation de la lettre X. H.-N.
ITOU, aussi. Suivant une remarque de M. l'abbé Corblet, ce mot, qui semble venir du latin ita, etiam, dériverait du vieux français et tout, qui signifiait avec. P.
J', nous. Ex.: J'avons dîné, j'allons partir.
JACQ, Jacques. H.-N.
JAQUET, Jacques; en parlant d'un enfant.
JAMBETTE, Voy. Gambettes.
JAPE, babil, caquet. B.-N. P.
JAPER, babiller sans réflexion; aboyer. P. B.-N.
JAQUETTE, jupe de petit enfant. P.
JAUNET, pièce de 20 francs. P.
JAUNET, un peu jaune. Ce nom est aussi employé substantivement pour désigner diverses espèces de renoncules.
JEAN-CLAIR, poire à manger; tardive.
JEAN-FOUTRE, mauvais drôle, homme peu stable.
JEANNETON, Jeanne.
JEANNETTE, Jeanne; en partent d'une jeune fille.
JEANNOT, Jean.
JEAN-QUIN, café auquel on ajoute un peu d'eau-de-vie et de sucre. Vers 1825, le nommé Jean-Quin, de Neslette, garde de M. de Richemont, passant par Bettencourt, près de Blangy, entra au café du père Desmoulins, surnommé la Queue-Blanche; il se fit servir pour un sou de café, un sou d'eau-de-vie et un peu de sucre; il mêla le tout ensemble, et, comme on lui demandait le nom de ce mélange, il répondit: Appelez-le comme moi, Jean-Quin. A partir de là, le Jean-Quin devint en renom, et aujourd'hui il en est fait une grande consommation. Les cafetiers assurent qu'il y a peu de profit pour eux à préparer cette liqueur, le Jean-Quin ne se vendant que dix centimes; mais nous pensons qu'ils se dédommagent sur les libations qui viennent à la suite, sous le nom de goutte, petit-verre, rincette, rinçurette, coup-d'adieu, coup-de-bout, coup-de-cachoir, coup-d'à-cheval, coup-d'étrier, etc.
JEUNESSE (une), une jeune fille. P.
JIFE, JIFFLE, soufflet.
JIFFLER, donner des jiffles.
JIGUER, ruer; en parlant des chevaux et des vaches. S'emploie aussi dans le sens de jougler.
JIONS, joncs.
JOLI (bois), lauréole.
JOLIMENT, beaucoup, très. Ex.: Il est joliment laid. P.
JOMARINS, ajoncs marins.
JOUGLER, se dit d'un cheval reposé qui gambade et folâtre.
JOUIR DE, être maître. Ex.: Je ne puis jouir de cet enfant. On dit aussi, en parlant des personnes maladives: Jouir d'une mauvaise santé. H.-N.
JOUJOU, se dit d'une personne qui se joue comme un enfant. Ex.: Vous n'êtes qu'un joujou.
JOUJOUTE (faire), se jouer.
JOUQUER, jucher.
JOUR-FAILLI (à), au soir.
JOURNAL, mesure agraire contenant à peu près ce qu'un charretier peut labourer en un jour; environ une demi-acre.
JOURNALIER, variable d'un jour a l'autre. Ex.: Il est journalier pour son adresse au travail. H.-N.
JUDAS (bran de), taches furfuracées qui paraissent, surtout au printemps, sur le visage de certaines personnes.
JUSSE, juste. Ex.: C'est jusse. On dit aussi comme de jusse, c'est-à-dire comme il est juste. P.
JUTER, rendre du jus. B.-N. P. On se sert aussi de ce verbe comme synonyme de pleurer.
J'VA, cheval; au pluriel j'vas ou j'vaux.
KAFIGNONS, corne qui se trouve à l'extrémité du pied des animaux qui l'ont fourchu, tels que la vache, le porc, le mouton, etc.
KAINE, chaîne.
KALIPÈTE, sorte de bonnet qui couvre les oreilles et une partie des joues, dont les femmes se coiffent pour la nuit et qu'elles conservent le matin. M. A. de Poilly fait venir ce mot du verbe klùptô, qui désigne un ajustement de ce genre.
KARAS, berger.
KARUE, charrue.
KERDER, carder.
KERMINNE, charogne. P.
KÉROIX, croix.
KEVRON, chevron. P.
KIEF, pièce de bois à laquelle on assujettit le soc de la charrue. Au moyen-âge, on disait cep.
KIEN, chien. P.
KIGNE-EN-COIN (de), d'un coin à l'autre.
K'MINAYE, cheminée.
K'MINSE, chemise.
K'VA, cheval.
K'VILLE, cheville. Cette expression nous paraît offrir une de ces bizarreries qu'on rencontre dans la prononciation de certains mots de la langue française. Pourquoi mouille-t-on ll dans cheville, tandis qu'on ne le fait pas dans ville? C'est par suite de cette irrégularité qu'un enfant, qui récitait naguère une leçon de grammaire latine, disait: Hostis urbem diripuit, l'ennemi PILA (pilla) la ville.
L', le.
LACHET, lacet.
LACHERON, laiteron. P.
LAI, le. Ex.: Écoutez-lai.
LAID (faire), faire la grimace à quelqu'un. H.-N.
LAIQUER, lécher.
LAIRER, laisser. On ne l'emploie qu'au futur et au conditionnel. Ex.: Tu me lairas bien parler à mon tour.
LAISANDER, faire le laisant.
LAISANT, paresseux; qui se promène le long des chemins sans travailler. B.-N.
LAISI, loisir.
LAIT BATTU, lait de beurre.
LAITRON, poulain qui tette encore. B.-N.
LAMBIN, lent, nonchalant.
LAMBINER, marcher ou travailler lentement.
LANDIER, chenet.
LANDON, paroles ennnyeuses. B.-N.
LANDONNER, ennuyer par des propos inutiles.
LANGREUX, chétif, valétudinaire. P.
LANGUES DU MONDE, babils populaires.
LANGUE (taire sa), garder le silence. H.-N.
LANNER. Voy. Landonner. H.-N.
LANTURLU (avoir), avoir cinq cartes de même espèce au jeu de pamphile.
LA OU, là que. Ex.: C'est là où je vais déjeuner.
LAPIDER, tourmenter. Ex.: Cet enfant me lapide du matin au soir.
LAPIER, rucher. Ce mot devrait s'écrire apier, du latin apiarium, lieu où l'on conserve les ruches. Il est probable que d'abord on disait l'apier; et l'apostrophe aura fini par disparaitre.
LAQUEULLE, laquelle.
LARDER, donner une grande chaleur; en parlant du feu ou du soleil; du latin ardere.
LARMER, pleurer. H.-N.
LARRIS, landes; terrein de mauvaise qualité abandonné pour le pâturage des moutons. P.
LAVE-MAINS, vase dans lequel les domestiques lavent leurs mains.
LAVERIE, lieu où on lave la vaisselle.
LAVETTE, linge qui sert à laver la vaisselle.
LÉQUEULS, LÉQUEULLES, lesquels, lesquelles.
LÉS, les; devant une consonne.
LESSIVE (couler, caudier la), faire la lessive.
LESSIVE (battre la), frapper sur le linge avec un battoir pour faire pénétrer le savon.
LESSIVEUSE, lavandière. P.
LEU, leur.
LEU, loup. P.
LEU (paure), pauvre diable. On dit aussi paure lève, en parlant d'une femme.
LEUS, leurs; se.
LEUT', leur.
LÈVE, louve.
LEVÉ (mal), de mauvaise humeur.
LÉZAND, paresseux; qui prend du laisi.
LI, lui. Ex.: Donne-li cha. Li est peut-être pour illi. P.
LIACHE. Voy. Comble.
LIAN, lien. Cette expression se trouve dans les actes du moyen-âge.,
LIAGE, action de lier la récolte. Ex.: Il n'y aura pas de liage aujourd'hui.
LIÈGE (feuilles de), feuilles de lierre.
LIETTE, cordon. Ex.: J'ai cassé la liette de mon tablier.
LIGNEU, ligneul.
LIMONNIER, cheval qu'on met dans les limons. H.-N.
LIMONS, brancards d'une voiture.
LIMOUSINE, manteau limousin, de grosse laine grise à raies brunes, dont se servent les charretiers. P.
LINGARD (cheval), efflanqué. Se dit aussi des personnes grandes et maigres. H.-N.
LINGUE, langue. P.
LIORNES, lianes.
LIPPE, lèvre.
LIPPU, qui a de grosses lèvres. P.
LIQUEUREUX, liquoreux.
LIRLAS, lilas.
LIROTES! LIROTES! LIROTES! cri par lequel on appelle les jeunes canards.
LISA. Voy. Elisa.
LISET, petit ruban de soie.
LIT (haut de), ciel de lit, baldaquin.
LIU, lieu. P.
LO, là. P.
LOCHER, secouer un arbre pour faire tomber les fruits. H.-N.
LOLO, veau; expression enfantine. On dit aussi, d'un grand garçon qui a des manières enfantines: C'est un grand lolo.
LONGIN, lambin. P.
LONGUE, longe.
LOPIN, petite quantité. P.
LOQUENCE (avoir une bonne), avoir la voix forte.
LOQUETS, petites portions de laine qui tombent à terre, à la tonte des moutons.
LORIOT (compère), orgelet, gros bouton en forme de grain d'orge, qui vient sur les paupières. B.-N.
LORS DE, au moment de: Lors de mon passage.
LOUCHE, cuiller à potage. C'est encore un de ces mots d'un usage général qui, comme le fait observer M. Corblet, manque à la langue officielle de l'Académie. P.
LOUDIER, grosse couverture de laine piquée. P.
LOUISOT, Louis.
LOURE, espèce de flûte.
LOURER, jouer de la loure.
L'QUEUL, lequel, laquelle.
L'S', les; devant une voyelle.
LUBIN, lupin.
LUGAN, boudeur, sournois.
LUGANNER. Se dit des premières gouttes de pluie qui précèdent le mauvais temps. Ce mot viendrait-il de lugere, verser des larmes?
LUMÉRO, numéro.
LUMINAIRE. Voy. Cierge dormant.
LUQUER, loucher.
LURON, homme gai et sans peur.
L'Z, les. Ex.: Ils sont arrivés l'z uns après l'z autres. P.
M', ma; devant une consonne. Ex.: Le tiroir de m'table. P.
M', me.
MA, mal.
MACHACRE, maladroit, mauvais ouvrier.
MACHACRER, massacrer.
MACHIN, MACHINE, mot par lequel on désigne une personne ou un objet dont on ne se rappelle pas le nom. B.-N. P.
MACHON, maçon.
MACHOQUER, bossuer; signifie mal choquer. P.
MACRIAU, maquereau. En picard, c'est macrieu. Autrefois, quand il y avait des maquereaux à la poissonnerie d'Amiens, on criait au coin des rues: «On vous foet assavoir qui vient d'arriver eine grande déballation d'macrieux; i gn'o des macrieux à mosieu, des macrieux à procureux, des macrieux à povers geins» (Glossaire du patois picard, page 523).
MADAME, dame. P.
MADELEINE, poire à manger; précoce.
MADLON, Madeleine.
MAGUE, bosse, ventre.
MAGÜE (bouteille), qui a un gros ventre. B.-N.
MAGUETTE, quatrième cavité de l'estomac des veaux, dont on extrait la présure qui sert à faire cailler le lait avant de le transformer en fromage. H.-N.
MAHON, coquelicot. P.
MAI, moi.
MAIGRIER, maigre.
MAILLARD, nom donné au canard mâle. P. Voy. Bourre.
MAIN DE (être à), être en mesure de. H.-N.
MAIN (être en à), outil d'un usage facile. Ex.: Cette faucille est bien en à main.
MAINOTTE, petite main. P.
MAINTIENT, manche du fléau à battre le blé; la main le tient. B.-N.
MAISON. Ce mot est généralement employé pour désigner une cuisine. Ex.: S'il n'est point dans la maison, il est dans la chambre.
MAIS QUE, quand; avec le présent du subjonctif. Ex.: Je vous donnerai quelque chose, mais que j'aille à la ville. H.-N.
MAITE, maître.
MAITRE, titre qu'on donne aux cultivateurs en le faisant précéder de leur nom de baptême. Ex.: Maître Jean, maître Pierre, etc. M. Auguste. Le Prevost regarde cette locution comme devant avoir une origine fort ancienne (Voy. notre Essai sur Londinières, p. 103).
MAITRE-PIERRE, pomme à couteau, très-tardive, et se conservant fort longtemps; nous en avons vu qui étaient récoltées depuis près de deux ans.
MALADIE (faire une), éprouver une maladie.
MALAISE (à), à plus forte raison.
MALANDRE, coup, blessure, ulcère. Comme on le voit, ce mot a beaucoup de rapport avec maladrerie, lieu où l'on retenait les lépreux (Voir notre Essai sur Neufchâtel, pag. 62 et suiv.).
MALE, marne. Une charte de 1318 fait mention de terres mallées de blanc malle pris et champ meismes, x toises en parfont (Etudes, etc., par M. L. Delisle, page 267).
MALER, marner. On disait autrefois mailler.
MAL-EN-TRAIN, souffrant. P. B.-N.
MALFAVEUR (coup de), mauvais coup, coup de maladresse.
MALGRÉ QUE, quoique.
MALHU, malheur.
MALHUREUX, malheureux. P.
MALIÈRE, trou d'où l'on tire le mâle.
MAL INCOMMODE, fort incommode.
MALINE (fièvre), fièvre maligne; on l'appelle aujourd'hui fièvre ataxique.
MALON, morceau de marne.
MAL-SAINT N.... (être tenu du), expression dont se servent les bonnes femmes pour désigner diverses maladies, en conseillant d'aller en pélerinage au saint dont le malade est tint, afin qu'il soit guéri.
MAN, mon; devant une consonne.
MANANT, misérable, homme sans délicatesse.
MANCHONS, MANCHERONS. Voy. Hames; de manica, manche. H.-N.
MANGE-TOUT (des), espèces de petites fèves dont on mange les cosses au moment de la formation du grain.
MANIQUET, selle de femme, couverte d'une peau de mouton. Les meuniers se servent aussi de maniquets pour leurs chevaux, mais ils sont recouverts de peaux de veau et n'ont point de dossier.
MANJURE, démangeaison. Ex.: J'ai manjure à la tête.
MANS, larves du hanneton. B.-N.
MAQUE-ÉPAIS, gourmand.
MAQUER, manger; en parlant des animaux.
MAQUER, manger; nourriture des animaux.
MARCHER, parcourir. Ex.: Avez-vous marché les terres de la ferme? H.-N.
MARCOU, chat mâle. B.-N.
MARETTE, petite mare. P.
MARGANNER. V. Déganer.
MARGAU, fille d'une conduite équivoque.
MARGOTON, Marguerite.
MARGOUILLER, mâcher, manger malproprement.
MARGOULETTE, bouche d'enfant. B.-N.
MARGUITE, Marguerite.
MARICAUDER, noircir le visage ou les habits; de l'espagnol mascarar ou de l'italien mascharare.
MARICHA, maréchal ferrant.
MARJOLLES, chair rouge qui pend sous le bec des dindons et des coqs. Se dit aussi des hommes très-gras, en parlant de leur double ou triple menton. B.-N.
MARMOUZETS, statues.
MARONNER, MARMONNER, murmurer en secret. P.
MAROTE, Marie. H.-N.
MARQUE. Le bois de charpente se mesure à la marque. On en distingue de deux sortes: 1o la grande marque, qui contient 300 chevilles, et la petite marque, qui n'en renferme que 96. La grande marque égale 0,71 décistères, et la petite marque, 0,23.
MARS (faire les), se livrer aux travaux agricoles du printemps.
MARS EN CARÊME (arriver comme), arriver à propos; c'est une corruption de marée en carême.
MARTIAU, marteau. P.
MASIÈRE, bord d'un bois, d'un fossé, etc. P.
MASURE. On désigne ainsi tout herbage attenant à une habitation. Cette expression est commune dans les actes des XIIe et XIIIe siècles.
MASTOQUE, lourdaud. P.
MATÉRAUX, matériaux. H.-N.
MATIFAS, mortier fait de chaux, de sable et de bourre.
MATIN, juron; mauvais drôle.
MATINES, livre d'heures à l'usage des laïques.
MATINEUX, matinal, qui se lève matin.
MATTE, martre.
MATTES, lait coagulé par suite de la chaleur de l'été. B.-N.
MATTES (fond de). Ce qu'on désigne ainsi est en réalité le dessus des mattes, auxquelles se trouve mêlé un peu de fleurette.
MATTONNÉ (temps), couvert de petits nuages arrondis. H.-N.
MAU, mou. P.
MAUCŒURANT, qui fait mal au cœur. P.
MAUGRAI, malgré, P. C'est le vieux mot français maugré.
MAUVAISETÉ, méchanceté. P.
MAUVIAR, espèce de merle.
MÉCANIQUE, appareil adapté aux voitures et destiné à ralentir leur marche, dans les descentes, au moyen d'une vis.
MÉCHANT, pauvre. Ex.: C'est un méchant porte-balle. B.-N.
MÉCREDI, mercredi. On le prononçait ainsi au XVIIe siècle. P.
MÉDECHIN, médecin.
MEIGLE, petit lait.
MÊLE, merle.
MÊLES, nèfles. B.-N. Cette dénomination est ancienne.
MÊLIER, néflier. B.-N.
MELLE, merle. B.-N.
MÊLI-MÊLO, mic-mac. B.-N.
MÊME CHOSE (la), de même, pareillement. Ex.: J'irai la même chose dimanche.
MÉMÉRE, grand'mère, femme qui a de l'embonpoint. P.
MÉNAGER, petit cultivateur. P. Meuble en bois où l'on dispose les plats et les assiettes.
MENDRE, faible. Ex.: Cet enfant est bien mendre. Peu important. Ex.: On punit pour la mendre faute. Vient de moindre, minor.
MENON, chat.
MENTIRIE, mensonge. P.
MENTÊCHE (c')? comment est-ce? B.-N.
MÈRE-MAQUETTE (baptême de la), Angelus de midi, dont le son annonce l'heure du dîner.
MÉRIENNE, méridienne.
MÉROTTE (petite), femme petite et replète.
MERQUER, marquer, tacher.
MÉS, mes; devant une consonne.
MESANGLE et MÉSANGUE, mésange.
MÊT, espèce d'auge en planches dans laquelle on pétrit le pain et où on le serre, quand il est cuit. B.-N. P.
MESURE (à), de temps en temps. P.
MÉTIER DE (avoir), avoir besoin de. Ex.: J'aurais métier de partir demain.
MEULE, amas de gerbes qu'on garnit d'une couverture, en attendant que les bâtiments de la ferme soient libres pour recevoir les gerbes ainsi amassées.
MEURDRIR, meurtrir, H.-N. P. En 1408, on paya quatre sous deux deniers au geôlier des prisons du Pont-de-l'Arche pour avoir nourri en prison, pendant vingt-quatre jours, un porc qui avait muldri et tué un petit entant, et qui, en expiation de ce crime, fut pendu à un des poteaux de la Justice du Vaudreuil (Etudes, etc., par M. L. Delisle, p. 107).
MEURISON, maturité. P.
MI, moi. P.
MI-AOUT, quinze août. La manière dont on prononce généralement ce mot rappelle cette réflexion de M. de Bellièvre: «Il me semble entendre miauler des chats, disait-il, lorsqu'on prononce autour de moi la MI-A-OU pour la MI-OU.»
MIDI (sur les), vers midi.
MIE, point. Ex.: On ne peut mie siffler et bâiller en même temps. P.
MIETTE (une), un peu. P.
MIEUX (au), très-bien.
MIGOT, provision.
MIGOT (pommes de), pommes de dessert qu'on conserve pour l'hiver et le printemps.
MIGOTER (faire), faire bouillir un mets doucement; placer des fruits dans la paille pour les faire mûrir, après qu'ils sont cueillis.
MIGNARD, enfant gâté.
MIGNARD (faire le). Se dit d'un enfant qui demande à être caressé.
MILICE (être), être la dupe.
MIN, mon. P.
MINABLE, misérable, qui inspire la pitié. B.-N.
MINETTE, lupuline. P. Chatte.
MINNE (grande), mesure de pommes contenant huit boisseaux. La petite minne n'en contient que six.
MINNUIT, minuit. H.-N.
MINON, chat.
MINUTE! dans un moment.
MIOCHE, petit garçon. B.-N.
MIONNER, manger avidement un morceau de pain.
MIOT (un), un peu. B.-N.
MIOTS, miettes. B.-N.
MIOUT (la). La fête de l'Assomption de la sainte Vierge, la mi-août.
MIREUX, miroir. H.-N.
MISTIGRI, nom donné an valet de trèfle.
MITAN, moitié, milieu. Les auteurs assignent diverses origines à ce mot. M. André de Poilly le fait venir de deux mots grecs: ÊMI pour ÊMISU et TAMUÔ, diviser par moitié. M. l'abbé Corblet croit qu'il vient du tudesque MITTAN, milieu. M. Auguste Le Prevost le tire de MEDIETAS, le milieu. Quoi qu'il en soit, Monet nous apprend que cette expression était généralement admise en 1636.
MITON, poire à manger, précoce.
MITONNÉE (soupe), soupe dans laquelle le pain a bouilli. H.-N.
MITONNER (faire), faire bouillir lentement. H.-N.
MITOUCHE (singe), hypocrite. On a fait venir ce mot de saint-n'y-touche. H.-N.
MIYEU, meilleur.
M'N, mon; devant une voyelle. P. «Nos paysans, dit M, Alfred Darcel, dans ses notes sur la Chanson de Roland, poème du XIe siècle, disent me n'épée pour ma n'épée avec l'n euphonique. Les lettrés disent et écrivent mon épée pour mo n'épée avec cette lettre euphonique. Or, lequel a raison? du paysan qui, sans changer le genre de l'adjectif, arrive á l'euphonie en intercalant une lettre dont il indique la raison d'être, ou du lettré qui en change le genre, sans garder par l'écriture aucune trace de l'origine de ce changement. M'est avis que c'est le paysan (Revue de Rouen, année 1851, page 448).»
MO, mon.
MODEUSE, modiste. H.-N.
MOIDOUX, moisson.
MOIDOUX (être dans le), être entré dans le temps de la moisson; dans le mois d'août.
MOIDOUX (faire), travailler à la moisson.
MOIE. Voy. Meule. P.
MOGNON, moignon.
MOIGNAU, moineau.
MOISILLON. On désigne sous le nom de moisillons les filles de la ville qui portent robes et rubans, cherchant à prendre des airs de grandes dames auprès des villageoises.
MOISON, maison, de mansis. P.
MOISSE, portion de lait que la vache donne en une seule fois.
MOISSON, moineau.
MOLACHE, faible, flexible.
MOLLE, botte de cercles dont le nombre diminue en proportion que les cercles sont plus grands. Cette expression était en usage dans le moyen-âge.
MOLLET (un petit), un peu.
MOLLIR, baisser de prix. Ex.: Le blé a molli à la halle. B.-N.
MOLTON, étoffe de laine.
MOMENT (du), en ce moment. H.-N.
MONCORNE, mélange de pois, de vesce, d'orge et d'avoine qu'on sème au printemps. L'usage de ce mélange de semences est ancien; il en est question dans une charte de 1199, duas acras de mancorn'; il est aussi question, dans le cartulaire de la Trinité de Caen, de 80 acres de mancor. A défaut de renseignements, M. L. Delisle avait pensé qu'il fallait peut-être entendre par mancor le blé-méteil (Etudes, etc., page 320).
MON DIEU (être hors des), ni beau, ni laid.
MONGNAN, chaudronnier ambulant. Ce mot vient peut-être, par quelque chemin détourné, de l'italien magnano, serrurier.
MONGNE, soufflet. Ex.: Donnez-lui une mongne, s'il pleure.
MONGNER, donner des mongnes.
MONNÉE, blé qu'on porte au moulin, ou farine qu'on en rapporte. B.-N.
MONNIER, meunier.
MONSIEU, monsieur.
MONT, tas, monceau. P.
MONTARDE, moutarde. Un professeur du collége des jésuites, à Dijon, mit un jour l'énigme suivante au tableau: Multùm tardat Divio rixam. L'inscription parut séditieuse, mais chaque mot expliqué calma les jugements prématurés: multùm, moult (vieux mot français qui signifie beaucoup), tardat, tarde, Divio, Dijon, rixam, noise; ce qui donne: Moutarde dijonnoise (Glossaire des Noels bourguignons, de Bernard de la Monnoye, au mot Moutarde.)
MONTEUX (pied), pied gauche du cheval, du côté qu'on monte.
MONTON, mouton.
MONTRER, enseigner. Ex.: Je lui montrerai l'algèbre.
MORCET, morceau.
MORCIAU, morceau.
MORDIENNE (à la bonne), simplement, sans façon.
MORFILE (avoir du), se dit d'un couteau dont le taillant n'a pas été adouci par la pierre, après avoir été aiguisé sur la meule.
MORICAUD, noir.
MORNIFLE, soufflet.
MORZIEU! espèce de juron.
MOUCHES A MIEL, abeilles. Lorsqu'il meurt une personne dans la maison de celui qui possède des ruches, on a l'habitude de placer à chaque ruche un morceau de tissu noir, afin de faire faire le deuil aux abeilles, sans quoi, dit-on, elles mourraient. Nous ignorons ce qui a pu donner lieu à cette crédulité; mais nous pouvons assurer que nous avons eu la preuve qu'elle ne reposait sur aucun fondement.
MOUCHET, amas, monceau. B.-N.
MOUCHEUX, mouchoir.
MOUCHEUX-DE-COS, cravate.
MOUCHIAU, monceau.
MOUFFLES, gros gants de peau dont on se sert pour se préserver les mains en coupant les épines et en réparant les haies. B.-N.
MOUFLU. Se dit d'un pain ou d'un gâteau bien levé. P.
MOUILLES, moules.
MOULÉ. Imprimé. H.-N.
MOULÉE, sciure de bois.
MOUQUE, mouche.
MOUQUE-A-MIET, mouche à miel, abeille.
MOUQUER, moucher. Ex.: Mouquez la chandelle.
MOUQUERON, moucheron.
MOURMAUD, morose.
MOURON, salamandre terrestre. B.-N.
MOUSIEU, monsieur.
MOUSIEU (poire de), bonne à manger; précoce.
MOUSSE (rose), rose moussue.
MOUTARD, petit garçon.
MOUTE, chatte. H.-N.
MOUTON, poire à manger; assez précoce.
MOUTURE, orge ou avoine moulus grossièrement pour donner dans l'étable aux porcs ou autres bestiaux. D'après M. L. Delisle, on entendait, au moyen-âge, par mouture, le blé de qualité moyenne (Etudes, etc., p. 520.)
MOUVETTE, cuiller de bois qui sert à remuer les sauces. B.-N.
MOUYEU, noyau de noix, de cerise, etc.
MOYEN (être), être faible, malade.
M' S', mes; devant une voyelle.
MUCHER, cacher. P. Du vieux verbe musser.
MUCHE-TAN-POT (à), en cachette. D'après M. Hécart, ce mot vient de ce que certains marchands vendaient de la bière à meilleur marché que leurs confrères; mais comme ils ne payaient pas de droit, il fallait l'emporter en cachette, mucher san pot. P.
MUCRE, humide. B.-N.
MUID, tonneau contenant quarante-deux veltes.
MULE. Voy. Meule.
MULETTE, estomac intérieur.
MULON. Voy. Meule.
MULOT, pomme à cidre; précoce.
MURES, fruits de la ronce. Nous croyons voir là un fait à l'appui de l'opinion de M. L. Delisle qui, en donnant le détail des arbres et arbustes de la Normandie, au moyen-âge, se demande si la ronce ne se serait pas appelée mûrier (Etudes, etc., page 358).
MURISON, maturité. P.
MUSETTE, musaraigne; petit mammifère qu'on regarde à tort comme dangereux.
MUSOTTER, s'occuper à peu de chose.
MUYEU, meilleur.
NA! parbleu, certainement. B.-N. P.
NABOT, de petite taille. P.
NACHE (morceau de), morceau de fesse de bœuf ou de vache. Ce mot vient du latin nates, et se trouve dans un acte de 1342, relatif à un seigneur d'Auvilliers qui maltraita un clerc, «le despéçant avec ses espérons par les naches et par les gambes et par tout le corps» (Revue de Rouen, 1840, 2me semestre, p. 91).
NACTIEUX. Voy. Futeux. P.
NANAN, chose excellente à boire ou à manger. P.
NANETTE, Anne.
NANÉS ou NANINS. Ce mot est souvent employé pour répondre à une personne qui adresse une question indiscrète. Ex.: Que portes-tu, mon ami, dans ton panier?—Des nanins pour souffler au c... des demandeux. Cette réponse est pour ainsi dire stéréotypée, et s'adresse indistinctement à toute demande faite sans discrétion. Cette expression aurait-elle quelque rapport avec le mot espagnol nenes, petits enfants; ou plutôt, n'est-elle pas la traduction du latin neniæ, bagatelles, contes dont on amuse les enfants?
NANON, Anne.
NASIAUX, narines du cheval, de la vache, etc.; de nasus, nez.
NAU, feuille de plomb ou de zinc qui se place à l'angle rentrant d'une couverture en ardoises, pour servir de gouttière.
NE, ni. Ex.: C'est un impie qui ne craint ne Dieu, ne vierge Marie. P. Ce mot est ancien.
NÊLE, nielle. P.
NENTILLE. Voy. Judas.
NENTILLES, lentilles. P.
NEU, neuf. P.
NEYER (se), se noyer. P.
NIANT, homme simple; néant, en fait d'intelligence.
NICHEUX, œuf qu'on laisse dans le nid des poules pour les engager à venir pondre. Parfois on taille un morceau de marne, en forme d'œuf, pour servir de nicheux. Les Picards disent un nichouère.
NIÈVRE, mutin.
NIFE, clair. Ex.: Ce cidre est bien nife.
NIQUEDOIULLE, niais. B.-N.
NITÉ (de), de naissance; à nativitate. Ex.: Il est sourd de nité.
NIVELOTER, s'amuser à des riens. B.-N.
NIXE! non pas! P.
NO, notre, nous, nos, et quelquefois ma. Ex.: No femme est malade.
NOCER, faire bombance. P.
NOCEUR, qui fait bombance. P.
NOEUD-GABRIET, cartilage thyroïde; nœud de la gorge. On dit d'un homme qui a trop mangé: Il en a jusqu'au nœud-gabriet. H.-N.
NOIRET, tirant sur le noir.
NOIROT. Voy. Noiret.
NOIRQUIN (homme), dont le teint est un peu noir.
NOM-DES-OS! juron. P.
NON-FAIT, non, pas du tout. B.-N. Négation absolue.
NONOSTANT, nonobstant.
NOQUE, brèche à un taillant; légère entaille à un bâton comme font les boulangers pour tenir note des pains qu'ils fournissent.
NOROLLE, brioche, gâteau. Ce mot est assez ancien.
NOS, nous; devant une voyelle. P.
NOSTRUM (perdre le), ne plus savoir où l'on en est de ce qu'on fait.
NOT, notre. Dans ses notes sur Vaugelas, Corneille fait remarquer que l'r ne se fait presque point sentir dans notre et votre.
NOUÉ (enfant), qui se devient mal. P.
NOURTIER, veau qu'on achète pour l'engraisser.
NOURTIER (bon), qui nourrit bien ses bestiaux. P.
NOURTURE, nourriture.
NOUVIAU, nouveau. P.
NUNNE-PART, nulle part. P.
NUNUS, riens, bagatelles, H.-N. P. De neniæ.
NUROLE. Voy. Norole.
O, on. Ex.: O ne sait plus à qui se fier. P.
O, où, Ex.: O voulez-vous allez?
O (il), il a. P.
OBLIER, oublier.
OBSERVER, faire observer. Ex.: Je vous observe qu'il était soir.
OCLE. Voy. Noque.
OCORE, encore.
ŒILLÈRE (dent), dent canine supérieure qui se trouve sous l'œil. H.-N.
OGNON, poire précoce.
OIN, oui; dans un sens ironique. P.
OIR, oie mâle.
OIRESSE, oie femelle.
OL', on le, Ex.: Est-ce vrai comme ol' dit?
ONCHE, once. P.
ONGUES, ongles. P.
ONNI, uni.
ONZIN, amas de gerbes au nombre de onze, sur lesquelles la onzième servait, dit-on, à payer la dîme. Aujourd'hui on ne réunit les gerbes que par lots de dix, sous le nom de dizeau.
O Q'C'ET, quelque part; où que c'est. Ex. Je l'ai mis o q'c'et, mais je ne le trouve pas.
ORANGE (eau de fleur d'), eau de fleurs d'oranger.
OREILLE, partie mobile de la petite charrue, qui se place auprès du soc et se change de côté, à chaque raie, pour élargir le sillon. La grande charrue a deux oreilles qui sont immobiles et qu'on désigne sous le nom de petite et grande oreille.
ORGERI, champ où l'on a récolté de l'orge.
ORILLER, oreiller.
ORMOIRE, armoire. P.
ORTILLER, frotter avec des orties.
ORTILLONS, doigts des pieds; diminutif d'orteil.
ORVÈRE, orvet. H.-N.
OS, vous. Ex.: Os êtes bien curieux. P.
OSCUR, obscur. P.
OSIAU, oiseau.
OSIÈRE, osier.
OU, que. Ex.: C'est là où je demeure.
OUAICHE (que je), que j'aille. Ex.: Il faut que je ouaiche au bois.
OUÊTCHE? où est-ce?
OUI (pour cha), oui; formule très-affirmative. H.-N.
OUICHE! Exclamation dont on se sert pour témoigner qu'on a froid.
OU Q'C'EST? où est-ce?
OURDON, largeur de grain que le faucheur abat à chaque javelle.
OUTARDES (aller aux), chasse aux oiseaux qui se fait de différentes manières, pendant les nuits obscures de l'hiver, à l'aide d'une lanterne.
OUTEUX. Voy. Auteux.
OUVRIER (jour), jour ouvrable.
PAFFE! Exclamation de celui qui voit donner ou recevoir un soufflet.
PAGIE, pan de muraille. B.-N.
PAIE! Expression dont on se sert pour exciter un chien à manger ce qu'on lui présente. Ex.: Paie, Médor! Paie! Paie!
PALER, parler.
PALETTE, pelle à feu.
PALIER, lieu ou l'on dépose les assiettes. Voy. Ménager.
PAIN-M'NIT, pain bénit.
PAMPHILE, espèce de jeu de cartes; nom qu'on donne au valet d'atout, à ce jeu.
PAN, pain. P.
PANCHE, panse. P.
PANCHÉE (s'en donner une), manger avec excès.
PANCHU, qui a une grande panche.
PANÉE, pan d'un habit. H.-N.
PANTALONS (mes), mon pantalon; a moins qu'on ne parle de plusieurs.
PAPIN, bouillie pour les enfants. P. Ce mot vient du latin pappare.
PAQUE-FLEURIE, dimanche des Rameaux. Le nom de Pâque-Fleurie est sans doute un souvenir de l'usage où l'on était jadis de joncher de verdure et de fleurs, en ce jour, les rues par lesquelles devait passer la procession.
PAQUER, faire ses pâques.
PARAI, muraille; de paries.
PAR-APRÈS, après, ensuite. B.-N. P.
PARAPHE (une), un paraphe.
PARCIE, repas qu'on donne aux moissonneurs après les travaux de la moisson; ordinairement on y boit à tire-larigo. B.-N.
PARDIÉ! espèce de juron; par Die, par Dieu. C'est le por Dios des Espagnols, et le per Dio des Italiens. Les anciens Normands juraient aussi par Dieu, en se servant de l'expression anglaise: by God (Revue de Rouen, 1839, page 14).
PARÉ (cidre), bon à boire.
PAR-ENSONS, par-dessus. Ex.: Jette-moi ton couteau par-ensons la haie.
PARER UNE POMME, peler une pomme ou un autre fruit.
PARÉSINER, se dit de celui dont la main tremble.
PARFINIR, donner la dernière main à un ouvrage. B.-N.
PARINAGE. C'est ainsi qu'on appelle le parrain et la marraine qui accompagnent l'enfant qu'on porte à l'église pour recevoir le baptême. P.
PARIURE, pari.
PARLER (se). En parlant de jeunes gens qui se font la cour pour se marier, on dit: Ils se parlent. H.-N.
PARLER (se), parler avec affectation. H.-N. Les deux verbes suivants ont la même signification.
PARLOCHER (se).
PARLORER (se).
PARMI (le), le milieu. Ex.: Mets ta carte dans le parmi du jeu.
PARTAGEUX, qui demande le partage des biens. P.
PAS? n'est-ce pas?
PAS-DE-CAT, lierre terrestre. On lui a sans doute donné ce nom à cause de la forme de ses feuilles.
PAS-DE-CAT, espèce de gaffe à trois dents, attachée au bout d'une corde, qui sert à retirer les seaux qui tombent dans un puits.
PAS-MOINS, néanmoins. P.
PASSAGE. Voy. Passeux.
PASSAGÈRE (rue), passante. P. H.-N. B.-N.
PASSÉ-DE-CHALEUR, très-échauffé. H.-N.
PASSEUX, espèce de barrière immobile qui sépare les herbages, et qu'il faut franchir quand on suit les sentiers qui traversent fréquemment les prairies et bouveries du pays de Bray.
PASSÉE-D'OUT. Voy. Parcie. H.-N.
PASSE-POMME, espèce de pigeon d'été.
PAS-VRAI? n'est-ce pas vrai?
PATACLAS, grand bruit. On rapporte qu'un bon curé, voulant donner à ses paroissiens une idée du bouleversement du dernier jour du monde, commença ainsi: «Si tous les arbres étaient réunis en un seul arbre, ça ferait un bien grand arbre; si toutes les mares ne formaient qu'une mare, ça ferait une bien grande mare; si l'arbre tombait dans la mare, quel pataclas, mes frères!...»
PATALON, pantalon.
PATAR, gros deux sous. Le patar était une ancienne pièce de monnaie qui fut frappée sous Louis XII; d'un côté, on voyait deux fleurs de lis sur la même ligne, et au-dessous, un P et une croix; de l'autre côté, une croix à branches égales, placée sur un P. On a voulu voir dans ces P l'initiale du mot patar; mais ce doit être celle de provincia (Univers pittoresque, France, tome X, page 372). M. l'abbé Corblet parle d'un patar du Brabant, de la valeur de quinze deniers tournois, qui offre la figure de saint Pierre sur une de ses faces. P.
PATÈRE (un), une patère.
PATIS. Voy. Larris. P.
PATOUF (gros), gros lourdaud.
PATRAQUES, paperasses.
PATRÈS (envoyer ad), faire mourir. P.
PATRON (faire son), tomber dans la neige ou dans la boue.
PAURE, pauvre; employé adjectivement devant une consonne. P. Ex.: C'est un paure malheureux.
PAUVERTE, pauvreté. P.
PAUVRESSE, mendiante.
PAYS, PAYSE, compatiote. P.
PECUNE, argent, monnaie. P.
PEDRIX, perdrix.
PEINE DE VIVRE (prendre), en parlant de personnes qui travaillent et sont économes.
PEINTRE, espèce de limace qui se rencontre dans les caves et laisse sur son passage une matière gluante qui peint sa route.
PELARD, bois de chêne dont on a enlevé l'écorce. H.-N.
PÊLE, poêle à frire.
PELÉE, ce qu'on peut porter sur une pelle.
PELETTE, pelle à feu.
PELLUCHE, pelle en fer.
PÉLOT, palet.
PENDRE QUE DE (ne), rester à faire. Ex.: La table est servie, il ne pend que de dîner. H.-N.
PENSER, faillir. Ex.: Il a pensé tomber. H.-N.
PÉPÈRE, vieillard. P.
PÉPIN-FAVART, pomme à couteau; espèce de calville.
PÊQUE, pêche.
PÉQUENCER, bavarder.
PÉQUENCIER, PÉCANCIÈRE, qui péquence.
PÊQUER, pêcher, aller à la pêche.
PÊQUER, marcher sur, dans.
PERCHER, percer. P.
PERDU (sentir le), être sur le point de perdre.
PÉRETTE, jeune fille folâtre.
PÉRI, péril.
PERQUE, perche.
PERSIN, persil. P.
PÉSACHIS, nom sous lequel on désigne les semailles et récoltes de pois, vesce et lentilles.
PÉSAS, tiges de pois ou de vesce liées en bottes après le battage.
PÉSERI, champ où l'on a récolté des pois.
PESOUT, homme grossier et sans intelligence.
PESTER, être contrarié.
PET! paix! pour imposer un silence absolu.
PÉTIÈRE, ouverture qui se trouvait au haut de la culotte, par-derrière, avant qu'on fit usage de bretelles; cette ouverture était plus on moins serrée à l'aide d'un cordon ou d'une boucle. Nous n'oublierons jamais, en entendant prononcer le mot de pétière, l'embarras et l'agitation d'un brave homme que nous avons connu, dans la culotte duquel un mauvais plaisant avait introduit une grenouille, par la pétière.
PÉTIOT, PÉTIOTE, petit, petite.
PETITS! PETITS! PETITS! cri pour appeler les poules.
PÉTOCHER, en parlant des enfants qui font du bruit en marchant.
PÉTONNIÈRE, bout de sureau dans lequel les enfants introduisent deux balles de filasse, dont l'une chasse l'autre par la pression de l'air; ce qui produit un bruit semblable à une légère détonation.
PÉTOTS, petits pieds.
PETRIR (auge à) V. Mêt.
PEU (un petit), très-peu.
PEU (un tant soit), excessivement peu, si peu que ce soit.
PEUPLE, peuplier. H.-N. P.
PHYSIQUE (beau), belle physionomie.
PIAFFE, coquetterie. H.-N.
PIAFFER, mettre de la recherche dans sa toilette.
PIAFFEUX, PIAFFEUSE, coquet, coquette. H.-N.
PIAI, pied. Dans un acte de 1356, il est question d'un espasce de trois piez à pié main. Au siècle précédent, on rencontre encore cette mesure sous le nom de pedes manuales, pedes ad manum. «Quoique cette expression figure dans un assez grand nombre de textes, dit M. L. Delisle, le sens n'en est pas encore déterminé avec certitude» (Etudes, etc., p. 530). Nous croyons que le pied-main est une mesure approximative encore très en usage, parmi les ouvriers de la campagne, quand il s'agit d'opérations qui ne demandent pas une grande exactitude dans les appréciations. On prend un bâton de petite grosseur, plus ou moins long, selon l'étendue de l'objet qu'on veut mesurer; on le place horizontalement devant soi, en le tenant dans ses deux mains, les doigts fermés en dessous; on éloigne ensuite les mains l'une de l'autre jusqu'à ce que les deux pouces, allongés contre le bâton, se touchent par le bout; alors on obtient le pied-main, c'est-à-dire que la longueur du bâton renfermée dans les mains représente à peu près un pied.
PIAN-PIAN, lentement. P.
PIANE-PIANE (aller), marcher doucement; de l'italien piano.
PIANT, PIANTE, personne malpropre, qui sent mauvais.
PIARD (cheval), blanc et noir comme certaines vaches; couleur de la pie.
PIAU, peau. P.
PIAUCER, écorcher, enlever la piau d'un animal. On dit aussi: Faire piaucer un animal par un chien, pour signifier: le faire mordre, lui faire arracher la peau.
PIAULARD, pleurnicheur. P.
PIAULER, pleurnicher. P. Se dit aussi du gloussement de la dinde.
PIÈCHE, pièce.
PIÈCHE, aucun. Ex.: Combien as-tu de chapeaux?—Pièche.
PIEDSENTE, sentier par lequel on passe à pied.
PIERROT, coiffure de femme, dont le fond est très-élevé et chargé de plis, ainsi que les deux espèces d'ailes qui se prolongent sur les épaules.
PIÉTAIN, tumeur qui se forme dans la bifurcation du pied des moutons. P.
PIF, gros et long nez. B.-N. P.
PIGEON, pomme a manger.
PIGNÉ (bien, mal), bien ou mal ajusté, habillé.
PIGNER, peigner.
PIGNOCHE, cheville. B.-N.
PILAGE, brassage.
PILE (donner une), donner une rossée. B.-N. P.
PILER, brasser les pommes. B.-N.
PILER SUR, marcher sur. Ex.: Vous me pilez sur le pied. H.-N.
PILON. Voy. Grageux.
PIMPERNELLE, pimprenelle. P.
PINCHARD, pinson.
PINCHER, pincer.
PINCHES, PINCHETTES, pincettes.
PINGEON, pigeon. P.
PINGRE, avare. P.
PIONE, pivoine. P.
PIOS! PIOS! PIOS! cri pour appeler les porcs.
PINOS! PINOS! PINOS! cri pour appeler les dindons.
PIOT, PIOTE, enfant, petit, petite. P.
PIPET, fétu à l'aide duquel on aspire un liquide. B.-N.
PIPIE, pépie.
PIPIE (avoir la), avoir soif.
PIQUETS, mouillettes.
PIRE (aussi), aussi mauvais. B.-N.
PIRE (avoir du), être le plus faible dans une lutte.
PIS, puits où l'on puise de l'eau.
PIS, mamelle de vache, de cheval, etc. B.-N.
PISSON, urine.
PLACHE, place. P.
PLACHER, placer.
PLACHEUX, offrant des places où il n'y a rien. Ex.: Ce blé est placheux.
PLAIDEUX, plaideur. Ce mot est d'un usage fréquent dans le pays de Bray, comme dans le reste de la Normandie. Cependant nous n'en sommes plus au temps de Jacques de Camprond qui composa, en 1597, le Psautier du Plaideur, dédié au Parlement de Rouen. Un vrai Normand ne mourait pas en ce temps-là sans avoir eu un ou plusieurs procès, et le livre du curé d'Avranches était le Vade mecum de l'époque. Pour comprendre l'esprit processif de nos bons aïeux, il suffit de se rappeler le grand prochez meu par un nid de pie, sur lequel le Parlement de Normandie eut à se prononcer en 1629. Pendant que les avocats déployaient leur inépuisable faconde, les petits piards faisaient défaut aux parties et les mettaient d'accord, en abandonnant le nid. Aujourd'hui, on plaide moins souvent qu'autrefois; cependant on assure qu'on rencontre encore çà et là de vrais plaideux aussi familiarisés avec le pétitoire, le possessoire, le déclinatoire, le récursoire, etc., qu'un vieil huissier. C'est peut-être par allusion à cet esprit de chicane qu'on a dit que: en Normandie, si l'on jette un nouveau-né contre une glace, il trouvera moyen de s'y accrocher.
PLAISI (au), au revoir; au plaisir de vous revoir. P.
PLANCHE DU PIED, plante du pied. H.-N.
PLANCHÉ (lieu), planchéié.
PLANQUE, planche. P.
PLANQUETTE, planche placée sur un petit ruisseau pour servir de pont. P.
PLATÉE, ce que contient un plat.
PLATE-FORME, sablière. H.-N.
PLATINE, langue sans frein. Ex.: Quelle platine!
PLAUDE, BLAUDE, blouse. Il n'y a pas encore longtemps qu'on désignait sous le nom de plaude, une espèce de longue redingote en toile grise que portaient les vieillards peu aisés. Il doit exister beaucoup de rapport entre ce vêtement et le blialt du XIe siècle, dont il est question dans la chanson de Roland.
PLAUDER. Voy. Piaucer.
PLEIN (tout), beaucoup. Ex.: Il a tout plein de chagrin. P. B.-N.
PLEU-PLEU, pie-vert; ainsi nommé par onomatopée.
PLEUVER, pleuvoir.
PLEUVERE. V. Pleu-Pleu.
PLI, levée de cartes. P.
PLION, pièce de bois qui sert à maintenir le coutre d'une charrue dans la position nécessaire; on change le plion de côté, à chaque sillon. Ce mot est aussi très-usité dans le sens de ployon.
PLOTER (se), se jouer ou se battre à coups de pelotes de neige.
PLOUTRE, pêne d'une serrure.
PLOYON, bâton pliant qui sert pour les couvertures en paille. P. Voy. Plion.
PLUCOTER, se dit des volailles qui cherchent, qui épluchent les grains perdus devant les granges.
POUAC! pouah!
POCHER, espèce de jeu de pair ou non, où l'on gagne des noix et du pain d'épice aux fêtes de villages, surtout aux Choules.
POGNE (avoir une bonne), serrer fort avec la main; du latin pugnus, poing.
POGNIE, poignée.
POIGNÉE (dernière). A la fin de la moisson, on réserve une poignée de blé à laquelle on en ajoute une autre artistement tressée et un bouquet. Alors les moissonneurs vont inviter la maîtresse de la ferme à venir les aider à finir à blé; et, quand on est arrivé au lieu où la dernière poignée a été préparée, on danse une ronde et l'on vide une bouteille de gros cidre, en mangeant une galette. Ensuite, on présente une faucille enrubannée à la fermière, et, au moment où elle s'avance pour scier la riche poignée, les moissonneurs s'arment de fusils qu'ils avaient cachés sous les javelles, et une première décharge a lieu. Mais parfois la dernière poignée n'est pas facile à couper, et chacun dit son mot: Voilà du blé qui est bien dur.... La faucille ne coupe pas.... Madame ne sait pas son métier.... Le moidoux ne se ferait pas vite de ce pas-là.... Il y a du sorcier.... Allons, courage! Enfin, la maîtresse se redresse et paraît renoncer au succès, lorsqu'un vieux grognard s'avance: Pardon! la maîtresse; m'est avis qu'il a poussé là quelque chose depuis tantôt.... Et il retire une branche qu'il avait fourrée au milieu de la poignée de blé. On danse une nouvelle ronde; on vide une seconde bouteille; on fait encore une décharge, et l'on regagne la ferme, où un bon dîner est préparé, ainsi qu'une récompense pour les bonnes gens qui ont offert la dernière poigneé. Pendant le reste de la journée, les moissonneurs n'ont d'autre occupation que de tirer des coups de fusil, manger et surtout boire. Un jeune garçon, interrogé sur le plaisir qu'il avait eu dans une des circonstances que nous venons de décrire, répondit: On a eu du bon temps, mais on était crévé pour verser à boire.
POIRES DE TERRE, topinambours. H.-N.
POIRIONS, verrues.
POISON (vieille)! Terme injurieux.
POLON, Napoléon.
POLYTE, Hippolyte.
POMMAGE (bon, mauvais), bonne ou mauvaise nature de pommes dans un herbage. B.-N.
POMMEROLES, primevères. B.-N.
POMON, poumon. H.-N.
POMONIQUE, pulmonique.
PONCHET, coquelicot.
PONNU, pondu.
POPOT, POPOTE, petit garçon, petite fille, poupée.
POR, pour. P.
PORÉSINE, poix-résine.
PORETTE, jeunes poireaux à repiquer. H.-N.
PORIONS. Voy. Poirions. P.
PORQUER, qui garde les porcs.
PORTRAIT (tirer en), faire le portrait, peindre. H.-N.
PORSUIRE, poursuivre. P.
PORTE-COS, espèce de joug qui sert aux servantes de ferme a porter des seaux.
PORTEUX DE LETTRES, facteur rural de la poste. H.-N.
POT, ancienne mesure qui contient deux chopeines.
POT, pièce de charpente qui supporte les sommiers. H.-N.
POTAYE, potée.
POTICHE, cuisine de pauvres gens. H.-N.
POTIN, bavardage inutile.
POTINER, faire des remontrances à contre-temps.
POTINIER, POTINIÈRE, qui potine.
POTUIT, porte d'une cour, placée entre deux pôts et surmontée d'une petite couverture par laquelle on ne passe qu'à pied.
POU, pour.
POUANT, faiseur d'embarras. P. Malpropre.
POUCHE, petit sac.
POUCHINÉE, couvée d'une poule.
POUCHINIÈRE (la), les pléiades.
POUILLARD, vaurien. B.-N. Perdreau trop jeune pour être tué.
POULAIN. On nomme ainsi ce qui s'échappe d'un œuf cuit dans les cendres, quand la chaleur fait crever la coque.
POULE-D'INDE, dinde.
POULET-D'INDE, dindon.
POULIER, poulailler.
POULINÉE, fiente des poules. H.-N.
POULIOT, pièce de bois mobile placée à l'extrémité postérieure d'un chariot ou d'une charrette, sur laquelle s'enroule la liache.
POULOT, jeune enfant; de pullus. Dans le grec moderne, on emploie encore, dans la forme patronymique, l'expression poulo, quand on veut joindre le nom individuel du fils à celui du père. C'est comme mac, en Écosse; o, en Irlande; ap, dans le pays de Galles; fitz, son, en, en anglais; vitch, dans les langues russes; ez, en espagnol; oglou, en turc. etc. (Encyclopédie du XIXe siècle, vol. 33me, p. 230). B.-N. P.
POUQUE. Voy. Pouche.
POUQUETTE, poche, petite pouche.
POUQUETTE (faire), mettre en cachette des fruits ou autre chose à sa poche, quand on n'a plus faim.
POURCACHER, en parlant des animaux qui poursuivent les autres pour les empêcher de manger.
POURLÉQUER (se), se lécher les lèvres après avoir mangé quelque chose de bon. P.
POURPE (le), suette militaire.
POURVANE, ration d'avoine ou de son qu'on donne aux chevaux et aux vaches. H.-N.
POUSSE-POUSSE, jeu d'enfant. Les deux joueurs ont chacun une épingle qu'ils poussent l'une contre l'autre, jusqu'à ce que l'une des deux reste sur l'autre; alors celle du dessous devient la propriété du gagnant.
PRÊCHEUX, prédicateur. P.
PREMIER QUE (au), jusqu'à ce que.
PRÈS, près de, près du. Ex.: Il demeure près l'église, près le boulevart, etc.
PRESSEUX, pressoir; lieu où l'on pile et où l'on presse les pommes.
PRÈT (attraper son), lever un fardeau trop lourd et gagner une hernie. En parlant d'une fille de conduite équivoque, qui se trouve enceinte.
PRÈTE, prêtre.
PRÉTINTAILLES, petits grelots qu'on attache au collier des chevaux des rouliers et de ceux qui conduisent les diligences.
PRINS, PRINSE, pris, prise. P. On dit qu'une fille est prinse, quand elle est enceinte.
PRINSE, prise de tabac.
PRINSSEUX. Voy. Presseux.
PRIVÉ, lieu d'aisance.
PRIVÉ (animal), apprivoisé. P.
PTIOT. Voy. Piot. P.
PU, plus.
PUCHE, puce.
PUCHER, puiser. Ex.: Puchez de l'eau dans le seau. P.
PUCHOT, lieu où l'on puise de l'eau dans une mare.
PUCHOT, altise; espèce de caléoptère qui vit sur le colza et les pois, auxquels il cause un grand tort. H.-N.
PUFINE, excrément humain.
PUISSANT (homme), gros et gras. H.-N. P.
PURE, peur.
PURÉE (porter la), être grondé, pour un autre, sans l'avoir mérité.
PURER, presser dans ses mains un linge mouillé pour le faire égoutter; des groseilles pour en obtenir le jus. H.-N.
PURGE, purgation.
PUS, plus.
PUTEAU, mare qui reçoit l'égoût du fumier. On dit aussi putet.
PUTIER, homme débauché.
Q'MENCHER, commencer.
Q'MIN, chemin. Le mot quemin était très-usité au moyen-âge.
Q'MINAYE, cheminée.
QUANTES (toutes fois et), quand on voudra. H.-N.
QUART-D'HEURE (pour le), pour le moment. H.-N.
QUARTE, quart du boisseau.
QUART-MOINS DE, quinze minutes avant l'heure. Ex.: Il est le quart-moins de dix heures, c'est-à-dire neuf heures quarante-cinq minutes. H.-N.
QUARTRON, le quart d'un cent, ou plutôt vingt-six, selon l'usage consacré. Pour les fruits, le quartron s'étend même jusqu'à trente-deux.
QUASIMENT, presque; du latin quasi. B.-N. P.
QUATE, quatre.
QUATRE FERS D'UN QUIEN (ne pas valoir les), ne valoir rien. Ex.: Il ne vaut pas les quatre fers d'un quien.
QUATRE-VINGT-DIX-NEUF COUPS (avoir fait les), avoir mené une vie aventureuse et déréglée.
QUÉ? qu'est-ce? Ex.: Qué quo dites?
QUENAILLE, canaille. H.-N. On emploie aussi cette expression en bonne part, en parlant aux enfants. Ex.: Embrasse-moi, quenaille.
QUÊNE, chêne. P.
QUENOT, petit chien.
QUÊNOT, petit chêne.
QUENOTTER, mettre bas; en parlant d'une chienne.
QUETOU, cochon.
QUETOUS! QUETOUS! QUETOUS! cri pour appeler les porcs. H.-N.
QUEUE DE LEU (à la), l'un derrière l'autre.
QUEUQUE, quelque.
QUEUQU'UN (un), quelqu'un.
QUÈVRE, chèvre.
QUÉVRON, chevron.
QUI, qu'il, qu'ils.
QUIACHE, excréments des oiseaux; scorie du charbon de terre.
QUIARD. Voy. Berneux.
QUIEN, chien.
QUIEN DE FEU, chenet.
QUIEN DE TERRE. Voyez Mans.
QUIEU? quel, quelle?
QUIOLE, diarrhée.
QUIOT, QUIOTE. Voy. Piot.
QUO, que vous. Ex.: Je crois quo mentez.
QUO. Employé dans les phrases interrogatives, pour suppléer à l'inversion. Ex.: Où quo z'allez? D'où quo venez? H.-N.
Q'VA, Q'VAS, cheval, chevaux.
Q'VEUX, cheveux.
Q'VILLE, cheville.
RABÊTIR, rendre stupide. P.
RABIENNER, réconcilier.
RABISTOQUER, raccommoder de vieux habits et de vieux meubles. P.
RACACHER, ramener les bestiaux à l'étable. P.
RACAILLE, mauvais bestiaux, mauvaises gens. Nous croyons voir un grand rapprochement entre ce mot et le terme de mépris raca, dont il est parlé dans l'Evangile, et qui était en usage du temps de J.-C. Le mot raca, ou plutôt reca, vient de l'hébreu RIK, et signifie à peu près: tête légère. Aussi le Sauveur déclare-t-il que celui qui adressera cette injure à son frère, sera seulement cité devant le conseil, tandis que celui qui lui dira: Vous êtes fou, méritera l'enfer.
RACCOLER, entraîner quelqu'un avec soi.
RACCROC (par), après coup.
RACHINNE, racine.
RACLÉE, volée de coups de bâton. P.
RACOIN, recoin.
RACCOURCHIR, rendre plus court.
RACCROCHER. Voy. Raccoler.
RACCROCHER (se), se dédommager d'une perte, en gagnant d'un autre côté.
RADOUBLER, revenir sur ses pas. B.-N.
RADRECHER, RADRESSER, recommencer, réussir dans une entreprise où l'on avait échoué d'abord. H.-N.
RAFISTOLER, raccommoder grossièrement. H.-N. P.
RAFOURÉE, portion de fourrages qu'on donne aux bestiaux pour un repas.
RAFOURER, donner à manger aux vaches et aux moutons dans l'étable. P.
RAFULER, coiffer. P. Donner un soufflet.
RAGACHE, qui parle sans cesse et veut toujours avoir raison. H.-N.
RAGUISER, aiguiser. P.
RAIE, sillon de charrue.
RAILE DU DOS, épine dorsale.
RAILER, rayer, faire des raies sur quelque chose.
RAILETTE, milieu des cheveux sépares en natte sur le front.
RAINCHÉE, rossée.
RAINE, grenouille; de rana. B.-N. P.
RAISONNER, répondre mal à une personne qui vous fait une remontrance ou vous reprend.
RAISONS (avoir des), être abondant en paroles. Avoir des altercations.
R'ALLER, aller de nouveau. H.-N. Je r'vais, je r'allais, j'ai r'été, je r'irai, etc.
RALLONGE, allonge.
RAMARRER, rejoindre par un nœud les deux bouts d'une corde.
RAMBOURG, très-grosse pomme à couteau. Ces pommes ont commencé à être connues à Rambures (Somme). Charles Etienne en a peut-être fait un éloge un peu exagéré dans son Seminarium.
RAMENDER, se vendre moins cher, aller mieux; en parlant d'un malade. B.-N.
RAMENDEVER, rappeler; même signification que le vieux verbe français ramentevoir.
RAMOUCHELER, mettre de nouveau en mouchet.
RAMOUDRE, ramoner. Aiguiser un tranchant.
RAMOULEUX, ramoneur. Émouleur.
RAMUCRIR, rendre mucre.
RAN, bélier, P. B.-N.
RANCER, avoir la respiration gênée et bruyante.
RANCANGNÉ; se dit d'une personne qui regarde en dessous et dont la figure n'a rien d'attrayant.
RANDIR, rôder, tourner autour. P.
RANDON, babil ennuyeux, revenant sans cesse sur le même sujet. H.-N.
RANDONNER, rôder, aller et venir dans un endroit. Bouillir trop longtemps. B.-N.
RANDONNAGE, action de randonner. P.
RANDOUILLER; en parlant d'un mets qui reste trop longtemps sur le feu.
RANQUEUX, animal de rebut, qui se devient mal.
RAPARILLER, rappareiller.
RAPENSER (se), se souvenir.
RAPIAMUS (faire), enlever tout; du latin rapere, enlever. P.
RAPINEUX, qui vit de rapines. P.
RAPOUSSER, rendre ce que l'on avait reçu.
RAPPORT A, à cause de. Le T ne se fait pas sentir. Ex.: Nous dinerons à deux heures rappor à vous. H.-N.
RAPSAUDER, dire des rapsodies. P.
RAPTI, tiges de colza, dont on a enlevé la graine.
RAS-DE-TERRE (à), à rez-terre.
RASEUX, rasoir.
RASIÈRE, demi-hectolitre; mesure pour les pommes et les grains. B.-N.
RASSIÈRE, rasseoir.
RASSIR, rasseoir. P.
RASSOTER, raffoler. P.
RATATINÉ (homme), gros et de petite taille.
RATATOUILLE, fricassée grossière. P.
RAT-BAILLOT, lérol.
RATELAGE, ce qu'on ramasse dans un champ ou une prairie, à l'aide d'un rateau, quand la récolte est recueillie.
RATELLE, grand rateau qui sert à recueillir les épis échappés aux moissonneurs.
RAT-LÉROT. Voyez Rat-Baillot.
RATIER, qui fait métier de détruire les rats.
RATIRER, attirer chez soi.
RATISER, attiser.
RATON. Voy. Coraprenant. M. l'abbé Corblet cite une étymologie bizarre de ce nom, extraite d'un manuscrit de la bibliothèque de l'Arsenal: «L'an 893, Dodilo, évêque, alla, accompagné des religieux de Saint-Vaast, jusqu'à Beauvais où avait été transporté le corps de Saint-Vaast, seize ans auparavant, pour le ravage des Normands, et fut rapporté à Arras par l'evêque, avec affluence de peuple, lequel montra grand signe d'allégresse et de dévotion, remerciant Dieu qui leur avait rendu ce précieux trésor sain et entier. Ce fut alors que le peuple, en réjouissance, inventa une espèce de pâte composée d'œufs, de lait et de pain dont ils se regalèrent, ce que depuis lors on a continué de faire tous les ans, le jour de la fête du saint, dans ladite abbaye et dans la plus grande partie du peuple, même jusqu'aujourd'hui, ce que l'on a nommé raton, parce que le peuple, allant au-devant du saint, s'écriait: le raton? le raton? voulant dire: l'a-t-on retrouvé?»
RATOURS, détours. P.
RATTRAPER (se). Voy. Se raccrocher. H.-N.
RATRUCHE, ratissoire.
RATRUCHER, ratisser.
RAVALEMENT, portion de muraille qui dépasse le plancher du grenier. H.-N.
RAVEINDRE, rejoindre. Retirer d'un trou, d'une rivière, d'un mauvais pas, etc. P.
RAVEUGLER TOUT, renverser tout, en cherchant dans une armoire ou ailleurs.
RAVIGOTER, restaurer, faire revivre.
RAVISER, apercevoir. P.
RAVISER (se), revenir sur une détermination. P.
RAVOIR, posséder une seconde fois. H.-N. P. Ex.: Je r'ai, je r'avais, j'ai r'u, je r'érai, etc.
RAYER (se), tracer des lignes au crayon sur le papier, pour les suivre en écrivant.
R'COMMANCHER, recommencer.
RECHEVEUX, grand cuvier qu'on place sous le canal de la faiselle, pour recevoir le cidre nouvellement brassé.
RE. Cette syllabe, au commencement des mots, se prononce ordinairement comme er. Ex.: Ervenir pour revenir, erpos pour repos. P.
RÉBABARATIF (air), air rébarbatif.
REBIFFER (se), se révolter contre. P.
REBLINDER, recommencer.
REBOUQUER, reculer, renoncer à; le plus souvent, ne plus pouvoir manger. H.-N. B.-N.
REBOURS (à la), à rebours.
REBOURS (cheval), cheval qu'on ne peut faire avancer, même à l'aide des coups de fouet les mieux appliqués.
REBOUTEUX, homme qui reboute les os fracturés et soigne les luxations. H.-N. P.
REBROQUER, réparer un mauvais vêtement ou une mauvaise couverture en paille. P.
RÉBROUER, renvoyer rudement. P.
REBULET, produit du blé qui tient le milieu entre la farine et le son.
REBUS (chemins), raffermis après la pluie.
RÉCART (mettre au), mettre au rebut.
RÉCAUFFER, réchauffer. P.
RECAUSER DE, reparler de. H.-N.
RÉCENT (homme), qui n'est pas ivre. P. H.-N.
RECHINCHER, revendeur.
RECHIPPER, pousser de nouveau en cépée. H.-N.
RÉCONFORTER, donner des forces, du courage.
RÉCOPILLE (tout). Voyez Craché (tout).
RECOUPES. Voy. Rebulet.
RÉCOQUILLER, rendre la santé.
RECOUVRIR LA SANTÉ, recouvrer.
RECTA, exactement. P.
RÉCURER, écurer. H.-N.
RÈDE, vite. P.
RÉDILLON, sentier escarpé. H.-N.
REFAIRE, attraper, tromper. P. B.-N.
RÉFORCHER, engager à manger. H.-N.
REFOUIR, fouir une seconde fois. P.
RÉGALER, payer la goutte. Ex.: Régalez-vous aujourd'hui?
REGARDANT (homme), parcimonieux. H.-N. P.
RÉGENCE, petit pain fait au levain de bière. H.-N.
REGLER, avoir la respiration gênée et faire du bruit en respirant.
RÉGLISSE (du), de la réglisse.
RÉGNON (dire son), en parlant du léger bruit produit par le chat avant de s'endormir.
REGOURER. Voy. Gourer.
RÉGUISER, aiguiser.
REIDERIE, engouement pour certaines choses. P.
REIDEUX, qui a des reideries. P.
REJOINDRE, se venger. Ex.: Tu m'as nui, mais je te rejoindrai. P.
RÉJOUI, gai. P.
RELANNER, rosser; signifie peut-être frapper avec une lanière.
RELEVÉE, après-midi. H.-N.
RELEVER, faire ses relevailles. P.
RELEVER UN ACTE, en prendre une expédition. B.-N.
RELICHÉE, rossée.
RELICHER, rosser.
RELIÉE, rossée.
RELIER, rosser.
RELIPPER, boire la part d'un autre.
RELUQUER, regarder longtemps ou plusieurs fois une personne avec inconvenance, ou un objet pour le voler.
REMBARER, riposter avec énergie. P.
REMBRAILER, donner suite à une fête, le lendemain ou le jour de l'octave; signifie peut-être remettre ses braies de fête.
REMBRAILER (se), remettre ses braies, ses pantalons.
REMETTEUX. V. Rebouteux.
RÉMINER, réfléchir, chercher dans son souvenir; du latin reminiscere.
REMIRER, regarder avec attention. P.
REMONTÉE, après-midi. P.
REMONTER, reprendre son travail après midi. P.
REMOTTER, former une motte de terre au pied de certaines plantes, telles que la pomme de terre.
RÉMOUDRE, aiguiser sur une meule.
REMPIÉTER, refaire le pied d'un bas. P.
REMPLUMER (se), se remettre bien dans ses affaires; regagner au jeu ce qu'on avait perdu. P.
REMUQUE (sentir le); se dit d'un vase ou d'un objet qui porte certaine odeur désagréable, semblable à ce qu'on appelle odeur de fût, de tonneau.
RENAFLER, respirer bruyamment par le nez; s'emploie surtout en parlant des chevaux qui sont effrayés.
RENALLER, (se), s'en aller de nouveau.
RENARÉ (être), trouvé plus rusé que soi.
RENCHARGER, recommander.
RENCHIN (faire un), faire un circuit et revenir à son point de départ.
RENELLE, ruelle d'un lit.
RENFILER, affiler. B.-N.
RENFOURRÉE. V. Rafourée.
RENFOURER. V. Rafourer.
RENFRAICHIR, rafraîchir. H.-N.
RAFRAICHISSEMENT, rafraichissement. H.-N.
RENGAINER SON COMPLIMENT, être obligé de renoncer à un projet, à un ouvrage qu'on allait entreprendre.
RENHAITER, exciter, encourager.
RENIFLER, aspirer par les narines; faire remonter l'humeur qui les remplît, pour éviter de se moucher. H.-N.
RENMESSER, faire dire une messe d'actions de grâces, le lendemain de son mariage.
RENOUVEAU (le), le printemps. P.
RENOUVIAU (au), au printemps.
RENTIQUÉES (avoir des), des répliques, des reparties.
RENVOIS (avoir des), avoir des rapports.
RÉPARER (se), en parlant du temps qui passe au beau après la pluie.
REPASSEUX, émouleur.
RÉPER, avoir des répets. P.
RÉPET, rot.
RÉPONNU, répondu. H.-N.
REPIMPÉ, qui a fait toilette.
RÉPRIMANDABLE, répréhensible.
RÊQUE, d'un goût apre.
RÊQUE (air), air revêche.
RÊQUER, abattre les dernières pommes d'un arbre.
RÊQUET, petite gaule qui sert à rêquer.
RÉQUILLONS, restes.
REQUINQUÉ, paré, en toilette.
REQUIR, requérir.
RESAQUER, tirer de nouveau une personne d'un mauvais pas, un objet du lieu où on l'avait mis.
RÉSIPÈLE, érysipèle.
RESPECT (sauf, sous votre). Formule fréquemment employée quand on parle des animaux ou de choses immondes à une personne au-dessus de soi. Ex.: Je viens de vendre des cochons, sauf votre respect. H.-N.
RESERRE, serre de jardin, lieu où l'on retire divers objets.
RESSOURDRE, réveiller, activer, relever; du latin resurgere. B.-N.
RESSUER, en parlant des murs quand ils se couvrent d'humidité.
RESSUYÉS (chemins). Voy. Rebus.
RESTER A, avoir son domicile. Ex.: Il reste à Paris.
RETAPÉ, en toilette. B.-N.
RETAPER (se), faire toilette. P.
RÉTOQUER (se), faire de nouveaux efforts pour soulever un poids. Se montrer rétoquet.
RÉTOQUET, petit homme qui parle beaucoup et n'aime céder à personne. P.
R'ÊTRE, être de nouveau. Ex.: Il r'est parti. H.-N.
RETRUC (avoir du), avoir plus d'un expédient à son service.
RÉTU, qui jouit d'une bonne santé.
REUE, roue. P.
REUE (faire l'), en parlant d'une vache, et surtout d'un taureau qui menace de ses cornes en mugissant.
REULIÈRE, ornière; trace profonde de la reue.
RÉUNIR A, avec, et. Le verbe RÉUNIR ne doit jamais être suivi de A ni de AVEC; ainsi il ne faut pas dire: réunir la prudence A la hardiesse, mais réunir la prudence ET la hardiesse.
REVENEZ-Y (goût de), mets ou boisson dont le goût flatte.
REVERTÉRIS (avoir un), changer de résolution.
REVOIN, regain.
RHABILLER, habiller de nouveau. Parler mal de quelqu'un. P. Piquer la meule d'un moulin.
RHEUME, rhume. On a passablement disserté sur l'étymologie de ce mot. M. Labourt le fait venir du celtique rum, qui signifie: réunion, agglomération en général, en ce sens que le rhume provient d'un amas, d'une aggrégation d'humeurs sur la poitrine. M. l'abbé Dartois repousse cette origine, parce qu'elle repose sur une étymologie philosophique peu en rapport avec l'habitude de procéder du peuple, qui juge ordinairement par la cause et les effets, et jamais d'une manière insaisissable aux sens. Pour le peuple, la rheume est un refroidissement; et c'est, en effet, par des mots qui ont cette signification que cette maladie est désignée en hollandais, en anglais, etc. Puis, l'espagnol, le portugais, le catalan, etc., ont une expression tout-à-fait en rapport avec le grec reûma. D'où le savant chanoine de Besançon conclut, avec M. A. de Poilly, que la racine de rheume vient du grec (Voir le Glossaire du patois picard, par M. l'abbé Corblet, p. 598 et suiv.). P.
RIBAMBELLE, multitude. H.-N.
RIBLE. Voy. Halitre.
RIDEAU. Voy. Condos.
RIDIAUX, rideaux.
RIFLE, morceau de bois qui se place au bout du hanse, et dont les faucheurs se servent pour aiguiser leur faux.
RIFLER, se servir du rifle. Effleurer.
RIGOLET, rigole.
RIGOLISSE, réglisse.
RIKIKI (un coup de), un verre de liqueur. P.
RIMÉE, gelée blanche; frimas. P.
RIMER, geler blanc.
RINCHÉE, volée de coups. P.
RINCHER LA LESSIVE, laver, aigayer le linge, avant de le tordre.
RINCHETTE, verre d'eau-de-vie qu'on prend après le café.
RINCHURETTE, verre d'eau-de-vie qui vient après la rinchette.
RINGOLISSE, réglisse. P.
RIO, petite raie, poisson.
RIO, petite rigole dans laquelle on plante des pois, des fèves, etc. P.
RIOCHER, rire en se moquant.
RIOCHEUX, qui rioche.
RIOTEUX, instrument de jardinage qui sert à faire des rios.
RIQUIQUI (famille de), composée d'un grand nombre de membres.
RISQUE-A-LA-RISQUE, à tout hasard. Au moment de dire la messe, un prêtre n'avait, pour lui répondre, qu'un enfant peu en mesure de le faire. Le prêtre commence: Introibo ad altare Dei. Pas de réponse! Il recommence: Introibo, etc.—Risque-à-la-risque, répond le serrant: ET CUM SPIRITU TUO.
RISQUEUX, douteux, périlleux.
RISQUIPÈTE (œufs à la), œufs à la coque, cuits dans les cendres, à la risque qu'ils pettent.
RITELET, roitelet.
ROBIN, taureau. H.-N. En Bourgogne, on donne ce nom aux béliers.
ROBINIÈRE (vache), qui tourmente les autres et est impropre à la reproduction.
ROGATONS (marchand de), qui vend des objets de peu de valeur, des jouets d'enfants. H.-N.
ROGNONNEMENT, action de rognonner.
ROGNONNER, murmurer entre ses dents. H.-N.
ROGUE, réunion des œufs du poisson.
ROGUE (poisson), poisson femelle qui n'a pas encore frayé. P.
ROMATIQUE, rhumatisme.—Qué qu'ch'est que c'te plante-là, demandait dernièrement un enfant au curé de sa paroisse, eu lui montrant une touffe d'hysope?—C'est une plante aromatique...—Une plante à romatiques? Ah! donnez-m'en unne branque pou papa qu'en souffre tant!
RONCHAILLES, lieu où il y a beaucoup de ronces.
RONCHES, ronces.
RONDINS, bois à brûler qui n'est pas encore fendu.
RONGE (revenir au), goût des aliments qui revient et se fait sentir d'une manière incommode après le repas.
ROQUES, mottes de terre qui se trouvent dans les terres labourées. P.
ROQUET, pomme à cidre tardive; bonne espèce.
ROS, roue.
ROS (faire la). Voy. Reue (faire la).
ROSETTE, rose. On rapporte qu'un congénère de ce mot, Roselle, a donné lieu à un des plus beaux vers de Malherbe, quand il adressa à un de ses amis, qui venait de perdre sa jeune fille, le quatrain suivant, que tout le monde connaît:
Ta fille était du monde où les plus belles choses
Ont le pire destin,
Et Roselle à vécu ce que vivent les roses,
L'espace d'un matin.
Lorsqu'on imprima ces vers, il paraît que le compositeur lut mal le commencement du troisième, et fit tout simplement un chef-d'œuvre, sans s'en douter, en mettant le vers suivant, qu'on se garda bien de changer:
Et Rose elle à vécu ce que vivent les roses.
ROTEUX, lieu qui reçoit l'égoût du fumier. H.-N.
ROUAN (cheval gris-), d'un gris tirant sur le roux.
ROUELLES, roues de charrue.
ROUGE, homme qui a les cheveux roux. H.-N.
ROUGE-BRIÈRE, pomme à cidre, tardive; excellente espèce. H.-N.
ROULÉE, rossée. P.
ROULET, rouleau servant aux travaux des champs pour écraser les roques.
ROULET, ralement précurseur de la mort.
ROULIÈRE, blouse dont se servent les rouliers et autres personnes. P.
ROUPIEUX, honteux. P.
ROUPILLER, faire le plus léger bruit, soit en parlant, soit en pleurant. On dira à un enfant qui pleure: Si tu roupilles encore, je te donne le fouet.
ROUQUELOUSE, espèce de houppelande.
ROUSSI. Voy. Roteux. P.
ROUSSI, légèrement atteint par le feu.
ROUSSI (sentir le), porter l'odeur d'une étoffe qui brûle.
ROUSSIR (se), brûler ses vêtements en les approchant trop du feu.
ROUSSOLÉ, rissolé.
ROUTER, vomir.
ROUVIEU, maladie de la peau, particulière aux chiens.
ROUVREUIL. Voy. Rouvieu. H.-N.
ROUX-VENTS, vents qui, à l'époque de la lune rousse, avril et mai, brûlent les jeunes pousses des plantes qui prennent une couleur rousse. Noël a employé ce mot: «Les roux-vents, dit-il, décolorent et transforment le bouton de la fleur en pointe de gérofle... et trompent l'espérance du cultivateur» (Premier Essai sur la Seine-Inférieure, p. 224).
RUCHE (que je), subjonctif du verbe ruer. P.
RUDE, grand, considérable, fort.
RUDEMENT, extrêmement. P.
RUETTE, petite rue.
RUMINER. Voy. Réminer. H.-N.
RUQUE, ruche.
RUQUER, rucher.
S', sa, se.
SACLER, sarcler.
SACRESTI, SACRISTI, juron.
SAFRE, goulu; se dit surtout des chiens. H.-N. B.-N.
SAGOIN, homme malpropre. H.-N. P. M. Corblet considère ce mot comme la contraction de sale grouin.
SAI, soif.
SAI, soi.
SALÉ (petit), lard salé.
SALIGAUD. Voy. Sagouin. H.-N.
SALIGOTER (se), se salir. H.-N.
SALINNE, poisson ou viande salés.
SALOPE, femme malpropre.
SALOPIN, enfant malpropre.
SAN, son; devant une consonne.
SANG (tirer du), saigner.
SANRIETTE, sarriette. Cette plante était cultivée dans les jardins dès le commencement du XIVe siècle.
SANS (être de), manquer de. Ex.: Avez-vous des épingles?—Non, je suis de sans.
SANS-CULOTTE, vêtement des petits garçons, qui comprend la veste et le pantalon.
SANSURE, sangsue. H.-N.
SANVRE, sanve; espèce de senevé. H.-N. P.
SAOUL (raide), tout-à-fait ivre jusqu'à la rigidité des membres. H.-N.
SAOULARD, ivrogne de profession.
SAPAS, malpropre. B.-N.
SAQUER, extraire d'un sac, d'un trou, d'une mare, etc. H.-N. Ce mot se rapproche d'une des acceptions de l'espagnol sacar.
SAQUER (se), fuir promptement. H.-N.
SAREAU, espèce de tablier à l'usage des petits enfants.
SAS, ivre, rassasié. H.-N. Saule.
SATANÉ, diabolique. H.-N.
SAUX, saule. Au moyen-âge, le nom de cet arbuste s'écrivait constamment saux, saulx.
SAVENIAU, verveux; espèce de filet qui sert à prendra le poisson.
SAVOIR, SAVER, savoir, pouvoir. Ex.: Il ne saurait travailler longtemps sans se reposer.
SCIAU, seau. P.
SCIO, petite scie.
SEC, SÈCHE, SÈQUE. On confond ordinairement ces adjectifs pour le masculin et le féminin. H.-N.
SÉCRAN, maigre. B.-N.
SEIGLERI, champ où l'on a récolté du seigle.
SELLE A LESSIVE, espèce de traiteau sur lequel on bat et on laisse égoûter le linge qui a été lessivé.
SEMEUX. Ce mot désigne: 1º un homme qui sème; 2º l'espèce de nappe qu'il passe en bandoulière pour porter la semence.
SENS (se manger les), s'impatienter fortement. H.-N.
SENTE, sentier. H.-N. P.
SENTU, senti.
SEOIR (se), s'asseoir. H.-N.
SÉQUER, sécher; faire sécher. Ex.: Avez vous séqué votre linge? H.-N.
SECHER, chercher.
SERCIES (lèvres), lèvres gercées.
SÉRIE (faire), travailler le soir à la chandelle. P.
SERRER, placer un objet en lieu sûr. H.-N.
SERTE, temps de l'engagement d'un domestique ou d'une servante.
SERUGIEN, chirurgien. H.-N.
SERVIR, saillir. B.-N.
SÈT, SÉS, sel. Ses; devant une consonne.
SÉYANT, séant. B.-N.
SIEN (le), celui. Ex.; Le sien qui sortira le dernier, fermera la porte.
SIENNE (la), celle.
SIENNES (les), celles.
SIENS (les), ceux.
SIEN A (le), celui de. Ex.: Mon chapeau est plus beau que le sien à ton frère. H.-N.
SIÉTEZ-VOUS! asseyez-vous!
SIEU, suif. H.-N.
SI-FAIT, nouvelle affirmation contre une négation. Ex.: J'ai été à Paris.—Non, vous n'y avez pas été.—Si-fait. P.
SIN, son.
SINER, signer.
SINNE, signe. Signature.
SI PEU QUE RIEN, en très-petite quantité. H.-N.
SIROTEUX, qui a la consistance du sirop. H.-N.
SISSITE (faire), s'asseoir; terme enfantin. P.
S'N, son; devant une voyelle. P.
SOEURETTE, petite sœur. P.
SOIFFEUR, qui boit souvent, ivrogne. P.
SOIRANTE (à la), vers le soir. B.-N.
SOLAI, soleil.
SOLDAR, soldat. Le vieux mot français était soudart.
SOLE, pièce de bois qui, dans les maisons en charpente, repose sur la maçonnerie de la base du bâtiment, et dans laquelle sont entenonnés les pots et les colombes. H.-N.
SOLINAGE, maçonnerie qui se trouve sous la sole.
SOMMÉLER, effrayer. H.-N.
SOMMIER, grosse pièce de bois posée horizontalement, sur laquelle sont appuyées les solives.
SONNER MOT (ne), ne rien dire. H.-N.
SORCILÈGE, sortilège. H.-N.
SORTIR DE, venir de. Ex.: Il sort d'être malade.
SOTTES (avoir les mains), Voy. Gourdes. P.
SOTTISIER, qui dit des paroles obscènes.
SOUAIS (à vos), à vos souhaits! Paroles qu'on adresse aux personnes qui éternuent. Nous pensons que cet usage remonte à une haute antiquité.
SOUDRE (faire), faire partir, lever. Ex.: Il a fait soudre un lièvre; vient peut-être de surgere.
SOUILLON, femme malpropre; semble venir de suillus. P. H.-N.
SOULARD, ivrogne. P.
SOUPLE, moite.
SOURCIN, nom par lequel on désigne les souris, les mulots, les rats, etc.
SOURIS (cauque), chauve-souris.
SOUS-CHEVRON, arbalêtier. L'Académie écrit arbalétrier, ce qui, d'après Napoléon Landais, est un barbarisme, attendu que ce mot vient d'arbalête. H.-N. On dit aussi sous-quévron.
SOUTINT, soutenu. H.-N.
SOUVENT, vite. Ex.: Il n'arrive pas souvent.
S'S', ses, devant une voyelle.
ST', ce, cette; devant une voyelle.
STE, cette; devant une consonne.
STICHITE, celui-ci.
STILA, celui-là.
STILO, celui-là. P.
SU, ce. Sur.
SUÉE (endurer une), avoir des souffrances aiguës; entendre ce qui est capable de faire suer de peur. B.-N.
SUERIE, action de suer. H.-N.
SUFFISANCE (manger à sa), selon son appétit. H.-N.
SUGRÉGEON, épautre. Il est souvent question, dans les chartes du moyen-âge, d'une espèce de froment désigné sous le nom de gros blé, grossum bladum (Etudes, etc., par M. L. Delisle, p. 321). Ne serait-il point question ici du sugrégeon dont la culture était autrefois assez étendue, à cause de sa rusticité et de sa faculté de réussir dans les plus mauvais terrains? Son nom de gros blé lui serait peut-être venu surtout de la grosseur de son épi. La variété la plus cultivée devait être le triticum spelta de Linnée, le froment grand épautre.
SUI, suivi. P.
SUIRE, suivre. P.
SUMER, semer. H.-N.
SUPER, boire peu à la fois et en aspirant, à la manière des animaux ruminants, tels que la vache; en anglais, to sup. B.-N.
SUPÉRIEUREMENT, très-bien.
SUR (pour), certainement.
SURCOUPER; se dit d'un animal qui mange la nourriture des autres.
SURE, sureau. Le sureau était une des espèces de mort-bois de la forêt d'Eu; on le désignait autrefois sous le nom de seur (Voir notre Essai sur Blangy, p. 63).
SURIAUX, aigreurs.
SURIR, devenir aigre, Ex.: Ce cidre surit. H.-N.
SURQUER; se dit d'un chat qui guette les souris pour les prendre. Selon M. Corblet, ce mot serait une crase de surguetter.
SURQUETTE, souricière.
SURQUETTE (prendre une), marcher sur un terrain spongieux, de manière à faire jaillir l'eau dans les chaussures.
SURSIN. Voy. Sourcin.
SURTAI, sûreté.
SUSON, Susanne.
SYNCOPÉ, stupéfait. H.-N.
T, ton; devant une consonne.
TAC, salamandre.
TACHER QUE, faire en sorte que.
TAGNE, teigne. Cuscute, plante parasite qui pousse dans les prairies artificielles.
TAI, toi.
TAIS! TAIS! TAIS! cri pour appeler les chiens.
TALEURE, tout-à-l'heure. P.
TAMBRE, mince, Ex.: Cette planche est bien tambre.
TAMIS (jeu de), jeu de paume. H.-N.
TAMPONNER, frapper à coups de poing.
TAN, ton; devant une consonne.
TANCHER, gronder.
TANDIS, pendant. Ex.: Il a été malade tandis longtemps.
TANNÉ, fatigué.
TANNER, impatienter. P.
TANNER (se), se fatiguer. M. André de Poilly fait dériver ce mot, qu'on prononce téné en Picardie, du grec tieuomai, je m'étends. C'est, dit-il, l'effet pour la cause. (Mémoires de la société d'émulation d'Abbeville, année 1844, p. 154).
TANT QU'A CELA, quant à cela.
TANTINET (un), un peu; du latin tantillùm ou tantillulùm. H.-N. P.
TANT PIRE, tant pis.
TANT PUS... TANT PUS, plus. Ex.: Tant pus que vous le reprendrez, tant pus il fera mal.
TANT QU'A' MI, A MAI, quant à moi. P.
TANT SEULEMENT, seulement. P.
TANTOUILLER, traîner dans l'eau, la boue, etc. B.-N.
TAPÉE, grande quantité. P. B.-N.
TAPOTER, frapper à petits coups continuellement. P.
TARABUQUER, frapper fort et longtemps.
TARDILLON, volaille éclose à l'arrière-saison; enfant né longtemps après les autres. H.-N.
TARELLE, tarière.
TARINER, marchander, hésiter.
TAS, lieu où l'on tasse la récolte des gerbes de blé, d'orge, d'avoine, etc.
TASSERIE. Voy. Tas.
TAUDION, taudis. P.
TAURIAU, taureau. Les Bourguignons appellent torie une jeune vache qui n'a pas encore porté.
TAURELLIÈRE (vache), qui prend les allures du taureau, tourmente les autres vaches et finit par devenir inféconde.
TAYON, aïeul. En Picardie, on dit aussi théïon, mot que M. de Poilly fait dériver du grec theios, oncle. «En vain, dit-il, objecterait-on, contre la légitimité de cette dérivation, la différence des degrés de parenté, puisque la même différence existe entre le mot latin nepos, petit-fils, et son dérivé français nepveu, qui n'est devenu neveu qu'an XVIIe siècle» (Mémoires de la Société d'émulation d'Abbeville, année 1844, page 155).
TÉ, te.
TEIGLER, tousser fréquemment. B.-N.
TEIGUER, tousser, être oppressé. H.-N.
TEMPLE, tempe. H.-N.
TENDON DE VEAU, tendrons.
TERGER, tarder; ordinairement employé avec une négation. Ex.: Il ne tergera pas à venir. P.
TERLUIRE, briller; de ter lucere, luire trois fois.
TÉROITE, truite.
TÉROUIE, truie.
TERQUE, brai; espèce de goudron.
TERQUÉ, sali, crotté.
TERQUER, faire une croix, avec du terque, sur la porte des étables, dans la pensée de préserver les bestiaux des maladies contagieuses et épidémiques.
TERTOUS, tous; sans exceptions. B.-N. P.
TÉS, tes; devant une consonne.
TÈSI (être), avoir l'estomac plein.
TÉTARD, arbre étêté. H.-N.
TÈTE, téton.
TÈTE D'ORILLER, taie d'oreiller. H.-N.
TÉTE, tête.
TÉTOS, tétons.
TEURDRE, tordre.
THÉRÈSE, espèce de capuchon que les femmes portent sur la tête, quand elles assistent aux inhumations et pendant le temps que dure leur deuil. Ce nom semble indiquer clairement son origine et doit signifier l'espèce de voile dont les Carmélites déchaussées se couvrent la tête, à la manière de sainte Thérèse, qui fit approuver cet ordre, dont elle fut la fondatrice, en 1562.
TI? particule interrogative ajoutée au verbe. Ex.: J'irai-ti? Viendra-ti?
TIA! TIA! TIA! pour appeler les cochons. H.-N.
TIERSON, demi-partie du demi-gros. Le tierson ne devrait contenir que deux muids; mais, grâce à sa forme plate, il porte un grand préjudice aux cultivateurs sur la mesure réelle.
THIERS, pieu auquel on attache les chevaux et les vaches pour les faire pâturer dans les champs. H.-N.
TIGNACHE. Voy. Crignache. B.-N.
TIGNEUX, teigneux. P.
TIN, ton. P.
TINCHER. Voy. Tancher.
TINETTE, petit coffre dans lequel on met du sel on du lard salé.
TINS, glas, coups de cloche isolés. Pour annoncer la mort d'un homme, on sonne neuf ou treize tins; pour la mort d'une femme, on n'en sonne que sept ou onze.
TINT, tenu. Voy. Mal saint N...
TINTERELLE, petite cloche. B.-N.
TIOT, TIOTE, petit, petite. P.
TIPONNER, habiller un enfant avec soin. B.-N.
TIQUER, avoir une toux sèche et brève.
TIQUETÉ, marqué de petites taches. P.
TIRANDER, tirailler. P.
TIREUX, tiroir.
TIRÉ (en avoir du premier), avoir les prémices de quelque chose. H.-N.
TIRLARIGO (boire à), boire avec excès. Ce proverbe remonte au XIIIe siècle. A cette époque, Eude Rigaud, archevêque de Rouen, fit don à sa cathédrale d'une cloche qui était si difficile à mettre en branle, qu'il dut s'engager à fournir à boire aux sonneurs. C'est de là que nous vient le proverbe: Boire à tire la Rigaud (Voir notre Essai sur Londinières, page 237).
TITI, enfant; terme enfantin.
TITONNER. Voy. Tiponner.
TIU! TIU! TIU! pour appeler les vaches.
T'N, ton, ta; devant une voyelle.
TOCSON, fille grossière et malpropre. B.-N.
TOINE, TOINOT, Antoine.
TOINETTE, Antoinette.
TOLIR, enlever; du latin tollere. P.
TOMBE (faire une), faire une chute. H.-N.
TOMBER DU HAUT MAL, avoir des attaques d'épilepsie. B.-N.
TOMBES (les). On entend par là les arbres fruitiers qui tombent par suite de coups de vent; on les laisse ordinairement au fermier, qui est tenu de les remplacer par de bonnes entes.
TONDELIER, tonnelier. H.-N.
TONDRE, amadou.
TOQUANT (homme), entêté.
TOQUART, qui porte à la tête. Ex.: Ce cidre est toquart.
TOQUER (se), se heurter la tête. B.-N.
TOQUET, bonnet rond que les femmes mettent le matin. Voy. Kalipète. B.-N. P.
TORCHE. Voy. Maniquet.
TORCHER, mettre la torche sur le cheval.
TORCHON (Marie), femme malpropre. P.
TORQUE. Voy. Torche. Lien en foin qui se fait en tordant les liges de l'herbe sur elles-mêmes.
TORQUER. Voy. Torcher. Essuyer.
TORQUETTE, petite branche à laquelle sont réunis, en assez grand nombre, soit des cerises, soit des pois, soit d'autres fruits.
TOTONNER, jouer des grosses noix, des œufs rouges, du pain d'épice, au moyen d'une boule polygone, sur chaque côté de laquelle se trouve un numéro jusqu'au nombre 12.
TOTOS. Voy. Tétos; terme enfantin.
TOTTE, morceau de toile dans lequel on enveloppe du sucre et de la mie de pain pour le donner à sucer aux petits enfants et les empêcher de pleurer.
TOUBAC, tabac. P.
TOUFFLETTE, houppe.
TOUILLER, mêler, remuer, délayer dans un vase. P.
TOULAID, homme très-laid.
TOUPINER, tourner à la même place et n'avancer à rien, comme une toupie.
TOURGNIOLE, mal au doigt; espèce de panaris.
TOURNÉE, volée de coups. P.
TOURNURE, mauvaise excuse. P.
TOURTILLER, tortiller. H.-N. En parlant de quelqu'un qui mange beaucoup, on dit aussi: Il tourtille bien.
TOUSSAILIER, tousser presque continuellement.
TOUSSOTER, avoir une toux faible et fréquente.
TOUT n', non plus; non.
TOUT DRAIT, tout droit, sans se détourner. P. Justement.
TOUT-PARTOUT, partout; de tous côtés.
TOUT-PLEIN, beaucoup. P. On dit aussi: Tout fin plein.
TOUZER, couper, tondre. Ex.: Demain, ou tousera la haie et les moutons. B.-N. Un titre de 1403 porte qu'on payait ung denier pour touser cinq brebiz.
TOUZERIE, tonte des montons.
TOUZEUX, celui qui touze.
TOUYAU, extrémité de la queue du chou, qui touche à la pomme.
TRACER (se). V. Rayer (se).
TRACHER, chercher avec attention. P.
TRACHER SA VIE, mendier. H.-N.
TRACIER, espèce de bacu, dont les traits sont formés de petites chaines de fer.
TRAIL, cylindre sur lequel s'enroule une corde pour tirer de l'eau d'un puits ou de la marne d'une marnière. Ce mot viendrait-il de trahere, attirer?
TRAIN (être en), être ivre.
TRAIN DE (être en), être occupé à. Ex.: Il est en train de faucher.
TRAITE. V. Moisse.
TRAN-TRAN. Voy. Potin.
TRAS, trace. Voy. Frais.
TRASQUER, traquer, marcher dans l'eau sans précaution.
TRAYONS, tettes de la vache, par lesquelles on trait le lait.
TRÈFLERI, terre sur laquelle on vient de récolter du trèfle. H.-N.
TRÉMAIS, travaux des champs qui se font au printemps, tels que labour, semence et hersage de l'avoine, de l'orge, des pois, etc. Ce mot vient du latin trimestria ou trimestris, semences qui viennent en trois mois.
TREMBLEMENT (un), une grande quantité. Ex.: Cette année, il y a un tremblement de noix. H.-N.
TREMBLERIE, frisson. H.-N.
TREMPETTE, pain que l'on fait tremper dans le cidre ou dans le vin. H.-N.
TREMPETTE DES MARIÉS. Il est encore assez d'usage, dans les campagnes, de donner une trempette aux nouveaux mariés au moment de se coucher. Cet usage a une origine religieuse, et on le trouve encore mentionné dans les rituels du XVIIe siècle (Manuale Ecclesiæ Rothomagensis, édition de 1640). Après la messe de mariage, on apportait au prêtre une coupe remplie de vin et deux petits morceaux de pain; il bénissait le tout, puis, trempant le pain dans le vin, il le distribuait aux époux. Le soir, il se rendait au domicile des mariés pour la bénédiction du lit nuptial; ensuite il bénissait encore du pain et du vin, comme le matin, et le présentait aux nouveaux mariés, au moment de se mettre au lit (Journal de Neufchâtel, année 1849, nº 50). A Beauvais, il existe encore un usage tout-à-fait analogue, connu sous le nom de mouillettes. Au repas de noce, on présente aux époux un vase de vin dans lequel le marié trempe un morceau de pain dont il prend la première bouchée et donne la seconde à sa femme. «Ils boivent ensuite dans la même coupe, dit M. Tremblay, en signe de communauté de bien et de mal» (Notice sur Beauvais; cité par M. l'abbé Corblet, Glossaire du patois picard, page 542).
TRÉSALLE. Se dit du linge que l'humidité couvre de petits points noirs ou rougeâtres. H.-N.
TRESSAUT, soubresaut.
TRESSAUTER, faire un tressaut. B.-N.
TRÉTINS, bottes de paille formées de petites tiges de blé produites par le gluage. P.
TRETOUS. Voy. Tertous. P. Maître Jehan Clopinel, qui écrivait vers la fin du XIIIe siècle, dit, en parlant des hommes primitifs:
Trestous pareils estre souloient,
Ne rien propre avoir ne vouloient.
TREU, trou. P.
TREUER, trouer. P.
TREULER, faire un vent en point d'orgue.
TREULIER, qui treule souvent.
TRIBOUILLER, troubler. B.-N.
TRIBOULER. Voy. Chabouler. B.-N.
TRICON, brelan.
TRICON (avoir), avoir trois cartes semblables; par exemple: trois dix, trois valets, etc.
TRIFOUILLER, remuer tout en cherchant une chose. P. Tromper au jeu.
TRICOTER, donner des coups de bâton.
TRIMBALLER, porter ou traîner un objet ça et là. H.-N. Sonner les cloches sans mesure et sans règle. An XVIe siècle, le Parlement de Rouen supprima toutes les tavernes; il fut seulement permis d'aller chercher du vin pour le boire en famille. Voici ce que dit à ce sujet un petit livre de l'époque:
Si un voisin avec son familier
Se veut esbattre, ainsy que de raison,
Il est contraint de boire en sa maison
Et d'envoyer quérir du vin au pot.
Par ce moyen, en tout tems et saison,
Femme et enfant ont leur part à l'escot.
Mais cet état de choses n'était guère commode pour les buveurs, et le Parlement vint à leur secours en inventant une taverne ambulante qui allait de porte en porte, d'atelier en atelier, mais à très-courtes stations, colporter des rafraîchissements. «Jusqu'alors, dit C. Nodier, le peuple était allé chercher le divertissement dans les tavernes.... Les tavernes obtinrent permission d'aller chercher le peuple.» L'on donna à ces cabarets ambulants le nom de triballe ou trimballe (Voir le Journal de Rouen, 21 mai 1852).
TRINGUE, tringle.
TRIOLÉE, grand nombre. Ex.: Quelle triolée de pauvres!
TRIPAILLES, intestins d'un animal.
TRIPÉE, entrailles d'un animal qui servent à préparer les tripes.
TRIPETTE (ne pas valoir). Se dit d'une chose qui ne vaut rien. Ex.: Il ne vaut pas tripette.
TRIPOT, marché. Échange. B.-N. Ménage, cuisine. P.
TRIPOTER, faire le ménage. P.
TRIPOTIER, qui se mêle de petites intrigues, de petits marchés, etc. H.-N.
TRIQUE, gros bâton de voyage.
TROIS-PIEDS, trépied.
TROITE, truite.
TROMPE, erreur. B.-N.
TRONCHE, tronc d'arbre. P.
TROQUE, échange. Ex. Faisons une troque.
TROTTE, distance, course plus ou moins longue. Ex.: D'ici à Rouen, il y a une bonne trotte. H.-N.
TROTTERIE, place où l'on fait trotter les chevaux, dans les foires, avant de les vendre.
TROTTINER, marcher à petits pas précipités. P.
TROU (boire comme un), boire continuellement. H.-N.
TROU (faire un), boire un petit verre d'eau-de-vie entre deux services. H.-N.
TROUIE, truie.
TROVER, trouver. P.
TRUC (avoir le), être habile, ingénieux, habitué à faire une chose. P. B.-N.
TRUPER (ne pas), ne pas demeurer longtemps au même lieu. Ex.: Il n'a pas trupé chez sa mère.
T'S', tes; devant une voyelle.
TU AUTEM (connaître le), être au courant d'une chose. Voici l'explication de ce proverbe, donnée par Verville: Les leçons de l'Église finissent toutes par les mots: Tu autem, Domine, miserere nostri; et, comme dans les communautés ecclésiastiques, la coutume est que le supérieur, à la fin du repas, frappe légèrement sur la table, en disant: Tu autem, etc., pour avertir le lecteur qu'il est temps de terminer,—si celui-ci finit immédiatement, on dit qu'il connaît le Tu autem,—s'il continue encore sa lecture, on dit alors qu'il n'entend pas le Tu autem (Moyen de parvenir, chap. 60).
TUER (se). Se dit du vin ou du cidre qui perd promptement sa couleur et son goût, par suite de son contact avec l'air, quand il est tiré. H.-N.
TUET, extrémité extérieure d'une cheminée.
TUNBER, tomber. H.-N.
TUNBES. Voy. Tombes.
TURELURE! nenni!
TURIAU. Voy. Condos.
TURLUPINER, tourmenter, inquiéter. P.
TURNE, taudis. Maison sale et peu solide. H.-N.
TUTAYER, tutoyer.
TUTER, aspirer un liquide par la bouche, à la manière des porcs, ou bien au moyen d'une paille. H.-N.
TUYOTER, disposer en tuyaux; expression de lingère. H.-N.
UNI (homme tout), simple dans ses manières et sans cérémonie. P.
UNNE, une.
UROPE, Europe. On supprime généralement l'E dans les noms commençant par la diphtongue EU; ainsi: Eugène, Euphrasie, etc., se prononcent: Ugène, Uphrasie, etc. En approchant de la Picardie, il en est de même quand cette diphtongue se trouve à la fin d'un mot. On dit: Adiu, fu, blu, etc., pour: Adieu, feu, bleu, etc.
USAI, usé.
USAGE (avoir de l'), avoir l'usage du monde.
USAGE (d'un bon), d'un bon user.
USANCE, détérioration qui résulte de l'usage, pour les instruments aratoires. Ex.: Cette ferme est bonne, mais il y a beaucoup d'usance.
USURE. Voy. Usance.
VA! Exclamation qu'on ajoute à la fin d'une phrase, en diverses circonstances. Ex.: Iras-tu à la promenade?—Je ne sais pas, va!
VACABOND, polisson; insolent.
VAGAND, qui va de côté et d'autre et ne travaille pas. Paresseux.
VAICHE (que je), subjonctif du verbe voir.
VAIE, voie. Employé en parlant des dents d'une scie qu'on dispose de manière à ouvrir une voie plus ou moins large dans le bois. H.-N.
VAILLANT (homme), qui travaille avec courage. P.
VALET-D'AOUT, domestique qu'on prend à son service, pendant un mois ou deux, pour travailler à la moisson.
VANNET, vanneau.
VANTARD, homme qui se vante sans cesse. H.-N.
VAPAIL, pièce de bois, en forme de volée, à laquelle on attache les baculs ou les traciers des deux derniers chevaux d'un chariot.
VAQUE, vache. P.
VAQUER, vacher.
VAQUETTE, petite vache. P.
VAQUETTES (faire des), laisser de la boisson au fond de son verre, ce qui répugne à certaines personnes, dans les fermes où plusieurs domestiques boivent alternativement dans la même coupe.
VAROQUE, gros bâton qui sert à enrouler la hache d'un chariot ou d'une charrette autour du pouliot, afin de serrer les gerbes sur la voiture.
VAROQUER, serrer au moyen du varoque.
VAROUILLER (se), se salir, se vautrer dans la boue comme un vérou.
VARPOT, petit bourbier.
VASTRIGUER, courir de côté et d'autre.
VATE, boue; malpropreté. Ex.: Donnez de la litière aux porcs; ils sont dans la vate.
VATON. Voy. Varoque. B.-N.
VATONNER. Voyez Varoquer. B.-N.
VAUDOISE, trombe.
VAUDRÉE, gros balai de branches de genet, dont on se sert pour balayer le four, avant d'enfourner le pain. B.-N.
VAULE, gaule; longue perche qui sert pour abattre les pommes. B.-N. P.
VAULETTES, gaulettes qu'on attache sur les chevrons pour recevoir les couvertures en paille.
VAVITTE, diarrhée. B.-N.
VESCHE, vesce. Dans un compte du 23 mars 1466, il est mention d'une dépense de viij sous, pour vj boisseaux de veche.
VEILLATIF (homme), vigilant. B.-N.
VELTE, mesure de sept litres et demi; ce qui fait quatre pots.
VENT (prendre), prendre haleine. P.
VENT (perdre), perdre haleine. B.-N.
VÊPRES, guêpes.
VER, voir.
VÉRARD, vérat.
VERBIAGE, bavardage. H.-N.
VERDIER, bruant jaune.
VERDOT, gros fausset qui se met au bas des tonneaux.
VÉRETTE (vache), noire et blanche.
VERGÉE, quatrième partie de l'acre.
VERGETTE, petite verge de fer.
VER-GOUTTE (à), à tâtons.
VERGUES (bouquet de), verges pour fesser les enfants.
VERGUIE. Voy. Vergée.
VERMINNE, rats et souris. B.-N. Terme injurieux.
VERPOT. Voy. Varpot.
VÉROLE, variole. H.-N.
VÉROT, ver de terre. H.-N.
VÉROU, vérat.
VÉROUILLER, donner un léger labour. B.-N. Remuer la superficie de la terre, comme un vérou qui fouille.
VERRE (un petit), un verre d'eau-de-vie. Ex.: Payez-vous un petit verre, ce matin?
VERRINE, verre de montre, d'horloge, de petite boîte, etc. B.-N.
VERTES-BONNES, prunes de Reine-Claude. H.-N.
VÉSÉE, force. Ex.: Il n'a pas plus de vésée qu'un enfant. H.-N.
VÉSILLANT, alerte, remuant.
VÉSON, qui vésonne.
VÉSONNER, se remuer beaucoup et faire peu de besogne.
VESSARD, qui vesse.
VESTON, petite veste.
VÊTU-DE-SOIE. Voy. Gentilhomme.
VEUCHE, vesce.
VEULE, qui n'a pas de consistance; facile à remuer. Ex.: Ce fourrage est veule. P. B.-N.
VEUVE (homme), veuf.
VIAGE, voyage. Fols. B.-N.
VIAU, veau. P.
VIENT (semaine, année qui), semaine, année prochaine.
VIÉTOU! VIÉTOU! VIÉTOU! pour appeler les vaches: viens tôt.
VIEUILLE, trombe de poussière. Vieille.
VIÈVE, Geneviève.
VILANNER, faire souffrir. Ex.: Mon soulier me vilanne.
VILLOTE, veillote. H.-N.
VINDICATION, vengeance; du latin vindicare. P.
VINT, venu. H.-N.
VIONDIR. Se dit du bruit produit par le vent, une toupie, une balle, etc.
VIPILLON, goupillon. B.-N.
VIS-A-VIS DE, envers. Ex.: Il a eu bien des torts vis-à-vis de ses parents.
VIS-A-VIS (au) en face. H.-N.
V'LIN, venin.
V'LO, voilà. P.
V'LO! V'LO! V'LO! pour appeler les veaux.
VO, vôtre. P.
VOICHE (que je). Subjonctif des verbes voir et ALLER.
VOIN, regain. B.-N.
VOIRAI (je), je verrai; tu voiras, tu verras, etc.
VOS, vous.
VOT', votre.
VOUDER, enrouler; mettre en peloton. Se dit aussi d'un gourmand qui mange avec avidité.
VOUI, oui.
VOYONS-VOIR, voyons.
VRAC (à), en masse. B.-N.
VRAI-DA! très-vrai.
VRÈPES, guêpes.
WERTAGES. On désigne ainsi la récolte de la vesce et des pois mêlés.
WOINGNARD, qui woingne.
WOINGNER, pleurnicher; pleurer sans raison; crier. On a donné aux habitants d'une partie de l'Alihermont le sobriquet de woignons, parce que leurs barrières woignent, quand on les ouvre. Les mauvaises langues prétendent que ces barrières intelligentes annoncent ainsi l'arrivée des visiteurs, afin qu'on ait le temps de mettre le verrou et de se cacher, si les personnes ne plaisent point.
WOUAIRAS, pois et vesce récoltés séparément.
Y, il, ils, elles. Ex.: Y s'aiment comme quiens et cats.
YIARD, liard. P.
Cette lettre sert souvent à former une liaison incorrecte entre deux mots, dont l'une finit par une consonne, et l'autre commence par une voyelle, ce qu'on appelle ordinairement un velours. Voici l'origine de cette dénomination, qui nous donnera en même temps celle des cuirs: Un jeune homme se trouvait au spectacle auprès de deux dames. Tout-à-coup, il trouve un éventail sous sa main:—Cet éventail n'est-il pas à vous? dit-il à la première dame.—Non, Monsieur; il n'est point-z-à moi.—Alors, il est à vous? dit-il, en le présentant à la seconde dame.—Il n'est pas-t-à moi.—Il n'est point-z-à vous... Il n'est pas-t-à vous... Ma foi! je ne sais pas-t-à qu'est-ce.
Cette plaisanterie a donné lieu au mot PAS-T-A QU'EST-CE, et l'on est convenu d'appeler velours les fausses liaisons formées par la lettre Z, et de donner le nom de cuirs à celles qui sont faites à l'aide de la lettre T (Les Omnibus du langage, 8me édit., page 48).
ZIUS, yeux.
MM.
ANSELIN, instituteur à Bures.
AZAIS, président de la société archéologique, à Bèziers (Hérault).
BEAURAIN, à Mesnières.
BLANGERMONT (Levaillant de), propriétaire à Bernapré, commune de Romescamps (Oise).
BLANGERMONT (Levaillant de), propriétaire à Aumale.
BOCHET, notaire à Forges-les-Eaux.
BOISSAY, facteur de la poste aux lettres, à Londinières.
BOULANGER, cultivr aux Noyers.
BOULANGER, propriétaire à Saint-Lucien.
BOULANGER (madame), propriétaire à Neufchâtel.
BOUTRY-CREVEL, nég. à Aumale.
BOQUET, propr. à Bois-Héroult.
BRAQUET-DEVILLE, entrepositaire, quai du Mont-Riboudet, 48, à Rouen.
BREUIL (A.), membre de la société des Antiquaires de Picardie, à Amiens.
BRIANCHON (l'abbé), curé de Quiévrecourt.
BRIDOU, propriétaire, maire de la Chapelle-Saint-Ouen.
BROSSARD (de), propriétaire, maire de Monchaux-Soreng.
BROUTELLES (de), docteur en médecine à Foucarmont.
CARON, instituteur a Osmoy.
CAUCHOIS, propriétaire à Bois-Guilbert.
CAUCHOIX (madame), propriétaire à Bures.
CAVÉ, médecin à Forges.
CELLIER, rentier à Bures.
CHAILLOU (l'abbé), au Saussay.
COCHET (l'abbé), inspecteur des monuments publies de la Seine-Inférieure, membre de plusiers sociétés savantes, à Dieppe.
COLAS (l'abbé), membre de plusieurs sociétés savantes, à Rouen.
CORBLET (l'abbé), membre de plusieurs sociétés savantes, à l'abbaye des Bénédictines de Solesmes.
CORNEILLE (de), inspecteur honoraire de l'Académie, maire de Maucomble.
CRITOT, huissier à Neufchâtel.
DAMIENS (l'abbé), curé de Fresquienne.
DANIEL, propriétaire, maire de Chef-de-l'Eau.
DAVOUST (Dominique), cultivateur à Bouelle.
DEBOUTTEVILLE, notaire à Neufchâtel.
DEBOUTTEVILLE père, propriétaire à Neufchâtel.
DECAUX, propriétaire à Forges.
DECORDE, marchand à Beaubec.
DECORDE, adjoint à Bosc-Bordel.
DECORDE (madame), propriétaire à Forges.
DELCOURT (A.), chef de division à la préfecture de la Seine-Inférieure.
DERENTY, cultivateur à Londinières, hameau d'Épinay.
DESLANDES, couvreur à Neufchâtel.
DÉVILLE, marchand de cidre, au champ de foire, 17, à Rouen.
DEVIMEUX, membre de la société des Antiquaires de Picardie, avoué à Beauvais.
DIEUDEGARD (l'abbé), curé de Pommeréval.
DOMART (l'abbé), curé de Bouvresse (Oise).
DUCLOS, huissier à Gamaches (Somme).
DUCLOS, propriétaire à Forges.
DUFEUILLY (Éloi), chez M. de Villers, à Villers-sur-Foucarmont.
DUNEZ, instituteur à Bosc-Bordel.
DUPIUS, avoué à Neufchâtel.
DURANVILLE (Léon de), membre de plusieurs sociétés savantes, à Rouen.
FÉRAY (l'abbé), curé de Bouelle.
FEUILLETTE (l'abbé), curé d'Avremesnil.
FOURCIN, propriétaire à Bully.
FOURGON, propriétaire à Saumont.
FOURNIER, propriétaire à Bois-Guilbert.
GIRANCOURT (A. de), membre du conseil général de la Seine-Inférieure, aux Essarts-Varimpré.
GLANVILLE (Léonce de), membre de plusieurs sociétés savantes, à Rouen.
GOST, receveur principal et entreposeur des tabacs, à Neufchâtel.
GRAVILLE (l'abbé), curé d'Haucourt.
GROSSARD (madame), libraire à Neufchâtel. 3 exemplaires.
GROSSARD, rentier à Londinières.
HAUSSEZ (baron d'), ancien ministre de la marine, à Saint-Saens.
HAVET (Paul), conseiller d'arrondissement, maire de Saint-Valery-sous-Bures.
HAVET (Romain), cultivateur à Bures.
HÉBERT, propriétaire à Lignières-Châtelain (Somme).
HENNEGUIER (Ch.), membre de la société d'émulation d'Abbeville, propriétaire à Montreuil-sur-Mer (Pas-de-Calais).
HÉRICOURT (Achmet d'), membre de la société des Antiquaires de Picardie, à Arras (Pas-de-Calais).
HOUEL, propriétaire, maire de Bose-Edeline.
HUBARD, juge à Neufchâtel.
HURPY, maire à Serqueux.
JOLY (Martin), pharmacien de l'école de Paris, membre du jury médical de la Seine-Inférieure, propriétaire à Mortemer-sur-Eaulne.
JOSSE, notaire à Bouttencourt (Somme).
LANGLOIS, propriétaire à Bois-Héroult.
LANGLOIS (l'abbé), curé de Criquiers.
LEBLOND, à Neuville.
LE BRUMENT, membre de la société des Antiquaires de Normandie, libraire à Rouen. 12 exemplaires.
LECOMTE (Baptiste), propriétaire, maire de Bois-Guilbert.
LECOMTE (Honoré), propriétaire, maire de Bois-Guilbert.
LECOMTE fils, propriétaire à la Hallotière.
LEFÈVRE, greffier à Forges.
LEFRANÇOIS, pharmacien à Londinières.
LEMASSON (l'abbé), curé du Bosc-Guerard.
LEROUX (Anselme), voyageur de commerce pour M. Braquet-Déville, à Rouen.
LEROUX, propriétaire à Bosc-Edeline.
LEROUX-DUMONT, commis-greffier au Tribunal civil à Neufchâtel.
LETELLIER, instituteur à Fresles.
LETELLIER, propriétaire et cultivateur à Fallencourt.
LEVILLAIN, docteur en médecine à Neufchâtel.
LEVASSEUR, propriétaire à Argueil.
MALOT, aubergiste à Neufchâtel.
MARRE (l'abbé), curé de Flamets-Frétils.
MARSY (de), membre de la société des Antiquaires de Picardie, de la société d'Émulation d'Abbeville, etc., procureur de la République à Vervins (Aisne).
MATHON, correspondant du ministère de l'instruction publique pour les travaux historiques, libraire à Neufchâtel.
MICHU, percepteur-surnuméraire à la recette particulière d'Yvetot.
MILHET, médecin à Bures.
MILLEVILLE (madame de), propriétaire à Neufchâtel.
MILLEVILLE (le comte Edmond de), propriétaire à Boissy-sur-Eaulne.
MONCHY (de), propriétaire, maire de Bosc-Bordel.
MONGNE (mademoiselle), à Beaubec.
MURPHY (John), professeur de langue anglaise au pensionnat de MM. Girardin et Marais, à Montivilliers.
NÉEL (l'abbé), curé de Mesnières.
NICHET, buraliste au Bois-Héroult.
PANET, propriétaire, adjoint au maire de Fresles.
PAPILLON (Léandre), imprimeur à Vervins (Aisne).
PARISY-DUMANOIR, propriétaire à Foucarmont.
PASTOREL (A. de), à Paris.
PICARD, instituteur à Mesnières.
PIETTE (Edouard), membre de la société des Antiquaires de Picardie, président du Tribunal de commerce à Vervins (Aisne).
PONTHIEU (de), clerc de notaire, à Aumale.
PONTAUMONT (Le Chanteur de), membre de plusieurs sociétés savantes, commissaire de la marine à Cherbourg (Manche).
PRÉAUX (F.-E. des), docteur en droit à Cherbourg (Manche).
PRUDHOMME (O.). directeur du Journal de Graville, à Graville.
QUILLET (madame M.-C.), membre de l'Académie des sciences, arts, et belles-lettres de Caen, à Pont-l'Evêque (Calvados).
RICHEBOURG (madame), directrice de la poste aux lettres à Londinières.
ROGER, inspecteur des écoles primaires de l'arrondissement de Neufchâtel, à Neufchâtel.
RUHAUT, menuisier à Neufchâtel.
SAINTE-BEUVE, substitut du procureur de la République, quai Napoléon, 51, à Paris.
SAVALLE fils, maire de Saint-Martin-l'Hortier.
SCOLARD, avoué à Neufchâtel.
SEPTENVILLE (Léon de), membre de la société des Antiquaires de Picardie, au château de Lignières-Châtelain (Somme).
SICOTIÈRE (Léon de la), ancien directeur de la société des Antiquaires de Normandie, à Alençon (Orne).
TERNISIEN, médecin à Foucarmont.
THIERRÉ, cultivateur à Saumont.
THIEULIN curé de Sigy.
TROUDE, président de la chambre des notaires, à Foucarmont.
VALLOIS (l'abbé), curé des Ventes-Saint-Rémi.
VASSELIN (l'abbé), curé d'Osmoy.
VILLERS (le baron Martin de), membre de plusieurs sociétés savantes, à Villers-sur-Foucarmont.
VOILLET DE SAINT-PHILBERT, à Paris.
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NEUFCHATEL.—IMPRIMERIE DE ERNEST DUVAL, RUE DU TROT-MAROT.
[Fin du Dictionnaire du patois du pays de Bray par Jean-Eugène Decorde]