Title: Le jour du Seigneur
Author: Ernest Hello
Release date: November 23, 2024 [eBook #74785]
Language: French
Original publication: Paris: Victor Palmé
Credits: Laurent Vogel (This book was produced from images made available by the HathiTrust Digital Library.)
ERNEST HELLO
LE JOUR
DU
SEIGNEUR
Souviens-toi de sanctifier le jour du sabbat.
(Ex., XX, 8.)
PARIS
VICTOR PALMÉ, LIBRAIRE-ÉDITEUR
25, RUE DE GRENELLE-SAINT-GERMAIN.
1872
PAR
ERNEST HELLO
Souviens-toi de sanctifier le Jour du Seigneur.
Le septième Jour est le Sabbat du Seigneur ton Dieu. Ce jour-là tu ne travailleras pas, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni ton cheval, ni l’étranger qui est entre les portes.
(Ex., XX, 8, 9.)
PARIS
VICTOR PALMÉ, LIBRAIRE-ÉDITEUR
RUE DE GRENELLE-SAINT-GERMAIN, 25
1871
Après un tremblement de terre, les survivants se regardent avec étonnement. Mille sentiments très-serrés les uns contre les autres, surgissent en un instant sur le même point du temps et de l’espace.
Voici l’une des expressions confuses, indéterminées, rapides et ardentes qui se font jour, dès que le jour devient possible, dans les âmes épouvantées :
« Comment vivrons-nous désormais ? »
Une immense catastrophe exige et promet quelque immense rénovation. Il semble impossible de suivre, après l’abîme, la route ancienne qui a mené à l’abîme. Les discours ont été inutiles. L’autorité des faits semble imposer une rénovation. L’esprit s’ouvre à la fois aux désespoirs les plus profonds et aux espérances les plus audacieuses.
Tout est perdu, à moins que tout ne soit sauvé.
Une seule chose paraît impossible, c’est la continuation du passé.
Cette chose est précisément la seule qui se soit réalisée.
Examinez les âmes ; examinez les livres ; examinez les journaux. Chacun pense ce qu’il pensait, chacun dit ce qu’il disait, chacun est ce qu’il était.
Comme l’eau qui se referme, après l’immersion d’une pierre lancée et engloutie, la foule s’est refermée sur les événements avec indifférence. Elle n’a rien appris et rien oublié.
Le 13 mai 1867, j’écrivais dans l’Univers, quelques jours après sa réapparition :
« La nécessité suprême de Jésus-Christ est descendue du domaine de la contemplation dans le domaine des faits. »
« Le christianisme n’est plus seulement la nécessité morale du monde ; il est devenu la nécessité matérielle. Elle est si pressante, cette nécessité, qu’on oserait dire qu’elle est l’unique expédient. Les palliatifs sont épuisés. La vérité seule est praticable. Il n’y a pas pour ce monde-ci et pour l’autre deux sauveurs différents. Il n’y en a qu’un : c’est Celui qui parlait, il y a dix-huit cents ans, à Marthe et à Marie. »
Il est impossible de parler aujourd’hui, sans répéter ce que nous disions alors. Seulement la vérité qui semblait hardie en 1867, est devenue évidente en 1871.
Évidente !… Et cependant rien n’indique nulle part aucune disposition à ouvrir les yeux et les oreilles.
Le Journal des Débats, par exemple, comprend-il mieux, même après l’événement, les paroles que nous lui adressions avant l’événement ? Non. La fermeture de ses bureaux ne lui a pas révélé les conditions spirituelles de son existence, même matérielle. Il n’a pas compris qu’il est protégé, même dans ses intérêts les plus palpables, par les vérités qu’il combat.
Puisque la surdité des hommes est à l’épreuve de la foudre, comment ne serait-elle pas à l’épreuve de ma voix ?
Leurs précautions sont si parfaitement prises contre la lumière et contre la parole, que toutes les charités et toutes les haines, tous les pardons et tous les incendies, toutes les sollicitations et toutes les fureurs, tous les souffles et tous les tonnerres meurent à leur porte, sans troubler leur sommeil.
Ils sont mieux trempés qu’Achille, leur talon n’a pas été oublié. Toutes les parties d’eux-mêmes sont également bien garanties contre les blessures de la vérité.
Ils ont fait un pacte avec les ténèbres, et les cas de force majeure, qui déchirent tous les traités, n’ont pas déchiré celui-là.
Chacun traîne sa vieille chaîne ; le sang ne l’a pas rouillée ; le feu ne l’a pas fondue.
Puisque chacun répète son erreur, répétons notre vérité. Nous disions, il y a plus de quatre ans :
« Quand la tempête s’élève, le matelot se souvient. Le matelot qui tout à l’heure buvait en jurant, se trouve d’accord avec une carmélite qui est en oraison à mille lieues de là… »
« Les sifflements du vent sont terribles : le navire est bien léger, la mer est bien profonde, et l’éternité bien inconnue. Cette nécessité spirituelle, que la tempête révèle aux matelots, tout la révèle à tous aujourd’hui ! »
Ceux qui se moquaient ont persisté. Ils verront un jour le Nom et la Face qui étaient l’objet de leurs moqueries.
Nous exhortions les hommes à la ressemblance du matelot et nous ajoutions :
« Ou tout croule et vous mourez. »
C’était le dernier mot de l’article.
LE
JOUR DU SEIGNEUR
Et Dieu dit à Adam :
Tu mangeras de tous les fruits du Paradis.
Mais tu ne mangeras pas du fruit de l’arbre de la science du bien et du mal.
Le Jour où tu en auras mangé, tu
MOURRAS DE MORT[1].
[1] Gen. II, 16, 17.
Et Dieu parla à Moïse, disant :
Parle aux fils d’Israël et dis-leur :
Veillez à garder votre Sabbat parce qu’il est le signe entre moi et vous dans vos générations : afin que vous sachiez que je suis le Seigneur qui vous sanctifie.
Gardez mon Sabbat, car il est saint.
Celui qui l’aura violé,
MOURRA DE MORT[2].
[2] Ex. XXXI, 13, 14.
Ainsi les deux défenses sont faites dans les mêmes termes :
Tu mourras de mort.
Il mourra de mort.
Et Dieu insiste :
Vous travaillerez six jours. Le septième est le Jour du Sabbat, le repos consacré au Seigneur.
Celui qui aura travaillé ce Jour-là
MOURRA.
Les mystères abondent ici.
Nous sommes entourés d’étonnements.
Commençons par celui qui est le plus accessible à l’esprit humain, et étonnons-nous d’abord de l’oubli où ces paroles sont laissées.
La peine de mort, en tant que peine légale et judiciaire appliquée par l’homme à la violation du Sabbat, est abolie.
Nous parlons ici de la peine de mort dont Dieu se réserve à lui seul l’application. Cette mort mystérieuse, dont la menace dure toujours, est directement donnée par la main de Dieu qui pénètre partout, au ciel, sur la terre et en enfer, et que personne ne peut fuir.
La première sentence a été portée contre Adam et le genre humain. La menace a été suivie d’effet.
Le châtiment est trop énorme pour pouvoir être raconté ou pensé. Il est universel, il est terrible. Il pèse sur nous d’un poids qui ne se peut pas dire.
Or, la même formule, la même sentence est prononcée dans les mêmes termes une autre fois.
Il semble que le genre humain n’aura pas assez de toutes ses forces, de tout son esprit, de tout son cœur et de toute son âme pour écouter et pour trembler.
Non, le genre humain ne fait aucune attention : il ne remarque même pas que la même bouche a proféré les deux sentences.
L’homme a confondu le Dimanche avec les autres jours, comme Adam avait confondu l’arbre fatal avec les autres arbres.
Le premier châtiment n’a pas même éveillé l’esprit de l’homme sur la seconde menace.
Il ne faut pas lâcher prise, il faut constater solennellement, il faut regarder en face ce fait.
La catastrophe paradisiaque a un pendant dans l’histoire.
Dieu s’est servi deux fois des mêmes termes. Il a fait deux fois la même menace, se servant des mêmes paroles, pour se réserver une certaine chose.
Et l’épouvantable suite de la première transgression n’ouvre pas les yeux des hommes sur les suites de la seconde.
Et le voile qui est devant leurs paupières les empêche même d’écouter la seconde menace, et de constater son identité avec la première, identité qui semblerait frappante au point de vue de l’érudition, si elle n’était pas si importante, si décisive, si capitale au point de vue de la vie.
Cette chose qui donne la mort n’a pas l’air d’intéresser les hommes.
Ou je me trompe infiniment, ou l’identité des deux menaces découvre entre les deux objets de la menace, entre les deux attentats, quelque lien trop mystérieux pour nos esprits, trop subtil pour nos yeux. Il doit y avoir là quelque prodige dont la vue nous entraînera quelque jour à des ravissements inespérés.
Les moins sagaces, les moins pénétrants d’entre les hommes n’ont pu s’empêcher de remarquer en France que depuis le commencement des désastres les cloches du Dimanche ont sonné pour la nation de Jeanne d’Arc le glas funèbre.
La persistance des coups de tonnerre à éclater toujours le Dimanche frappait tous les regards.
Forbach, Sedan, capitulation de Metz, capitulation de Paris… toutes les catastrophes mettaient, à s’afficher le Dimanche, une certaine affectation.
Combien de murailles en France, combien de monuments construits le dimanche ont été couverts le dimanche par les dépêches fatales !
Combien de murs construits sous les yeux des passants le jour du Seigneur ont étalé le même jour, aux yeux des mêmes passants, l’histoire des ruines qui se faisaient !
Ce monde est si bas qu’il abaisse les choses en les touchant.
Il possède la triste puissance de réduire à ses proportions mesquines les pensées les plus sublimes, et ce qui est au-dessus des pensées.
Il touche avec son équerre les sommets que son œil ne voit pas, abolissant du même coup la gloire du sanctuaire, et l’horreur du péché, il essaie de passer le niveau, sur les montagnes, sur les vallées et sur les abymes.
Parmi les mystères qu’il a le plus capricieusement et le plus bassement ignorés et profanés, il faut citer le repos du Dimanche.
Il a fini par le regarder, dans sa hideuse bonne foi, comme une ordonnance de police tombée en désuétude, comme l’ordonnance surannée d’une police surannée.
Nous rendons à César ce qui est à César. Je voudrais essayer, aujourd’hui, de rendre à Dieu ce qui est à Dieu.
Parmi les crimes humains, il en est dont la punition semble indéfiniment ajournée ou voilée, il en est d’autres dont le châtiment semble se manifester avec un peu plus de promptitude et un peu plus d’évidence.
Parmi ces derniers, il faudrait citer, si je ne me trompe, les crimes au moyen desquels l’homme met la main sur le domaine réservé du Seigneur.
Je n’entre qu’avec un certain tremblement dans les profondeurs qui s’ouvrent ou plutôt qui s’entr’ouvrent, devant mes regards.
Les paroles de Dieu sont des actes.
Saül avait été changé en un autre homme, suivant la parole de Samuel. Il avait été élu et sacré. Sacré roi sur Israël, élu roi des Élus. Mais il garde pour lui, après la défaite d’Amalec, ce qui appartenait à Dieu. Il garde les plus beaux troupeaux ; le butin le tente, l’apparence le trompe, il ne se souvient plus du rôle mystérieux des troupeaux dans l’histoire des patriarches. Il ignore ou il oublie les brebis de Laban. Il porte la main sur des créatures que le créateur avait voulues pour lui. Il est rejeté !
Ce n’est pas tout. Samuel compare son attentat à l’idolâtrie, bien que la relation de ces deux crimes, invisible au premier coup d’œil, réside dans le mystère qui nous occupe ici.
L’histoire se sert contre lui de cette parole terrible et mystérieuse qu’elle emploie si rarement et par laquelle elle semble appuyer de force notre attention sur l’incompréhensible :
Dieu, dit le livre saint, se repentit d’avoir choisi Saül ! Et Saül se précipita sur un glaive et se perça et son écuyer se précipita sur un glaive et ses trois fils périrent, dans le même moment.
Saül avait attenté à la réserve du Seigneur.
Or Dieu s’était déjà repenti. Il s’était repenti d’avoir fait l’homme, et le déluge était venu.
Les repentirs de Dieu sont choses terribles.
Nous nous sommes écartés en apparence du septième Jour. En réalité nous ne le quittons pas. Nous parlons des choses réservées à Dieu.
Parmi le tonnerre et les éclairs du Sinaï, la voix terrible avait dit à Moïse :
« Souviens-toi de sanctifier le Jour du Seigneur :
« Le septième Jour est le sabbat du Seigneur ton Dieu. Ce jour-là tu ne travailleras pas, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni ton cheval, ni l’étranger qui est entre les portes.
« Car le Seigneur a fait en six jours le ciel et la terre et la mer et tout ce qu’ils renferment, et s’est reposé le septième Jour. C’est pourquoi il a béni le sabbat et l’a sanctifié[3]. »
[3] Ex. XX, 8, 9, 10.
Or, le septième Jour, tombèrent au son des trompettes de Josué les murailles de Jéricho (le septième Jour : tant il est vrai que je ne sors pas de mon sujet). — La chute des murs de Jéricho était le repos d’Israël.
Que cette cité soit Anathème, dit Josué, et que tout ce qu’elle renferme soit au Seigneur !
Le mot : Anathème est un des mots les plus mystérieux de l’Écriture. L’usage le prend toujours en mauvaise part. Mais l’usage se trompe. Anathème veut dire : Consacré.
L’Anathème est consacré au Seigneur, soit à sa justice, soit à sa miséricorde, soit à sa sainteté ; sacer esto. Le mot sacré est celui qui s’écarte le moins du terrible : Horma.
La Vierge est dite : Anathème parce qu’elle appartient tout entière à Dieu, absolument, sans restriction, sans tache et sans réserve.
Dans la Biblia Mariana, nous trouvons à propos de Josué, au mot Anathème :
« La consécration faite par Josué de la première ville qu’il prit dans la terre de Canaan est le symbole de la Vierge Mère consacrée qui offrit au Seigneur Jésus sa première demeure terrestre. Le démon ayant une part quelconque, grande ou petite dans les autres personnes humaines, la Vierge est totalement et absolument la réserve sans tache du Seigneur Dieu (Mendoza, 1er Reg. IV, vers. 11 et 12). »
Israël est vaincu. Josué ne comprend pas. Lui l’homme de la victoire, l’homme de la terre promise, l’héritier du serment, lui qui a fait sentir aux astres le poids de sa parole, il est vaincu. Il demeure ébloui devant l’horrible merveille de sa défaite. Il reproche à Dieu ses faveurs et le Jourdain traversé.
Couvert de cendre, les vêtements déchirés, il se jette à terre en rugissant devant l’arche sainte. — Le soir vient. Josué ne se relève pas. Les vieillards d’Israël sont prosternés avec lui. Et il criait sans s’arrêter.
Lève-toi, dit le Seigneur, pourquoi restes-tu là, couché à terre ?
Israël a péché et prévariqué. Il a touché à l’Anathème.
Quelqu’un, à l’insu de Josué, avait mis la main sur la réserve du Seigneur.
Balthazar ne faisait sans doute point les premiers pas dans la voie du crime, mais il but une certaine nuit dans les vases sacrés et cette nuit-là :
Apparuerunt digiti.
Trois mots furent écrits sur la muraille.
Mane, thecel, phares.
C’était les vases d’or et d’argent qui venaient du temple de Jérusalem ; c’était la réserve du Seigneur.
La réserve de Dieu !
Voici peut-être un des mystères les plus profonds et les plus oubliés qu’il y ait.
Peut-être ce mystère est-il un des plus remplis de lumière, car il est un des plus remplis d’ombre.
Plus un mystère est impénétrable, plus il est éblouissant.
Plus il est impénétrable en lui-même, plus il pénètre les choses extérieures ; plus il est obscur en lui-même, plus il jette la lumière hors de lui.
En toutes choses, Dieu s’est choisi une réserve.
Quand Dieu a placé Adam dans le Paradis, il lui a donné tous les fruits excepté un.
En Jésus-Christ, disent les écrivains ascétiques, Dieu qui donnait son fils aux hommes, s’est réservé la profondeur inconnue de sa vue intérieure, sa plus secrète, sa plus inouïe, sa plus ineffable, sa plus profonde adoration.
Ni les hommes, ni les anges n’ont vu le fond de ce cœur. Dieu se réservait à lui seul ce secret.
Après le Déluge, Dieu donne à Noë, tous les animaux comme à Adam tous les fruits : car, la viande devenait utile à l’homme ; mais l’exception suit la loi comme l’ombre suit le corps, excepté ceci :
Vous ne mangerez pas la chair avec le sang, et dans le Lévitique : celui qui aura mangé le sang mourra.
Tous les fruits étaient permis, excepté un.
L’attentat est consommé ; toutes les filles d’Ève sont conçues dans le péché excepté UNE.
Le fruit défendu était une exception dans l’Éden. La conception souillée, qui est la loi introduite par le péché, rencontre une exception en dehors de l’Éden, et voici la Vierge Marie.
Admirez le parallélisme !
Il n’y avait qu’un fruit défendu, et après la catastrophe paradisiaque, il n’y a qu’une femme conçue sans péché.
Dieu, disent les écrivains ascétiques, s’est reposé en Marie. Il voulait pouvoir dire à une fille d’Ève :
Tu es toute belle, ma bien-aimée, et aucune tache n’est en toi.
Il voulait qu’une préservation absolue lui réservât intégralement celle qui devait être VIERGE au delà de toute idée.
Il voulait que la Vierge fût dans le cas inconnu et mystérieux que la tradition catholique connaît et proclame.
Il voulait qu’elle fût l’anathème (c’est-à-dire place loin de).
L’anathème est dans le désert, et saint Jean a vu la femme voler dans son lieu, voler au désert, portée par deux grandes ailes d’aigle.
Et il l’a vue un dimanche.
Dieu a donné aux hommes tous les jours de la semaine, et il s’en est réservé UN.
C’est ce jour-là que le disciple que Jésus aimait, le disciple privilégié et exceptionnel, celui qui seul avait dormi sur la poitrine de Jésus, et présenté, pendant la dernière cène, une image du repos profond, c’est ce Jour-là que saint Jean eut la révélation sublime faite de foudre, d’éclairs et d’obscurités transparentes.
Lui, si sobre de paroles, il nous avertit, au commencement de l’Apocalypse, qu’il fut en Esprit un Dimanche !
L’Apocalypse fut le repos de saint Jean.
Du haut de la montagne où nous sommes placés, notre regard se promène, mais il se concentre en même temps. Il se promène sur les personnes et les choses que Dieu s’est réservées, et il se concentre sur le Jour de son repos sacré et redoutable.
Ainsi, de quelque côté que nous promenions nos regards, nous rencontrons cette vérité qui semble être la loi des lois :
Toute loi a une exception.
Dieu donne aux hommes les choses qui sont du domaine de la loi, et se réserve celles qui sont du domaine de l’exception.
Ne touchez pas au domaine réservé.
Marie a pris la meilleure part qui ne lui sera point enlevée.
Ce disciple, qui s’appelait lui-même le disciple bien-aimé, va au sépulcre du maître avec un autre disciple qui a un autre privilége.
Tous les hommes peuvent se tromper, excepté UN. Pierre est infaillible, et voici encore, sous un jour nouveau, la réserve du Seigneur.
Tous les hommes qui ont quitté la terre sont morts. Mais Élie et Énoch ont quitté la terre sans goûter la mort.
Énoch veut dire consacré.
Cette loi qui domine les lois, et qui veut au moins une exception, nous suit partout dans notre voyage.
Les six jours tombent sous le domaine des lois.
Le Dimanche est le sanctuaire réservé.
Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front.
Parole terrible ! Loi dure qui appelle une exception. Et le Dimanche répond à l’appel.
Ceux qui se présentaient devant Assuérus, avant d’être appelés par lui, encouraient la peine de mort.
Mais Assuérus tend son sceptre d’or à Esther terrifiée et lui dit :
Cette Loi est faite pour tous, mais non pour vous.
La loi de la sueur est faite pour tous les jours, mais non pour le Dimanche.
La vie de Jésus-Christ sur la terre a été ce que le péché l’a faite, terrible et dure au delà des paroles.
Cependant le Thabor a restitué un moment le Fils de l’Homme à la splendeur.
Le Dimanche des Rameaux l’a restitué à la gloire.
Le Dimanche de Pâques l’a montré dans la Résurrection.
Et l’Église dit, en parlant de ce jour-là :
Voici le jour que le Seigneur a fait.
Elle nous présente Dieu comme étant l’auteur du Dimanche, et ayant sur ce jour-là une autorité particulière.
Les élus verront Dieu, mais il y a néanmoins, au fond de lui, quelque mystère réservé, quelque gloire inouïe, improbable, dit le père Faber, qu’ils ne verront jamais. Ils l’adoreront, mais ils ne la verront pas, et loin de s’opposer à leur bonheur, cette gloire éternellement inconnue les ravira sans se montrer, dans une adoration suréminente qui portera sur l’ineffable.
Même dans l’éternité, même pour les saints, même pour les anges, Dieu garde sa réserve, son secret, son partage.
Plus le regard humain est profond et éclairé, plus il distingue l’exception de la loi.
Plus il est grossier et corrompu, plus il tend à les confondre.
Plus l’homme est aveugle, plus le Dimanche s’efface devant lui. Le signe posé par la main de Dieu n’est visible qu’à l’œil éclairé.
Ce jour sera le signe entre moi et vous.
Le signe est la marque de l’alliance.
Le signe !
Ainsi la profanation du Dimanche est un attentat contre l’alliance. Elle efface le signe que Dieu a fait. Elle est le crime contre l’arc-en-ciel.
Le repos et l’Arche sont sans cesse rapprochés dans l’Écriture.
Surge, Domine, in requiem tuam, tu et arca sanctificationis tuæ.
Le précepte du sabbat était contenu dans les tables de la loi, et les tables de la loi étaient contenues dans l’Arche.
Souvenez-vous des Bethsamites frappés de mort parce qu’ils avaient jeté sur l’Arche d’alliance un regard profane.
Souvenez-vous du roi frappé de mort pour l’avoir touchée.
Souvenez-vous du vieillard Héli qui tombe de cheval et meurt, apprenant que l’Arche est aux mains des ennemis.
Souvenez-vous des Philistins qui ont peur de la garder, car elle contient pour eux la mort.
Et rappelez-vous les paroles qu’entendit Adam et la parole qu’a entendu Moïse :
« Le jour où tu auras mangé du fruit défendu tu mourras de mort. »
« Celui qui aura profané le jour du repos, mourra de mort. »
Mea est ultio[4], dit le Seigneur.
[4] Deut. XXXII, 35.
La loi du pardon ne s’éclaire-t-elle pas ici, d’une grande lumière ?
La vengeance est comptée parmi les trésors qui appartiennent en propre au Seigneur. Elle est sa réserve et sa propriété.
« Mea ultio. — La vengeance est ma chose. Mihi vindicta. — La vengeance m’appartient.
« Nonne hæc condita sunt apud me et signata in thesauris meis. — Marquée dans mes trésors. »
Celui qui se venge lui-même attente à la réserve du Seigneur.
Si esurierit inimicus tuus, ciba illum, et si sitierit, da ei aquam bibere[5].
[5] Is. LVI, 2.
Prunas enim congregabis super caput ejus, et Dominus reddet tibi.
A travers la nuit des siècles, éclairée par la lueur des prophéties, l’écho de la parole dite à Moïse retentit sur tous les sommets. Et, partout, partout n’oublions pas de le remarquer toujours, c’est la question de vie ou de mort qui est posée.
Bienheureux, dit Isaïe, l’homme qui fait cela et le fils de l’homme qui sauvera ceci : Gardant le sabbat pour ne pas le violer, gardant ses mains pour ne pas faire le mal[6].
[6] Rom. XII, 20.
Ceux qui auront gardé mon sabbat et cherché ma volonté et observé mon alliance, je leur donnerai place dans ma maison : Je leur donnerai un nom éternel qui ne périra pas[7].
[7] Is. LVI, 4, 5.
« Et la moisson sortira de la moisson et le sabbat du sabbat.
« Toute chair viendra pour adorer devant ma face, dit le Seigneur.
« Et ils sortiront, et ils verront les cadavres de ceux qui ont attenté contre moi. Et leur ver ne mourra pas, et leur feu ne s’éteindra pas, et ils seront offerts à toute créature pour rassasier ses yeux[8]. »
[8] Is., LXVI, 23, 24.
Et Jérémie :
« Voici ce que dit le Seigneur : « Gardez vos âmes, et ne portez pas de fardeaux le jour du sabbat. »
« Si vous ne m’écoutez pas, si vous ne sanctifiez pas le sabbat, si vous portez ce jour vos fardeaux……… Je mettrai le feu dans vos murs, et il dévorera les maisons de Jérusalem, et vous ne pourrez pas l’éteindre[9]. »
[9] Jér., XVII.
Les recherches de l’érudition moderne, faites autour de la mer Morte, ont constaté une intéressante analogie entre le bitume et le soufre, par qui périrent Sodome et Gomorrhe, et le pétrole que nous connaissons ; les procédés semblent les mêmes.
Et Ézéchiel :
« Je leur ai donné le sabbat pour être entre eux et moi le signe d’alliance……… et ils ont violé le sabbat……… car leur cœur courait après les idoles[10]. »
[10] Éz., XX, 12, 16.
Voici encore un mystère qui s’entr’ouvre, et que j’ai indiqué :
La violation du sabbat est assimilée à l’idolâtrie.
Dérober pour la créature ce qui appartient au Seigneur, c’est attribuer à cette créature ce qui est divin, c’est la proclamer divine, c’est l’idolâtrer.
Porter la main sur la réserve du Seigneur c’est le premier pas vers la magie.
Qui sait par quelle série de crimes surhumains, l’homme ayant déserté le sabbat du Seigneur a pu descendre jusqu’à la fréquentation de cet autre sabbat qui est le lieu même de la magie, et dont le nom ressemble à une épouvantable et infernale parodie de la chose trois fois sainte.
Écoutez la prière d’Esdras :
« J’ai dit aux lévites de se purifier, de venir garder les portes et de sanctifier le jour du sabbat. A cause de cela, souvenez-vous de moi, mon Dieu, et épargnez-moi selon la multitude de vos miséricordes ! »
Antiochus interdit la solennité du sabbat et sentit en mourant qu’il mourait puni.
La mort et la violation du sabbat sont deux compagnes qui ne se quittent pas dans l’Écriture. Elles cheminent inséparables à travers les siècles historiques.
Et un peu plus loin ;
Quand Nicanor apprit que Judas Macchabée était aux environs de Samarie, il songea à l’attaquer avec toutes ses forces le Jour du Sabbat.
Or, les juifs qui étaient contraints de le suivre, lui disaient :
Ne soyez pas si barbare, honorez le Jour du Seigneur, rendez gloire à celui qui voit tout.
Ce malheureux demanda si celui qui a ordonné la sanctification du Sabbat était puissant au ciel.
C’est le Dieu vivant, puissant au ciel, répondirent-ils, qui a ordonné le repos du septième Jour.
Et moi, dit Nicanor, je suis puissant sur la terre. Et Jérémie le prophète du Seigneur apparut en songe, au prêtre Onias et, dans le songe, il donnait à Judas Macchabée un glaive de feu.
Judas Macchabée supplia le Seigneur d’envoyer à ses ennemis, la Peur qui est à ses ordres, et lui et les siens en exterminèrent trente et un mille, et dans une joie magnifique, ils sentirent la présence de Dieu.
La tête de Nicanor fut coupée, sa langue qui avait insulté le Jour du repos fut donnée à manger aux oiseaux de proie.
Sa main fut suspendue au mur du temple.
Les pharisiens, dans leur stupidité aveugle, opposèrent le Sabbat à Jésus-Christ. Ils ne comprenaient pas ou ne voulaient pas comprendre que le miracle en général et la guérison en particulier sont par excellence l’acte du repos.
Jésus-Christ qui venait consommer et non détruire substitua l’esprit à la lettre.
Sa résurrection transporta le repos du samedi au Dimanche.
Jésus-Christ a éclairé et exalté le jour du Seigneur. Il ne l’a pas supprimé : La liberté de l’esprit l’a vengé de l’imbécillité pharisaïque et restitué à l’espace de l’amour qui est le domaine des enfants de Dieu.
La Messe, qui est l’Acte par excellence, est le précepte du Jour du repos.
Le Dimanche est la figure de l’éternité sans crépuscule.
Celui qui est entré dans son repos se repose de ses œuvres, à l’imitation de Dieu.
Le fait de la Salette est trop connu désormais pour être raconté ici. Mais il faut remarquer que là comme partout, l’attentat contre le Nom du Seigneur et l’attentat contre le Jour du Seigneur sont reprochés et présentés tous deux comme deux sources de mort, prêtes à couler sur la terre si…
Le terrible SI accompagne l’homme avec une fidélité redoutable. C’est l’ombre qui suit le corps.
Le mystère de notre liberté se croise avec le mystère des volontés divines.
L’histoire de Jonas est toujours suspendue sur nous comme un glaive à deux tranchants.
Si la violation du Dimanche semble exciter la colère de Dieu contre une nation, contre une société, contre un monde plus directement que les autres crimes, c’est que cet attentat constitue de la part des hommes une profession de foi publique d’athéisme. Tous les jours l’homme individuel peut établir entre Dieu et lui les communications qui constituent ce qu’on appelle en ce monde : la Religion. Mais le Dimanche a été choisi et consacré par la main de Dieu pour être le temple universel, l’autel social. Le Dimanche est le témoin officiel et prédestiné, choisi, voulu, consacré, le témoin de la religion solennelle par laquelle le ciel et la terre ont juré d’être unies.
Celui qui viole le Dimanche brise autant qu’il est en lui, les rapports de Dieu et du genre humain. L’Apostasie publique est le grand attentat qui renverse les peuples, et précipite dans l’abîme les nations autrefois choisies. Jérémie parle à travers les siècles, et l’écho de sa voix ne s’est pas perdu dans les vallées de la Palestine. Elle retentit de montagnes en montagnes, criant toute génération.
Quis enim miserebitur tui, Jerusalem ?…
D’autres crimes se cachent. La profanation du Jour sacré s’étale au soleil. Elle fait orgie d’elle-même. Elle insulte Dieu à la face du ciel et de la terre. Elle récolte comme elle a semé. Le crime a été public. Le châtiment est public. Écoutez cette parole terrible et oubliée :
« Je vous disperserai dans les nations, je tirerai le glaive contre vous, et votre terre sera déserte et vos cités détruites.
« Et la terre célébrera joyeusement son Sabbat, pendant tous les jours de cette solitude.
« Pendant que vous serez sur la terre étrangère, la terre fera un long Sabbat, et se reposera dans son désert, parce que vous ne lui avez pas accordé le repos, au Jour du Sabbat, pendant que vous l’habitiez. (Lévit. XXVI, 33, 34, 35). »
Quel châtiment profond et comme il sort des entrailles du crime ! Avec quelle intelligence la terre se venge et comme elle reprend avec usure ce qu’on lui a refusé ! Ses habitants lui ont refusé un jour de repos. Elle les rejettera loin d’elle, et se reposera tous les jours, et elle fera dans le désert la fête de son Sabbat, pendant qu’ils gémiront loin d’elle, épouvantés, et celui qui servira tremblera en pays inconnus.
Les six jours et le septième Jour ne ressemblent-ils pas aux deux femmes qui reçurent chez elles Jésus-Christ ?
Ce monde est plein de Dieu, et celui qui parle dans l’Apocalypse se tient à la porte et frappe, cherchant qui veut ouvrir.
Les six journées font leur œuvre, qui doit être divine. Elles s’agitent dans le domaine des choses multiples. Elles inventent, elles fabriquent, elles placent, elles déplacent, elles remuent, elles forment, elles déforment, elles agissent sur la matière, armées de l’intelligence, de la force, de la science, du travail. Le nombre, le poids et la mesure président à leurs opérations. Elles ont en main le compas, le ciseau et l’équerre. Elles ont la pioche, elles ont la bêche, elles ont la truelle, elles ont le marteau.
Elles fouillent la terre, elles déposent en elle le germe précieux que plus tard elles récolteront, supérieurement grandi et multiplié par la vertu de la chaleur et par la vertu de l’humidité, par la vertu de l’humus d’où l’homme tire son nom, par la vertu du soleil, d’où l’homme tire sa lumière.
Elles creusent les bassins, elles élèvent les maisons, les palais, les cités, les ponts et les chemins de fer. Elles percent la terre, elles fendent les montagnes, elles préparent à l’Océan le navire qui sera son maître, si Dieu le veut. Elles préparent à toutes créatures les surprises, les secours, les inventions, les rapidités, les splendeurs, et aussi les illusions, les défaillances et les déceptions de l’industrie.
Elles soutiennent le poids énorme de la science, de la société, de l’industrie. Elles font le jeu de tous les intérêts, et le conflit de toutes les forces.
Et voyant leur sœur, la septième Journée, assise aux pieds du Seigneur, et écoutant dans le repos sublime la parole qui contient la vie et qui pénètre plus subtile que le glaive, dans le sanctuaire réservé, elles disent :
Notre sœur ne fait rien, notre sœur la septième journée, notre sœur ne nous aide pas.
Marthe, Marthe, répond la voix profonde qui sait, qui voit, et qui juge, tu es occupée de beaucoup d’affaires. Cependant une seule chose est nécessaire. Marie a pris la meilleure part, qui ne lui sera point ôtée.
Les six journées préparent au Seigneur ses aliments ; car tout ce qui existe est fait pour nourrir sa justice ou sa miséricorde, sa colère ou son amour.
Mais sa parole immuable a dit, dit et dira aux siècles qui passent et aux siècles éternels, à ceux qu’on appelle les siècles des siècles :
Une seule chose est nécessaire, Marie a pris la meilleure part qui ne lui sera point ôtée.
Elle ne lui sera point ôtée ; car les six journées figurent le Temps, et la septième Journée l’Éternité.
La meilleure part est celle qui ne finit pas, et le Jour du Seigneur, qui l’a prise au vol par une sublime anticipation, pendant que les horloges comptent encore les heures que doit durer ce monde, le septième Jour la gardera dans la Jérusalem éternelle et triomphante, dans la Jérusalem aux douze portes dont parle l’Aigle de Pathmos.
Si les six journées étaient plus clairvoyantes, au lieu de jeter sur le Dimanche un regard malveillant, elles lui rendraient gloire. Elles sauraient que le repos est la garantie, la consécration, la lumière et la vie du travail.
Mais les affaires sont naturellement aveugles. Leur unique ressource, pour se sauver, c’est de s’interrompre. Elles n’échappent à la cécité, qui vient de leur multitude, que par le repos qui garantit et consacre au milieu d’elles le droit inaliénable et sauveur de l’unité.
Mais pour apercevoir l’importance pratique du Dimanche, il faut avoir conservé la vue.
Les importances accidentelles se révèlent à tout le monde.
L’importance essentielle ne se révèle qu’à ceux qui voient.
Mais les premiers, pour ne pas voir la sagesse n’en subissent pas moins la mort ; car la sagesse donne la mort toutes les fois qu’elle ne donne pas la vie.
Le mépris qu’ils font de ses menaces ne les sauve pas de la ruine dont elle les a menacés.
Mais, comme ils n’ont pas entendu la menace, ils ne comprennent pas la catastrophe.
Le septième Jour, violé dans son repos, a brisé le travail des six autres, et les six autres sont devenus inféconds, parce qu’on a demandé leur fécondité au septième.
Le travail refuse à l’homme ses dons, parce que le repos a été méprisé par l’homme. Parce que la réserve du ciel a été violée, l’homme entend la parole qu’a entendu Caïn :
« La terre ne te donnera plus ses fruits. »
Le travail du dimanche a pour filles la misère et la mort, et quand la terre a refusé ses fruits, le malheur de l’homme redouble son aveuglement, son aveuglement redouble son malheur ; l’abîme appelle l’abîme ; le sacrilége appelle le blasphème.
O glaive du Seigneur, disait Jérémie, quand te reposeras-tu ? Rentre dans le fourreau.
Rafraîchis-toi ; tais-toi.
Le Dimanche est l’Alleluia de la création. C’est ce jour-là que la respiration des mondes, chantant la gloire du Seigneur, pourrait, ce semble, être devinée dans le silence. — Mais où faut-il aller pour entendre ce que ce silence dit ?
Il faut aller plus loin que le lion qui traverse le désert, plus loin que l’aigle qui traverse les cieux, plus loin que l’harmonie, plus loin que la lumière qui traverse l’espace ; il faut traverser les îles étrangères et les plaines inconnues.
Je suis allé plus loin que le lion, plus loin que l’aigle qui traverse les airs, j’ai laissé derrière moi le son et la lumière qui ne fait que soixante-quinze mille lieues par seconde, et je n’entends pas encore la respiration des mondes.
Va plus loin, plus loin…
Je vais plus loin, plus loin, plus loin, et je n’entends pas encore la respiration des mondes.
Pour entendre la respiration des mondes, il faut aller si loin que tu n’entendes plus aucun de leurs bruits.
Je suis allé si loin que je n’entends plus aucun de leurs bruits, et cependant je n’entends pas la respiration des mondes.
Va plus loin… pour entendre la respiration des mondes, il faut aller si loin, que tu ne te souviennes plus d’aucun de leurs bruits.
Je suis allé si loin… si loin, que je ne me souviens plus d’aucun de leurs bruits, et pourtant je n’entends pas la respiration des mondes.
Va plus loin… plus loin… Pour entendre la respiration des mondes, il faut aller si loin… si loin… que tu n’entendes plus le bruit de tes pas.
Je suis allé si loin que je n’entends plus le bruit de mes pas, et pourtant je n’entends pas la respiration des mondes.
Va plus loin… Il faut aller si loin que tu n’entendes plus le bruit de ton vol.
Je suis allé si loin que je n’entends plus le bruit de mon vol, et pourtant je n’entends pas la respiration des mondes.
Va plus loin… plus loin… il faut que tu aies oublié ce que c’est que le bruit.
J’ai oublié ce que c’est que le bruit, et pourtant je n’entends pas la respiration des mondes.
Écoute bien………!
Dans le silence incompréhensible de la nuit qui a oublié… le Seigneur est là, qui fait battre ton cœur…
Voici que j’entends la respiration des mondes.
ALLELUIA ! ALLELUIA !
Nous avons regardé le dimanche du côté de Dieu.
Regardons-le du côté de l’homme.
Le travail et le repos constituent la vie. C’est la loi, et nul ne la viole sans mourir. La mort est la sanction naturelle de la loi du repos. La parole de Dieu à Moïse ne nous permettra, à aucun point de vue, de l’oublier un moment.
Il faut donner et recevoir, travailler et se reposer, ou bien il faut mourir. Le repos n’est pas seulement compatible avec le travail. Il lui est absolument et rigoureusement nécessaire. Quand vous concevrez la mer avec un flux sans reflux, vous concevrez l’homme avec un travail sans repos, et quand l’arc-en-ciel sera le symbole du désespoir, le repos sera l’ennemi et le rival du travail.
De quelque façon qu’on prenne le mot travail, la loi du repos rencontrera son accomplissement nécessaire.
Mais parlons du travail le plus dur en apparence. Parlons de l’ouvrier qui se refuse le septième Jour, parlons du pauvre.
Parmi les noms les plus ordinairement rapprochés dans l’Écriture, dans le langage de l’Église et dans la vie des Saints, il faut citer deux noms qui se suivent à peu près toujours, qui ne peuvent pas se quitter, qui s’appellent et se répondent ; ces deux noms, les voici :
DIEU ET LE PAUVRE.
La connexité est telle, qu’on est certain, quand on vient d’entendre l’un, d’entendre l’autre au bout d’un instant. C’est un peu l’effet que produit la rime quand on entend lire des vers. On dirait que ces deux mots : Dieu et le pauvre riment ensemble dans quelque langue inconnue, dont les vestiges surhumains, égarés parmi nous, nous donnent l’impression d’une poésie gigantesque et oubliée.
Or, le pauvre a besoin du septième Jour. Celui qui viole le Dimanche se révolte à la fois contre la gloire de Dieu et contre sa miséricorde. Les intérêts de Dieu, si l’on peut parler ainsi, et les intérêts du pauvre sont toujours identiques. Les paroles du jugement dernier sont là pour nous l’apprendre. La misère et la gloire réclament toutes deux le repos du septième Jour. Dieu et le pauvre poussent le même cri. Le bœuf n’est pas étranger au besoin de son maître. Les animaux balbutient à leur manière comme des échos faibles et courts, la loi du monde qu’ils ne connaissent pas, mais qu’ils sentent peser sur leurs membres après le travail des six jours. Entre Dieu et Moïse, le bœuf n’a pas été oublié.
Tout trouve place parmi de telles grandeurs, et il n’y a pas de petit détail pour celui qui voit l’importance des brins d’herbe. Celui qui communique la majesté, quand il regarde, ne trouve aucune créature indigne de son regard.
Voulez-vous savoir où en est une civilisation ? Regardez-la vis-à-vis de Dieu et vis-à-vis du pauvre. Toujours ces deux regards porteront le même jugement.
Le repos étant une nécessité absolue, l’ouvrier qui ne se repose pas le Dimanche se reposera le lundi ; car il faut bien qu’il se repose.
Satan, qui est le singe de Dieu, s’exerce ici, comme toujours, dans la parodie.
Le Seigneur ayant choisi son Jour, Satan a voulu le sien.
Le repos du lundi est celui que Satan prépare à l’ouvrier.
Le Dimanche est le repos du sanctuaire.
Le lundi est le repos du cabaret.
Il y a deux coupes, celle du Dimanche et celle du lundi. Et au fond de chacune des deux coupes, il y a une ivresse.
Le Dimanche rapprocherait l’homme de l’Ange.
L’ivresse du lundi le met au-dessous de l’animal.
L’ivresse est une révélation. J’y vois la preuve de cet immense besoin qui pousse l’homme à sortir de lui-même et qui devrait le plonger dans l’ivresse du Saint-Esprit.
Le repos du Dimanche est, pour l’ouvrier, la condition même du travail des six jours.
Le repos du lundi produit la paresse des six jours.
Le repos du Dimanche pousse à l’action.
Le repos du lundi pousse à l’inaction.
Le repos du Dimanche constitue et prépare l’ordre.
Le repos du lundi constitue et prépare le désordre.
Le repos du Dimanche est et prépare l’économie.
Le repos du lundi est et prépare la ruine.
Le repos du Dimanche est et prépare la paix de la famille.
Le repos du lundi est et prépare la discorde dans la famille. La querelle et la fureur l’accompagnent et le suivent.
Or, la famille, c’est la société.
Le repos du lundi, c’est la dispute dans la maison, et la bataille dans la rue.
Le repos du Dimanche laisse une traînée lumineuse qui éclaire le travail des six jours.
Le repos du lundi laisse derrière lui une fumée qui assombrit la semaine.
Le repos du Dimanche est fécond.
Le repos du lundi est stérile.
Le repos du Dimanche établit entre l’ouvrier, le savant et l’artiste, une relation de paix qui fait l’harmonie entre leurs âmes et leurs travaux.
Le repos du lundi produit la haine et alimente la paresse.
Le repos du Dimanche est le ciment de la cité.
Le repos du lundi en est le dissolvant.
Le repos du Dimanche est à la base de tous les grands monuments.
Le repos du lundi est le laboratoire où se fait l’amalgame d’où sortent les grandes catastrophes.
Car la parole méprisée se change en fait, et quiconque n’a pas voulu entendre finit par voir.
Nous avons vu.
Et plus la parole est haute, plus elle a paru vaporeuse, nuageuse, vaine, ridicule, plus l’accomplissement est palpable, éclatant, visible, tangible, matériel.
Ce qui produit la ruine, les coups de couteau, les coups de fusil, les coups de canon, le meurtre, l’affolement, l’incendie, c’est le sourire moqueur d’un petit homme qui dit que les Saints sont des rêveurs et que les Prophètes sont des fous.
Me direz-vous qu’à la rigueur, l’ouvrier qui a travaillé le Dimanche, peut aussi travailler le lundi, et que par là, le cabaret est écarté avec ses conséquences.
Examinons, sans la discuter, cette hypothèse invraisemblable.
Si l’ouvrier qui a travaillé le Dimanche se repose le lundi, la société est sauvage.
Si l’ouvrier qui a travaillé le Dimanche travaille le lundi, la société est barbare.
L’état sauvage consiste dans le développement arbitraire et injuste des fantaisies de l’individu. Dans l’état sauvage, la société ne protége personne contre personne, puisqu’elle n’existe pas. Elle est remplacée par la juxtaposition. Le plus fort opprime ou tue le plus faible. La sauvagerie est l’assassinat de tous par chacun.
L’état barbare consiste dans le développement arbitraire et injuste des fantaisies de la communauté. Dans la barbarie, la société ne protége personne contre elle-même, car elle n’existe pas ; elle est remplacée par la communauté. Le monstre, qui est le plus fort, et qui s’appelle tous, opprime et tue chacun. La barbarie est plus contraire au sentiment humain que la sauvagerie, parce que la collection, devenue oppressive, est plus stupide et plus féroce que l’individu. Le monstre tous, devenu furieux, affamé, dévorant, est plus impossible à instruire ou à attendrir qu’un individu ou qu’un animal. L’état barbare est plus contraire à la nature que la vie animale, ou végétative, ou simplement moléculaire.
La sauvagerie est l’assassinat de tous par chacun. La barbarie est l’assassinat de chacun par tous.
Or, la barbarie produit, comme accident, la sauvagerie, parce que la collection féroce, occupée à tuer, à brûler, et à mordre, livre chaque individu aux fureurs de l’autre.
La civilisation est l’exercice légitime des facultés de l’individu, protégé, sanctionné, consacré par la société intelligente.
Dans l’état de civilisation, chaque homme marche dans sa voie, suivant ses aptitudes et sa vocation particulière, sous la protection d’une société organisée. Dans l’état civilisé, le pouvoir est la consécration sublime, humaine et divine de la société. L’autorité doit être la main de la force suspendue sur l’intelligence et sur l’amour pour les protéger contre leurs ennemis et leur ouvrir les portes de la carrière où ils doivent courir légitimement.
La sauvagerie a pour caractère la guerre privée. La barbarie a pour caractère la guerre publique. La civilisation a pour caractère la paix sublime, qui est la lutte magnifique des forces convergeant vers la gloire.
Si l’homme qui travaille des mains a, sous peine de mort, besoin du Repos Sacré, les autres travailleurs subissent précisément la même nécessité, et cette solidarité établirait entre eux, si elle était vue et sentie, une amitié qui les étonnerait.
L’homme d’affaires, le savant, quiconque se répand au dehors par un travail extérieur, toujours fatiguant, même s’il n’en a pas l’air, a besoin d’un repos vrai.
Ceux qui ne connaissent pas la nature du repos pourront le confondre avec l’ennui.
Ceux qui le connaissent savent que le repos est directement le contraire de l’ennui, son antidote, son remède.
L’ennui, c’est le repos du lundi.
Beaucoup de gens regardent comme ennuyeux le Repos du Seigneur. Quelques-uns parmi ceux-là se déclarent chrétiens et se rangent parmi les bons. Mais ils craignent que le Seigneur ne devienne, pendant l’éternité, monotone aux élus.
Ils oublient que Dieu est Acte pur, et que Jésus-Christ est venu allumer le feu sur la terre.
Et parce que les hommes ont refusé son feu, Satan a allumé le sien.
Le repos du Dimanche est un recueillement. Mais il doit être organique et non pas mécanique.
Le Dimanche est un adorateur en Esprit et en Vérité.
La terre, dit Jérémie, est pleine de désolation, parce qu’il n’y a personne qui réfléchisse dans son cœur.
Le recueillement est la réflexion du cœur.
L’homme s’est dissipé ; il se recueille.
Il s’est dépensé ; il se répare.
Il a donné aux autres ; il demande à Dieu.
L’homme réfléchit dans son esprit, quand il se répand au dehors ; il réfléchit dans son cœur, quand il se recueille au fond de lui.
Le Dimanche est le jour du cœur.
Les souvenirs de l’homme et de son commerce divin sont plus profonds et plus intimes ce jour-là.
Le Jour de Dieu ressemble à ce silence d’une demi-heure, dont il est question dans l’Apocalypse.
La vie humaine est remplie de chocs et de faux mouvements. Elle est un combat où chacun blesse les autres et se blesse lui-même.
Que de choses accomplies dans la semaine qui demandent une réparation ! Une réconciliation intime et spirituelle des créatures ne serait-elle pas le Dimanche, si le monde était chrétien, une des préparations, une des fêtes de l’aurore ?
Le repos du Dimanche est l’Ange gardien de la vie.
L’homme reçoit un ordre dont il ne comprend pas la beauté. Il le prend pour un caprice et se révolte. A la sortie de l’obéissance, la mort est là, qui attend sa proie.
L’homme souffre et meurt, il apprend par une expérience épouvantable la valeur de l’ordre qu’il avait reçu.
Les choses extérieures qu’il croyait indifférentes à cet ordre, se déclarent dépendantes de lui, violées par la désobéissance humaine, et prêtes à punir le coupable. Les choses inanimées se conduisent alors comme si elles étaient portées à la vengeance.
L’homme croyait avoir négligé un caprice, ou traité légèrement une mesure arbitraire, vieillie, ennuyeuse, surannée ! Il a porté le trouble dans le cœur même de la vie. Il a blessé l’harmonie des mondes à la prunelle de l’œil. Il a porté la main sur la chose que le Seigneur s’était réservée, l’ayant soustraite aux atteintes de la créature. Il a commis contre le nom terrible et le repos sacré un attentat incommensurable, et sa vue est trop courte pour l’embrasser, son esprit trop étroit pour le saisir, et son cœur n’est pas de force à le peser.
L’adoration de Dieu, le Nom de Dieu, le Repos de Dieu se touchent et se succèdent dans les commandements de Dieu et dans l’histoire des choses de Dieu.
Et quand l’expérience a donné la leçon qui se paye cher, l’homme se retrouve en face de la parole qu’il a méprisée, et il dit dans son cœur :
Si j’avais su !
L’Écriture commence par la Genèse et finit par l’Apocalypse.
Le Genèse et l’Apocalypse célèbrent tous deux le jour du repos. Le Genèse nous dit le repos du Dieu créateur ; l’Apocalypse, le repos du Dieu rédempteur.
L’arche de Noë se reposait après le déluge, sur le mont Ararat, quand les sept couleurs, apparaissant pour la première fois dans les nuages, annoncèrent au ciel et à la terre qu’une alliance venait de se conclure.
Les sept sacrements annoncèrent au ciel et à la terre que sept torrents étaient lancés par où le sang du Rédempteur devait féconder les siècles.
Les sept dons du Saint-Esprit achevant, consommant, éclairant l’œuvre divine, annoncèrent au ciel et à la terre que le Seigneur avait trouvé, dans l’âme des saints, le lieu de son Repos.
Les choses humaines, quand elles sont justes et vraies le sont par un côté, sous un rapport, par un point. Il est rare et peut-être impossible qu’une institution purement humaine ne paye pas ses avantages par de sérieux inconvénients. Quelquefois les inconvénients sont tels qu’on finit par se demander de quel côté penche la balance. La nature des choses purement humaine est d’avoir des inconvénients, et les meilleures coutumes ou les meilleures dispositions ne touchent la vérité que par certains points isolés qui laissent désirer et regretter tout le reste.
La vie humaine se compose d’éléments si multiples et si hétérogènes, qu’il est bien difficile de soigner certains intérêts, sans oublier ou sans léser les autres. On fait la part de l’un, la part de l’autre. Chacun d’eux est mécontent de la sienne, et le troisième se plaint d’avoir été oublié. C’est une lutte, c’est un conflit, c’est la réclamation perpétuelle, contentieuse, contradictoire des intérêts opposés, qui plaident au nom de quelqu’un, contre quelqu’un. Et quelquefois la sagesse humaine aboutit à des conciliations provisoires, à des sacrifices mal acceptés, à des palliatifs très-imparfaits.
La parole divine a une vertu contraire. Quand on l’entend, on la sent vraie d’une vérité pleine, entière, vraie à tous les points de vue.
Le repos du Dimanche est la loi générale, universelle qui s’impose à tous, profite à tous, ne nuit à rien et à personne. Elle contient, porte et donne une vérité qui enveloppe la création, oblige toute créature, et l’oblige en la secourant. Cette obligation est une miséricorde, une lumière, un bienfait.
Vraie du côté de Dieu, vraie du côté de l’homme, et du côté de chaque homme, quel que soit son caractère et son travail, vraie du côté des animaux, vraie du côté de la nature, vraie du côté des choses visibles, et des intérêts connus, vraie du côté des choses invisibles et des intérêts inconnus, vraie du côté de l’individu, vraie du côté de la société, vraie du côté du temps, vraie du côté de l’éternité, liée à la chaîne des vérités, à la chaîne des lois, et à la chaîne des événements par la main qui a lié les étoiles pour faire les constellations, proclamée par la bouche de celui qui sait tout, sanctionnée par son bras tout puissant, la loi du Dimanche enveloppe les personnes et les choses dans sa sagesse et dans sa profondeur. Nul ne la viole et nul ne l’élude sans produire quelque trouble à la fois évident et mystérieux, visible à la surface et insondable au-dessous. Le profanateur du Dimanche voit ce qu’il fait en apparence. Il ne voit pas ce qu’il fait en réalité. Il voit l’acte de son bras, il ne voit pas l’acte de son âme. Il ne peut pas le suivre à travers le dédale des choses.
Sa vue est trop courte pour qu’il suive du regard son attentat. Si les horizons s’élargissant tout à coup lui livraient les secrets de la vie et de la mort, il serait foudroyé par le spectacle qu’il aurait sous les yeux. S’il pouvait suivre son attentat à travers les domaines de la création, et voir son œuvre s’accomplir partout où elle s’accomplit, il sentirait le poids d’une parole divine. Il apprendrait ce que c’est de désobéir à celui qui parle, voyant tout, sachant tout, et pouvant tout. Après avoir suivi du regard son acte dans ce temple, il le verrait dans l’éternité, où il est attendu par la justice, ou attendu par la miséricorde.
Voici une autre manière d’exprimer la même vérité. Le nom de celui qui a consacré le Dimanche par sa résurrection s’appelle
JÉSUS.
Jésus, c’est-à-dire Sauveur.
Celui qui veut le repos du Dimanche est celui qui est mort pour le salut des hommes, qui est leur Sauveur. Il est nécessaire, pour approfondir le commandement, d’approfondir le nom de celui qui commande. Il commande par la bouche de l’Église universelle. Il commande le repos du Dimanche. Il le commande dans sa miséricorde, pour que l’homme ne tombe pas sous le fardeau, dans sa justice, afin que le plus fort n’abuse pas du plus faible, dans sa gloire, afin que la réserve du Seigneur soit donnée au Seigneur.
Résumons-nous.
L’exception confirme la loi. Le Dimanche, est l’Ange Gardien de la semaine.
Il faudrait mesurer le Repos de Dieu en lui-même, et le Repos de Jésus-Christ dans sa résurrection, pour mesurer l’attentat qui nous est marqué par son énormité même. Les petites choses sont celles que nous voyons le mieux.
La parole de Dieu est aussi universelle que pénétrante, aussi pénétrante qu’universelle. Elle est plus perçante que la pointe du glaive, plus profonde que l’Océan, plus étendue que les cieux, plus éclatante que le tonnerre.
Le temps et l’éternité prolongent son retentissement par toutes les voix qu’ils possèdent. L’écho de toutes les montagnes, l’écho de toutes les vallées, l’écho de tous les abîmes répètent et répéteront :
Et Dieu dit à Adam : « tu mangeras de tous les fruits du Paradis.
« Mais tu ne mangeras pas du fruit de l’arbre de la Science du Bien et du Mal. Le jour où tu en auras mangé, tu mourras de mort. »
Et Dieu parla à Moïse, disant :
« Parle aux fils d’Israël et dis-leur : « Veillez à garder mon sabbat, parce qu’il est le signe entre moi et vous, dans les générations, afin que vous sachiez que je suis le Seigneur qui vous sanctifie. Gardez mon sabbat ; car il est saint : celui qui l’aura violé :
« MOURRA DE MORT. »
PARIS. — IMP. VICTOR GOUPY, RUE GARANCIÈRE, 5.
OUVRAGES DU MÊME AUTEUR
LE STYLE THÉORIE ET HISTOIRE | |
Par Ernest Hello. 1 vol. in-12. Prix | 2 fr. 50 |
ŒUVRES CHOISIES DE JEANNE DE MATEL | |
avec une introduction par Ernest Hello, 1 vol. in-12. Prix | 2 fr. |
LE LIVRE DES VISIONS Et Instructions de la bienheureuse Angèle de Faligno. | |
Traduit par Ernest Hello. Chez Poussielgue, rue Cassette, 27. Prix | 1 fr. 80 |
RUSBROCK L’ADMIRABLE (ŒUVRES CHOISIES) | |
Traduit par Ernest Hello. Chez Poussielgue, rue Cassette, 27. Prix | 1 fr. 80 |
M. RENAN L’Allemagne et l’Athéisme au XIXe Siècle. Chez Douniol, rue de Tournon, 29. | |
Sous presse du même auteur : L’HOMME Avec une introduction par Henri Lasserre. 1 vol. in-12. |
PARIS — IMP. VICTOR GOUPY, RUE GARANCIÈRE, 5.